Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 2 octobre 2020

Qu'est-ce qu'un sourire ?

 


Qu’est-ce qu’un sourire ?

Parfois timide,

Sans rides,
Je ne te connais pas
Mais je te vois,
Juste une bouche étirée
Pour te saluer.

Parfois à la limite du rire,

Il atteint les yeux
Et cela va sans dire
Il te rend heureux.
Puis l’éclat de rire
Dégringole en cascade
Réussit à te séduire
Et t’emmène en balade.

Qu’est-ce qu’un sourire ?

C’est un petit rien
Qui te fait du bien
Te réchauffe le cœur
T’apporte le bonheur.

Il prouve que tu existes

Que tu es remarqué
Même si tu es triste
Tu n’es pas abandonné.

Pourtant il se fait rare

Il est même avare
De donner la chaleur
Qu’attend ton cœur.

Qu’est-ce qu’un sourire ?

Un instant,

En passant.

 

© Isabelle Minibulle 2 octobre 2020

 

jeudi 1 octobre 2020

Octobre que dire de toi ?


 

Octobre, que dire de toi ?

Tu as 7 lettres

Et tu fais la tête !
Tu es après septembre
Et avant novembre.
Mais tu n’as rien de spécial
D’accord mon amiral !
Peut-être Halloween
Et ça, ça te mine !
Qu’a-t-elle de plus la citrouille ?
Une belle bouille ?
Une teinte orange ?
Elle se mange ?
Pas quand elle est décorée,
Elle est bonne à jeter.

Alors quoi ? Dis-moi ?
Rien, octobre c’est moi.
Je ne peux rien ajouter,
Je ne suis pas l’été.
Non, mais tu as tes couleurs,
D’accord sans la chaleur,
Mais il faut bien Dame Pluie
Tu vois, tu souris !
Pour arroser tous les jardins
Et préparer l’été prochain,
Tu dois être là,
Que ferait Dame Nature sans toi ?

Tu vois octobre

Tu rimes avec sobre !
Demi-saison tu as ta chanson
Par Cabrel, nom de nom !

Alors octobre, que dire de toi ?

Lève la tête

Et fais la fête !
Tu es un mois
Qu’on n’oublie pas !
31 jours tu as
Je compte sur toi
Fais-en ce que tu voudras !

 

© Isabelle Minibulle 1er octobre 2020

 

mercredi 30 septembre 2020

Marie-Sophie et Morgan


 

Le temps s’écoule et je me sens de mieux en mieux et j’ai de moins en moins envie de rentrer chez moi.

Entre les traites des deux vaches Margot et Rosalie, la découverte du travail de Morgan avec ses abeilles, ses marchés où j’ai plaisir à l’accompagner, ses fleurs qu’il cueillent et dont il fait de superbes bouquets, je ne vois pas les jours défiler.

Morgan vit hors du temps, il est entre parenthèses comme j’aime à le dire. Il fait son pain, son miel, ses confitures, il a son lait, deux poules et un coq, deux lapines, un chat voire plus, il ne compte plus, un chien que je n’avais pas aperçu lors de mon arrivée parce qu’il gardait les trois biquettes dans le champ voisin. Pourtant, je l’ai déjà entrevu sur son ordinateur, il a la fibre. Il n’est pas vraiment hors du temps, mais je ne sais pas comment l’expliquer, il prend la vie comme elle vient, il n’est pas stressé pour deux sous. Il faut dire que dans son coin de paradis, je n’imagine pas, ce qui pourrait lui faire des nœuds au cerveau ou lui mettre la rate au cours bouillon comme mes amis aiment à me le dire.

C’est certainement pour ça que je ne repars pas. J’ai prolongé mes congés sans me poser de questions. Si mon chef décide de me licencier, je l’aurais bien cherché. Mais ce matin, j’ai justement un message de sa part. J’en tombe le cul par terre quand je le découvre.

Marie-Sophie, je ne veux pas me séparer de vous parce que vous faites vraiment du bon boulot, alors si vous avez quelques minutes à me consacrer, accepteriez-vous de me rappeler ?

Mais qu’est-ce qu’il lui est dégringolé sur la tête ? Jamais au grand jamais il ne m’a parlé comme ça ! Il y a le feu là-bas ou quoi ? J’hésite…

— Marie-Sophie ? Vous m’accompagnez ? Vous n’êtes pas prête ?

Faut-il qu’il m’ait retourné le cerveau mon chef pour que j’en oublie de partir au marché. Morgan est déjà sur le pas de la porte, sa voiture de livraison rouge et jaune ronronnant devant la chaumière.

— Bien sûr que j’arrive !

Depuis le temps, nous pourrions nous tutoyer, mais j’avoue que ça me plait bien ce vous. Je trouve qu’il fait classe et laisse une petite barrière entre nous. Mais pourquoi faudrait-il qu’il y ait une barrière ?


Allez MarieSophe, avoue qu’il te plait bien Morgan !
Non, il est bien plus vieux que moi.
Et alors ? Ne me dis pas qu’une dizaine d’années compte ?
Quand même ! S’il a déjà quarante ans…

— À quoi pensez-vous ? Je vous vois vous faire les questions et les réponses toute seule ? Je peux participer ?

— J’ai parlé tout haut ?  
Pourvu que non !
Il rit et j’adore ses petites rides qui apparaissent au coin de ses yeux. Pour nous les femmes, c’est moche cette marque du temps, pour les hommes, ça leur donne du charme. Il faut qu’on m’explique, ce sont les mêmes pourtant, ces sillons qui tracent leur chemin sur la peau, des souvenirs de joie ou de tristesse.
— Pourquoi, je ne devrais pas savoir ?
Je ne réponds pas. Il rit toujours.
— J’ai eu un message de mon chef ce matin.

Mais pourquoi je lui parle de ça, il n’en a rien à faire et qu’est-ce que je vais lui pourrir la vie avec mes problèmes. Mais quels problèmes ?

— Et alors ?
Rien que cette question me fait comprendre que je me fais du souci pour pas grand-chose.
— Rien, il souhaite que je le rappelle.
— Je sens que vous allez bientôt me quitter.
Il m’annonce ça comme si de rien n’était.
— Au fait, vous n’aviez pas d’autres demandes pour la chaumière ? Je suis restée sans savoir si…
— Ne vous inquiétez donc pas, je vous l’aurais dit. Oh lala il ne faut pas grand-chose pour vous perturber MarieSophe. Et que fait cette barre au milieu de votre front ? Elle avait disparu et la voilà qui réapparait parce que votre chef vous a laissé un message ? Et que dit-il, si ce n’est pas indiscret, pour vous mettre dans tous vos états ?

Il a adopté ce surnom rapidement, tout seul, sans que je lui raconte que mes amis m’appellent ainsi.

Je lui lis le SMS. Il pose sa main sur mon genou tout en conduisant de l’autre.
— Appelez-le tout de suite, vous serez fixée et vous retrouverez votre sourire.
Il n’a pas tort. Nous sommes arrivés sur la place où se tient le marché. Morgan se gare à son emplacement habituel et coupe le moteur.
— Je vous laisse, vous viendrez me rejoindre quand vous aurez passé votre coup de fil. 

Je descends de la voiture, le sourire aux lèvres. Morgan me regarde m’avancer vers lui. Il a déjà installé ses pots de miel, ses confitures et ses fromages.  Oui, il fait aussi des fromages de chèvre. Les exposants me saluent, ils me reconnaissent maintenant.

— Vous ne devinerez jamais !

— Je donne ma langue au chat !
— Avec ce virus qui traîne toujours, il me propose le télétravail.
— Vous voyez que vous n’aviez pas à vous en faire !
J’admire son flegme et ce qu’il me dit ensuite me laisse pantoise.
— Il y a la fibre à la chaumière aussi, vous savez. Vous pourrez vous y installer et faire votre boulot d’ici.

 

© Isabelle Minibulle 30 septembre 2020

mardi 22 septembre 2020

Automne

 



Aujourd’hui, l’été est bien fini.

Pourtant, hier encore,

Il n’y avait pas ce vent !
Ce matin, pas d’accord
Il montre les dents.

Les feuilles bien accrochées

Me font des pieds de nez.
Mais demain, je le sais,
Elles seront au sol, foulées.

Rouges, jaunes, marron

Les arbres donnent le ton.
Fiers de leurs couleurs,
Ils sont encore emplis d’ardeurs.

Peu à peu, ils se dévêtiront,

Et nus ils affronteront
L’automne et son temps gris !
Adieu le parasol, bonjour le parapluie.

Aujourd’hui, l’été est bien fini.

Dans l’air, le parfum a changé,

Le frais s’est installé.
La sortie des gilets
Des armoires, est appréciée.

Chaussons nos bottes

Pour marcher dans le bois
Et pour vaincre le froid
Sortons la bouillotte.

Un bon thé bergamote

Accompagné d’une biscotte !
L’automne est là,
Cheminée ce soir chantera.

Aujourd’hui, l’été est bien fini

Automne, faisons ami-ami !
 

© Isabelle Minibulle 22 septembre 2020

 

vendredi 18 septembre 2020

Quand l'imagination s'en mêle


 

Avoir de l’imagination, il paraît que ce n’est pas donné à tout le monde. Encore faut-il une fois que vous l’ayez, que vous arriviez à mettre sur le papier ce qu’elle vous dicte.

Moi c’est tout le temps, tous les jours, n’importe quand, avec n’importe qui et je pars dans mes délires.

 C’était un jour comme les autres, il faisait beau et je partais faire ma balade en vélo. Vous le savez je ne suis jamais seule. Parfois, je suis derrière (souvent), parfois devant (je ne sais pas comment ça arrive, mais ça arrive). Le nez en l’air, vous savez comme la biche dans Bambi qui lève le nez et respire, moi c’est pareil. Donc le nez en l’air, je capte les fumées des pots d’échappement (sic), puis les parfums des champs.

Je passe devant une habitation ou les propriétaires sont occupés à tailler la haie. Sauf, que la dame, elle, j’ai l’impression qu’elle se cache parce qu’elle est au téléphone. Cling ! super imagination se met en route et c’est parti ! Voilà ce que ça donne. N’oubliez pas que je suis en vélo, je suis donc passée en coup de vent… enfin presque !

 — Tu as vu la dame ?

— Où ça ?

 Vous avez sans doute remarqué que les hommes ne captent pas la même chose que nous, et quand ils font du sport, ils ne regardent pas ce qu’il se passe ailleurs, ils sont concentrés eux !

 — La maison qu’on vient de passer. Elle parlait doucement et elle se cachait.

— Qui la maison ?

— Arrête de faire l’imbécile. La dame !

— Qu’elle parle doucement, c’est normal, elle ne va pas ameuter tout le quartier avec sa discussion.

— Si ça se trouve, elle parlait avec son amant !

— Ou avec ses enfants.

— Pourquoi elle se cacherait ?

— Qui te dit qu’elle se planquait ? Pédale plus vite au lieu de réfléchir.

Rappel à l’ordre n° 1. Je reprends le rythme.

— Je suis sûre qu’elle ne voulait pas qu’on se rende compte qu’elle était au téléphone. Imagine, elle a un rendez-vous. Elle est habillée n’importe comment, il faut qu’elle se change. Comment va-t-elle faire ? Elle va devoir inventer une excuse…

— Et qui c’est qui va encore se taper tout le boulot. Pauvre homme !

— Oh ça va, tu n’es pas drôle !

Il rit.

— Tu l’as bien cherché !

— N’empêche tu vois que l’homme va devoir bosser, mais pas qu’elle le trompe.

Remarquez comme la discussion peut vite déraper.

— Pédale au lieu de râler !

Rappel à l’ordre n° 2. Je reprends le rythme en silence. Il dit.

— Peut-être que c’était son médecin et qu’il lui annonçait une bonne nouvelle.

Il me regarde en coin. Je réplique.

— Ou une mauvaise.

— Mais pourquoi toujours le négatif ? Il pouvait lui dire qu’elle attendait un bébé.

— N’importe quoi, tu as vu son âge ? Elle trop vieille. Et puis maintenant, avec les tests pas besoin de l’appel du médecin, ils ont autre chose à faire que d’appeler les patients pour leur dire « Au fait, vous attendez un bébé ».

Remarquez comme l’imagination est perverse… Du coup, je pédale plus vite et ne le regarde plus.

— J’aurais dû le dire plus tôt parce que là, tu as une belle allure.

Je souffle. Il ne me voit pas.

— Je t’ai vue. Tu as soufflé.

Il rit et me tend le bidon.

— Allez bois !

Je m’exécute et lui redonne. Évidemment, moi sur mon vélo, je n’ai pas de porte-bidon !

— N’empêche, c’était plus rigolo mon histoire que la tienne.  

— Peut-être qu’elle n’est pas si vieille que ça, tu es passée bien trop vite pour t’en apercevoir.

Je sens le reproche. Il continue.

— Le médecin qui l’appelle lui annonce qu’elle va avoir un bébé, mais vu son âge…

J’éclate de rire.

— Question imagination, tu n’es pas top.

Il continue.

— Qu’elle va devoir se faire avorter, qu’il va y avoir des complications. Finalement, elle se rend compte que c’est un faux numéro. Elle raccroche et taille la haie.

— Ouais, je préférais si c’était un appel de ses enfants.

— D’accord ! Alors ils diraient quoi les enfants ?

— Fais gaffe maman à ton dos. Et puis arrête de bavasser au téléphone, papa travaille tout seul. Tu pourrais l’aider quand même. Et aussi, méfie-toi des cyclistes qui passent, des fois qu’ils s’imagineraient des trucs…

 

© Isabelle Minibulle 18/09/2020

mardi 1 septembre 2020

Septembre


Ce matin, le parfum a changé…

Finie l’odeur de foin coupé et celle du soleil qui chauffe…

Août a fait ses bagages.

Il s’en est allé et a laissé les châteaux de sable abandonnés, les pelles et les seaux rangés et les cabanes de plage refermées.

Avec lui disparaissent aussi les soirées d’été, les barbecues interminables, les photophores illuminés et les tables décorées.

 Nostalgie ? Non point.

La rentrée se profile. C’est le mois des arbres colorés avec leurs feuilles qui se déclinent de marron, beige. Elles s’en donnent à cœur joie avant de tomber et d’être foulées par les pieds des écoliers.

Septembre, c’est la cueillette des champignons avec leur odeur particulière dans les bois. C’est encore les vendanges, les balades en forêt, les pulls et les gilets qui reprennent place sur les épaules, les cheminées qui se rallument juste pour le plaisir, les vêtements d’été qui se font la malle et réintègrent leur carton. C’est au tour de ceux d’hiver d’entrer en scène.

Voilà septembre.

Les enfants qui étrennent leur nouveau cartable et les adolescents qui retrouvent leurs copains.

Les plus jeunes qui pleurent dans les bras de leurs parents parce qu’ils ne veulent pas les quitter, c’était trop bien les vacances.

Septembre c’est encore pour ceux qui n’en ont pas pris parce qu’ils n’apprécient pas les plages bondées et que leurs gamins ne sont plus à la maison. À eux le sable déserté, les terrasses à deux et les balades main dans la main sans être bousculés.

Septembre c’est le retour au calme pour les habitants qui ont vu leur quotidien envahi. Ils aiment bien partager, mais la routine c’est reposant aussi.

Septembre, c’est la fin d’une parenthèse. C’est le nouvel agenda qui s’ouvre avec un planning qui parfois donne le vertige. Les rendez-vous s’alignent, les réunions se profilent, l’ordinateur chauffe.

 Bonne rentrée à tous, relançons la machine, et… c’est quand les vacances ?

 

© Minibulle 1er septembre 2020


mercredi 12 août 2020

Commérages sur un banc au mois d'août

 

J’adore écouter les commères…

 — Comment ça nous sommes déjà le 12 août ?

— Boudiou, je n’ai pas vu le temps passer. Hier encore, nous étions en juillet…

— Il faut dire qu’avec cette chaleur…

— Ne m’en parlez pas, je dégouline du matin au soir.

— Heureusement que sur ce banc, nous avons un peu d’ombre.

— Oui, mais nous ne voyons guère grand-chose. Rien à nous mettre sous la dent. À croire que tout le monde est en vacances.

— Pensez donc, avec ce truc qui traîne, ils partent pas en vacances les gens !

— Bien sûr que si Jeannette. Tenez mes petits voisins ont chargé leur voiture hier soir et ils sont partis de bonne heure ce matin. Si vous aviez vu ça… Il y en avait partout ! Et vas-y que je monte les vélos sur le toit et puis que je les démonte parce que ça ne va pas. Qu’est-ce qu’il rouspétait le gonze. Il n’arrêtait pas de s’éponger le front. Et je te ramène des valises, et des bouées, et des peluches. Il faut dire qu’avec quatre gosses… Quand est arrivée la trottinette du petit dernier, j’ai cru qu’il allait avoir une attaque. Il s’est mis dans une colère, le père ! pauvre petiot ! l’engin a valsé de l’autre côté de la rue, même que la mère Gustine qui passait par là a failli la prendre dans les jambes. Y a pas idée de se mettre en colère comme ça ! C’est la mère, une crème cette femme ! Elle te l’a calmé d’un coup en lui assenant que si lui n’avait pas tout son attirail de tir à l’arc, il y aurait encore de la place. C’est vrai ça, la boîte est aussi longue que la voiture alors évidemment…

— Et Gustine, elle n’a pas eu mal ?

— Ah ! j’ai pas fait attention. Bah, on l’aurait su, vous la connaissez, elle en aurait fait tout un plat.

— Je l’aime bien, elle !

— Et pas moi ?

— Bah, Mariette, vous savez bien que vous c’est pas pareil ! Depuis le temps qu’on se connait !

Elles se sourirent. Mariette reprit :

— Tenez, regardez la femme du maire. Elle fait sa maligne, celle-là. Elle va acheter des gâteaux pour le goûter. Elle n’a pas besoin de faire attention à sa ligne. Vous avez vu comment elle est habillée ?

— C’est vrai qu’elle doit avoir les moyens avec le salaire que lui rapporte son mari.

— Bah, je sais pas si en tant que maire, il gagne bien sa vie.

— Bien sûr que oui, sinon, il ne se représenterait pas. Faut dire aussi qu’il n’y avait pas grand monde pour le remplacer.

— Avec tous les soucis qu’on attrape après…

— C’est bien vrai. Et puis on perd des amis, on en récupère d’autres…

— Pas des vrais, des intéressés.

— Vous avez raison Mariette, pas des vrais.

— N’empêche qu’il pourrait bien bâtir une piscine, on pourrait aller s’y plonger.

— Vous iriez, vous Jeannette ? Pour sûr que vous êtes encore bien fichue vous !

Elle la détailla des pieds à la tête attendant une réflexion que sa voisine ne lui donna pas. Elle fronça les sourcils.

— Et moi, vous me trouvez capable de porter un maillot ?

— Bah pourquoi pas pour se rafraichir, il ne faut pas faire attention aux autres.

— Vous voulez dire quoi par là ?

— Mais rien Mariette. Si vous avez envie de porter le maillot, portez-le. Moi à votre place, je n’hésiterais pas.

— En tout cas, pas de piscine de prévue. Alors le débat est clos Jeannette.  

 

— Ah ! elle ressort de la pâtisserie la mairesse.

— Ne l’appelez pas comme ça, elle n’est que la femme du maire. Ce n’est pas elle qui dirige la commune.

— Ah pardon, vous êtes bien grognasse ce jour.

— C’est la chaleur que voulez-vous ! Et vous m’avez chagrinée avec votre histoire de maillot de bain.

— Pardieu vous êtes bien susceptible Mariette ! Pourquoi vous prendre la tête puisque de toute façon, il n’y a pas de piscine.

— Et si nous allions à celle de la ville ? Vous m’accompagneriez ?

— Il faut prendre le bus et avec la chaleur…

— Avouez que vous auriez honte de moi ? Avouez-le donc !

Jeannette haussa les épaules.

— Vous faites une histoire pour rien. Nous étions là à bavasser comme deux amies et voilà-t-i pas que vous vous faites des nœuds au cerveau ?

— Des nœuds au cerveau ? Vous n’avez qu’à m’insulter aussi. Ah ! vous me décevez Mariette. Tenez, je vais vous laisser et aller me mettre à l’ombre dans ma cuisine.

— C’est ça et moi, je vais aller prendre des nouvelles de Gustine qui a bien meilleur caractère que vous.

— Ah vous allez chez elle ?

— Oui, elle a toujours de la citronnade bien fraîche avec des feuilles de menthe. D’ailleurs son jardin très bien protégé est fort joli. Je me demande comment elle fait pour si bien l’entretenir.

— Elle a un jardinier. Vous savez bien qu’elle a une belle retraite. Son mari était médecin. Ah elle n’est pas dans le besoin, elle, je vous le garantis. C’est pas comme moi avec ma pension de misère. Je n’ai même pas droit à la réversion.

— Évidemment, vous n’avez jamais été mariée.

— C’est bien ce que je vous disais, l’eau va toujours au moulin. Tenez, je vous accompagne. J’ai soif tout à coup. Ce mois d’août est tellement chaud et tous ces touristes qui nous encombrent, ils me donnent encore plus la transpiration.

— Des touristes ? Mais il n’y a pas grand monde qui vient par ici.

— C’est la faute au maire, s’il avait fait construire une piscine, je suis certaine qu’ils viendraient les touristes. Alors on y va chez Gustine, j’ai soif !

 

© Minibulle 12 août 2020


samedi 25 juillet 2020

Marie-Sophie prend le large



J’en ai marre, je suis fatiguée, je prends le large. Mes congés sont posés. J’ai bouclé un sac de voyage.
À 5 heures du matin quand tout le monde dormait encore dans le quartier et qu’aucune lumière ne filtrait chez Charles, j’ai démarré la voiture et je suis partie, sans rien dire à personne.

C’est bien pratique internet quand on peut choisir une destination en France, évidemment ! De toute façon, je ne voulais pas prendre l’avion ni le train, trop compliqué en ce moment. J’ai opté pour un endroit mi-campagne, mi-mer. Et voilà, comme dirait Sardou Je ne m’enfuis pas, je vole !  C’est ça, je vole. Je laisse derrière moi, mes emmerdes, mes soucis, mes questions. Du moins, je l’espère. Je ne veux plus penser à Gabriel, Archibald et Mélusine. Le seul serrement au cœur que j’ai ressenti, c’est en passant devant le portail de Charles. Lui, il va certainement s’inquiéter. Heureusement, j’ai songé à ne pas fermer complètement mes volets, il croira que je suis quand même là. J’espère qu’il ne se fera pas d'idées noires et qu’il n’ameutera pas toute la smala.

J’ai au moins deux heures de route, voire trois, parce que je ne roule pas trop vite, je respecte les limitations de vitesse. Mélusine me répète que je conduis mémère. Tant pis ! Je préfère arriver entière à destination que pas du tout.
J’ouvre ma vitre, et je respire. Le soleil se lève, il ne fait pas encore chaud, et les parfums qui se dégagent de la nature environnante me grisent. J’adore sentir, le foin coupé, les herbes tondues, les champs moissonnés. La route se déroule devant moi et je suis bien. Une boulangerie dans un petit village est déjà ouverte. Je m’arrête et achète deux viennoiseries.
— Vous êtes bien matinale. Vous êtes ma première cliente, je vous en offre une autre. Choisissez.
J’ai faim, je suis gourmande. Je jette mon dévolu sur un pain aux raisins. Si je mange tout ça, je vais pouvoir courir sur la plage. Mais je m’en moque, j’ai envie de me faire plaisir.
Il est bien gentil ce boulanger. Il ne faut pas que je pense à Archibald, non ! Il doit être à l’œuvre, lui aussi.
Un sourire, je remonte dans la voiture.

Je fais le choix de prendre l’autoroute, j’arriverais plus vite à destination. Je repère une aire sympa, pas encore envahie par les vacanciers comme moi et je me gare. J’ai emporté un thermos de café. Je vais pouvoir petit-déjeuner tranquillement, sur une table de pique-nique.
Je n’ai que les oiseaux comme seule compagnie. Ils s’approchent téméraires et quémandent des miettes que je leur donne avec plaisir. Il fait bon.
Mon portable sonne. Mince, j’ai oublié de le couper. Je sens que je vais avoir du mal à ne pas regarder qui c’est. Pourvu qu’il ne soit rien arrivé à Charles. Voilà que mon imagination se met en branle et alors que mon téléphone chante à nouveau
, je pense que ça doit être urgent. Il est dans mon sac. Le temps que je l’attrape, la sonnerie s’éteint. Je le coupe sans regarder qui m’a appelée.
Mais, je me sens moins sereine tout à coup. Qu’est-ce qu’il m’a pris de partir comme ça toute seule ?
Ah non, MarieSophe, tu ne vas pas commencer à te mettre martel en tête. Allez, remonte dans ta voiture et file vers ta destination.

Quelle nulle ! Je n’ai pas pensé à vérifier l'essence et le voyant clignote. Je vais devoir à nouveau m’arrêter. Le problème… c’est que je n’ai jamais fait le plein toute seule. C’est toujours Archibald qui s’en est occupé. Je sais quand même où se trouve le réservoir et ce qu’il faut y mettre dedans, mais je ne me suis jamais servi du pistolet. Je vais faire comme si.
Une voiture est en place. Je me gare à la pompe suivante. Heureusement, je suis du bon côté. Je ne me voyais pas du tout tirer comme un âne le tuyau. Mine de rien, je zieute mon voisin qui, très à l’aise, laisse son plein se faire tout seul. Il regarde son téléphone. J’entends le  clac , signe que le liquide ne coule plus.
J’ouvre mon réservoir, enfin j’essaye. Il y a un sens à ce foutu bouchon, et voilà pourquoi Archibald, s’en occupe à ma place. Il est difficile à débloquer. Je peste. Quelle quiche !
— Je peux vous aider ?
Je sursaute, lève la tête et rencontre deux yeux rieurs qui me scrutent.
— Donnez, je vais le faire. Je fais le plein, plein ?
Je réponds oui en pensant que je n’aurais certainement pas à le refaire, ma titine ne consommant pas beaucoup.
À nouveau, il enclenche le pistolet et se remet sur son téléphone. Clac. Il jette un œil sur le compteur et s’arrange pour que le total soit sans un centime. Il est top ce bonhomme !
— Voilà, vous êtes tranquille. Il vous reste à payer.
— Merci.
— Bonne route.
Il repasse de l’autre côté, monte dans sa voiture et se dirige vers le magasin.
Je fais de même, contente finalement d’avoir trouvé cet homme sur mon chemin.
Je le retrouve dans les allées de la boutique. Il flâne devant le comptoir du salon de thé. Je le vois choisir un croissant. Il demande un café.
— Madame, c’est quelle pompe ?
— Celle à essence.
La caissière sourit.
— Je voulais dire, quel numéro ?
Mince, je devais regarder ça aussi ?
— La 3.
Mon sauveur est derrière moi. Il tient d’une main son gobelet et de l’autre sa viennoiserie emballée
Je paye et sors, rouge de honte.
Il me rattrape rapidement.
— Je déteste déjeuner seul. Vous voulez quelque chose ?
— J’ai ce qu’il faut dans ma voiture, merci.
— Nous le partageons ensemble ?
Pourquoi la chanson de Michel Fugain me vient immédiatement à l’esprit C’est un beau roman, c’est une belle histoire , je souris malgré moi.
— Je prends ça pour un oui. Suivez-moi il y a une table là-bas.
Si on m’avait dit que j’allais boire un café avec un inconnu sur aire d’autoroute, j’aurais renvoyé l’imbécile à ses pénates.
Je saisis mon thermos. Heureusement, il me reste le pain aux raisins offert par le boulanger.
— Vous êtes en vacances ?
— Oui.
— Toute seule ?
Mais pourquoi faut-il aussitôt qu’il pose cette question ? J’allais rétorquer quand il enchaîne :
— Moi, je vais retrouver ma femme. Elle est prof, elle a plus de congés que moi. Mais enfin, ça y est, je vais pouvoir profiter d’elle et de ma gamine. Elle a deux ans.
T’es nulle MarieSophe, tous les hommes ne pensent pas à draguer. Il avait juste envie de prendre un café accompagné.
— Oui, je vais retrouver mon copain.
— Bonne route alors, j’ai encore pas mal de kilomètres à faire.
Il me fait un signe de la main.
Il me reste une dizaine de kilomètres à parcourir.

C’est adorable. Les photos sur le site ne mentaient pas. Je suis dans une belle chaumière, qui ressemble à celle des 7 nains de Blanche-Neige, grandeur nature. J’ai une vue sur la mer, un jardin avec des fleurs partout, je suis ravie.
Le propriétaire m’accueille avec le sourire.
— J’espère que vous aimez les animaux. Vous risquez d’être réveillée par le coq demain matin et les cloches des mes vaches. Je vous présente Margot et Rosalie.
Elles sont superbes ses bestioles. Toutes deux de couleur marron, elles sont énormes. Elles mâchonnent leur herbe bien grasse en me regardant avec leurs yeux bienveillants.
— Je suis Morgan, vous savez celui sur la photo ?
J’ai du mal à le reconnaître.
— J’ai laissé pousser ma barbe. Pendant l’été, c’est plus pratique. Je n’ai pas toujours le temps de me raser. Venez donc visiter mes abeilles. Vous goûterez mon miel. Je vous en ai mis sur la table de la cuisine. Vous aurez aussi droit à mes confitures maison.
Je le suis, le sourire aux lèvres. Je me sens détendue. Je vais pouvoir passer de belles vacances loin de tout.
Il a quatre ruches et il y a de l’animation, je peux vous le dire. Je n’ai pas envie qu'elles me piquent.
— Vous ne risquez rien, tant que vous n’approchez pas davantage. Venez goûter ma citronnade maison. J’imagine que vous avez soif avec cette chaleur qui commence à grimper ? Mais, ne vous inquiétez pas, là où vous êtes, la température reste fraîche.
Il me fait visiter la chaumière comme je l’appelle et m’avoue qu’il est bien content d’avoir de la compagnie près de chez lui.
— Si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas, j’habite à côté. Je vous laisse vous installer et rejoignez-moi pour le verre de bienvenue.
Pourquoi a-t-il fallu que je rallume mon téléphone ? Intoxiquée, je suis, oui !
Il sonne quand je l’ai dans la main. Il y a un message C’est bien le Pays basque ?
Comment diable Archibald a-t-il fait pour savoir où je suis ?

© Minibulle 25/07/2020



samedi 11 juillet 2020

Marie-Sophie, ça se complique !


Marie-Sophie vient de se rendre compte que son meilleur ami Archibald est amoureux d’elle. Elle saute par la fenêtre de l’arrière-boutique de Mélusine, et se trouve nez à nez avec Gabriel sa baguette à la main.

Nous nous regardons aussi surpris l’un que l’autre. Je suis plus rapide que lui, il n’a pas le temps de placer un mot et une fois de plus je m’enfuis.
Je cours à perdre haleine et arrive en sueur chez moi. Charles en laisse tomber sa clé à molette. Fou de bricolage, il a toujours un outil à la main. Je me plie en deux devant chez lui afin de reprendre mon souffle. Je ne suis vraiment pas faite pour la course à pied. Je réalise qu’il va falloir que je rentre fissa dans ma maison au risque de voir débarquer derrière moi Gabriel. Je sursaute quand j’entends :
— Ce n’était pas la peine de t’enfuir aussi vite, nous habitons en face l’un de l’autre, je savais parfaitement où te retrouver.
Charles plonge la tête dans le capot de sa voiture. Il ne va m’être d’aucun secours. Je n’ai toujours pas repris mon souffle, et la sueur dégouline de mon front. Je dois être cramoisie, mes lunettes glissent sur le nez, les larmes m’aveuglent, je suis pathétique et en plus, affreuse, c’est certain.
J’essaie de récupérer le peu de dignité qu’il me reste. Je me redresse, tente de respirer normalement et sans un mot me dirige vers mon chez moi. Gabriel me barre la route.
— Non, tu ne vas pas t’enfuir encore une fois. Tu peux m’expliquer ce qu’il t’est passé par la tête pour enjamber la fenêtre de ta copine ? Tu aurais pu te faire mal en sautant.
Qu’il est agaçant ! Il n’est pas médecin pour rien. Je ne vais pas pouvoir bouger le petit doigt sans qu’il imagine que je vais me fracasser. Je ne suis pas si maladroite quand même !
— Regarde ton genou !
Je baisse la tête. Il saigne.
— Une vraie gamine ! Tu as passé l’âge tu ne crois pas ?
Charles fait un bruit d’enfer avec sa boîte à outils, je ne sais pas ce qu’il cherche, mais il farfouille dedans et ça s’entrechoque drôlement son bazar.
C’est à ce moment-là que je me rends compte que je ne supporte pas du tout la vue du sang et que je vais faire un malaise, c’est sûr ! il ne faut surtout pas que Gabriel s’en aperçoive sinon je vais partir aux urgences avec gyrophare et tout le tutti.

— Ah tu es là !
Il ne manquait plus que lui. Archibald ! Il a abandonné sa boulangerie, il doit vraiment être inquiet.
 Mélusine le suit. Ils ne peuvent pas me foutre la paix.
— Mais tu t’es fait mal ?
Oh non ! ça recommence. C’est chouette les amis, mais il y a des moments où je les trouve un peu lourds.
— Je m’en occupe !
Évidemment, Gabriel a la part belle. C’est son boulot de soigner les gens. Et moi j’ai perdu ma langue. En fait, je serre les dents pour ne pas m’évanouir. Je ne dois absolument pas baisser la tête pour voir mon genou.
J’essaie de capter le regard de Mélusine. Entre filles, nous devrions nous comprendre. Elle prend aussitôt les choses en main. Elle bouscule Gabriel, saisit mon bras et m’entraîne chez moi. Je lui tends ma clé. Les deux garçons restent dans la rue.

— Merci Mél !
— Pourquoi t’es-tu sauvée ?
Tout en parlant, elle me nettoie le genou et m’affirme qu’il n’y a plus de sang, que c’est juste une égratignure.
— J’ai entendu ce qu’a dit Archibald.
— Si tu n’avais pas sauté par la fenêtre, tu aurais compris que je lui ai passé un savon. Archibald n’est pas amoureux de toi, il est un peu trop protecteur. Il me fait le même coup quand il se rend compte que j’ai un copain. Il est comme un grand frère pour nous.
— Tu parles du gendarme ?
— Non, lui, il ne le connaît pas. Avant…
— Tu as eu des copains toi ? Et je n’étais pas au courant ?
— Tu es toujours dans ta bulle MarieSophe, mais je t’aime comme ça. De toute façon, ça n’a jamais duré.
— C’est peut-être pour ça qu’Archibald t’a fait la leçon.
— Je te vois venir toi ! Tu imagines qu’il pense que Gabriel n’est pas fait pour toi ?
— Tout de suite les grands mots « fait pour moi ». Est-ce que quelqu’un est vraiment fait pour quelqu’un d’autre ?
— J’aime bien l’idée. Trouver sa moitié, c’est une belle image.
— Ouais ! Bof !
Je m’approche de la fenêtre pour constater que les garçons ont disparu.
— Ils sont partis.
— Et alors ? MarieSophe, que ressens-tu pour Gabriel ? Il est sympathique et il en pince pour toi.
— Je n’en sais rien, jamais personne ne s’est intéressé à moi, pourquoi ça commencerait aujourd’hui ?
— Et nous ? On ne compte pas ?
— Ce n’est pas pareil !
— Et Charles ? Il est toujours aux petits soins pour toi.
Mélusine me contemple.
— Enlève-moi ces nattes, tu as passé l’âge.
— Non, elles font partie de moi.

J’entends du bruit, les garçons arrivent… Enfin, seul Archibald est là. Il me regarde et me sourit.
— Tu te rappelles quand tu avais des pansements partout quand nous étions gamins ? Tu n’as pas changé. Toujours aussi maladroite. Allez viens.
Il me tend les bras et je m’y blottis. Je me sens bien. Je ne veux pas le perdre. Mélusine soupire.
— Je vous laisse, j’ai fermé la boutique à cause de vous. Il faut que je gagne ma vie moi, je n’ai pas comme toi Archi, quelqu’un qui peut faire le boulot à ma place.
Elle m’embrasse et s’en va nous abandonnant tous les deux.
— Tu peux repartir servir tes clients, tu sais. Je n’ai rien de grave.
— Ce soir, on se regarde quoi sur Netflix ? Tu fais ton choix ? J’apporte tout. Tu ne t’occupes de rien.
Et voilà, c’est tout Archibald. Je suis certaine que nous allons passer un bon moment. Je ne veux pas penser à Gabriel, c’est trop compliqué.
— À tout à l’heure.
Il me quitte en sifflotant.

Je regarde la maison d’en face. Rien ne bouge. Charles est toujours en train de bricoler dans son moteur. Je vais le retrouver.
— Tiens, voilà la grande blessée !
Ses yeux rient.
— Oh ! ça va ! Tu es tout seul ?
— Comme tu vois.
Il continue de bidouiller la tête dans le capot. Le silence s’éternise.
— Tu vas la poser ta question ?
— Pardon ?
Il est toujours penché sur son moteur et je ne comprends pas ce qu’il veut dire.
— C’est ça fais ton imbécile !
Je ne réponds pas. Il se relève enfin.
— Tu n’as pas envie de savoir où est Gabriel ?
— Pas du tout.
Il rit.
— Alors pourquoi es-tu là ?
— Je n’ai pas le droit de prendre de tes nouvelles et de voir si tout va bien ?  
— Ben voyons. Arrête MarieSophe. Il est reparti travailler. Il a été appelé.
— Ah…

Une voiture stoppe devant nous. Une jolie brune baisse sa vitre. J’ai le temps d’apercevoir qu’elle a un petit chien dans un panier sur la banquette arrière ainsi qu’un bébé qui dort dans son siège auto. Charles, très aimable, s’essuie les mains et s’approche.
— Excusez-moi, je cherche la maison de Gabriel. Il m’a dit que je pouvais m’installer chez lui quelques jours. Vous êtes Charles ? Il m’a beaucoup parlé de vous. Il savait que j’allais sans doute tomber sur vous en arrivant ici.
Son accent est chantant, sa voix est légèrement cassée, elle a le teint mat, les yeux verts en amande. Je capte tout ça en quelques secondes alors que Charles lui indique où l’entrée. Elle a le bip pour ouvrir le portail. Elle le remercie en souriant et entre chez Gabriel.
Charles se tourne vers moi.
— Moi je vais bien et toi ?

© Minibulle 11 juillet 2020