Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

mardi 24 septembre 2019

Quand l'oncle Gabriel s'en mêle !

 Logorallye écrit avec des mots proposés. La consigne : Un mot d’un titre de livre aimé


Sam était une jeune femme un peu bizarre à ce que racontaient les voisins. Maman célibataire de 3 enfants, elle habitait dans une immense maison aux multiples portes. Un grand jardin bordé d’arbres et de fleurs inconnues la protégeait des intrus et des curieux.

— Ramenez vos fraises les gamins, c’est l’heure du goûter !
Aussitôt une fillette et deux garçonnets accoururent aussi échevelés les uns que les autres.
— Qu’est-ce qu’on mange ? demanda Tom le plus roux des trois
— Surprise !
— Elle va encore faire sa mystérieuse murmura Margot, l’aînée aux boucles orange.
— Allez, maman, dis-le, dis-le, j’ai faim moi ! Tonio était le plus jeune et parsemé de taches de son.
— Je suis certaine que c’est un gâteau aux mirabelles !
— Non au chocolat !
— Moi je préfère la crème !
— Cessez vos tribulations, je vous apporte des tartines de confiture tout simplement et ensuite, soyez sages !
Il faisait encore chaud dans le jardin. Ils s’assirent tous les trois autour de la table en bois, sur le banc, passablement abimé. Aussitôt, le chien Quartz déboula en jappant. Lui aussi savait qu’il aurait sa part de gourmandises.
Sam installait confitures maison et pain tout frais sorti du four. Elle s’assit près d’eux et baissa la voix.
— Vous me promettez de tenir votre langue et de ne pas sauter partout quand vous connaîtrez la nouvelle ?
Les trois enfants crachèrent dans l’herbe en jurant qu’ils ne diraient rien. S’ils mentaient qu’ils aillent en enfer.
— J’ai un reçu un mail tout à l’heure…
— C’est quoi un mail ? demanda Tonio
— Laisse la parler, répliqua Tom, si tu l’interromps tout le temps, demain on y est encore.
— Un mail c’est un courrier arrivé par l’ordinateur.
— Tu ne sais pas ça toi ?
Sam les fit taire d’un doigt sur la bouche.
— Tonton Gaby va débarquer.
Les cris de joie des enfants ne firent aucun doute sur le plaisir qu’ils avaient de revoir leur oncle. Une bourrasque se leva alors et les feuilles des érables qui ombraient la table se parsemèrent ici et là sur le bois.
— Le voilà.
— Tonton Gaby.
Il n’avait pas l’habitude d’arriver discrètement. Grimpé sur son cheval ailé, il fit un tour de jardin emportant au passage ses trois neveux.
— Bonjour mes petits anges !
Sam inquiète du bruit que son frère produisait, le fit taire d’un geste.
— T’es venu tout seul ? demanda Margot.
— Bien sûr que non.
Un coup de sifflet et un loup blanc majestueux sortit de derrière la haie.
— Zak mon beau loup d’amour.
Margot enfouit sa tête dans la fourrure de l’animal qui se laissa faire et se mit même sur le dos pour qu’elle lui gratouille le ventre.
— Bonjour sœurette ! Tu as vu, j’ai fait comme tu m’as dit, je t’ai envoyé un mail pour annoncer ma venue. 
Elle éclata de rire et remarqua :
— Oui et tu es arrivé en voiture comme tout le monde.
— Estime-toi heureuse que je n’aie pas transformé ton jardin en océan bordé d’écume et…
— Oh oui, fais-le, ton océan avec les grosses vagues s’exclama Tonio.
— Non, pas question !
Sam voulut faire rentrer toute sa petite famille dans la maison, mais Gaby l’enlaça et lui glissa à l’oreille :
— Tu sais que vous m’avez manqué toi et tes gosses ?
Il saisit une marguerite qui se trouvait dans une vasque près de lui et commença à effeuiller ses pétales :
— Un peu, beaucoup, passionnément
— Tu n’es jamais sérieux Gabriel. Tu m’as amené mon balai ?
— Maman va faire du balai, maman va faire du balai.
Tonio ne tenait plus en place.
— Oui et Agnès.
— Je n’aime pas Agnès ! Elle me fait peur.
— Pourtant, j’ai besoin d’elle pour grimper sur mon engin.
— Et puis d’abord pourquoi tu l’as appelé Agnès alors que c’est un chat ?
— Pour te faire parler mon bonhomme.
Gabriel aimait bien taquiner l’aîné de ses neveux. Mais Sam reprenait, nerveuse.
— Alors, ce plumeau ?
Son frère leva les bras et un balai de paille qui avait fière allure descendit du ciel.
— Si les voisins voient ça, je te garantis que je n’aurais plus ma place aux réunions de parents d’élèves, murmura Sam.
— C’est un tueur celui-là, c’est le meilleur. Avec lui, tu pourras tout faire, lui promit Gabriel.
— Vas-y maman, l’encouragea Margot les yeux brillants.
Sam s’installa aussitôt par terre en position du lotus pour se concentrer et faire le vide autour d’elle, ce qui fit rire son frère.
— Pas besoin de tout ça, Sam, Grimpe sur ton balai. Il sait faire. Et toi aussi. Tu es une sorcière, ne l’oublies pas.
— Je n’ai pas pratiqué depuis la naissance des enfants.
— Et alors ? C’est comme le vélo ça ne s’oublie pas. Allez grimpe. Je te suis avec les enfants sur le dos de Zak.
Les gamins ne se le firent pas répéter deux fois et s’installèrent bien calés sur le loup. Leur oncle enfourcha son cheval et s’éleva dans les airs.
— On va voler aussi ? demanda Margot 
— Alors Zak, tu acceptes de voler ?
Le loup aussitôt à la grande joie des gosses s’éleva et leurs cris d’enthousiasme retentirent dans le jardin.
— On va où ?
— Alors Sam, c’est toi qui décides ?
Elle enfourcha son balai, et sans dire un mot, monta dans les airs. Agnès les regardait de ses grands yeux verts.
Elle n’était pas très rassurée et son véhicule attendait ses ordres. Son frère riait aux éclats, et étendit la main. Une musique digne d’une valse de Johann Strauss s’éleva. Sam, bien droite se laissait emmener par la mélodie. Elle passait et repassait au-dessus des pins. Elle ne songeait même plus aux voisins qui pourraient l’apercevoir dans le ciel. Elle s’envolait Gabriel et les enfants dans son sillage. Elle riait aux éclats et cria alors qu’ils étaient tous bien éloignés de leur maison :
— Voulez-vous connaître la destination ou je vous la dévoile quand on y sera ?
— Je sais où tu vas, murmura son frère qui s’était rapproché dangereusement d’elle.
— Tu m’as fait peur !
— Je sais qu’il t’attend !
— De qui tu parles, je ne comprends pas !
— Ne serait-ce pas au royaume d’Algernon que tu nous emmènes ?
— Tu vas droit dans le mur là Gabriel, fais attention. Et surveille les enfants, moi je dois me concentrer sur mon balai.
— Tu ne veux rien me dire sœurette ?
Pour toute réponse, elle accéléra, sa chevelure rousse flottant derrière elle. Ses enfants, cramponnés sur Zak étaient ravis de l’aubaine. Leur maman était magique, elle ne ressemblait à aucune de leurs copains, et ne respectait aucun code. En connaissez-vous beaucoup des mères qui emmèneraient leurs progénitures dans le ciel sur le dos d’un loup ? Évidemment, comme toujours, ils ne pourront rien raconter de leur journée de mercredi ou de vacances. Tom, à l’avant, s’imaginait comme le Prince Ali sur son tapis volant. Il saluait une foule inventée qui l’applaudissait à tout rompre. Margot, sa crinière décoiffée par un vent malicieux, ne désirait qu’une chose : avoir les mêmes pouvoirs que Sam. Sa maman lui avait dit qu’elle devait encore attendre. Elle n’avait que 6 ans. C’est à 7, que ses dons pourraient se développer. Impatiente, elle en rêvait de son anniversaire.
Soudain, un hurlement retentit. Zak fit un demi-tour à vive allure manquant de faire chavirer les deux gamins sur son dos. En effet, Tonio, le plus jeune, curieux de nature s’était penché un peu plus qu’il ne faudrait, et il dégringolait à une vitesse vertigineuse.
Gabriel lança son cheval pour rattraper le garçonnet qui allait finir par s’écraser au sol si personne ne réagissait. C’est le loup qui fut le plus rapide et le happa par le fond de sa culotte.
— Arrête tu me fais des chatouilles, riait Tonio, qui avait l’air d’apprécier l’aventure qu’il venait de vivre. J’ai des frissons par tout.
Un château apparaissait au loin, Sam, Gabriel et les enfants assagis regardaient avec émerveillement le paysage magnifique.
— Voilà, nous sommes arrivés.
Des petites fées volaient à leur rencontre et les saluaient avec déférence. Ce n’était pas tous les jours qu’ils accueillaient la future reine des sorcières.
Gabriel fit un clin d’œil à sa sœur :
— J’avais raison. Regarde, les portes s’ouvrent déjà. Tu es attendue. Le roi Algernon t’a entendue. Mais tu ne vas pas te présenter comme ça devant lui quand même ?
— Pourquoi, je ne suis pas assez belle ?
En un tour de main, il la revêtit d’une magnifique robe couleur d’ambre et ses enfants, surtout Margot, s’exclamèrent devant sa beauté.
— Oh, maman, tu es une vraie princesse !
Tom et Tonio en restèrent muets d’admiration.

— Tonio ? Tom ? Vous n’allez pas ouvrir ?
Les deux garçons se regardèrent abasourdis et chuchotèrent ensemble.
— T’as rêvé la même chose que moi ?
— Je vois que vous n’êtes pas pressés de m’accueillir les enfants, j’en suis tout attristé.
Leur oncle Gaby faisait son apparition, portant pour chaque garçon un sac de billes.
— Vous ne lui dites pas bonjour ?
Sam leur faisait les gros yeux. Margot s’approcha timidement.
— Et moi je n’ai rien ?
— Bien sûr que si ma poupette, tu penses bien que je n’ai pas oublié ma nièce chérie.
Sam l’interrogea.
— Qu’as-tu encore fait à mes fils. Ils sont complètement dans les vapes, regarde-les ?
— Promis je n’ai rien fait. Et comme tu me l’as demandé, je suis fidèle au poste, à l’heure.
Tom et Tonio s’approchèrent de lui et lui chuchotèrent à l’oreille :
— Il est où Zak ?
Gabriel leur fit les gros yeux.
— Je le savais que tu n’avais pas pensé à moi. Tu n’y penses jamais !
Margot pleurait à chaudes larmes devant son oncle éberlué.
— Mais si regarde, je t’ai apporté… un balai.
— Ah non Gabriel, je t’avais interdit de…
— C’est le ballet de tout à l’heure, s’exclamèrent en même temps les deux frères.
— Mais de quoi parlez-vous ? demanda soupçonneuse Sam
— Il est pour moi c’est vrai tonton ? Je peux l’essayer ?
— Cette nuit ma chérie, pas quand il fait jour. Quelqu’un pourrait te voir.
Sam était furieuse.
— Cesse immédiatement de leur raconter n’importe quoi. Margot ne tentera rien du tout cette nuit, où je te fais avaler ton acte de naissance.
— Tu me mettras le requiem de Mozart à mon enterrement, j’adore cette œuvre !
 Chiche ! Et tu ne l’emporteras pas au paradis, crois-moi.
— Mais tu sais bien que les sorciers ne meurent pas, murmura Tom.
Sam haussa les épaules.
— Alors ce goûter les enfants ? Avez-vous soif ?
— Tu n’es pas drôle maman, et pourquoi Tonton, tu es entré par la porte et tu nous as apporté des billes ?
— Demande à ta mère Tom. Il semblerait que je dois paraître comme tout le monde.
— Mais tu n’es pas comme tout le monde, je le sais.
— Bon assez entendu de bêtise, répliqua Gabriel.
Il leva les bras et le ciel s’obscurcit.
— Nous n’allons pas attendre la nuit pour essayer ton balai, ma chérie. Tu vas avoir sept ans, voyons voir si tu as hérité des pouvoirs de notre famille. Je t’ai apporté ce joli foulard pour envelopper tes cheveux. Allez grimpe.
— Je t’adore tonton, je suis trop contente.
— Tu m’agaces Gabriel, je ne t’ai pas demandé de venir ici pour ça.
— Ah oui et c’était pour quoi alors ? Une partie de cartes, un café et des petits gâteaux ? Tu vaux mieux que ça Sam.
Il brandit à nouveau les bras pour qu’un vent léger se lève. Il invita sa nièce à grimper sur le manche.
— Ne t’inquiète pas, il est le meilleur et a fait ses preuves. Tu ne risques rien et arrête Sam de faire POC POC POC sur la table avec tes doigts, tu m’exaspères.
Sam bouscula sa chaise, soupira, et empoigna le balai. Elle l’enfourcha et aida sa fille à grimper derrière elle.
— Fais attention, le vent peut être violent. Ce serait dommage que ce foulard soit déchiré, ajouta-t-elle pour son frère, certaine que l’écharpe devait être aussi magique.
— Et nous et nous ?
Le loup blanc apparut alors.
— Je le savais bien que je n’avais pas rêvé !
Gabriel sourit à ses neveux, Sam soupira et lui cria qu’il ne changerait jamais, tout en s’élevant dans les airs comme un vulgaire petit papier. Zak s’allongea pour que les garçons puissent s’assoir sur son dos.
— Allez go !
Le cheval ailé apparut alors et Gabriel s’envola à son tour.
— C’est comme dans mon rêve, murmura Tonio à l’oreille de son frère.
— Oui, mais Margot était avec nous, pas sur le balai.
— Oh regarde, on passe au-dessus des champs de lavande ! Que ça sent bon !
Gabriel en profita pour en cueillir trois bouquets, qu’il offrit à sa sœur, à sa nièce et aux garçons.
— On ne va pas mourir hein maman ?
Margot n’était pas rassurée. Sam éclata de rire.
— Ne t’inquiète pas ma chérie, si ton oncle t’a fait cadeau de ce balai, c’est qu’il est fiable. Tu peux lui faire confiance, il n’est pas inconstant Gabriel, bien au contraire, il sait ce qu’il fait.
— On va où ? Jusqu’au château d’Algernon ? cria Tonio
Gabriel éclata de rire devant l’air furibond de sa sœur.
— Qu’est-ce que tu leur as mis dans la tête ? Demain, c’est jeudi, ils ont classe. Pas question de faire la fête et de manquer un jour.
— Quelle tristesse, ta vie, sœurette ! Alors que tu pourrais être la reine de toutes les merveilles que le prince détient, non, toi, tu penses à l’école de tes gosses. Regarde-les, ne sont-ils pas plus heureux ?
— Ce n’est pas ce que je voulais pour eux, tu le sais.
— Pourtant leur père est un prince, il faudra bien qu’ils l’apprennent un jour. Tu as déjà bien de la chance qu’Algernon t’en laisse la garde sans trop se mêler de tes affaires.
— Oh, mais, il s’en occupe de loin crois-moi. Je ne manque de rien. Jusqu’à cet oiseau-roi Simorgh qui vient me rendre visite régulièrement.
— Comment est-ce possible ?
— Je n’en sais rien, mais c’est ainsi.
— Mais, Simorgh ne se déplace rien que pour te dire bonjour ? Je ne peux pas le croire.
— Il vaut mieux ça que ses fantômes, tu es d’accord !
Margot qui n’avait rien perdu de la conversation demanda :
— Je peux essayer ? Tu penses que je suis capable de conduire le balai toute seule ?
— Allez go, ma nièce ! Voyons ça !
Gabriel enlaça Sam. Elle atterrit en croupe sur le dos du cheval, qui ne sembla pas être gêné par ce poids supplémentaire. Margot se retrouva solitaire sur son engin de paille. Pas très rassurée, elle ne savait quoi faire. Son oncle pour l’encourager lui cria :
— Si tu n’es pas une sorcière, tu vas dégringoler.
— Tais-toi donc ! souffla Sam
Mais Margot, bien droite sur son véhicule extraordinaire tenait la route. Elle se sentit immédiatement remplie d’une ivresse folle et hurla :
— Comment faire pour aller plus vite ?
— Dis-lui tout simplement, lui conseilla Sam.
Margot se pencha alors comme pour lui parler à l’oreille. Aussitôt, le balai répondit à ses ordres déclenchant ses cris de joie ainsi que ceux de ses frères, très fiers de Margot. Ensemble, ils survolèrent les paysages qui défilaient sous eux. Ils osèrent même s’enfiler dans la forêt, affolant au passage les cigales qui s’étaient tues en raison de la nuit tombée plus tôt que d’habitude. Gabriel murmura à l’oreille de sa sœur :
— Ta fille va être une grande sorcière. C’était évident, avec les parents qu’elle a. Mais pourquoi ne te laisses-tu pas aimer par Algernon ? Je ne comprends pas ton choix.
— Je veux pour mes enfants une vie normale, comme prendre le bus tous les matins au lieu d’un balai pour aller à l’école, ils sont mes souhaits, les miens à moi seule et je les assume.
— Ne crains-tu pas qu’ils te le reprochent un jour ?
— Nous habitons loin du village, dans une grande maison entourée d’une magnifique vallée. Ils ont tout ce qu’ils désirent grâce au Prince. Je ne vois pas ce qui ferait barrage à leur bonheur.
— Justement, ils ne connaissent pas leur père, et ils sont sorciers. Je serais étonné que ta fille ne veuille pas vivre comme une enchanteresse.
— Les garçons sont encore jeunes, nous n’avons aucune idée de leurs dons.
— Tu crois qu’ils vont se contenter de végéter dans un faubourg avec une mère sorcière qui ne se sert pas de ses pouvoirs ?
— Je ne vis pas dans un faubourg, et ils me donnent beaucoup d’amour. Végéter comme tu y vas, nous ne sommes pas malheureux que je sache !
— Maintenant, mais plus tard ?
— Tu m’agaces Gaby. Allez rentrons. Je pense que Margot a fait ses preuves.
Sam en véritable sorcière qu’elle était n’eut qu’un geste à faire pour que toute sa petite famille se retrouve dans l’antichambre de leur maison.
— Mais… on est où ? Comment t’as fait maman ?
— Ferme la porte Margot. Et toi Gabriel, fais-en sorte que le jour revienne.
Il ne pipa mot et s’exécuta.
— C’était super mamounette chérie.
Les trois enfants l’entourèrent pour l’embrasser.
— Maintenant, vous savez ce que j’ai dit : vous ne devez parler de ce qui vient de se passer à personne. Demain, vous irez à l’école normalement.  Si la maîtresse vous pose des questions sur ce que vous avez fait de votre mercredi, vous raconterez comme vos camarades, que vous êtes allés faire de la danse ou du foot.
— Par tous les saints du paradis, Sam, tu divagues complètement. Tiens voilà Agnès. Bonjour mon chat. Toi, tu es en quête de caresses, hein, mon brave !
La bestiole ronronnait à qui mieux mieux et se frottait contre Gabriel.
— J’aime bien ton chat finalement, dit Tonio.
— Tiens, je croyais que tu en avais peur ?
— Oui, mais il a de la chance d’avoir autant de liberté. À lui, on ne lui dit pas de raconter des mensonges.
Gabriel contempla sa sœur.
— Ah magnifique, que vais-je faire maintenant ? Les enfants, êtes-vous malheureux avec moi ?
Ils secouèrent négativement la tête. Sam regarda son frère et murmura :
— Tu crois que je fais le mauvais choix ? Mais que vont-ils devenir si je les amène chez Algernon ?
— Moi j’aimerais bien être un samouraï, hurla Tonio. 

lundi 23 septembre 2019

Automne, à toi !


L’été s’en est allé.
Cette fois-ci, c’est bien fini.
Cachons nos corps bronzés
Et nos tee-shirts mini.

Il laisse pourtant derrière lui
Des mines apaisées
Reposées et épanouies.
Pourquoi alors se renfrogner ?

La saison qui arrive
Fait fuir les grives,
Alors que les écureuils
Courent dans les feuilles.
Avec leurs joues gonflées
De noisettes chipées,
La queue en panache,
Ils jouent aux bravaches.

Bienvenue à toi automne
Qui fait rougir les pommes,
Bleuir le raisin,
Et souffle sur les mains.
Les champignons se cachent
Allons à leur recherche
Leur parfum se détache
Et déjà, on se pourlèche.

L’automne voit grossir
Et non pas rougir
Ses belles citrouilles
Qui donneront la trouille
Le soir d’Halloween
Aux monstres à la grise mine.


C’est aussi hélas !
Le retour des essuie-glaces,
Qui balaient en grinçant
Un pare-brise dégoulinant.

Les bruits des coups de fusil
Font fuir les oiseaux
Lièvres et lapereaux
Et nous rappellent aussi
Qu’avec l’automne la chasse
Pour les amateurs a sa place.
Volent volent passereaux
Palombes et étourneaux.

Et puis enfin dans le ciel
Resonnent le cri des migrateurs
Qui partent chercher la chaleur
L’été est bien fini, oui, c’est officiel.




samedi 14 septembre 2019

Une bibliothèque mystérieuse

Jeu d’écriture proposé :
Joindre les 2 images par les mots


Sa lanterne levée
Pour découvrir
Ce qu’elle cherchait
La fit sourire.

La sirène dans l’océan
Comment le trouver
Dans cet encombrement
De livres bien rangés ?

Elle s’en rappelait
Pourtant l’emplacement.
Il avait dû se déplacer
Et s’envoler le garnement.

C’était, elle en était certaine
Un tour du fantôme de la bibliothèque.
Déjà dans la semaine,
Il avait chamboulé le rayon des aztèques.

Alors pourquoi pas aujourd’hui
Avoir emmené la sirène
Dans un coin connu de lui ?
Elle en attrapait déjà la migraine.

Un rire la fit se tourner.
La voilà avec son dauphin
Qui le coquin de son nez
Lui chatouillait les reins.

Elle manqua chavirer,
Et faire tous les livres dégringoler.
Comment diable étaient-ils sortis
Du roman aux pages racornies ?

Un dauphin et une sirène dans une bibliothèque
C’est impossible voyons
C’est même incorrect
Rentrez donc dans votre rayon.

Et ne profitez plus de l’occasion
Que j’ai le dos tourné.
Mon Dieu j’entends le carillon
Un client vient d’entrer.

Filez vite dans votre histoire
Que je n’ai pas à expliquer
Qu’un dauphin sur l’accoudoir
S’est installé.

C’est avec le sourire
Qu’elle accueillit le visiteur
Qui désirait dans l’heure
Une sirène séduire.

C’était une blague ?
Vous êtes dans une bibliothèque
Monsieur, et ne faites pas de vague,
Où je vous chasse votre sourire et vous avec.

Mais la sirène heureuse de fuir enfin
De son livre lu et relu.
S’accrocha au bras du coquin avec son dauphin
Et disparut.

jeudi 12 septembre 2019

La liberté de Victorien

Texte écrit avec des mots proposés dans l'ordre. 


Victorien prit son inspiration. Il allait bientôt les retrouver et ce serait enfin la liberté. Il en rêvait depuis si longtemps. Il souffla pour relâcher la tension qui lui serrait les tempes. Derrière ses barreaux, il tournait comme un lion en cage. Il était innocent et aujourd’hui la preuve en avait été donnée et le tribunal avait tranché. Dans quelques heures, la porte s’ouvrirait. C’était le bon jour, il allait prendre l’autre couloir, celui qui mène au-dehors. Combien de fois en avait-il eu envie de l’emprunter ce chemin. Non, il n’avait pas tué sa femme. Il n’était pas un meurtrier. Elle s’était suicidée et il ne savait toujours pas pourquoi. Il croyait qu’elle l’aimait. Comment avait-elle pu abandonner ses enfants ? Lui, passe encore, mais eux ?
En attendant que le gardien vienne le chercher, il pensait à ce qu’il allait leur dire à ses filles. Elles devaient l’avoir oublié depuis le temps. Rose avait 4 ans et Luce 2 quand ils l’avaient emmené, menottes au poignet. Trois ans qu’il ne les avait pas vues. L’aînée devait être à l’école élémentaire maintenant, et Luce peut-être à la maternelle. Il ne savait rien d’elles. Enfin, si peu…
Jeanne sa mère était venue toutes les semaines depuis son incarcération. C’était elle qui avait eu la garde des gamines. Elle vivait à la campagne et les petites avaient pu profiter des paysages bucoliques. Lui, enfant, il s’en été gavé de ses champs à perte de vue, et il imagine bien l’énergie débordante de ses petites filles devant l’immensité verte.
Victor, son père, très occupé par les travaux à la ferme n’avait jamais pris le temps de se déplacer pour venir voir son fils au parloir. Il disait qu’il ne pouvait pas respirer dans cet établissement et qu’il admirait son rejeton de pouvoir y rester enfermé. « Admirait » ? Il s’en serait bien passé Victorien d’être derrière les barreaux. Il avait de ces manières son paternel pour évoquer l’incarcération, comme si c’était un choix. Il aurait presque dit en souriant « Mon fils avait besoin de dépaysement, il est parti en prison ». Ce n’est pas lui qui avait souffert de la canicule. Il ne pouvait pas sortir, c’était interdit, l’extérieur était une fournaise. Alors, les gardiens leur distribuaient de l’eau à qui mieux mieux, mais question détente, tout était à faire. Sans parler des nuits d’insomnie à se tourner et retourner sur le matelas.
Mais aujourd’hui tout ça, c’est fini. Il allait retrouver sa vie d’avant avec ses filles. Il espérait que sa mère leur avait parlé de leur père et qu’elle leur avait montré des photos comme il lui avait demandé. Installé sur son lit, ses affaires prêtes près de lui, il sentait comme un ralentissement dans son corps. Son cœur battait plus doucement, il respirait de mieux en mieux. Il pensait que la maison proche de la mer, prêtée par Jacques, son fidèle ami qui avait toujours cru en son innocence, serait la villégiature parfaite pour retrouver ses gamines et refaire connaissance avec elles.
« Il faudra être cool avec elles Victorien » lui répétait sans cesse Jeanne. Un sacré boulot l’attendait alors. Ce n’était pas dans son caractère d’être « cool ». Dans son travail, aucune place pour le farniente. Il fallait qu’il bouge. D’autant plus qu’enfermé, il avait assez été à ne rien faire de ses dix doigts. Alors il espérait qu’elles seraient fatigantes, ces semaines avec elles qui l’attendaient. Il entendait déjà les éclats de rire de Rose et Luce. Le matin, il se réveillerait le premier, préparerait le petit déjeuner sur la terrasse. Les journées seraient toujours ensoleillées, la pluie n’avait rien à faire dans son nouveau bonheur. Il voulait que tout soit parfait.
Bon, il arrivait ce gardien pour le chercher ? Glander ce n’était pas son truc. Que faire pour occuper le temps ? 
Victorien s’allongea sur son matelas et ferma les yeux. Il les voyait ses gamines, la brune et la blonde. Elles, elles devaient apprécier la glandouille. A 7 ans, peut-être pas, ça devait courir partout et rêver d’évasions. Il essaya de se rappeler à quoi il pensait quand il avait leur âge. Son esprit s’embrumait un peu, c’est fou ce qu’il se sentait léger tout à coup. Soudain, il entendit la porte s’ouvrir, ça devait être le gardien qui venait le chercher. Des sensations intenses lui firent tourner la tête. Il voulut se lever et empoigner sa valise, mais déséquilibrée la coquine par le mouvement qu’il fit, elle dégringola et il n’eut pas le courage de la rattraper. Une étrange sérénité s’empara alors de lui. Il revoyait sa femme, ses filles, sa joie à l’annonce qu’il allait être père. À la lecture du test de grossesse, il la fit tournoyer dans les airs, sa chérie.
Un bruit reconnaissable le sortit de sa torpeur. Un moustique ! Il avait horreur de ces bestioles, il y était même allergique. Pourvu qu’il ne le pique pas. S’il se mettait à gonfler, ses filles auraient peur de lui. Il fallait à tout prix qu’il se lève et qu’il arrive ce gardien. Ce n’était pas normal. On lui avait dit que sa sortie était imminente, et il attendait depuis des heures.
— Ohé l’ami, tu dors ?
Le gardien inquiet s’approcha du lit.
 — Victorien, ne fais pas l’andouille, tu pars, ça y est !
Pas de réponse.
Cette fois le gardien le secoua sans ménagement.
— Putain ! Au secours, à l’aide, il nous a fait un malaise. Le jour de sa sortie, ce n’est vraiment pas de chance.
Pendant que ses collègues arrivaient au pas de course, appelaient le SAMU, les pompiers, les médecins et tout ce qu’il faut pour sauver un homme, Victorien se demandait pour quoi il y avait tant de bruit autour de lui.
Tiens, c’était comme ses dernières vacances entre amis, ça faisait longtemps maintenant, mais ça faisait le même bazar. Ils allaient prendre l’apéro et tout à coup, les sirènes, les hommes en blanc étaient apparus comme aujourd’hui. 
— Je ne comprends pas, il allait bien ce matin.
— Regardez, il a dû se faire piquer !
Le SAMU lui mettait le masque sur le nez. Pour le coup, tout était de plus en plus paisible autour de lui.
— Restez avec nous Monsieur ! Tout va bien se passer. Serrez-moi la main !
Quelle question inattendue ! Victorien se demandait bien pourquoi, il devait serrer la main à un parfait inconnu. En plus, elle était chaude sa paluche, toute moite. Quelle sensation désagréable.
— Monsieur, restez avec nous. C’est juste une piqûre de moustique. Je vous injecte le bon produit et tout sera fini d’ici quelques minutes.
— J’irais bien faire un tour du côté des chantiers de l’Atlantique moi !
— Il délire, nous le perdons.
— Mais on ne peut pas mourir d’une piqûre de moustique quand même ! répétait Jules. C’est quelqu’un de bien cet homme. Il sort aujourd’hui et…
Et comme par enchantement, Victorien ouvrit les yeux et répondit :
— Je le sais que je suis quelqu’un de bien et que je vais retrouver mes filles
— Vous allez mieux, monsieur ?
— Vous m’avez fait fichu une de ces trouilles Victorien. Je venais vous chercher et vous étiez carrément dans le cirage.
— Je vais faire de la confiture avec mes filles.
Jules interrogea du regard les urgentistes :
— Pas de souci, un peu de farniente, et tout ira bien. Il a besoin de repos, mais demain il n’y paraîtra plus. Laissez-le dormir encore une nuit ici et…
— Je vous signale quand même que ce n’est pas un hôtel ici.