Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

jeudi 14 mai 2020

C'est l'histoire d'un masque !



C’est l’histoire d’un masque…

Je suis le loup et je laisse filtrer un regard charbonneux. Des lèvres joliment mises en valeur, sourient ou minaudent. Orné de dentelles, je suis celui qui faisait chavirer les cœurs des hommes qui cherchaient leurs belles… autrefois. Combien de nouvelles amours sont nées grâce à moi.

Je suis de Venise et je cache tout le visage. Je rivalise avec les robes et les costumes assortis. Souvent, je suis accompagné d’un éventail. Les rires et le bonheur me suivent.

Aujourd’hui je suis celui qui protège. Mais je voile aussi les sourires et seuls les yeux parlent. Je ne suis pas toujours joli. Blanc et bleu la plupart du temps.
 À cause de moi, ceux qui n’entendent pas et lisent sur les lèvres pour comprendre se trouvent encore plus abandonnés.
Grâce à moi, les gens peuvent sortir de chez eux, mais je sens bien que je les gêne. Je leur tiens chaud, et occasionne de la buée sur les verres de lunettes. Affublé d’un élastique, je tire les oreilles. Je suis épais, doté d’une norme obligatoire pour empêcher un virus de passer. Je dois être changé toutes les 4 heures et lavé régulièrement à 60°… ou abandonné suivant si je suis en tissus ou jetable.
Jamais, les gens n’avaient eu autant besoin de moi, si bien que j’ai dû me réinventer. Des couturières, des personnes qui n’avaient jamais tenu une aiguille de leur vie se sont mises aussi à me fabriquer lorsqu’il n’y en avait plus assez. Quel succès ! Je pourrais en tirer une gloire. Loin de moi cette idée, parce que même si des stylistes décident de me faire encore plus joli, mon rôle reste le même, protéger. Je n’ai pas envie d’être une pièce de collection.

Je suis un masque, et je deviens le masque. Non, pas un titre de film ou Jim Carrey tient la vedette. Même si je suis en haut de l’affiche, je n’en tire aucune victoire. Je préférerais de loin, rester dans mes placards d’hôpitaux et servir dans les blocs opératoires là où se trouve ma vocation. Celle-là, j’en suis fier. Mon rôle de protection, n’a pas changé. Il y a juste que… je ne suis pas fait pour déambuler dans les rues. D’ailleurs, tout le monde me regarde de travers quand c’est moi qui ne le suis pas… de travers.

Certains me snobent, m’oublient, m’abandonnent sur un coin de table. Comment faire pour leur faire signe et leur rappeler que, même si je ne suis pas beau, même si je les gêne, je fais barrage ?

Quand je pense qu’à l’époque du carnaval, les gens adorent se déguiser avec… un masque.

Hélas, ce n’est pas de déguisement dont il s’agit ici, mais d’une barrière. Ne l’oubliez pas, je n’avais rien demandé et croyez-moi, je suis bien mieux et à ma place avec ceux qui se servent de moi tous les jours. Je tiens mon rôle et ils m’en remercient quotidiennement. Tellement bien que lorsque j’ai disparu de leurs placards, ils se sont sentis si démunis que leurs cris d’appels à l’aide m’ont déchiré le cœur…

© Minibulle 14/05/2020

vendredi 1 mai 2020

Je voulais juste parler du mois de mai !



Joli mois de mai,
Fais ce qu’il te plait,
Trouve du muguet

Ces petites clochettes au parfum si subtiles, chacun les cherche dans les jardins. Parfois, elles sont déjà passées ou au contraire, elles se font attendre. Au mieux, elles sont à l’heure.

Le premier mai pour ce mois qui s’installe c’est la fête du Travail. Évidemment, commencer par se reposer pourquoi pas ? On débute bien l’année par un jour férié, alors pourquoi pas un mois ?
C’est aussi celle du muguet, de l’amour qui daterait de la renaissance.

— Ohé, tu vas nous la raconter longtemps ton histoire ? C’est aussi mon anniversaire !
— Qui parle ?
— Moi ! C’est quand même incroyable, toi La Plume, qui a décidé de me faire naître un premier mai, tu oublies mon anniversaire. Jasmin aussi l’avait oublié, rappelle-toi !
— Ne te fâche pas Muguette, j’allais le faire plus tard, mais impatiente comme tu es, tu n’as pas pu attendre. J’avais imaginé que Petit Paul serait venu te le souhaiter. Tu m’as coupé l’herbe sous le pied.
— Recommence alors, fais comme si je n’avais rien dit et fais venir Petit Paul. Sors-le de tes cahiers.

— Je te signale à la base que je devais faire un texte pour le premier mai. D’ailleurs, l’illustration ne te convient pas du tout, Muguette.
— Si, il y a une fille.
— Elle n’a rien à voir avec toi. Petit Paul n’y est pas non plus. Les lecteurs ne vont rien comprendre. Je voulais leur donner que du bonheur. J’ai l’air malin.
— Laisse-moi faire !
Les amis, vous qui me suivez, vous saviez bien que c’était mon anniversaire, pas vrai ? Alors, tout en vous souhaitant une belle journée, je vous offre ce brin de muguet, qu’il vous porte chance. Et maintenant, faisons la fête pour mon année de plus.
— …
— Tu ne dis rien ?
— …
— T’es fâchée ?
— …
— Me voilà bien, La Plume a perdu sa voix. Enfin, je veux dire sa Plume, ses mots. D’accord, je rentre dans mon cahier, je me tais. Moi, sans elle, je ne suis pas grand-chose.
— Excusez là, elle a toujours été impatiente et…
— N’empêche, c’est mon anniversaire.
— …
— D’accord, je ne dis plus rien.
— Joyeux premier mai à vous, je vous souhaite le meilleur.
— Si c’était pour annoncer ça, ce n’était pas la peine de m’empêcher de discuter. Par exemple, tu aurais pu raconter comment tu allais le cueillir dans ton jardin lorsque tu étais petite. Tu pourrais parler de son parfum que tu respires et qui te fait voyager. Si, c’est vrai, je t’ai déjà vue faire. Pourquoi ne pas dire encore qu’il s’appelait lys des vallées, que sa flagrance est subtile et sublimée quand on la trouve en flacon ? D’ailleurs de grandes maisons racontent son histoire et son odeur nous plonge immédiatement dans une ambiance estivale, en campagne, sur une pelouse.
— Muguette, tu es formidable.
— Je sais ! Toi pareil, normal, c’est toi qui m’a inventée.
— Au fait, bon anniversaire Mug !
— Merci Ma Plume !
— Et moi je ne fais rien alors ?
— Ah non Petit Paul, il n’y a plus à rien à dire. Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi !

Muguette éclate de rire et rentre dans son cahier emmenant avec le garçonnet.

Ouf ! Donc, où en étais-je ? Ah oui…
Voici le mois de mai où les fleurs volent au vent…
Où les fleurs volent au vent si jolie Mignonne
Où les fleurs volent au vent si mignonnement.

© Minibulle, 1er Mai 2020