Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

dimanche 31 décembre 2017

L'attente de Millie

Millie a consciencieusement ouvert toutes les fenêtres de son calendrier. Elle a  envoyé sa lettre au Père Noël et maintenant elle attend.
Devant le sapin illuminé et le paysage d’hiver créé par sa Ma-Lou, elle reste en extase. Parfois, elle déplace délicatement un sujet puis le repose. Ma-Lou a allumé les lumières dans son village et il y a même un sapin qui tourne et Millie est en admiration à genoux devant ce décor. Ma-Lou a ajouté des rennes, un grand bonhomme de neige, des sapins et même un petit train. C’est féerique !

C’est Noël ce soir. Millie se demande si elle va recevoir tous les cadeaux demandés. Elle l’espère de tout son cœur et elle serait déçue si elle n’avait pas tout. Ses parents et Ma-Lou lui ont bien dit que le Père Noël parfois ne faisait pas toujours comme on voudrait : c’est un vieux bonhomme qui n’en fait qu’à sa tête mais toujours pour le bien des enfants. Millie espère qu’il n’a rien oublié.

La table de Ma-Lou et de Pa-Lou est magnifique. C’est encore Ma-Lou qui a imaginé une décoration que Millie n’a jamais vu ailleurs : dans un grand vase, un ourson avec un bonnet est assis au milieu de pommes rouges sur des écorces. Une guirlande de pompons blancs et de pommes de pin entoure le vase.
- C’est toi qui a fait ça ? demande Millie admirative
- Oui, répond Ma-Lou en lui ébouriffant les cheveux, tu aimes ?
- J’adore !
Millie est assise entre sa maman et son tonton. Elle l’aime bien ce tonton qui la taquine souvent et n’arrête pas de lui répéter que le Père Noël ne passera pas, elle n’a pas été assez sage, alors pas de cadeaux. Elle lui répond alors :
- Pareil pour toi ! t’arrête pas de m’embêter !

Millie a la permission de sortir de table pour jouer ou regarder un dessin animé car elle sait que l’attente va être longue. Il n’est pas encore minuit et elle sait que le Père Noël ne passera pas tôt. Ma-Lou a expliqué qu’il avait beaucoup de route à faire et Pa-Lou en plus a oublié d’envoyer sa lettre. Millie a peur qu’il n’ait rien et comme il n’arrête pas de faire des blagues, elle craint aussi que le Père Noël décide de passer tard rien que pour l’ennuyer. Ce serait bien fait pour lui, mais en même temps elle ne voudrait pas attendre trop longtemps car elle est fatiguée et puis elle veut que tout le monde ait un cadeau. Pa-Lou même s’il blague, elle l’aime beaucoup. Enfin, Papa, maman, Ma-Lou Pa-Lou et tonton prennent le dessert. Millie n’a plus faim. Tonton lui demande de venir avec lui regarder le ciel, on ne sait jamais, on pourrait voir le traîneau. Millie n’est pas rassurée et devant la fenêtre elle scrute le noir. Elle aperçoit des traînées blanches. Tonton lui dit qu’il ne doit pas être loin. Papa maman Pa-Lou et Ma-Lou arrivent aussi et Pa-Lou allume la lumière.
- Non, non, dit Ma-Lou, le Père Noël ne passera pas si tu allumes.
Pa-Lou éteint mais celle-ci se rallume toute seule. Millie crie :
- T’es pas drôle, arrête tu me fais peur !
- Mais… je n’ai rien fait !
Pa-Lou rit, hausse les épaules et regarde Ma-Lou en chuchotant qu’il n’a effectivement rien fait.
- Tu ne vois pas qu’il soit vraiment passé ? demande Maman en faisant un clin d’œil.
Millie file dans son lit, paniquée. Elle se glisse sous les draps et c’est à ce moment que tout s’enchaîne rapidement.
Ma-Lou l’appelle en disant qu’il y a le traîneau garé sur la route, Tonton vient la chercher dans son lit mais elle s’y accroche en hurlant qu’elle ne veut pas le voir et Pa-Lou descendu au sapin crie :
- Venez voir, il est passé !
Millie dans les bras de Papa, la tête cachée dans son cou, ne veut pas y croire.
Seul le sapin clignote et les cadeaux à ses pieds sont déposés.
Millie s’approche !
- Ah oui, il est passé !
Sur son visage passent divers sentiments :
La déception, elle ne l’a pas vu, une fois de plus.
La surprise, mais comment est-ce possible ?
Et enfin la joie.
Elle ouvre un à un ses cadeaux le sourire jusqu’aux oreilles. Elle serre ses trésors sur son cœur.
Elle vérifie quand même que Pa-Lou ait un cadeau. Oui et il a l’air content.
Toute la famille est gâtée et personne n’a été oublié.
Millie peut aller se coucher et s’endormir apaisée.
- Merci Père Noël murmure-t-elle sous les draps et elle lui envoie un baiser du bout des doigts.


samedi 2 décembre 2017

La cabane aux oiseaux


Gus le merle, Jack le rouge-gorge et Rita la mésange sont heureux. Une cabane rien que pour eux.
Très curieux, ils l’ont vue se construire. Marcel le jardinier, a fait ça bien : perchoir, mangeoire, toit qui les abrite du mauvais temps et surtout bien protégés de Duc le chat qui n’osera plus grimper là-haut depuis qu’il s’est pris une gamelle quand il s’y est essayé. Vexé, il regarde dédaigneux les volatiles. Trop vieux, il préfère ses croquettes.

Gus le plus intrépide car il a l’habitude de chaparder les cerises, a surveillé la construction avec intérêt, en faisant des allers-retours sur la murette. Marcel lui mettant régulièrement des miettes, il aime s’y parader fièrement.  C’est donc lui qui a prévenu Jack.  Mais quand Marcel a accroché comme des lampions deux boules de graisse, c’est Rita qui a failli s’étrangler de joie. C’est elle qui y a goûté la première. Trop bon ! Picore par ici, picore par-là, Rita s’est gavée.
Jack préfère les graines, car Marcel n’a pas lésiné sur la nourriture : graines pour tous les oiseaux « c’est écrit sur le paquet » a déclaré Gus faisant le malin, il avait entendu parler Marcel tout seul.

Mais un jour, surprise dans la cabane. Marcel ayant lu quelque part que les oiseaux adoraient ça, il en a coupé des petits morceaux et a surveillé leurs réactions.

Jack s’y est aventuré et il adoré. « Des croûtes de fromage ! » c’est Noël avant l’heure ! Plumes gonflées, poitrail rouge brillant, il en a même piqué une et s’est envolé avec, histoire de partager.  Quand Marcel est venu voir et qu’il s’est aperçu qu’il n’y en avait plus aucune, il a souri et s’est dit que finalement, il allait faire deux heureux : le rouge-gorge et lui. Il allait pouvoir en manger du fromage !


vendredi 1 décembre 2017

Décembre s'installe

Novembre s’est essoufflé. Avec sa vague de froid, son temps gris, sa neige précoce, il passe le relais à son ami Décembre. Il en est tout gris lui-même et a les cernes sous les yeux.
- Tiens, tu vas faire mieux que moi j’en suis certain. J’ai bien essayé de faire briller le soleil plus longtemps, mais il s’est cassé en morceaux. J’ai soufflé pour que les nuages n’arrivent pas trop vite et assombrissent le ciel, mais ils ont fait la course entre eux, ils ont gagné, la neige est arrivée et…
- Arrête, arrête l’ami… Tu as fait ce que tu avais à faire et tu l’as bien fait. Le temps gris, le froid, la neige, c’est aussi pour moi, c’est normal. Tu ne peux pas aller contre la nature, tu le sais bien.
Décembre est tout guilleret. Avec sa barbe blanche, il ressemble à un chic vieux monsieur. Il est appuyé sur sa canne et ses yeux brillent.
- Oui mais toi, tu as les fêtes pour faire passer la pilule, on t’aime.
- C’est vrai, c’est le mois des cadeaux, ça commence avec la Saint Nicolas le 6. Mais tu sais Novembre, j’ai la pression quand même !
- Pourquoi ?
Novembre s’est assis sur une souche d’arbre et regarde son ami qui marche de long en large en grommelant.
- Imagine qu’il n’y ait pas assez de neige… Hein ? on ne pourra pas ouvrir les stations de ski et je vais entendre hurler « c’est pas bon pour le tourisme ça ! » Par contre si j’ai trop de soleil « on n’a jamais vu ça, un décembre aussi chaud » et on va remonter aux calendes grecques pour se rappeler que « Ah si en telle année… » et puis mon pote le Dicton « Noël au balcon, Pâques aux tisons » va rappliquer…
Novembre éclata de rire et répondit :
- Ouais et Avril va râler !
- Ou mars, celui-là avec ses giboulées…
Les deux amis se turent un moment en humant la nature. Décembre sentait bien que son ami était fatigué mais il reprit :
- Je suis le mois qui termine l’année ! Sylvestre me le répète assez : je dois être décoré pour sa fête, tu sais, le 31 ! Mais avant il faut des sapins illuminés et les villes aussi, mais avec des ampoules LED tu sais c’est meilleur pour la planète. Décembre se baisse alors vers son ami et lui murmure à l’oreille : Je croyais que c’était des ampoules moches, LED, je ne savais pas ce que ça voulait dire moi, je suis vieux, depuis le temps, moi qui ai connu les réverbères … C’était le bon temps aussi. Bref, il faut aussi de jolis marchés de Noël on ne parle que de ça, il faut qu’il fasse froid pour les marrons et le vin chaud…
Décembre se tut et soupira.
- Mais je suis triste aussi.
Son ami releva la tête et l’interrogea du regard.
- Je ne suis pas aimé par tout le monde contrairement à ce que tu penses. Je suis le symbole de la réunion familiale et pour les solitaires, je les renvoie à leur solitude, même si je multiplie les idées pour qu’ils ne se sentent pas exclus, mais rien à faire, on ne m’aime pas ou on ne m’aime plus à cause des souvenirs…
Novembre passa alors son bras autour des épaules de son ami et Décembre continua :
- Je me console en voyant les visages épanouis des enfants devant les cadeaux. Oui, même ceux qui n’ont pas grand-chose, il y a tellement de solidarité dans le monde…
- C’est vrai et pas que pour les enfants.
- Tu as raison, je n’oublie pas nos anciens, seuls ou en maison de retraite. Tu sais là aussi j’essaie d’insuffler du bonheur.
Il se tut et regarda Novembre.
- Tu comprends pourquoi j’ai la pression ?
- Comme chaque année, mon pote ! Novembre se leva alors, son énergie retrouvée. Il allait pouvoir se reposer pendant onze mois. Il tendit la main :
- Tu vas réussir Décembre. Comme toujours, tu vas nous faire rêver. Je te passe le flambeau, tu commences bien, c’est la Saint Eloi, patron des métalliers. Il s’éloigna.
Décembre le vit disparaître. Il se redressa et s’installa en soufflant et en étalant son long manteau. Les dernières feuilles tombèrent, les oiseaux gonflèrent leurs plumes… Oui, décembre tu es arrivé, pensèrent-ils.