Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

dimanche 31 décembre 2017

L'attente de Millie

Millie a consciencieusement ouvert toutes les fenêtres de son calendrier. Elle a  envoyé sa lettre au Père Noël et maintenant elle attend.
Devant le sapin illuminé et le paysage d’hiver créé par sa Ma-Lou, elle reste en extase. Parfois, elle déplace délicatement un sujet puis le repose. Ma-Lou a allumé les lumières dans son village et il y a même un sapin qui tourne et Millie est en admiration à genoux devant ce décor. Ma-Lou a ajouté des rennes, un grand bonhomme de neige, des sapins et même un petit train. C’est féerique !

C’est Noël ce soir. Millie se demande si elle va recevoir tous les cadeaux demandés. Elle l’espère de tout son cœur et elle serait déçue si elle n’avait pas tout. Ses parents et Ma-Lou lui ont bien dit que le Père Noël parfois ne faisait pas toujours comme on voudrait : c’est un vieux bonhomme qui n’en fait qu’à sa tête mais toujours pour le bien des enfants. Millie espère qu’il n’a rien oublié.

La table de Ma-Lou et de Pa-Lou est magnifique. C’est encore Ma-Lou qui a imaginé une décoration que Millie n’a jamais vu ailleurs : dans un grand vase, un ourson avec un bonnet est assis au milieu de pommes rouges sur des écorces. Une guirlande de pompons blancs et de pommes de pin entoure le vase.
- C’est toi qui a fait ça ? demande Millie admirative
- Oui, répond Ma-Lou en lui ébouriffant les cheveux, tu aimes ?
- J’adore !
Millie est assise entre sa maman et son tonton. Elle l’aime bien ce tonton qui la taquine souvent et n’arrête pas de lui répéter que le Père Noël ne passera pas, elle n’a pas été assez sage, alors pas de cadeaux. Elle lui répond alors :
- Pareil pour toi ! t’arrête pas de m’embêter !

Millie a la permission de sortir de table pour jouer ou regarder un dessin animé car elle sait que l’attente va être longue. Il n’est pas encore minuit et elle sait que le Père Noël ne passera pas tôt. Ma-Lou a expliqué qu’il avait beaucoup de route à faire et Pa-Lou en plus a oublié d’envoyer sa lettre. Millie a peur qu’il n’ait rien et comme il n’arrête pas de faire des blagues, elle craint aussi que le Père Noël décide de passer tard rien que pour l’ennuyer. Ce serait bien fait pour lui, mais en même temps elle ne voudrait pas attendre trop longtemps car elle est fatiguée et puis elle veut que tout le monde ait un cadeau. Pa-Lou même s’il blague, elle l’aime beaucoup. Enfin, Papa, maman, Ma-Lou Pa-Lou et tonton prennent le dessert. Millie n’a plus faim. Tonton lui demande de venir avec lui regarder le ciel, on ne sait jamais, on pourrait voir le traîneau. Millie n’est pas rassurée et devant la fenêtre elle scrute le noir. Elle aperçoit des traînées blanches. Tonton lui dit qu’il ne doit pas être loin. Papa maman Pa-Lou et Ma-Lou arrivent aussi et Pa-Lou allume la lumière.
- Non, non, dit Ma-Lou, le Père Noël ne passera pas si tu allumes.
Pa-Lou éteint mais celle-ci se rallume toute seule. Millie crie :
- T’es pas drôle, arrête tu me fais peur !
- Mais… je n’ai rien fait !
Pa-Lou rit, hausse les épaules et regarde Ma-Lou en chuchotant qu’il n’a effectivement rien fait.
- Tu ne vois pas qu’il soit vraiment passé ? demande Maman en faisant un clin d’œil.
Millie file dans son lit, paniquée. Elle se glisse sous les draps et c’est à ce moment que tout s’enchaîne rapidement.
Ma-Lou l’appelle en disant qu’il y a le traîneau garé sur la route, Tonton vient la chercher dans son lit mais elle s’y accroche en hurlant qu’elle ne veut pas le voir et Pa-Lou descendu au sapin crie :
- Venez voir, il est passé !
Millie dans les bras de Papa, la tête cachée dans son cou, ne veut pas y croire.
Seul le sapin clignote et les cadeaux à ses pieds sont déposés.
Millie s’approche !
- Ah oui, il est passé !
Sur son visage passent divers sentiments :
La déception, elle ne l’a pas vu, une fois de plus.
La surprise, mais comment est-ce possible ?
Et enfin la joie.
Elle ouvre un à un ses cadeaux le sourire jusqu’aux oreilles. Elle serre ses trésors sur son cœur.
Elle vérifie quand même que Pa-Lou ait un cadeau. Oui et il a l’air content.
Toute la famille est gâtée et personne n’a été oublié.
Millie peut aller se coucher et s’endormir apaisée.
- Merci Père Noël murmure-t-elle sous les draps et elle lui envoie un baiser du bout des doigts.


samedi 2 décembre 2017

La cabane aux oiseaux


Gus le merle, Jack le rouge-gorge et Rita la mésange sont heureux. Une cabane rien que pour eux.
Très curieux, ils l’ont vue se construire. Marcel le jardinier, a fait ça bien : perchoir, mangeoire, toit qui les abrite du mauvais temps et surtout bien protégés de Duc le chat qui n’osera plus grimper là-haut depuis qu’il s’est pris une gamelle quand il s’y est essayé. Vexé, il regarde dédaigneux les volatiles. Trop vieux, il préfère ses croquettes.

Gus le plus intrépide car il a l’habitude de chaparder les cerises, a surveillé la construction avec intérêt, en faisant des allers-retours sur la murette. Marcel lui mettant régulièrement des miettes, il aime s’y parader fièrement.  C’est donc lui qui a prévenu Jack.  Mais quand Marcel a accroché comme des lampions deux boules de graisse, c’est Rita qui a failli s’étrangler de joie. C’est elle qui y a goûté la première. Trop bon ! Picore par ici, picore par-là, Rita s’est gavée.
Jack préfère les graines, car Marcel n’a pas lésiné sur la nourriture : graines pour tous les oiseaux « c’est écrit sur le paquet » a déclaré Gus faisant le malin, il avait entendu parler Marcel tout seul.

Mais un jour, surprise dans la cabane. Marcel ayant lu quelque part que les oiseaux adoraient ça, il en a coupé des petits morceaux et a surveillé leurs réactions.

Jack s’y est aventuré et il adoré. « Des croûtes de fromage ! » c’est Noël avant l’heure ! Plumes gonflées, poitrail rouge brillant, il en a même piqué une et s’est envolé avec, histoire de partager.  Quand Marcel est venu voir et qu’il s’est aperçu qu’il n’y en avait plus aucune, il a souri et s’est dit que finalement, il allait faire deux heureux : le rouge-gorge et lui. Il allait pouvoir en manger du fromage !


vendredi 1 décembre 2017

Décembre s'installe

Novembre s’est essoufflé. Avec sa vague de froid, son temps gris, sa neige précoce, il passe le relais à son ami Décembre. Il en est tout gris lui-même et a les cernes sous les yeux.
- Tiens, tu vas faire mieux que moi j’en suis certain. J’ai bien essayé de faire briller le soleil plus longtemps, mais il s’est cassé en morceaux. J’ai soufflé pour que les nuages n’arrivent pas trop vite et assombrissent le ciel, mais ils ont fait la course entre eux, ils ont gagné, la neige est arrivée et…
- Arrête, arrête l’ami… Tu as fait ce que tu avais à faire et tu l’as bien fait. Le temps gris, le froid, la neige, c’est aussi pour moi, c’est normal. Tu ne peux pas aller contre la nature, tu le sais bien.
Décembre est tout guilleret. Avec sa barbe blanche, il ressemble à un chic vieux monsieur. Il est appuyé sur sa canne et ses yeux brillent.
- Oui mais toi, tu as les fêtes pour faire passer la pilule, on t’aime.
- C’est vrai, c’est le mois des cadeaux, ça commence avec la Saint Nicolas le 6. Mais tu sais Novembre, j’ai la pression quand même !
- Pourquoi ?
Novembre s’est assis sur une souche d’arbre et regarde son ami qui marche de long en large en grommelant.
- Imagine qu’il n’y ait pas assez de neige… Hein ? on ne pourra pas ouvrir les stations de ski et je vais entendre hurler « c’est pas bon pour le tourisme ça ! » Par contre si j’ai trop de soleil « on n’a jamais vu ça, un décembre aussi chaud » et on va remonter aux calendes grecques pour se rappeler que « Ah si en telle année… » et puis mon pote le Dicton « Noël au balcon, Pâques aux tisons » va rappliquer…
Novembre éclata de rire et répondit :
- Ouais et Avril va râler !
- Ou mars, celui-là avec ses giboulées…
Les deux amis se turent un moment en humant la nature. Décembre sentait bien que son ami était fatigué mais il reprit :
- Je suis le mois qui termine l’année ! Sylvestre me le répète assez : je dois être décoré pour sa fête, tu sais, le 31 ! Mais avant il faut des sapins illuminés et les villes aussi, mais avec des ampoules LED tu sais c’est meilleur pour la planète. Décembre se baisse alors vers son ami et lui murmure à l’oreille : Je croyais que c’était des ampoules moches, LED, je ne savais pas ce que ça voulait dire moi, je suis vieux, depuis le temps, moi qui ai connu les réverbères … C’était le bon temps aussi. Bref, il faut aussi de jolis marchés de Noël on ne parle que de ça, il faut qu’il fasse froid pour les marrons et le vin chaud…
Décembre se tut et soupira.
- Mais je suis triste aussi.
Son ami releva la tête et l’interrogea du regard.
- Je ne suis pas aimé par tout le monde contrairement à ce que tu penses. Je suis le symbole de la réunion familiale et pour les solitaires, je les renvoie à leur solitude, même si je multiplie les idées pour qu’ils ne se sentent pas exclus, mais rien à faire, on ne m’aime pas ou on ne m’aime plus à cause des souvenirs…
Novembre passa alors son bras autour des épaules de son ami et Décembre continua :
- Je me console en voyant les visages épanouis des enfants devant les cadeaux. Oui, même ceux qui n’ont pas grand-chose, il y a tellement de solidarité dans le monde…
- C’est vrai et pas que pour les enfants.
- Tu as raison, je n’oublie pas nos anciens, seuls ou en maison de retraite. Tu sais là aussi j’essaie d’insuffler du bonheur.
Il se tut et regarda Novembre.
- Tu comprends pourquoi j’ai la pression ?
- Comme chaque année, mon pote ! Novembre se leva alors, son énergie retrouvée. Il allait pouvoir se reposer pendant onze mois. Il tendit la main :
- Tu vas réussir Décembre. Comme toujours, tu vas nous faire rêver. Je te passe le flambeau, tu commences bien, c’est la Saint Eloi, patron des métalliers. Il s’éloigna.
Décembre le vit disparaître. Il se redressa et s’installa en soufflant et en étalant son long manteau. Les dernières feuilles tombèrent, les oiseaux gonflèrent leurs plumes… Oui, décembre tu es arrivé, pensèrent-ils.


jeudi 30 novembre 2017

Lui et Elle

Comme d’habitude, il s’assied sur la banquette défraîchie mais propre du RER, ouvre son journal. La trentaine, brun, beau gosse, jeans chemise blazer, jeune cadre dynamique.

Lui : 15 minutes de trajet, au prochain arrêt elle entre. Aujourd’hui, je lui parle.

Comme tous les jours, elle balaie du regard le wagon et va s’installer à la même place, face à lui. La trentaine, brune, manteau prune fermé col officier, bottines assorties. Un grand sac fourre-tout couleur Camel.

Elle : Toujours caché derrière son journal, je suis certaine qu’il a de beaux yeux.
Lui : Quel crétin, je suis ! Devant un parterre de collaborateurs je vais présenter un projet qui sera applaudi et salué par mes chefs et là devant Elle, je m’écrase !
Elle : j’aimerais bien savoir où il bosse ! je descends toujours avant lui… et si aujourd’hui, je décidais de changer d’arrêt.
Lui : Pourquoi regarde-t-elle sa montre ? Le RER est à l’heure pour une fois.
Elle : J’ai le temps ! Au pire, je prendrai un taxi pour finir le trajet. Bon, ça va me coûter cher cette histoire, mais…
Lui : Elle sourit toute seule, à quoi pense-t-elle ? pourvu qu’elle n’ait pas d’amoureux, elle a l’air bien gaie aujourd’hui.
Elle : Quel air bougon ! Beau gosse, mais je l’appellerai bien grincheux !

Il baisse son journal surpris, elle n’est pas descendue à son arrêt habituel. Il rencontre son regard, elle lui sourit.
Lui : Panique à bord je ne sais pas quoi faire. Mais parle-lui bon sang, elle te sourit, c’est le moment !
Elle : Mais ? Il attend quoi ? Je ne veux pas parler la première. Je souris encore plus ! Pourvu que je n’aie pas de morceau de chocolat coincé dans mes dents ! J’en attrape mal à la joue ! Alors, tu me parles oui ou non ?
Lui : C’est quoi ce sourire forcé ? Elle se moque de moi oui ! Voilà mon arrêt je descends.

Il se lève rapidement, un hochement de tête vers elle, il descend.
Elle le suit des yeux puis lui emboîte le pas. Elle se retrouve sur le quai. Il a disparu.

Elle : Quelle nulle ! Je ne vais quand même pas courir derrière lui, je ne sais pas quelle direction il a prise.
Lui : Je suis en retard, j’appelle mon assistante pour la prévenir que … Mais ?
Elle : Ah je le vois, il est au téléphone. Je suis sensée faire quoi maintenant ?
Lui : Invite-là à prendre un café, tu es en retard de toute façon !
Elle : Ah quand même, il s’approche.

Il est intercepté par un de ses collègues :
- Bonjour Marc, je t’emmène ?
Ils se serrent la main.
Lui : pas de chance
Elle : pas de chance
Ils partent chacun de leur côté.

Comme d’habitude, il s’assied sur la banquette du RER, ouvre son journal. Toujours la trentaine, brun, beau gosse, costume bleu aujourd’hui, réunion importante.

Lui : Putain Marc ! parle-lui à cette fille à qui tu penses tout le temps, t’en as failli oublier le fil de ta présentation hier.
Il referme son journal, elle va arriver.
Lui :  Pourquoi n’est-elle pas là ? Pourvu qu’elle ne soit pas malade. Hier, déjà elle avait un air bizarre à sourire tout le temps.
Il se cale au fond de la banquette et se projette sur sa prochaine réunion.

Elle : J’ai pris le RER précédent, je suis certaine d’être à l’heure, je stresse un peu. Je pense que le beau gosse au journal doit se poser des questions. Elle sourit en entrant dans les locaux.

L’hôtesse l’accueille en lui souhaitant la bienvenue, lui offre un café, la dirige vers la salle de réunion.
C’est la table recouverte de petites viennoiseries qu’elle aperçoit en premier, elle n’a rien pu avaler au petit déjeuner, elle se laisserait bien tenter mais la crainte d’avoir les mains grasses la dissuade.
Une voix grave la fait se retourner :

- Marc…
Lui : Impossible
Elle : Je n’y crois pas !

- Heureux de vous accueillir dans notre société, venez je vais vous présenter…
- Bérénice…Enchantée !

Lui : Ce n’était pas si difficile finalement.
Elle : Il a une jolie voix.
Lui : Travailler avec elle tous les jours, Waouh !
Elle : Heureusement qu’il n’est pas mon chef !

- Monsieur ? Réveillez-vous …
Le contrôleur lui tape sur l’épaule gentiment.
Lui :  J’ai rêvé ! Trop beau pour être vrai.
Un coup d’œil sur sa montre lui indique qu’il est vraiment en retard. Cette fille lui prend la tête et lui pompe toute son énergie. Il descend du RER furieux de s’être endormi. La journée va être longue.

Comme d’habitude, il s’assied sur la banquette du RER, ouvre son journal. Et puis non, pas de journal, il regarde par la fenêtre. Il pleut.
Comme tous les jours, elle balaie du regard le wagon et va s’installer à la même place, face à lui.

Elle : Il n’a pas l’air en forme aujourd’hui.

Il se tourne vers elle :

Elle : il va me parler, j’ai le cœur qui bat tellement fort que je suis certaine qu’il l’entend !
- Votre prénom ? c’est Bérénice ?
Elle éclate de rire.

Elle : Comment il le sait ?
Lui : Trop jolie quand elle rit.

- Bonjour Marc !
Lui : Comment elle le sait ?
Elle : Banco ! C’est son prénom. Trop forte !



mardi 28 novembre 2017

La cavale d'Alex

Alex venait d’emménager dans sa nouvelle maison. Le camion était reparti et il regardait tous les cartons qui envahissaient les pièces qu’il ne connaissait pas encore. Ses parents, pas trop disponibles, lui avaient fait comprendre gentiment qu’il devait les laisser tranquille, alors il errait seul de pièces en pièces. Elles étaient encore vides et froides. Seuls les meubles bien connus déjà installés le rassuraient et le renseignaient : là le bahut de la cuisine, là la banquette du salon où il se nichait dans les bras de maman d’habitude. Il grimpa l’escalier pour découvrir sa chambre. Son lit était arrivé et ses jouets aussi. Ses parents avaient recréé en premier son espace pour qu’il ne se sente pas trop dépaysé, mais Alex avait le cœur gros, il était tout seul. Enfin, pas tout à fait, Zébra son doudou lui faisait de l’œil depuis son lit. Il le serra contre son cœur et… il leva la tête appelé par une musique extérieure qui vint lui taquiner les oreilles. Il s’accouda alors à la fenêtre et remarqua une grande bâtisse style château comme dans ses livres de chevalier, de l’autre côté de la haie. Curieux, il quitta sa chambre laissant Zébra, à cinq ans il était « grand », et s’aventura dans le jardin.
La haie était haute, aucun moyen de voir au-dessus. Alors il se baissa. Pas mieux. Il avança à quatre pattes pour chercher un trou qui lui permettrait de voir de l’autre côté. Il réussit à passer la tête et se trouva nez à nez avec une truffe humide. Un coup de langue bleue lui balaya la figure. Alex se recula surpris et aperçut alors deux pattes qui grattaient à toute vitesse. Un passage se dessina alors. Le petit garçon s’y engouffra, passa sous la haie et découvrit alors son nouvel ami qui remuait la queue de plaisir. Un superbe Chow-chow le regardait avec des yeux remplis d’amour. Alex enfouit ses mains dans la tête de lion toute douce. Il n’avait jamais vu un tel animal. Quand celui-ci se coucha à ses pieds, il n’hésita pas, il grimpa sur son dos. Alors le chien se leva doucement et tous les deux, ils partirent à la découverte du jardin.
Fleurs à profusion multicolores, allées recouvertes de jolis cailloux rosés, Alex se voyait le chef de ce royaume. Il regrettait son costume de chevalier, avec son épée et son bouclier, il aurait été magnifique.
« Charlot ? Charlot ? »
Une petite voix inquiète appelait. Le chien dressa les oreilles et se mit à courir. Alex se cramponna à la crinière pour ne pas tomber.
S’ensuivit alors une course effrénée à travers les pelouses. Il stoppa net aux pieds d’une petite brunette en larmes devant le perron de la grande bâtisse. Alex passa par-dessus la tête  de l’animal et s’écrasa à plat ventre. Vexé et un peu étourdi par la chute il resta au sol.
- Tu t’es fait mal ?
Le chien, du museau, bousculait le gamin pour qu’il se relève. Alex se mit debout, regarda ses genoux écorchés et ravala ses larmes. Il n’allait pas pleurer devant une fille quand même !
- T’as mal ? la fillette montrait ses genoux.
- Non.
- Comment tu t’appelles ? Moi c'est Rose.
- Alex.
- Bonjour Alex. Elle lui fit un bisou sur la joue. T’as plus mal ? Maman me fait toujours un bisou magique quand j’ai mal.
Ils avaient les mêmes mamans, lui aussi avait droit au bisou magique quand il avait mal.  Il regarda mieux la petite fille : deux couettes avec des élastiques roses, des yeux bleus…
- J’ai quatre ans, et toi ? Elle n’attendit pas la réponse et se blottit contre son chien.
- Tu as fait connaissance avec Charlot ? Il est beau hein ? Il est rien que pour moi, mais je veux bien le partager avec toi. T’habites où ? moi, ça ne fait pas longtemps que j’habite ici. Mon papa, il voyage beaucoup et ma maman est triste quand il n’est pas là, alors il lui a acheté une grande maison avec des fleurs pour qu’elle soit moins triste.
Alex commençait à avoir vraiment mal à ses genoux, ça piquait, et quand il baissa la tête et qu’il vit du sang couler il eut du mal à retenir ses larmes.
- Pourquoi tu pleures ? Rose de sa petite main les essuya.
- Viens maman va te soigner.
Pris de panique à l’idée qu’on lui mette « un truc qui pique », Alex refusa.
- Non ça va, je vais repartir.
Alors Charlot le chien s’allongea à nouveau et Alex put monter sur son dos, Rose grimpa aussi. Elle passa ses mains autour de la taille de son petit compagnon et le Chow-chow se mit en route doucement. Arrivés devant la haie, le chien s’allongea à nouveau et les enfants purent descendre. Alex fit une dernière caresse à l’animal et regarda Rose :
- Je vais passer sous la haie ma maison est de l’autre côté, je viens d’emménager.
- Je peux venir avec toi ?
- Et ton chien tu vas le laisser tout seul ?
- Non, il me suit partout. Il peut ?
Alex hésita, ses parents ne voulant pas d’animal chez eux. Mais peut-être qu’ils seraient trop occupés pour s’en rendre compte.
- D’accord, viens avec ton chien. Tu me suis.
Il passa le premier et se retrouva dans son jardin qui lui parut bien petit. Rien n’avait changé à part papa qui lui faisait de grands signes et accourait vers lui à grands enjambées.
- Où étais-tu passé Alex ? Combien de fois faudra-t-il te dire de nous avertir quand tu pars dans tes excursions bizarres.
- J’étais juste de l’autre côté. Je te présente Rose et son chien Charlot.
Les bras croisés et le regard sévère, son père le fixait.
- Tu recommences Alex ?
Le petit garçon se retourna et ne vit personne. Il se baissa pour montrer le trou dans la haie, le chien n’avait peut-être pas pu passer. Rien. Il regarda ses genoux et soupira.
- Pardon papa, je ne recommencerai plus. La tête basse, il repartit vers la maison, grimpa l’escalier et s’enferma dans sa chambre. Zébra l’attendait sagement sur son lit. Il regarda par la fenêtre. Rose lui faisait signe et Charlot aboyait joyeusement en sautant autour d’elle. Il entendit son père crier :
- J’espère que ce chien ne va pas aboyer toute la journée !
Charlot se tut aussitôt et Rose envoya un baiser du bout des doigts à Alex.
Mais ça c’était de l’autre côté.


lundi 27 novembre 2017

Gourmandises en Haïkus



Chocolat léché
sur la glace vanillée
plaisir assuré


Crêpe au chocolat
avec de la chantilly
cuillère à la main




Épaule voilée
par vent coquin dénudée
épaule à croquer












jeudi 2 novembre 2017

Novembre sous la couette

Ce n’est pas ta faute si ce n’est pas la fête !
Novembre, tu as une mauvaise tête !
Gris et pluvieux,
Tu nous rends grincheux !
On n’a qu’une envie mon vieux,
Rester sous la couette !

À fleurir les tombes
De nos anciens
Avec des couronnes en ronde
On a le cœur chagrin !

Fêtons l’armistice
Sans artifice,
Fleurissons nos monuments
Rappelons-nous c’est important !

Patronne des musiciens
Musique Maestro
Sainte Cécile nous fait du bien
En novembre c’est cadeau !
Arrive Sainte Catherine,
Et ses beaux chapeaux
Pour les copines
Qui cherchent leur hidalgo !

Tout arbre prend racine,
Perdons notre humeur chagrine
Préparons le printemps,
Novembre c’est le moment !

Finalement Novembre
Ce n’est pas ta faute
Si à cause du froid on tremble
Tu as quand même un peu la cote !

Mois d’avant noël
Mais oui la vie est belle !
Quittons la couette
Et faisons la fête !


mardi 31 octobre 2017

Patouille, la citrouille

Voilà ça recommence !
Cette fois pas pour une romance !

C’est moi Patouille la citrouille
Ronde, à la peau douce et orange,
Avec une bonne bouille
Et belle comme un ange
À ce qu’il paraît !
Ange ? Aujourd’hui, ce n’est pas d’actualité !

Déjà, il y a longtemps,
Jusqu’à minuit j’étais devenue
Carrosse, pour un prince charmant.
J’ai fini écrasée à demie-nue !

Aujourd’hui c’est en lanterne
Vidée, creusée et décorée
Avec des bougies allumées
Et un sourire en berne
Que je vais être exposée !

Pour la nuit de l’horreur
Moi Patouille, je dois faire peur
Alors que défilent les heures
Rien qu’à me voir, j’ai peur !

Nuit d’Halloween
C’est quoi cette histoire ?
J’ai la trouille dans le noir
Pas vrai que je pleure, il bruine !

Moi c’est Patouille la petite citrouille
Laissez-moi tranquille
Avec vos jeux débiles.
Laissez-moi ma bonne bouille
À la peau douce et orange,
Moi je veux être un ange,
Vos idées d’horreur me dérangent !


vendredi 20 octobre 2017

Léon et Oscar, vous êtes ici !

Léon et Oscar, deux lascars de cinq ans et demie, copains depuis la maternelle, voisins de surcroit et ayant déjà fait pas mal de bêtises ensemble, ont fait leur entrée en maternelle et sont fiers de savoir lire ou à peu près.
En promenade avec leurs parents respectifs, ils s’amusent à déchiffrer les panneaux d’affichage, de signalisation et d’affiches diverses.
Léon, le premier arrivé devant l’un d’eux, s’arrêta tout excité et cria à son compère qui arrivait les joues cramoisies et essoufflé :
- Tu as vu, le panneau, il est super intelligent, il sait qu’on est là !
- Pourquoi ? Oscar reprenait son souffle.
- C’est écrit : « Vous…êtes.. ici !
Léon déchiffrait mot à mot et il était fier de lire la phrase en entier :
- Vous êtes ici !
Oscar ne comprend pas comment un panneau peut savoir qu’il est là : il le contourne, s’accroupit, le touche, et repart en courant vers ses parents qui s’étaient attardés.
- Papa, maman, le panneau, il est drôlement fort, il sait qu’on est là !
- Ce n’est pas la peine de hurler Oscar, commente papa en souriant, mais voyons voir ce panneau !
- Viens vite !
Oscar attrape la main de son père et l’entraîne.
- Ne cours pas si vite, il ne va pas s’envoler ton panneau !
Maman préfère rester sur place avec les parents de Léon.
Celui-ci est campé devant le panneau.
- Vous êtes ici !
- C’est vrai que vous êtes ici, dit papa, parfait.
- Comment il le sait ?
- Mystère ! Papa fait un clin d’œil à son fils, allez les garçons, on continue ?
Et les voilà repartis gambadant de plus belle. Papa attend les retardataires surveillant du coin de l’œil les deux gamins.

 - Regarde un autre !
Oscar et Léon n’en reviennent pas.
« Vous êtes ici » les nargue à nouveau.
- On est suivi ! c’est sûr !
Et les voilà qui se retournent inquiets :
- Personne ! Tu sais quoi, Léon, tu vas retourner à l’autre panneau, dis-moi ce qui est écrit.
Le voilà qui détale, dépasse ses parents interloqués, se plante devant le panneau :
 - Vous êtes ici ! hurle Léon.
Oscar le rejoint :
- On va demander à papa et maman si sur l’autre panneau, c’est encore écrit.
Ils repartent en sens inverse, interrompant les adultes en grande conversation :
- Dis papa, tu veux pas aller voir sur le panneau là-bas, si c’est écrit « vous êtes ici » et…
- Léon, combien de fois faudra-t-il te dire de ne pas nous interrompre !
- Mais c’est important, vite, il faut que tu ailles voir le panneau !
Les parents des deux compères se regardent en riant et acceptent de jouer le jeu, ils allongent le pas et se retrouvent devant un panneau qui indique « vous êtes ici ».
Léon et Oscar plus loin, leur font de grands signes, et hurlent à qui mieux mieux :
- Nous aussi, c’est écrit « vous êtes ici » !
  
- Vous allez vous casser la voix à crier comme ça !
Un vieux monsieur appuyé sur sa canne, les regarde sourcils froncés.
- Bien sûr que « vous êtes ici » vous faites assez de bruit pour qu’on s’en rende compte vous avez même affolé mon chien !
Les deux petits ne sont pas rassurés, mais Oscar plus bravache que son copain relève le menton :
- Et comment qu’il peut le savoir le panneau qu’on est là ?
- Parce que je lui ai dit !
Le papy toujours appuyé sur sa canne, les regarde dans les yeux. Mais Oscar imperturbable continue :
- Ah oui, et l’autre panneau aussi, il le sait, tu lui as dit aussi ?
C’est à ce moment-là que leurs parents les rejoignent et s’excusent auprès de l’inconnu du bavardage des deux garçonnets.
- Vous devriez leur expliquer quand même !
- Quoi donc monsieur ? demande le papa d’Oscar
- Que c’est moi qui renseigne les panneaux.
- Pardon ?
- Oui, dit Oscar, c’est le monsieur tu vois, qui dit aux panneaux « vous êtes ici », c’est gentil quand même, comme ça on n’est pas perdu ! Toi qui dis toujours de faire attention de ne pas se perdre, ben tu vois, le monsieur lui, il le dit au panneau.
Les parents sourient avec indulgence, se demandant déjà, comment ils allaient expliquer à leurs garnements, que ce n’était pas tout à fait vrai cette histoire, mais Léon plus pragmatique demande :

- Dis, tu fais comment avec ta canne, pour aller assez vite pour le dire aux panneaux ?



mardi 17 octobre 2017

L'endormie du livre

Elle s’est lovée
Dans son livre préféré.
Enveloppée par la mélopée
De ces mots murmurés
Elle s’est endormie.

Dans le ciel
Avec elle
Le livre s’est envolé.
La nuée s’en est mêlé
Et la belle endormie a emportée.


dimanche 15 octobre 2017

Le papillon et l'enfant


Le papillon est magnifique. Il sait que tu l’as voulu ainsi, avec de grandes ailes pour qu’il puisse s’envoler loin, très loin, et de couleur rose et bleu, pour que tu puisses le reconnaître parmi tous les papillons, toi seule.
Je te revois assise à la table de la cuisine, les crayons éparpillés sur la nappe, et toi tellement appliquée avec ton petit bout de langue qui dépassait …
Le papillon prend forme sur le papier. Il te parle et tu lui demandes s’il aime ses jolies ailes pour qu’il puisse voler loin, tu lui souris et lui susurre qu’il faudra qu’il revienne pour te raconter ses voyages, parce que toi, tu ne peux pas partir comme lui, tu n’as pas d’ailes. Tu aimerais bien l’accompagner pourtant pour voir d’en haut comment c’est.
Je suis là, assise, et la fenêtre est ouverte. Il arrive, ce papillon rose et bleu, créé il y a bien longtemps. Il se pose sur ma main.
Je le regarde et regarde l’enfant que j’étais et je souris à la petite fille qui rêvait au papillon qui volerait loin et qui reviendrait un jour lui raconter ses voyages.
« Bonjour toi ! alors c’était bien depuis le temps que tu es parti ? tu as bien voyagé ? tu en as mis du temps pour venir me raconter ! »