Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

mercredi 1 mai 2019

Mai, à la façon d'Héloïse et de Stefano



— Qu'est-ce que ça veut dire la fête du Travail ?
Héloïse, petite bonne femme de quatre ans, interrogeait Stefano.
Le garçon du haut de ses cinq ans se gratta la tête perplexe.

Héloïse avait débarqué dans sa maison un jour de pluie. Mais depuis ce jour, il faisait toujours soleil dans le cœur du gamin.
Elle était arrivée avec son vieux doudou tout moche qu’elle traînait derrière elle.

— Alors c’est quoi la fête du Travail ?
Elle se coula sous la tête de Stefano à la manière d’un chiot qui quémandait une caresse. Ses grands yeux bleus l’interrogeaient et attendaient une réponse. Elle reprit :
— Je ne comprends pas pourquoi c’est une fête. Maman, quand elle en parle, elle dit toujours qu’elle n’est pas à la fête en ce moment.

Charlie aussi était entrée dans la vie de Stefano, bouleversant tout sur son passage. Mais elle, ce n’est pas une vieille peluche qu’elle traînait, c’était des cartons de livres, un ordinateur et des carnets de toutes les couleurs. Elle avait envahi tout l’espace au grand plaisir de Joe.

— Alors c’est quoi la fête du Travail ?
— Je crois que c’est pour lui faire sa fête.
— Ben, tu ne t’es pas foulé ! Toi qui sais toujours tout.
— Aussi, tu as de ces questions. Je ne sais pas. Peut-être que c’est pour que les gens se reposent. Oui, c’est ça. Comme, ils travaillent tout le temps, il faut bien un jour de repos.
— Et les vacances alors ?
— Tu as bien ton anniversaire toi, le travail c’est pareil. C’est son anniversaire.
— Chouette, on va lui faire un gâteau.

C’était ça Héloïse. Un amour de petite fille souvent prête à faire des cadeaux. Elle posa un baiser sur la joue de Stefano.
— Merci. Je vais le demander à Joe.

Joe, c’était le père de Stefano. Un grand gaillard, à la barbe mal rasée qui piquait. Toujours affublé d’un chapeau en cuir de cow-boy. Ses bras étaient tellement immenses, qu’il pouvait les prendre tous les deux en même temps. Il y ajoutait même Charlie, et ils riaient tous aux éclats.

Un courant d’air fit voler les cheveux de la petite fille.
— Regardez ce que j’ai trouvé !

Charlie déboulait à sa manière dans la vaste cuisine qui sentait encore le pain grillé et le café. Joe la suivait heureux accompagné de son Terre Neuve. Il bouscula les enfants et leur lécha la figure de sa grande langue.
— Stop Texas ! Je t’interdis de faire ça !
— Laisse Joe, ce n’est pas grave.
C’était ça aussi Charlie. Toujours de bonne humeur. Elle en distillait partout. C’était contagieux. Depuis qu’elle était entrée dans leur vie, Joe et Stefano gardaient le sourire en permanence. Un peu comme si le temps n’avait plus de prise sur eux.

— C’est quoi ?
Charlie brandissait une branche de muguet.
— Du muguet.
Stefano avait répondu, blasé.
— Sens son parfum, ma bichette !
Héloïse approcha son nez des clochettes.
— C’est la première année que j’arrive à en avoir.
Joe était fier. Il avait pensé filer au village acheter un brin pour Charlie, et puis il avait oublié. Ce n’était pas son truc les fleurs. Heureusement, la nature s’en était mêlée et Charlie était toute contente. Elle choisit un joli verre pour y mettre sa trouvaille et le posa sur la table.

— C’est pour la fête du Travail, c’est son cadeau. Tu savais que c’était son anniversaire, papa Joe ? Tu peux m’aider à lui faire aussi un gâteau ?

Il serra fort la main de Charlie, les yeux embués de larmes. C’était la première fois qu’Héloïse l’appelait ainsi. 

1 commentaire:

  1. Un moment de douceur, un jour de repos, des brin de fleurs, que l'on offre en cadeau. Un petit bonheur, qui en fait un jour plus beau.

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