Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

jeudi 28 juin 2018

Angelo et Félicie - Jasmin et Muguette



Angelo avait invité Félicie chez lui. Quand elle arriva devant sa porte, elle regarda autour d’elle. Des fleurs, des arbres, une impression de sérénité, elle se sentait bien. Rien à voir avec son appartement, certes très agréable, mais dénué de charme comme ici. Elle humait les senteurs qui s’échappaient des fleurs qui jalonnaient le sentier qui menait à la porte.
— Te voilà enfin ? Je croyais que tu n’allais jamais trouver, s’exclama Angelo en lui plaquant un baiser sur la bouche.
— C’est chez toi ? C’est là que tu habites ?
— Oui, pourquoi ? Viens, entre, je te fais visiter.
Sultan, le bouvier bernois déboula alors la queue en panache et faillit renverser la jeune femme qui éclata de rire. L’animal lui tourna autour en aboyant.
— Du calme, Sultan ! Il est heureux de te voir dis-moi, il t’a adoptée et crois-moi, ce n’est pas toujours gagné. Il est méfiant d’habitude. Allez viens, entrons.
Il faisait frais dans la grande bâtisse mais aussitôt la jeune femme s’y sentit bien.
— Tu vis seul ici dans cette grande maison ?
— Oui. C’est une maison qui appartenait à mes grands-parents. Viens, je vais te montrer quelque chose.
Ils ressortirent par la porte de la cuisine qui donnait sur un panorama magnifique de côteaux et de vignes. Angelo embrassa le paysage de son bras et montra une bâtisse au loin.
— Tu vois là-bas, c’est chez Jasmin.
— Jasmin ? Le Jasmin de Muguette ? s’exclama surprise Félicie
— Oui. Quand je te disais que nous étions voisins.
— Pas tout près quand même !
— Par la route, si je t’assure. En vélo, nous ne mettions que dix minutes pour nous retrouver.
— Vous étiez super copains ?
— De vrais amis tu veux dire. Nous le sommes toujours.
— Il habite toujours chez ses parents ?
— La bâtisse est grande, c’est une saga familiale chez eux. Les grands-parents sont toujours là. Ils étaient viticulteurs. Ils sont à la retraite, mais le grand-père est toujours bien présent à quatre-vingts ans passés.
— Tu veux dire que Jasmin habite toujours avec ses parents.
— Hum !
— Et Muguette qui lui fait visiter une maison aujourd’hui, tu penses qu’il va accepter de quitter cette bâtisse ?
— Pourquoi pas, mais il faudra que Muguette passe par la case grands-parents et parents.
— Sinon ?
— Il n’y a pas de sinon, c’est comme ça chez les De La Rochefleurie.
Angelo éclata de rire.
— Ne fais pas cette tête, Muguette a de la ressource. Elle est capable de mettre dans sa poche le Grand-Père. Mais parlons de toi. Tu te sens prête toi aussi à quitter ton appartement et venir ici ?
— C’est vrai qu’on est bien chez toi mais ça va un peu vite non ?
— Tu ne trouves pas que nous avons assez attendu ? Nous avons passé l’âge de demander la permission aux parents non ?


Jasmin attendait Muguette depuis belle lurette. Elle lui avait donné rendez-vous dans ce quartier pour aller visiter la maison qu’elle avait dénichée pour eux deux. Le bouquet de fleurs allait finir par se faner à force d’attendre. Finalement, il comprenait pourquoi selon une célèbre chanson, il valait mieux apporter des bonbons. Un dernier coup d’œil à sa montre et en soupirant, il saisit son portable. Il allait composer son numéro quand elle apparut :
— Je suis désolée, un dernier client qui n’en finissait pas de partir… Bonjour mon chéri !
Comme d’habitude, Jasmin se laissa emporter par la bonne humeur de la jeune femme et oublia qu’il n’y a pas deux minutes, il l’aurait envoyée à tous les diables.
— Regarde, c’est cette maison ? Elle te plait ?  J’ai les clés, je te fais visiter.
— Au fait, Angelo m’a raconté l’histoire avec Anabelle. Tu as été géniale quand même !
— N’est-ce-pas ? Mes amis s’en sont donné à cœur joie avec la « Pouf ». Quand elle a compris que c’était une blague, je te garantis qu’elle n’était pas de bonne humeur. Mais je pense qu’elle a compris et qu’elle ne reviendra pas ennuyer Thomas et Prune.
En même temps qu’elle discutait, elle ouvrait la porte de la bâtisse. Une belle odeur de renfermé leur chatouilla le nez mais Muguette ayant l’habitude de faire visiter des maisons de toutes sortes, ouvrit aussitôt les fenêtres et le soleil entra à flots dans les pièces de belles dimensions. Elle laissa trainer le regard de Jasmin sur les murs défraichis et le suivit sans rien dire dans ses découvertes.
Une belle cuisine spacieuse complètement aménagée donnait sur le jardin. Muguette s’y voyait déjà en train de préparer des petits plats pour son homme. Elle n’en revenait pas d’arriver à se projeter dans la « vie à deux », elle qui revendiquait haut et fort son indépendance.
— Tu as vu, il y a quatre chambres, on pourra recevoir les amis. Et…Tu veux des enfants Jasmin, demanda abruptement la jeune femme.
Surpris par la question, car il ne reconnaissait pas sa Muguette, il ne répondit pas.  Comment lui dire que cette maison lui convenait parfaitement, même s’il fallait y faire des travaux. Qu’il se sentait prêt à s’y investir. Certes, auparavant il devrait régler quelques problèmes mais surtout, oui il avait envie d’avoir des enfants avec elle. La jeune femme continuait à parler toute seule :
— Parce que moi, je ne suis pas certaine d’en vouloir. Tu vois, j’ai déjà trente-cinq ans et j’ai envie de profiter de la vie à deux…
Jasmin soupira. C’était trop beau.
— Mais, continuait la jeune femme perdue dans ses pensées, peut-être que finalement, je me laisserais tenter. Préparer la layette pour un bébé, et regarde cette chambre pourrait tout à fait convenir pour … Tu préférerais quoi une fille ? Un garçon ?
Jasmin la fit taire d’un baiser, la saisit dans ses bras et la fit tournoyer dans la pièce qui faisait apparemment office de salon.
— Fille ou garçon ça m’est égal, du moment qu’il ou elle te ressemble.
— Vraiment ? Alors elle te plait la maison ?
— Oui. Bien sûr il y a la décoration à revoir et…
— Je vais faire une proposition aux propriétaires et faire chiffrer les travaux et…
— Attends Muguette, nous n’avons même pas parlé d’argent justement et…
— Ne t’inquiète pas c’est dans les prix du marché, il n’y a pas d’entourloupe.
— Ce n’est pas ça Muguette.
— Alors quoi ?
— J’aimerais te présenter à mes parents.
— J’ai loupé quelque chose ? Que viennent faire ici tes parents ?



jeudi 21 juin 2018

Dis, raconte-moi l'été ...




— Dis, raconte-moi l’été !

— L’été ?  Laisse-moi réfléchir …

C’est la saison qui continue le printemps. Lui qui a tout préparé en éveillant la nature, l’été poursuit son œuvre pour arriver à son apothéose.

C’est un parfum de chaud. Je le sens dans les champs de blé qui blondissent sous le soleil, qui frémissent sous le vent, qui changent de couleur quand vient l’heure de la moisson. Je le sens dans le soleil qui réchauffe ma peau.

C’est le chant des oiseaux qui chantent à tue-tête à s’en casser la voix, c’est le ballet des hirondelles dans un ciel souvent bleu.

C’est les fleurs qui s’épanouissent dans les jardins et font le plaisir du jardinier qui y a travaillé toute l’année et qui voit enfin sa récompense.

C’est la fête de la musique un peu partout dans les villes et villages.

C’est le Tour de France, avec les cyclistes qui sont salués par la foule impatiente de les applaudir, c’est la caravane du même Tour qui fait rêver les enfants.

C’est les vacances méritées et tant attendues, au bord de mer, en montagne, à la campagne, ou tout simplement chez soi à ne rien faire ou à contempler justement la nature qui s’en donne à cœur joie. C’est les vacances chez les grands-parents avec les cousins cousines et fous rires partagés.

  
C’est les bouchons sur la route, des kms et des kms de voitures à la queue leu leu. C’est les valises qu’on prépare, les cartes qu’on déplie pour trouver le bon chemin, les aires d’autoroutes comblées avec les table de pique-nique qu’on trouve pas libres. C’est papa qui râle pour charger la voiture et maman qui n’en finit pas de faire ses valises et qui voudrait emporter la maison.

C’est le soleil et la pluie chaude qui fait du bien sur les épaules, c’est les cris des enfants au bord de l’eau qui font des châteaux de sable, c’est les randonneurs dans les montagnes qui découvrent les troupeaux, c’est le bruit des cloches des vaches dans les alpages.

C’est les feux d’artifice dans les ciels bleu nuit, c’est les fêtes aux villages, les pique-niques sur les pelouses ou en montagne près des cascades.

C’est les repas qui s’éternisent sur les terrasses entre amis, en famille, les barbecues et les apéros sympathiques qui font rire et chanter tous ensemble, avec les enfants qui ont le droit de rester jusqu’à pas d’heure.

C’est les repas autour de feux de camp sur la plage avec les amis. C’est le parfum des crèmes solaires, et le temps des crêpes, des beignets et des glaces au bord de l’eau.


 Voilà ce que c’est l’été… Une jolie parenthèse...



lundi 18 juin 2018

Quand Muguette se met en pétard !



Prune et Anabelle s’affrontèrent du regard pendant que Thomas debout devant la porte ne savait que faire. Muguette n’hésita pas à l’apostropher :
— Ah bravo ! Tu es nul mon pauvre mec !
— Je ne te permets pas de m’insulter. Tu ne sais même pas ce qui s’est passé et je ne pensais pas que Prune allait revenir ce soir.
— C’est bien ce que je dis, tu es nul. Ta femme n’est pas là et tu n’hésites pas à rappeler ta …
Muguette jeta un coup d’œil sur Anabelle et termina sa phrase :
— Ta Pouf !
— C’est de moi que tu parles là ? se rebiffa Anabelle
— Oui c’est de toi ! Tu t’es vue ? Tu débarques comme ça dans la vie de ton ex après 17 ans et tu crois que tu vas repartir avec lui comme en 40 ? Tu rêves ma pauvre fille !
— Dis quelque chose Thomas, tu ne vas pas me laisser insulter comme ça devant ta femme quand même !
Le jeune homme resta muet et se gratta la tête. Muguette prit aussitôt les choses en main et saisit son portable. Prune ne s’occupa pas d’elle et se rapprocha de sa sœur qui était restée muette. Anabelle contemplait le tableau un rictus sardonique sur les lèvres. Elle ne doutait même pas que Thomas lui retombe dans les bras. En fait, elle n’en avait pas franchement envie, mais elle se disait que ce serait chouette de filer une bonne leçon à cette pimbêche de Prune. Il l’avait quittée, elle Anabelle, pour cette fille qui ressemblait à rien.  Elle se rapprocha alors de Thomas.
— Tu me laisses entrer ? Tu m’as bien appelée pour qu’on prenne un verre ensemble non ?
— C’est toi qui m’as téléphoné Anabelle.
— Toi ou moi c’est pareil, non ? Tu étais bien d’accord pour qu’on boive un dernier verre et peut-être plus si…
— Tu te fais ton film Anabelle. Tu m’as appelé pour qu’on se parle et pensant que Prune ne rentrerait pas, j’ai accepté. C’est tout !
En disant cela, Thomas regardait sa femme. Félicie lui fila un coup de coude pour qu’elle relève la tête :
— C’est vrai ça Thomas ?
— Ah ces hommes ! Qu’est-ce qu’ils n’inventeraient pas pour sauver leur tête, ricana Anabelle
— Thomas ? insista Prune
Une sirène se fit alors entendre. Ils tournèrent alors tous la tête et virent arriver une voiture de police gyrophare allumé qui freina brutalement devant eux. Deux gendarmes sortirent alors du véhicule. Ils n’avaient pas l’air commode. Muguette s’avança alors vers eux :
— C’est moi qui vous ai appelés. Cette jeune femme, dit-elle en pointant Anabelle du doigt, nous assomme avec son tapage nocturne. Voyez-vous elle est arrivée en voiture, et j’estime que c’est un danger public sur la route, elle n’est pas dans son état normal et si vous la faisiez souffler dans le ballon, je suis certaine qu’elle serait positive. Elle ennuie mes amis. Nous arrivions justement quand elle a débarqué et Monsieur, en désignant Thomas, se sentait en danger. Cette femme n’arrête pas de crier qu’elle est sa petite amie alors que sa femme, elle désigna Prune, est ici.  Aussi, j’ai fait ce que toute personne sensée ferait à ma place, je vous ai appelés. Je vous remercie d’être arrivés aussi rapidement.
— Madame, voulez-vous me suivre s’-il-vous-plait ?
— Mais enfin, c’est faux, tout ce qu’elle raconte, je…
— Madame, veuillez vous calmer, nous allons juste vérifier votre taux d’alcoolémie et…
— Mais je n’ai pas bu, s’indigna Anabelle, refusant de suivre les gendarmes.
— Vous refusez de souffler dans …
— Je refuse, non mais, toi tu vas me le payer, je t’assure que…
Anabelle furieuse se rua sur Muguette qui se mit à l’abri derrière un des gendarmes en murmurant d’une petite voix :
— Vous voyez qu’elle est dangereuse, je vous en prie, faites quelque chose.
En disant cela, la jeune femme se mit à trembler et les gendarmes attendris par cette belle brune se tournèrent vers la jeune femme blonde en furie :
— Vous allez nous suivre au poste madame sans faire d’histoire. Une petite nuit dans nos cellules vous fera du bien.
— Mais…
— Pas de discussion !
En jetant un regard noir à Muguette, Anabelle suivit les gendarmes. Muguette les rattrapa et dit :
— Concernant sa voiture ? Je ne voudrais pas qu’en revenant la chercher, elle s’en prenne à nouveau à mes amis. Pourriez-vous lui demander qu’elle me laisse ses clés et je vous suivrai.
L’un des gendarmes se tourna vers Anabelle qui lui lança ses clés. Muguette sourit.
— Allons-y !
Elle se tourna ensuite vers Prune et lui glissa à mi-voix :
— Et toi, profites en pour faire la paix avec ton homme. Pose-lui toutes les questions que tu veux et qu’il te réponde. Eclaircis cette histoire une bonne fois pour toute et qu’on ne me parle plus de cette pétasse. Et non, ne me remercie pas !
En sifflotant, Muguette suivit les gendarmes en faisant tourner les clés de voiture au bout de ses doigts non sans faire un clin d’œil à Félicie.

— Je n’ai pas rêvé, murmura Prune. Muguette a appelé les flics pour faire embarquer ta…
— Ma… rien, l’interrompit son mari. Anabelle n’est plus rien pour moi depuis longtemps.
— C’était ta fiancée quand même !
— Je te raconterais tout une autrefois, je te le promets, mais ce soir, je suis crevé. Rentrons et oublions toute cette histoire.
Se tournant vers sa sœur, Prune la prit dans ses bras et lui dit :
— Merci de m’avoir ramenée, merci de m’avoir fait ton chocolat, merci… d’être là tout simplement. Je dois une fière chandelle à Muguette, je n’en reviens toujours pas… D’habitude les gendarmes ne se déplacent pas si facilement.
— Ils n’étaient pas des vrais gendarmes.
Félicie éclata de rire.
— J’ai reconnu deux vieux potes à nous qui adorent jouer à YMCA, tu sais la chanson des « Village People ». Ils se mettraient en quatre pour Muguette. Elle leur a trouvé une superbe maison et depuis ils font tout ce qu’elle leur demande. Ils ne devaient pas être loin.
— Cette muguette m’étonnera toujours !
— Oui, si elle n’existait pas je crois qu’il faudrait l’inventer. Va savoir encore ce qu’elle va inventer pour la voiture d’Anabelle.
— Mais elle va bien se rendre compte qu’ils ne sont pas de vrais gendarmes …
— Ne t’inquiète pas Prune, Muguette a de la ressource.
— Je plains Jasmin !
— Oui, pauvre Jasmin !



mardi 12 juin 2018

Prune, Félicie, Muguette et Thomas



La soirée à la pizzeria s’était terminée sans dessert. Muguette aurait bien voulu prendre une banana split mais vu le peu d’enthousiasme de ses amis, elle s’était inclinée. Jasmin avait voulu la ramener et Angelo s’était proposé pour emmener Félicie, mais les trois filles décidèrent de repartir ensemble et les trois hommes se retrouvèrent seuls sans avoir rien compris. Jasmin et Angelo amis depuis longtemps, d’un commun accord partirent de leur côté après avoir proposé à Thomas de les suivre pour un dernier verre.  Mais celui-ci, surpris que sa femme l’ait planté sans un mot et sans un regard, déclina l’offre et rentra seul chez lui, la mine basse. 

— Alors on la prend ailleurs cette banana split ? s’exclama Muguette qui décidément y tenait.
— Franchement je n’en ai pas envie du tout, ronchonna Prune.
— Ecoute, tu ne vas te priver de dessert parce que ton homme avait une copine avant toi… Allez viens, tu verras le chocolat, c’est le remède à tous les maux !
Muguette, je n’en ai pas envie, vraiment ! Je voudrais juste être seule et…
— Pourquoi tu es venue avec nous ? dit Muguette. Si c’est pour faire la tête, autant la faire à ton homme, nous n’y sommes pour rien, nous !
— Lâche-là un peu, dit Félicie, tu vois bien qu’elle n’encaisse pas !
— Tu m’étonnes, une minette pareille qui débarque en se disant qu’elle était la première fiancée de ton chéri ! Sûr que ça ne fait pas plaisir !
— Tu te tais maintenant ? cria Prune, faisant retourner les passants. Ce n’est parce que toi tu es seule que tout le monde doit l’être aussi !
— Je ne suis plus seule je te signale !
— Tu parles, même pas fichue d’annoncer rien qu’à ton homme que tu avais trouvé une maison. Tu parles que tu n’es plus seule. Tu réagis toujours comme si tu étais seule. Tu vas voir qu’il va te planter et là tu feras moins ta maligne !
— Stop les filles ! Arrêtez de vous donner en spectacle et venez chez moi ! les coupa Félicie
 — Je peux rester chez toi pour la nuit ? demanda Prune
 — Bien sûr et …
 — On se fait un bon chocolat chaud alors ? dit Muguette en se passant la langue sur les lèvres, tu les fais super bien, ma Féli !
 — Va pour le chocolat chaud !
Les trois amies bras dessus bras dessous rejoignirent la voiture de Félicie.

Thomas n’avait pas l’habitude de se trouver seul chez lui. Il y avait toujours sa femme qui l’attendait soit au salon, soit à la cuisine. Il sentait toujours sa présence. Mais là, la maison lui semblait bien vide. Fred était chez des amis. Heureusement d’ailleurs, il ne savait pas comment il aurait pu expliquer à son fils que sa mère ne rentrait pas. Parce qu’il se doutait que Prune ne rentrerait pas ce soir-là. Il la connaissait trop bien. Elle ne lui pardonnerait pas de sitôt cet oubli de taille. Mais quel idiot il était ! Dix-sept ans de vie commune et jamais il n’avait parlé d’Anabelle. Il faut croire que finalement elle n’avait pas tant compté pour lui. Pourtant quand elle lui était apparue dans le restaurant, il était resté pétrifié. Normal que sa femme ait pensé qu’Anabelle lui faisait toujours de l’effet.
Il grimpa dans sa chambre, s’assit sur son lit et prit sa tête dans ses mains.

Chez Félicie, Prune était assise sur le canapé et humait la bonne odeur du chocolat que sa jumelle lui avait préparé. Muguette se léchait déjà les babines, assise en face d’elle. Il n’y pas à dire, rien de tel qu’un bon chocolat pour remettre les idées en place.
— Finalement je crois que je vais rentrer, murmura Prune. C’est idiot. Je fais confiance à Thomas depuis 17 ans, je dois le laisser s’expliquer.
— Tu vois qu’un bon chocolat est le meilleur remède, murmura sa sœur
— Tu me ramènes ?
— Pourquoi tu ne l’appelles pas ?
— D’accord, il viendra me chercher ici et nous repartirons tous les deux…
Elle saisit son portable et composa le numéro de son mari.

Thomas chercha son téléphone qu’il sentait vibrer dans la poche de son jeans.
— Thomas ?

Prune reposa son téléphone en soupirant. Elle était tombée directement sur le répondeur de son homme.

— Tu peux me ramener chez moi, je n’ai pas réussi à avoir Thomas. J’espère qu’il va bien et que rien ne lui est arrivé.
— Je te ramène bien sûr et ne te fais pas de film…
— Je viens avec vous, enchaîna Muguette en se léchant les lèvres. Super bon comme toujours ton chocolat.
Les trois amies refirent le chemin en sens inverse. Prune semblait détendue et blaguait avec ses copines.
— Tu nous montreras quand même la maison que tu as repérée ? demanda Prune
— Mais oui, vous allez voir, elle est superbe.
— Finalement, vous comptez vous installer ensemble alors ?
— Je crois que oui…
En disant cela Muguette sourit.
— Je suis heureuse vous savez les filles ! Et si tout marche bien, nous pourrons faire un superbe mariage et vous serez mes demoiselles d’honneur.
— Un peu vieilles non ?  sourit Félicie
— Il n’y a pas d’âge pour être demoiselles d’honneur. Regarde dans le film du « Mariage de mon meilleur ami » les demoiselles d’honneur ne sont pas des gamines.
— Je pense quand même qu’elles n’ont pas la trentaine, murmura Prune.
— Eh bien nous lancerons la mode, voilà tout ! répondit Muguette qui avait décidément réponse à tout.
— Nous sommes arrivées. Regarde il y a de la lumière chez toi, ton homme n’est pas couché, reprit la jeune femme en sortant de la voiture.
Prune sortit à son tour et se dirigea vers sa maison. C’est à ce moment là qu’une autre voiture ralentit et vint se garer en face de la porte. Félicie fermait la sienne quand elle entendit Muguette rugir :
— Mais je vais me la faire celle-là !
Anabelle sortait de sa voiture et se trouvait face à Prune. Thomas qui avait entendu des bruits de portière ouvrit la porte.
— Je croyais que ta Prune ne revenait pas ce soir ? lança Anabelle



lundi 4 juin 2018

Anabelle


Félicie et Muguette tournèrent la tête en même temps. Une jeune femme à la chevelure extra-longue nattée se tenait debout devant le comptoir. Sans doute alertée par le regard des deux amies, elle se retourna et aperçut alors Thomas. Elle se dirigea aussitôt vers lui et Félicie murmura aussitôt :
̶         Je sens les ennuis arriver.
̶         Thomas ? Quelle surprise ?
Elle ne le laissa pas répondre et l’embrassa sur les deux joues.
̶         Je vois qu’il y a une place ? Je peux m’asseoir ? Une quatre fromages ? Elle n’est à personne, je peux la prendre ? Super, j’adore ! Je me présente : Anabelle !
Eberlués par le sans gêne de cette « blondasse » comme l’appelait déjà in petto Muguette, les amis restèrent sans voix. Heureusement, le serveur arriva avec les pizzas commandées. Il ne fit aucune réflexion ayant déjà compris que cette table allait être bizarre toute la soirée.
̶         Alors Thomas que deviens-tu ? Toujours architecte ? Il faut que je vous raconte quand même que lui et moi, nous étions fiancés à une époque. Oui, nous allions même nous marier. Mais finalement j’ai changé d’avis au dernier moment. Quelle histoire hein Thomas ? Mais c’est de l’histoire ancienne pas vrai ? Alors tu es marié ? Tu as des enfants ?  Voyons voir, qui est l’heureuse élue parmi vous ? Voyons, connaissons tes goûts, je pencherais pour…
̶         Je m’appelle Angelo enchanté ! Voici Prune, la femme de Thomas, Félicie ma compagne et Muguette dont le…
̶         Ne vous gênez pas ! Ma pizza ?
Jasmin finalement avait décidé de ne pas gâcher la soirée de ses amis. Il revenait et allait s’excuser auprès de Muguette quand il avait aperçu la jeune femme qui avait pris sa place et dévorait sa pizza.
̶         Désolée, elle était à vous ? Vous n’avez qu’à en recommander une. Regardez le serveur n’est pas loin.
̶         Vous êtes ? demanda furieux Jasmin, car il avait vraiment faim.
̶         Anabelle, l’ancienne fiancée de Thomas.
̶         L’ancienne …
̶         Monsieur désire une pizza ?
Le serveur décidément zen revenait prendre la commande. Très professionnel, il rajoutait un couvert et rapprochait la table voisine pour que ses clients soient plus à l’aise.
̶         La même chose !
Ses amis lui firent de la place. Muguette se serra contre le jeune homme et murmura :
̶         Elle est folle cette blondasse ! Prune va lui faire la peau !
̶         Elle n’était pas au courant ?
̶         Je pense qu’à voir sa tête, non !
En effet la jeune femme avait l’appétit coupé. Elle aurait bien voulu s’échapper mais coincée entre Angelo et son mari, elle ne pouvait pas bouger. Anabelle reprenait, inconsciente du malaise installé depuis son arrivée.
̶         Prune ? Quel drôle de prénom !
̶         Anabelle ? Ce n’est pas le prénom d’une vache dans un dessin animé demanda Muguette mi-figue mi-raisin
̶         Exact ! Mais mon prénom ne s’écrit pas avec deux N et puis c’est une gentille vache.
̶         Vous n’avez pas l’impression de déranger là ? s’énerva Muguette. Nous sommes entre amis et…
̶         Mais je suis aussi une grande amie de Thomas. Et l’amie des amis est une amie non ?
̶         Je ne crois pas non ! Et Thomas tu as perdu ta langue ? Tu ne peux pas lui dire à ta blondasse de déguerpir ?
̶         La pizza 4 fromages pour Monsieur !
Le serveur revenait, heureux de voir que personne n’avait à nouveau quitté la table.
̶         Dégage ! Tu n’es pas la bienvenue ici. Mais dis-lui toi Thomas ! s’énervait Muguette.
̶         Oh mais je lui ai toujours fait cet effet ! Complètement sous mon charme ! Tu n’as pas changé ! Et surveillez votre langage, « Blondasse », je ne vous ai pas insultée moi et pourtant avec la chevelure que vous avez, je pourrais facilement penser à …
̶         Mais ça suffit ! rugit Prune. Vous vous prenez pour qui ? Thomas est MON mari.
̶         Mais je ne vais pas vous le piquer, je l’ai déjà eu, je sais ce qu’il vaut et…
̶         Tais-toi Anabelle ! Et va-t’en !
̶         Ah quand même tu as retrouvé ta langue ! dit Muguette.
̶         Je peux terminer ma pizza quand même ! Vraiment bonne  ce serait dommage de la laisser, je ne suis pas pour le gaspillage !
Devant les convives abasourdies, elle termina donc son assiette, s’essuya les lèvres délicatement avec sa serviette, se leva et dit magnanime au serveur qui passait :
̶         L’addition sera pour moi ! Prenez aussi un dessert, je vous l’offre avec plaisir !
Elle éclata de rire et quitta la pizzéria.
̶         Je vous apporte la carte des desserts alors ou vous attendez un peu ? demanda le serveur.