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Qu'est-ce que ça veut dire la fête du Travail ?
Héloïse,
petite bonne femme de quatre ans, interrogeait Stefano.
Le
garçon du haut de ses cinq ans se gratta la tête perplexe.
Héloïse
avait débarqué dans sa maison un jour de pluie. Mais depuis ce jour, il faisait
toujours soleil dans le cœur du gamin.
Elle
était arrivée avec son vieux doudou tout moche qu’elle traînait derrière elle.
— Alors
c’est quoi la fête du Travail ?
Elle
se coula sous la tête de Stefano à la manière d’un chiot qui quémandait une
caresse. Ses grands yeux bleus l’interrogeaient et attendaient une réponse. Elle
reprit :
— Je
ne comprends pas pourquoi c’est une fête. Maman, quand elle en parle, elle dit
toujours qu’elle n’est pas à la fête en ce moment.
Charlie
aussi était entrée dans la vie de Stefano, bouleversant tout sur son passage. Mais
elle, ce n’est pas une vieille peluche qu’elle traînait, c’était des cartons de
livres, un ordinateur et des carnets de toutes les couleurs. Elle avait envahi
tout l’espace au grand plaisir de Joe.
— Alors
c’est quoi la fête du Travail ?
— Je
crois que c’est pour lui faire sa fête.
— Ben,
tu ne t’es pas foulé ! Toi qui sais toujours tout.
— Aussi,
tu as de ces questions. Je ne sais pas. Peut-être que c’est pour que les gens se
reposent. Oui, c’est ça. Comme, ils travaillent tout le temps, il faut bien un
jour de repos.
— Et
les vacances alors ?
— Tu
as bien ton anniversaire toi, le travail c’est pareil. C’est son anniversaire.
— Chouette,
on va lui faire un gâteau.
C’était
ça Héloïse. Un amour de petite fille souvent prête à faire des cadeaux. Elle
posa un baiser sur la joue de Stefano.
— Merci.
Je vais le demander à Joe.
Joe,
c’était le père de Stefano. Un grand gaillard, à la barbe mal rasée qui piquait.
Toujours affublé d’un chapeau en cuir de cow-boy. Ses bras étaient tellement immenses,
qu’il pouvait les prendre tous les deux en même temps. Il y ajoutait même
Charlie, et ils riaient tous aux éclats.
Un
courant d’air fit voler les cheveux de la petite fille.
— Regardez
ce que j’ai trouvé !
Charlie
déboulait à sa manière dans la vaste cuisine qui sentait encore le pain grillé
et le café. Joe la suivait heureux accompagné de son Terre Neuve. Il bouscula
les enfants et leur lécha la figure de sa grande langue.
— Stop
Texas ! Je t’interdis de faire ça !
— Laisse
Joe, ce n’est pas grave.
C’était
ça aussi Charlie. Toujours de bonne humeur. Elle en distillait partout. C’était
contagieux. Depuis qu’elle était entrée dans leur vie, Joe et Stefano gardaient
le sourire en permanence. Un peu comme si le temps n’avait plus de prise sur
eux.
— C’est
quoi ?
Charlie
brandissait une branche de muguet.
— Du
muguet.
Stefano
avait répondu, blasé.
— Sens
son parfum, ma bichette !
Héloïse
approcha son nez des clochettes.
— C’est
la première année que j’arrive à en avoir.
Joe
était fier. Il avait pensé filer au village acheter un brin pour Charlie, et
puis il avait oublié. Ce n’était pas son truc les fleurs. Heureusement, la
nature s’en était mêlée et Charlie était toute contente. Elle choisit un joli verre
pour y mettre sa trouvaille et le posa sur la table.
— C’est
pour la fête du Travail, c’est son cadeau. Tu savais que c’était son
anniversaire, papa Joe ? Tu peux m’aider à lui faire aussi un gâteau ?
Il
serra fort la main de Charlie, les yeux embués de larmes. C’était la première
fois qu’Héloïse l’appelait ainsi.
Un moment de douceur, un jour de repos, des brin de fleurs, que l'on offre en cadeau. Un petit bonheur, qui en fait un jour plus beau.
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