Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

lundi 26 février 2018

Tout s'explique !


Muguette essuyait ses larmes en rageant et en répétant :
_ Non, je ne pleure pas, c’est le froid !
Elle était folle de rage de s’être laissée avoir. Quelle idiote ! Trente-cinq ans, elle avait roulé sa bosse quand même. Bon, il est vrai qu’elle n’était pas douée pour trouver l’âme sœur, mais là elle y avait vraiment cru. Elle renifla.
_ Ah non pas elle !
Elle aperçut Prune qui faisait les cents pas devant sa porte, puis Félicie qui sortait de sa voiture dès qu’elle vit arriver son amie.
_ Mais je n’ai pas envie de vous voir ! cria Muguette par la vitre baissée.
Prune pâlit et Félicie haussa les épaules. Muguette faillit faire demi-tour. Trop énervée, elle cala et ragea contre ses pédales. Finalement, elle gara sa voiture en vrac devant son garage et ouvrit la portière à la volée et répéta :
_ Je n’ai pas envie de vous voir, compris ?
Prune aussitôt intervint :
_ Je comprends Muguette, c’est mon fils, il a déconné je l’admets, son père est furieux, mais…
_ Je te ramène ton chargeur, l’interrompit Félicie, je l’avais embarqué hier soir avec mes affaires. Je suis désolée, tu n’avais pas de téléphone.
Muguette les bouscula et entra chez elle sans les écouter. Prune hésita puis suivie de Félicie, entra à sa suite.
Muguette regarda sa pièce comme si elle la voyait pour la première fois. Elle était si heureuse tout à l’heure de partir…
_ Mais ça va s’arranger, reprit Prune, Fred a supprimé la vidéo, c’était une bêtise. Tu crois que ça peut avoir un impact sur la situation de Jasmin ?
Au nom du jeune homme, Muguette prit feu :
_ Ne me parlez plus jamais de ce menteur ! Je ne veux plus jamais le voir, jamais, jamais.
Prune et Félicie se regardèrent interloquées. La première ne dit rien tandis que l’autre prenait son courage à deux mains pour demander :
_ Tu veux expliquer ce qui se passe…
Muguette avait saisi son chargeur des mains de Félicie et elle brancha son téléphone. Elle ne s’occupa plus des deux femmes et écouta ses messages. Elles la virent pâlir, puis se laisser tomber sur le canapé.
Elle regarda alors Prune, et se rappela l’appel de Lally.
_ Tu veux m’expliquer ?
_ Fred a filmé la dispute sur le parking de la piscine et l’a postée sur Internet. Heureusement Pétunia lui a fait entendre raison, il l’a tout de suite supprimée. Il m’a dit que ça n’intéressait personne.
_ Si, ça intéressait quelqu’un.
Elle mit le haut-parleur et la voix de Jasmin envahit la pièce :
« Muguette ? Dommage que vous ne me répondiez pas, vous êtes peut-être déjà partie. J’espère que vous aurez mon message avant que nous nous retrouvions, sinon je crains le pire telle que je vous connais. J’ai un problème avec une de mes collègues qui me fait du chantage avec une vidéo qui a été diffusée sur le Net. Je règle le problème et nous nous retrouvons comme prévu. Je vous embrasse. »
Le silence envahit alors la pièce et Félicie regarda son amie.
_ Tu n’avais pas eu le message évidemment !
_ Non, grâce à toi !
_ Hey ! Tu ne vas pas m’en vouloir, je suis désolée, ça tombe mal je sais mais…
_ Je lui ai balancé un plateau de café à la figure...
Prune intervint :
_ Tu avais rendez-vous avec lui ce matin ?
_ Oui, mais c’est une longue histoire, il faudrait tout raconter depuis le début.
_ C’est vrai que je ne vous connais pas depuis longtemps toutes les deux et je m’immisce dans vos affaires…
_ Stop Prune ! Arrête d’être gnangnan, maugréa Muguette.  Pour te la faire courte, j’ai rencontré Jasmin dans un bar. J’ai flashé sur lui parce qu’il s’appelle Jasmin et moi Muguette et après tu connais la suite…
_ Mais c’est du n’importe quoi…
_ Je me passe de tes commentaires Prune si tu veux bien.
_ Appelle-le, ordonna Félicie en lui tendant son portable. Excuse-toi et explique-lui pourquoi tu n’avais pas ton téléphone.
_ J’ai peur, il va me jeter !
_ Tu n’as plus douze ans quand même !
_ Enfin, pour balancer un plateau de café à la tête de quelqu’un, on se demande… murmura Prune
_ Fais-la taire Félicie, dit Muguette en se levant, ou…
_ Tu te calmes oui ? ordonna Félicie, téléphone-lui !
Prune baissa la tête tandis que Muguette composait le numéro de Jasmin. Il était sur répondeur.
_ Laisse lui un message !
_ Mais non, je préfère lui parler vraiment.
Elle se tourna vers Prune.
_ Je suis désolée, je me suis emportée.
_ Après tout c’est de ma faute tout ça, si mon fils n’avait pas …
_ On oublie tout, dit Félicie. Tu nous offres un café Mug ? Tu vas voir que tout va s’arranger.

Cunégonde Deporte était furieuse. Rien ne s’était déroulé comme prévu. Tout d’abord, son collègue avait refusé de s’assoir à sa table. Comme elle avait insisté, il s’était incliné, et au moment où elle posait sa main sur la sienne pour lui parler, une folle furieuse avait déboulé et avait lancé à la figure de Jasmin un plateau de café. Heureusement qu’elle n’était pas très douée la fille, il avait réussi à l’esquiver et c’est juste son manteau qui avait été tâché. Cunégonde avait voulu rattraper la fille pour lui demander de s’excuser mais son collègue l’avait retenue. Puis le propriétaire du bar s’en était mêlé pour savoir s’il voulait porter plainte. Là aussi, il avait refusé.  Pour couronner le tout il s’était levé, l’avait saluée et l’avait laissée en plan. Mais on ne laissait pas Cunégonde toute seule comme ça au milieu d’un bar un dimanche matin ! Il allait voir ce qu’il allait voir le directeur des Impôts ! Elle saisit son téléphone.


mercredi 21 février 2018

Echec et Mat


Fred et Pétunia se chamaillaient.
_ Tu m’avais promis … râlait la jeune fille.
_ D’accord, d’accord, regarde elle n’a que trois vues, je la supprime, il n’y a pas longtemps qu’elle est publiée et ça n’intéresse personne.
Aussitôt dit aussitôt fait, la vidéo disparut.
_ Il n’y avait pas de partage ? demanda Pétunia
_ Je n’ai pas fait attention, mais avec trois vues, je ne le pense pas.

Ce même jour Muguette appela Félicie.
_ Je te prie de m’excuser. Je sais que j’ai été un peu…
_ Oui tu es allée trop loin.
_ Tu m’en veux ?
Félicie ne répondit pas.
_ Allo, tu es toujours là ?
_ Mug, tu m’as fait beaucoup de peine. Comment as-tu pu croire que je te mentais ? As-tu bien réfléchi ? Comment je pouvais savoir ?
_ Jasmin ce n’est pas un prénom connu.
_ D’accord, mais il ne doit pas y avoir qu’un homme qui s’appelle Jasmin.
_ Avoue que c’est une drôle de coïncidence…
- J’avoue.  J’aurais préféré tu sais, qu’il ne s’agisse pas de mon directeur.
_ Pardonnée ?
Félicie soupira si fort que Muguette éloigna son portable de son oreille.
_ Vraiment Félicie, pardon, mais tu me connais quand même…
_ Cela n’excuse pas tout Muguette.
Elles se turent toutes les deux pendant quelques minutes et Muguette reprit :
_ Tu sais, il est venu ici.
_ Je m’en doute, il m’avait demandé ton adresse.
_ Nous nous voyons demain dans le même bar. Il veut que nous recommencions tout à zéro.
Félicie ne répondit pas.
_ Au fait, il ne savait pas que je m’appelais Muguette. J’ai eu l’air ridicule quand il a compris que je voulais le revoir parce qu’il s’appelait Jasmin.
Devant le silence de son amie, elle demanda d’une toute petite voix, ce qui n’était pas dans ses habitudes :
_ Tu veux venir prendre un chocolat chaud, on s’installera dans le canapé et …
La sonnette de l’entrée l’interrompit. Portable à l’oreille et pestant contre l’importun, elle ouvrit la porte.
_ Alors il est prêt ce chocolat ?
Les deux amies se jetèrent dans les bras l’une de l’autre.

Le lendemain matin Jasmin se leva tôt un peu anxieux. Il voulait être le premier installé pour voir arriver la jeune femme.
Muguette après avoir passé une excellente soirée avec Félicie à manger des guimauves trempées dans du chocolat, était aussi matinale pour avoir le temps de se préparer. Juste un café, avec une cafetière en bon état de marche cette fois-ci. Son portable sonna quand elle partait s’habiller :
_ C’est Lally ! Je ne savais pas que tu te donnais en spectacle sur la toile… C’est d’un ridicule !
Muguette ouvrit de grands yeux et ne comprit rien à ce que marmonnait son amie. « La toile » Quezaco ? Muguette n’était pas branchée réseaux sociaux, elle pratiquait juste son portable.
_ Bonjour Lally. De quoi tu me parles ?
_ Ne me dis pas que tu n’es pas au courant ?  La vidéo sur Internet ?
_ Je n’ai pas de lecteur DVD.
_ Tu le fais exprès ? Je ne te parle pas de lecteur DVD, je parle de toi sur la toile et…
_ Tu parles de peinture là ?
_ Arrête Muguette, ne te fiche pas de moi ! Une vidéo, tu sais ce que c’est ?
Vexée, celle-ci se rebiffa :
- Hey l’amie, je ne suis pas née de la dernière pluie quand même mais je ne comprends rien à ce que tu me racontes.
_ Allô ?  Allô ?
Muguette regarda son portable éteint.
_ Plus de batterie quelle poisse ! mon chargeur, où est-il ? Elle souleva les coussins, regarda dans la cuisine, sur le meuble de l’entrée, elle courut dans sa chambre. Il restait introuvable. En soupirant, elle décida de s’en passer et fila sous la douche. Elle avait oublié de quoi avait parlé Lally.

Jasmin enfilait son manteau quand son téléphone vibra. Il ne reconnut pas le numéro affiché mais par courtoisie, il décrocha.
_ Bonjour Monsieur De la Rochefleurie. Je suis heureuse de vous trouver. C’est Cunégonde Deporte à l’appareil, votre adjointe.
Surpris, Jasmin ne comprit pas pourquoi sa collègue l’appelait un dimanche. Elle avait effectivement son numéro pour pouvoir le joindre en cas d’urgence quand il était en rendez-vous professionnel, mais il n’avait jamais été question de s’immiscer dans sa vie privée.
_ Je comprends que vous soyez surpris de mon appel, mais j’aimerais parler avec vous d’un petit problème.
_ Mais enfin Madame Deporte, cela ne pouvait pas attendre demain ?
_ Je vous en prie appelez-moi Cunégonde et non c’est assez urgent. Pourriez-vous me rejoindre au bar devant la station de métro dans une demi-heure ?
Jasmin n’en crut pas ses oreilles, un rendez-vous avec sa collègue un dimanche matin. Il refusa.
_ Je ne pense pas que vous en ayez la possibilité, Jasmin. Je vous envoie une vidéo que vous allez avoir plaisir à regarder, je vous attends dans une demi-heure. Elle raccrocha.
Une notification s’afficha alors sur son portable, il ouvrit le fichier. Il appela aussitôt Muguette.

Celle-ci était prête, elle n’avait plus que dix minutes devant elle pour ne pas être en retard. Elle monta dans sa voiture, mit la radio et se mit à fredonner. D’humeur joyeuse pour une fois, tout lui semblait plus beau, alors que c’était le même parcours que tous les matins. Elle gara sa voiture sans encombre et se dirigea vers le bar le cœur battant. Elle entra dans la salle et chercha des yeux Jasmin  qu’elle découvrit attablé avec une femme qui lui caressait la main. Son sang ne fit qu’un tour, sans réfléchir davantage, elle saisit un plateau qui attendait d’être servi rempli de café et de viennoiseries et se dirigea vers leur table.
_ Bon appétit Monsieur De la Rochefleurie ! Elle lui balança le tout dans la figure et repartit en sens inverse la tête haute.


dimanche 18 février 2018

Ensembles, Muguette et Jasmin ?


Jasmin refit le chemin en sens inverse, la neige avait fondu fort heureusement. Il resta quelques minutes dans sa voiture puis appela Félicie. Il se félicita d’ailleurs d’avoir enregistré le numéro de sa collègue un jour qu’elle l’avait appelé pour signaler son absence.

Muguette allait et venait de sa cuisine au salon. Cheveux en bataille, visage bouffi par les larmes, sa ride du lion plus profonde que jamais, un mouchoir en boule dans la main droite et son portable dans la gauche. Quand on sonna à sa porte, elle resta plantée dans le hall d’entrée. Un deuxième coup de sonnette la fit sursauter. Un coup d’œil à l’extérieur la renseigna.
_ Pas la peine de venir, c’est inutile ! grinça-telle. Vous voulez encore me raconter des histoires à dormir debout, à d’autres, je ne suis pas idiote, fichez le camp !
Jasmin savait que ça n’allait pas être facile, il insista en laissant son doigt appuyé sur le bouton de la sonnette ce qui déclencha la fureur de la jeune femme qui ouvrit la porte en hurlant :
_ Vous n’avez qu’à tout casser tant que vous y êtes ! Vous êtes un malade vous !
_ Je peux entrer ?
Le calme de son interlocuteur la déstabilisa, elle s’écarta.
_ Merci.
Il entra dans le salon et se tourna vers elle.
_ C’est sympa chez vous !
_ Faites comme chez vous surtout ! Vous n’avez qu’à vous asseoir tant que vous y êtes.  Vous allez vouloir boire quelque chose aussi sans doute, comme deux bons amis que nous sommes. Mais nous ne sommes pas des amis, je ne vous connais pas, fichez le camp ! elle le foudroya du regard en lui indiquant la porte toujours ouverte.
_ Il ne fait pas chaud dehors, vous feriez mieux de fermer la porte, et nous pourrions peut-être discuter calmement.
Furieuse, elle riposta :
_ Vous arrêtez de commander ma vie, oui ? Je vous demande de partir, je n’ai rien à vous dire.
_ Moi si. Savez-vous que vous n’avez pas cessé de hanter mes pensées ? Oui, vous, avec votre caractère infernal ! Mais fermez-la …
_ Mais je rêve je suis chez moi et vous m’insultez !
_ Laissez-moi finir ma phrase, fermez-la donc cette porte, il fait un froid de canard et d’autorité il la reclaqua.
Ébahie, elle le regarda :
_ Vous ne doutez de rien vous !
_ Voulez-vous m’écouter ? Je vous assure que votre amie Félicie…
_ Ah, c’est elle qui vous envoie…
_ Mais laissez-moi donc terminer mes phrases bon sang ! Non, ce n’est pas Félicie qui m’envoie et…
_ Comment avez-vous eu mon adresse alors ? C’est bien elle qui vous a renseigné, ne dites-pas le contraire, vous n’aviez pas mon numéro.
Jasmin soupira, la bataille s’annonçait vraiment difficile, autant joué franc jeu tout de suite.
_ Effectivement, j’avais le numéro de Félicie. Je l’ai appelée pour avoir votre adresse. Elle n’est pas loin d’ailleurs, elle est toujours dans sa voiture garée devant chez Prune.
Muguette hocha la tête.
_ Je répète, votre amie n’était au courant de rien, je n’ai pas habitude de raconter à mes collègues ma vie personnelle.  Je vous ai laissé ma carte en espérant que vous la trouveriez, mais il ne m’en restait qu’une de ce fichu imprimeur…
_ Sur Internet, vous savez qu’on peut avoir des cartes de visite à s’imprimer…
_ Vous n’en avez pas assez de m’interrompre tout le temps ?
_ Pour ce que j’en dis, et puis après tout je m’en moque…
_ Je reprends, j’ai laissé ma carte et quand je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas mon adresse, j’étais …
Elle éclata de rire et tout se suite, elle devint plus jolie en perdant son air bougon.
_ Ne me dites pas que vous étiez malheureux je ne vous croirais pas, on a passé l’âge quand même de tomber amoureux comme ça.
_ Vous m’aviez bien dit que vous aussi vous désiriez me revoir…
Muguette rougit.
_ En fait… Elle se rendit compte qu’il ne connaissait toujours pas son prénom. Jasmin la regardait interrogateur.
_ Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser passer quelqu’un qui s’appelait Jasmin parce que…Je m’appelle Muguette.
Stupéfait, il éclata de rire.
_ Vous vous moquez de moi ?
_ Non, je sais c’est nul !
_ Vous faites toute une histoire parce que je m’appelle Jasmin de la Rochefleurie et ma sœur Pétunia, et vous, votre prénom est Muguette ?  Vous me recherchiez parce que … Il réalisa alors ce que sous entendait la jeune femme. Furieux, il l’apostropha :
_ Ce n’est pas vrai ? Vous pensiez que nous étions faits l’un pour l’autre parce que j’ai un prénom de fleur ?
_ Effectivement dit comme ça… marmonna Muguette.
Il se laissa tomber dans le canapé, enleva son manteau qu’il n’avait toujours pas quitté, et dit :
- Finalement, je prendrais bien quelque chose à boire. 
Pendant qu’elle s’activait dans sa cuisine, Muguette ruminait. C’est vrai que c’était idiot cette idée de Muguette et de Jasmin. Elle le regarda à la dérobée et s’étonna de le trouver plutôt bel homme, elle ne l’avait vraiment pas bien regardé toute occupée qu’elle était à vouloir le récupérer à cause de son prénom, mais quelle nulle. Elle repensa à son amie Lally. Elle serait là, elle se moquerait bien d’elle et elle aurait bien raison. La cafetière à la main, elle vint s’asseoir en face de Jasmin.
_ Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda la jeune femme consciente du ridicule de la situation
_ C’est à vous de me le dire, répondit Jasmin en se servant de café.
Elle le regarda faire et se rendit compte qu’il semblait vraiment à l’aise chez elle comme si, il était à sa place. Leurs yeux se rencontrèrent, ils se sourirent.
_ On a vraiment mal commencé hein ? murmura Muguette
_ On peut dire ça comme ça ! Bon, si on reprenait tout depuis le début…
_ Vous voulez dire dans le bar, pour prendre un petit déjeuner ?
Il se leva et lui tendit la main.
_ Demain, vers 9 heures, même endroit que l’autre fois, ça vous va ?
_ Il ne pleuvra pas j’espère ?
_ Pourquoi ? Il pleuvait quand je vous ai rencontrée non ?
_ A demain alors ?
Il l’embrassa sur la joue et lui demanda :
_ Votre numéro de téléphone au cas où ?
Elle lui donna et il l’appela aussitôt pour qu’elle ait le sien, un dernier signe de la main, et il la laissa. Elle courut derrière lui :
_ C’est tout ? Vous ne me dites rien ?
_ N’oubliez pas, on ne se connaît pas encore … Il monta dans sa voiture, elle repartit vers sa maison.

_ Tu l’as publiée ? criait Pétunia au téléphone, tu m’avais promis de ne pas le faire…

mercredi 14 février 2018

Une belle histoire - Dix ans plus tard



C’est un beau roman, une belle histoire…Sur l’autoroute des vacances… sans doute un jour de chance… Lui dans le brouillard… elle dans le midi…
Jamais revus. Pas de téléphone, pas d’adresse, pas de Facebook.

Dix ans plus tard. Même autoroute des vacances.

Il est accompagné.
Elle a deux enfants.
L’aire est bondée d’automobilistes arrêtés qui vont soit faire le plein d’essence, soit aller prendre un petit déjeuner à la cafétéria.

Sa compagne reste dans la voiture. Il sort prendre un café.

Les deux enfants dorment et grognent quand elle tente de les réveiller. Elle leur signale qu’elle va leur rapporter des croissants.

Ils se sont croisés … devant les toilettes de la station-service.  Ils ont échangé un regard. Elle est entrée chez les dames, il sortait de chez les hommes.  Il s’est attardé devant le présentoir des journaux.
Elle se regarde dans le miroir. Elle se trouve une mine fatiguée.  Elle se lave les mains et se remet un peu de rouge à lèvres.

Du coin de l’œil, il la voit sortir. Du coin de l’œil, elle l’aperçoit.
Il s’approche d’elle. Elle lui sourit.

Ils se sont raconté … la vie qui continuait, ils n’étaient plus des enfants. Elle en élevait seule deux, des jumeaux. Un garçon et une fille. Non, lui n’avait pas d’enfants, un divorce en cours, il est médecin et part rejoindre son beau-frère, sa sœur est dans la voiture. Elle, elle est hôtesse d’accueil dans un hôtel, ce n’est pas facile tous les jours avec ses horaires, mais heureusement elle a ses parents qui peuvent s’occuper des enfants. Elle leur achète des croissants d’ailleurs, il l’attend à la caisse.

Pas de champ de blé, juste une cafétéria bondée aux odeurs de café et de viennoiseries. Ils sortent et vont rejoindre chacun de leur côté leur voiture pas très éloignée l’une de l’autre. Pas de signe de la main, juste…

Comme un ballet bien réglé, sa sœur qui sort du véhicule, puis ses enfants à elle qui encore tout ensommeillés aussi. Ils demandent où sont les croissants qu’elle leur tend en souriant. Ils remontent alors dans la voiture et elle s’assoit au volant puis démarre.

- C’est fou ce qu’ils te ressemblent ces gamins, on dirait toi petit !  

Il regarde la voiture disparaître, il n’a toujours pas son adresse ni son téléphone.


lundi 12 février 2018

C'est du Mélo !



- J’ai tout gâché ! murmure Muguette, seule chez elle.
- Je n’ai rien compris à ce qui s’est passé. Ils se connaissaient tous ? demande Prune complètement déprimée par l’épisode qui vient de se dérouler sur la place devant la piscine.
- Réponds Muguette ! Je t’assure que je ne savais pas … Félicie inquiète par le silence de son amie se désespère dans sa voiture.

Trois femmes différentes. Deux amies et une qui aurait pu le devenir.
Quel mélo !
Muguette folle de rage plantait Félicie, Prune et Jasmin sur la place, en hurlant à qui voulait l’entendre qu’il ne fallait pas la prendre pour une idiote.
Prune surprise et très mal à l’aise par les regards que leur jetaient les passants restait muette bras ballants, les larmes aux yeux.
Et Félicie qui connaissait bien les colères de son amie et savait qu’il ne fallait pas intervenir perdait peu à peu son sourire car Muguette allait beaucoup trop loin.
Elle n’essaya même pas de la retenir quand elle partit à grandes enjambées appeler un taxi qui par bonheur passait par là.

- J’ai tout gâché ! répétait Muguette assise sur le tapis de son salon. Elle regardait son téléphone qui ne cessait pas de sonner. Elle savait qu’elle était allée beaucoup trop loin avec Félicie. Mais quelle idée aussi de s’appeler Jasmin de la Rochefleurie et de travailler aux impôts. Elle n’en avait pas cru un mot, surtout pas après qu’elle ait appris que sa sœur s’appelait Pétunia. Franchement, elle n’était pas idiote. Jasmin et Pétunia. Elle qui croyait que pour la Saint Valentin, elle ne serait pas toute seule. Ah Lally avait bien raison. Quelle cruche !

Prune était reparti avec son fils.
- Complètement folle cette fille ! Pétunia dans la voiture de son frère qui ne desserrait pas les dents parlait toute seule. Tu n’as même pas répondu quand elle a traité nos parents de fous-dingues. Quand même quel culot ! C’est la première fois que …
- Tais-toi s’il-te-plait !
- Mais Jasmin…
- Tais-toi !
- D’accord, d’accord, tu me ramènes chez les parents ?
- Oui !
Et le silence s’installa.
- Génial ! murmura la jeune fille. Mais un SMS de Fred lui fit retrouver le sourire. Ils trouvaient trop amusant la scène qui venait de se passer sur la place, le coquin avait tout filmé avec son téléphone.
- Tu ne peux pas le mettre sur Internet insistait Pétunia, en plus ça n’intéressera personne et finalement tout le monde va se moquer de mon frère, moi ça me fera de la pub mais lui au boulot, il va être furieux, tu sais aux impôts, ce n’est pas des rigolos !
- D’accord mais je la garde pour plus tard peut-être…
- Promets de ne pas la diffuser ?
- Promis… pour l’instant !


vendredi 9 février 2018

A l'aide Félicie !



Muguette est encore sous le choc de sa rencontre avec Prune. Non pas qu’elle ne soit pas remise de sa chute, mais parce qu’elle avait retenu que sa voisine connaissait Jasmin. Comme toujours dans ces cas-là, elle saisit son téléphone et appela Félicie.

- Devine quoi ? Muguette ne se présenta même pas. Si elle s’était trompée de numéro, c’était pareil. Elle aboya dans le téléphone :
- J’ai rencontré quelqu’un qui va à la piscine avec Jasmin. C’est super non ?
Félicie qui s’apprêtait elle aussi à affronter la neige en laissa tomber ses clés de voiture et s’écroula dans le premier fauteuil venu. « Ouf, pensa-t-elle, ce n’est pas donc le Jasmin du Bureau, tant mieux, parce que j’aurais dégusté ! »
- Ah, il habite dans ton coin, génial !
- Je n’en sais rien ça s’il habite par ici. Si je vais à la piscine tu m’accompagnes ? C’est couvert et chauffé, précisa-t-elle, se rappelant la réflexion de Prune.
- Mug ? Tu n’as rien oublié ?
- Ne fais pas ta rabat-joie, quoi encore ?
- Tu ne sais pas nager.
- Bah, ça s’apprend vite non ?
- Mug ? Tu as peur de l’eau, voilà pourquoi tu ne sais pas nager.
Muguette à son tour s’affala dans son fauteuil. Elle n’avait pas pensé à ça.
- Allo, tu es toujours là ?
- Comment je vais faire alors ?
- Mais es-tu certaine au moins que c’est bien le Jasmin que tu as rencontré ?
- Il ne doit pas y en avoir des mille de mecs qui s’appellent comme ça, tu ne crois pas ? ronchonna Muguette, il faut être complètement zinzin pour appeler son fils « Jasmin ». Il ne manquerait plus qu’il ait une particule.
Félicie pensa à son directeur des impôts. Il avait bien une particule lui, et il s’appelait Jasmin.
- Tu veux que je vienne ? J’allais prendre la voiture de toute façon.
- Avec la neige ce n’est pas prudent. Je ne voudrais pas qu’il t’arrive un accident, de toute façon tu ne peux rien faire, je ne vais pas apprendre à nager dans la minute… Quelle idiote d’avoir cette phobie de l’eau.
- Tu sais, on peut aller à la piscine sans se baigner et s’installer dans les gradins.
Muguette se leva d’un bond et tapa dans ses mains, son téléphone lui échappa alors des mains.
- Tu es toujours là ?
- Oui, oui. Muguette avait récupéré son portable et hurlait dans l’appareil. Viens, alors. Mais tu ne dis pas que je ne sais pas nager hein ?
- Elle habite où ta voisine ? Tu veux que je te récupère là-bas ?
- Non, je vais y repartir à pieds pour lui dire que je vais les rejoindre plus tard et elle raccrocha.
Félicie soupira. Elle ferait ses courses plus tard. Elle avait l’habitude avec Muguette. Elle sifflait et elle, elle rappliquait. C’était vrai aussi dans l’autre sens.

Muguette marchait doucement. Pas question de s’étaler encore. Elle n’habitait vraiment pas loin Prune. Elle s’approcha et n’aperçut pas de voitures devant chez elle. Décidée, elle sonna à la porte.
Il n’y avait personne. Déçue, elle repartit dans l’autre sens.

- Tu en as mis du tu temps ! Félicie venait de se garer devant chez Muguette qui faisait des aller- retour depuis au moins vingt minutes.
- Je ne sais pas si tu te rends compte qu’il y a de la neige, je n’avais pas envie de…
- Bon, allez, on y va. Je le sais qu’il y a de la neige !
Félicie ne se formalisa pas de l’accueil de son amie et prit la direction de la piscine.

- Regarde, elle est là. Muguette ouvrit la portière avant que la voiture ne soit arrêtée.
- Tu es folle !
Muguette avait sauté de la voiture en marche et faisait de grands signes en appelant Prune qui alertée se retourna.
- Finalement vous êtes venue ? Vous n’avez plus mal à votre cheville et vous n’avez plus peur d’avoir froid ?
- Oui j’ai changé d’avis ! Mais je ne vais pas me baigner, c’est mon amie qui a insisté…
Félicie qui arrivait tendit la main à Prune et se présenta.
- Félicie ? Quelle surprise ?
La jeune femme se retourna.
- Monsieur…
- Pas de Monsieur, appelez-moi Jasmin !
Muguette ouvrit de grands yeux et fronça les sourcils. Félicie sentit l’orage arriver.
- Tu le connais ? Quelle amie tu fais. Vraiment, tu me déçois !
Jasmin n’en croyait pas ses yeux. Il avait devant lui la jeune femme qui ne quittait pas ses pensées depuis quelques jours. Elle avait l’air très énervée. Elle se tournait d’ailleurs vers lui et l’apostrophait vertement :
- Depuis quand on laisse sa carte de visite sans ses coordonnées ? Vous vivez dans quel monde ? Comment voulez-vous que je vous rappelle moi ?
- Ah vous vouliez me revoir ? demanda-t-il goguenard, je suis heureux de l’apprendre.
Muguette rougit violemment. Elle ignora la question.
- Toi Félicie, que dis-tu pour ta défense ?
- On y va à la piscine ? demanda timidement Prune que la situation dépassait complètement.
- Non d’abord explique-toi, ordonna Muguette.
- Mais il n’y a rien à expliquer répondit celle-ci, tu l’as dit toi-même, tu ne connaissais pas le nom de Jasmin, je ne pouvais pas savoir qu’il s’agissait de lui.
- En fait, renchérit Jasmin, je travaille avec votre amie. Faisons les présentations, Jasmin de la Rochefleurie, et je suis le chef du centre des impôts et je vois Félicie tous les jours.
- C’est ça, et je suis la reine d’Angleterre. Avec un nom pareil, aux impôts, vous me décevez, trouvez mieux. Muguette éclata de rire et répéta :
- Aux impôts ? Non, mais je rêve … Devant le silence qui s’installa, elle interrogea son amie du regard qui hocha la tête.
- Et voici ma sœur Pétunia.


jeudi 8 février 2018

Comment Muguette rencontra Prune



- Qu’ils sont donc gamins !
Muguette obligée de sortir parce que ses placards sont vides fait bien attention de ne pas glisser et regarde avec méfiance les deux adolescents qui se bombardent de boules de neige.
Et vlan, elle en reçoit une en pleine figure. Aveuglée et furieuse, elle se retourne brutalement pour invectiver les coupables et se retrouve les quatre fers en l’air dans la poudreuse.
Aussitôt le couple s’approche hilare. Leur rire s’efface rapidement devant la tête furibarde de la propriétaire aux cheveux emmêlés qui lui cachent les yeux. A quatre pattes dans la neige, elle tente désespérément de se relever. Le garçon lui tend une main secourable.
- Désolé ! Je vais vous aider.
Muguette vexée voudrait bien refuser, mais elle met son amour propre dans sa poche et accepte.
Une fois debout, elle regarde les adolescents.
- Vous êtes contents de vous ?  Franchement, ce n’est pas drôle !
- Vous n’êtes pas blessée ? demande la jeune fille.
- Heureusement.  Bon, où sont mes courses ? Elle regarde avec désespoir ses achats échappés de son cabas.
- Je vous les ramasse.
A ce moment, une jeune femme sort de la maison située de l’autre côté de la route.
- Vous n’êtes pas blessée ? Venez vous mettre au chaud. Elle se tourne alors vers le jeune homme :
- Franchement Fred, tu exagères.
- Oh ça va, on ne l’a pas fait exprès !
- Tu parles ! ronchonne Muguette qui n’ose pas avouer que sa cheville l’a fait souffrir.
- Venez je vous offre un café, ça vous réchauffera. C’est vrai que cette neige nous a surpris ce matin.
Muguette ne pipa mot et suit tant bien que mal la jeune femme et le couple d’adolescents.
Une fois installée dans la cuisine et la chaleur aidant, sa colère refit surface :
- C’est malin de lancer des boules de neige sur les passants…
- Je vous présente mon fils Fred et sa copine Pétunia. Moi c’est Prune.
- Muguette !
Prune éclata de rire. Muguette bougonna :
- Oui je suis née un premier mai. Mes parents n’ont rien trouvé de mieux que de m’appeler Muguette, heureusement que je suis une fille. Vous m’auriez vu m’appeler Muguet ?
- Mes parents aussi nous ont donné des prénoms de fleurs, dit Pétunia.
- Prune, ce n’est pas non plus un prénom facile remarqua Muguette, heureusement que vous n’habitez dans la rue des Bananiers.
- Mais si justement, répondit Prune.
- Non ?
Muguette éclata de rire à son tour.
- Et vous, vous habitez dans le coin ?
- La rue d’à côté… Oui je sais, c’est la rue des Mimosas !
Les deux jeunes femmes riaient.
- J’ai vu que vous boitiez légèrement, vous ne voulez pas un peu de glace ?
- Non, merci ! Je vais repartir.
- Si vous voulez je vous raccompagne, toutes les deux, ça ira plus vite. Prune enfila un manteau et saisit le sac à provisions de Muguette.
- Je vous le porte, ce sera plus facile pour vous de marcher.
- Vous êtes toujours comme ça ? demanda Muguette les sourcils froncés.
Surprise, Prune la regarda :
- Toujours comme ça ? Vous voulez dire quoi ?
- Gentille, souriante… Moi je râle tout le temps.
- Je ne trouve pas …
Les deux jeunes femmes se turent jusqu’à la porte de Muguette.
- C’est là, je vous remercie. Indécise, elle hésita. Prune lui plaisait bien et elle se sentait souvent seule dans ce quartier, Félicie n’habitait pas là.
- Vous désirez entrer ? demanda finalement Muguette.
- Pourquoi pas ?
A ce moment précis son portable sonna. Elle répondit à l’appel.
- Désolée, c’était mon fils. J’avais oublié que le frère de sa copine devait passer. Nous allons ensemble à la piscine. Son visage s’éclaira. Mais venez donc avec nous, ça ne pourra que faire du bien à votre cheville.
- Avec cette neige, je vais rester au chaud. Vous allez vous baigner par ce froid ?
- Vous savez la piscine est couverte et chauffée sourit Prune, mais n’hésitez pas si vous changez d’avis.
Prune repartait quand elle cria à la jeune femme :
- Vous savez plus on est nombreux, plus on se motive, en plus Jasmin est un très bon professeur. Sur ces paroles, elle laissa Muguette et traversa la rue.