Une semaine est passée
depuis l’annonce fracassante de la grossesse de Muguette. Celle-ci installée au
bureau de son agence sirotait un café en attendant son client qui se faisait
attendre. Quand les clochettes de la porte retentirent, la jeune femme leva la
tête. Surprise, elle se leva pour accueillir son ami Bob.
— Toi ici ? Que me
vaut l’honneur de ta visite aussi matinale ?
Ils s’embrassèrent
amicalement.
— Je ne peux pas rester
longtemps, j’ai la voiture garée en double file. Je voulais te prévenir que ta
copine, tu sais, celle que tu nous as fait embarquer, la blonde ravageuse, tu
te rappelles ?
— Anabelle ? Comment
pourrais-je l’oublier celle-là ? Qu’est ce qu’elle a encore fait ?
Elle travaille dans le coin ?
— Tu ne crois pas si bien
dire. Je viens de la croiser avec le
mari de ton amie. Tu m’offres un
café ?
— Je croyais que tu
n’avais pas le temps, maugréa Muguette, tout en lui préparant son breuvage.
— Bah, pour toi tu sais
bien que j’ai toujours le temps.
— Alors raconte, ils
étaient ensemble ?
— Oui, enfin, ensemble,
je ne peux pas l’affirmer. Je pencherais plutôt pour une réunion de travail,
ils n’étaient pas seuls.
— Ah ça promet ça. Prune
va encore se faire des nœuds au cerveau.
— Je la comprends quand
même, la blonde, elle n’est pas moche.
— Tu venais uniquement
pour ça ?
Il respira un bon coup et
souffla.
— Je suis amoureux et je
crois que c’est la bonne cette fois.
Muguette sourit.
— Je suis heureuse pour
toi. Je la connais ?
— Je ne crois pas. Il y a
un truc qui m’embête quand même …
Devant le silence de son
ami, Muguette s’impatienta :
— Alors quoi ?
Dépêche -toi, j’ai un client qui ne va pas tarder à arriver et…
— T’inquiète le client
c’est moi !
— Pardon ?
— J’ai eu peur que tu ne
veuilles pas me recevoir, tiens regarde la voilà. Je vais te la présenter.
Muguette se leva pour
accueillir l’amie de Bob.
— Marlène voici Muguette.
Elles se serrèrent la
main, toutes deux en réprimant un sourire. L’une pour le prénom de fleur de la
jolie brune, l’autre pour l’association d’idée qu’elle fit aussitôt dans sa
tête, Bob Marley et la chanson « Could you be loved » lui vint
subitement sur les lèvres.
— En quoi puis-je vous
aider ?
Muguette redevenait la
professionnelle qu’elle adorait être.
— Bob et moi aimerions
une grande maison avec au moins quatre chambres. Je suis la maman de 3 enfants,
vous comprenez. Je suis veuve.
Muguette regarda son ami.
— Tu m’avais caché ton
amour des enfants dis-donc petit cachottier. Je vais regarder ce que j’ai
rentré comme biens. Vous avez quel budget ?
Pendant qu’elle faisait
défiler ses pages sur son ordinateur, Marlène éluda la question.
— Vous vous connaissez
depuis longtemps ?
— Avec Bob ?
Muguette leva la tête et
regarda son pote.
— Pas mal de temps
oui !
Elle reprit ses recherches.
— Alors vous saviez qu’il
ne pouvait pas avoir d’enfants alors ! Du coup, 3 mioches d’un coup sans
les avoir eu petits c’est top pour lui. Qu’en pensez-vous ?
— Mais t’es pas obligé de
tout raconter comme ça Marlène !
— Elle est ton amie, elle
savait.
Muguette lâcha son écran
des yeux et fixa la jeune femme.
— Non, je n’étais pas au
courant.
Bob, énervé, se leva
brusquement en entraînant sa compagne avec lui.
— Nous reviendrons
Muguette. Ce n’est pas urgent de toute façon. Je t’appellerai.
Il poussa Marlène hors de
l’agence laissant Muguette un sourire radieux sur les lèvres.
Prune était au téléphone
avec un client quand Anabelle poussa la porte accompagnée du maire de la
commune. Elles se toisèrent du regard. Thomas sortait de son bureau au même
moment. Il serra la main de l’Elu municipal et les invita à s’installer
confortablement. Avant de refermer la porte, il fit un clin d’œil à sa femme en
lui faisant signe de ne pas s’inquiéter. Précaution inutile, Prune était folle
de rage. Elle ne les lâcherait dont jamais cette « Pouf ».
Jasmin entra dans
l’agence immobilière. Aussitôt Muguette se leva et se jeta dans ses bras.
— Quel accueil !
Ils s’embrassèrent passionnément
puis Jasmin la regardant en souriant lui murmura à l’oreille qu’il avait une
surprise pour elle.
— C’est quoi ?
— Si je te le dis ce ne
sera plus une surprise. Tu as terminé ? Je peux t’enlever ?
Elle hocha la tête.
— Tu m’emmène où ?
Il ne répondit pas et
posa sa main sur son genou.
— Patience !
Détendue, la jeune femme
regardait défiler le paysage. Soudain, une bâtisse apparut et Jasmin s’engagea
dans l’allée. Qu’elle ne fut pas sa surprise de voir surgir Félicie et Angelo de la maison. Muguette attendit à peine que la voiture se soit arrêtée pour sauter au bas du véhicule.
— Waouh ! C’est chez
vous ?
Félicie embrassa son amie
puis Jasmin.
— Bienvenue chez Angelo.
Le jeune homme la reprit
en souriant.
— Bienvenue chez nous
Félicie. Cette maison est à toi aussi, je te l’ai dit.
— C’est superbe !
Angelo se tourna vers
Jasmin pour le serrer dans ses bras.
— Je suis content de te
revoir ici, ça fait un bail dis donc.
— Je venais ici gamin, ma
chérie !
Il saisit la main de
Muguette et lui montra au loin les vignes et une autre grande bâtisse.
— Regarde, c’est chez moi
là-bas ! Combien de fois l’avons-nous fait en vélo cette route, hein
Angelo !
Muguette fut impressionnée
par le panorama qui s’offrait à elle.
— C’est immense ! Et
la maison, on dirait presqu’un château !
— Je loge dans l’aile
droite. C’est là que nous dormirons ce week-end quand nous irons faire la
connaissance de ma famille.
— Voyez-vous ça, dans l’aile
droite !
Muguette se détourna et
regarda son amie.
— Tu me fais visiter ?
— Avec plaisir !
Elles abandonnèrent leurs
hommes et entrèrent dans la maison en bavardant. Restés seuls, ils restèrent
silencieux un moment tout en contemplant les vignobles qui s’étendaient à perte
de vue.
— Je ne suis pas rassuré
de présenter Muguette.
Angelo envoya une
bourrade à son ami et sourit.
— Il est certain qu’elle
ne va pas se laisser faire par le patriarche.
— J’espère que tout se
passera bien. Je suis fou de cette femme, je ne peux pas vivre sans elle.
— Alors tu sais ce qu’il
te reste à faire mon vieux !
— Je ne sais pas comment
expliquer que je veux quitter la maison et avoir la mienne.
— Rappelle-moi ton âge
Jasmin ?
— Oh ça va !
Les deux jeunes femmes
revenaient portant un plateau avec des boissons et des amuse-gueules.
— Vous vous chamaillez
les hommes ? demanda en riant Muguette
— Pas du tout, répondit
Jasmin.
Il saisit le plateau des
mains de sa compagne et l’installa sur la table de jardin. La terrasse
surplombait le paysage et partout où le regard se posait, on apercevait les
vignes. Il ouvrit la bouteille de champagne et commença à remplir les flûtes
quand Muguette stoppa son geste.
— Pas pour moi. Je prendrais bien un jus de fruit.
— Tu n’aimes pas le
champagne ? demanda Jasmin surpris.
— Si, mais là il est un
peu tôt pour moi.
Félicie lui versa ce qu’elle
désirait et ils trinquèrent tous ensemble. Angelo heureux de les voir réunis
demanda qu’on porte un toast.
— Je suis ravi de vous
voir ici.
— Tu aimes ma surprise
Muguette ?
Jasmin la regardait en
souriant.
— J’adore ! De plus…
Elle interrogea Félicie
du regard qui souriait puis se tourna vers son homme le cœur battant la
chamade. Pourtant, elle aurait préféré être seule avec lui pour annoncer la
bonne nouvelle mais l’ambiance aidant elle se lança.
— Je porte un toast… à
notre bébé. Tu vas être papa mon chéri !
Jasmin lâcha son verre
pour la saisir dans ses bras. Angelo applaudit et Félicie fit un clin d’œil à
son amie.
— Qu’est-ce que je suis
heureux !
Son regard se brouilla. Il
essuya alors une larme discrètement. Angelo le serra dans ses bras
— Tu vois que c’était des
bêtises ! lui murmura-t-il à l’oreille.