Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

jeudi 30 novembre 2017

Lui et Elle

Comme d’habitude, il s’assied sur la banquette défraîchie mais propre du RER, ouvre son journal. La trentaine, brun, beau gosse, jeans chemise blazer, jeune cadre dynamique.

Lui : 15 minutes de trajet, au prochain arrêt elle entre. Aujourd’hui, je lui parle.

Comme tous les jours, elle balaie du regard le wagon et va s’installer à la même place, face à lui. La trentaine, brune, manteau prune fermé col officier, bottines assorties. Un grand sac fourre-tout couleur Camel.

Elle : Toujours caché derrière son journal, je suis certaine qu’il a de beaux yeux.
Lui : Quel crétin, je suis ! Devant un parterre de collaborateurs je vais présenter un projet qui sera applaudi et salué par mes chefs et là devant Elle, je m’écrase !
Elle : j’aimerais bien savoir où il bosse ! je descends toujours avant lui… et si aujourd’hui, je décidais de changer d’arrêt.
Lui : Pourquoi regarde-t-elle sa montre ? Le RER est à l’heure pour une fois.
Elle : J’ai le temps ! Au pire, je prendrai un taxi pour finir le trajet. Bon, ça va me coûter cher cette histoire, mais…
Lui : Elle sourit toute seule, à quoi pense-t-elle ? pourvu qu’elle n’ait pas d’amoureux, elle a l’air bien gaie aujourd’hui.
Elle : Quel air bougon ! Beau gosse, mais je l’appellerai bien grincheux !

Il baisse son journal surpris, elle n’est pas descendue à son arrêt habituel. Il rencontre son regard, elle lui sourit.
Lui : Panique à bord je ne sais pas quoi faire. Mais parle-lui bon sang, elle te sourit, c’est le moment !
Elle : Mais ? Il attend quoi ? Je ne veux pas parler la première. Je souris encore plus ! Pourvu que je n’aie pas de morceau de chocolat coincé dans mes dents ! J’en attrape mal à la joue ! Alors, tu me parles oui ou non ?
Lui : C’est quoi ce sourire forcé ? Elle se moque de moi oui ! Voilà mon arrêt je descends.

Il se lève rapidement, un hochement de tête vers elle, il descend.
Elle le suit des yeux puis lui emboîte le pas. Elle se retrouve sur le quai. Il a disparu.

Elle : Quelle nulle ! Je ne vais quand même pas courir derrière lui, je ne sais pas quelle direction il a prise.
Lui : Je suis en retard, j’appelle mon assistante pour la prévenir que … Mais ?
Elle : Ah je le vois, il est au téléphone. Je suis sensée faire quoi maintenant ?
Lui : Invite-là à prendre un café, tu es en retard de toute façon !
Elle : Ah quand même, il s’approche.

Il est intercepté par un de ses collègues :
- Bonjour Marc, je t’emmène ?
Ils se serrent la main.
Lui : pas de chance
Elle : pas de chance
Ils partent chacun de leur côté.

Comme d’habitude, il s’assied sur la banquette du RER, ouvre son journal. Toujours la trentaine, brun, beau gosse, costume bleu aujourd’hui, réunion importante.

Lui : Putain Marc ! parle-lui à cette fille à qui tu penses tout le temps, t’en as failli oublier le fil de ta présentation hier.
Il referme son journal, elle va arriver.
Lui :  Pourquoi n’est-elle pas là ? Pourvu qu’elle ne soit pas malade. Hier, déjà elle avait un air bizarre à sourire tout le temps.
Il se cale au fond de la banquette et se projette sur sa prochaine réunion.

Elle : J’ai pris le RER précédent, je suis certaine d’être à l’heure, je stresse un peu. Je pense que le beau gosse au journal doit se poser des questions. Elle sourit en entrant dans les locaux.

L’hôtesse l’accueille en lui souhaitant la bienvenue, lui offre un café, la dirige vers la salle de réunion.
C’est la table recouverte de petites viennoiseries qu’elle aperçoit en premier, elle n’a rien pu avaler au petit déjeuner, elle se laisserait bien tenter mais la crainte d’avoir les mains grasses la dissuade.
Une voix grave la fait se retourner :

- Marc…
Lui : Impossible
Elle : Je n’y crois pas !

- Heureux de vous accueillir dans notre société, venez je vais vous présenter…
- Bérénice…Enchantée !

Lui : Ce n’était pas si difficile finalement.
Elle : Il a une jolie voix.
Lui : Travailler avec elle tous les jours, Waouh !
Elle : Heureusement qu’il n’est pas mon chef !

- Monsieur ? Réveillez-vous …
Le contrôleur lui tape sur l’épaule gentiment.
Lui :  J’ai rêvé ! Trop beau pour être vrai.
Un coup d’œil sur sa montre lui indique qu’il est vraiment en retard. Cette fille lui prend la tête et lui pompe toute son énergie. Il descend du RER furieux de s’être endormi. La journée va être longue.

Comme d’habitude, il s’assied sur la banquette du RER, ouvre son journal. Et puis non, pas de journal, il regarde par la fenêtre. Il pleut.
Comme tous les jours, elle balaie du regard le wagon et va s’installer à la même place, face à lui.

Elle : Il n’a pas l’air en forme aujourd’hui.

Il se tourne vers elle :

Elle : il va me parler, j’ai le cœur qui bat tellement fort que je suis certaine qu’il l’entend !
- Votre prénom ? c’est Bérénice ?
Elle éclate de rire.

Elle : Comment il le sait ?
Lui : Trop jolie quand elle rit.

- Bonjour Marc !
Lui : Comment elle le sait ?
Elle : Banco ! C’est son prénom. Trop forte !



mardi 28 novembre 2017

La cavale d'Alex

Alex venait d’emménager dans sa nouvelle maison. Le camion était reparti et il regardait tous les cartons qui envahissaient les pièces qu’il ne connaissait pas encore. Ses parents, pas trop disponibles, lui avaient fait comprendre gentiment qu’il devait les laisser tranquille, alors il errait seul de pièces en pièces. Elles étaient encore vides et froides. Seuls les meubles bien connus déjà installés le rassuraient et le renseignaient : là le bahut de la cuisine, là la banquette du salon où il se nichait dans les bras de maman d’habitude. Il grimpa l’escalier pour découvrir sa chambre. Son lit était arrivé et ses jouets aussi. Ses parents avaient recréé en premier son espace pour qu’il ne se sente pas trop dépaysé, mais Alex avait le cœur gros, il était tout seul. Enfin, pas tout à fait, Zébra son doudou lui faisait de l’œil depuis son lit. Il le serra contre son cœur et… il leva la tête appelé par une musique extérieure qui vint lui taquiner les oreilles. Il s’accouda alors à la fenêtre et remarqua une grande bâtisse style château comme dans ses livres de chevalier, de l’autre côté de la haie. Curieux, il quitta sa chambre laissant Zébra, à cinq ans il était « grand », et s’aventura dans le jardin.
La haie était haute, aucun moyen de voir au-dessus. Alors il se baissa. Pas mieux. Il avança à quatre pattes pour chercher un trou qui lui permettrait de voir de l’autre côté. Il réussit à passer la tête et se trouva nez à nez avec une truffe humide. Un coup de langue bleue lui balaya la figure. Alex se recula surpris et aperçut alors deux pattes qui grattaient à toute vitesse. Un passage se dessina alors. Le petit garçon s’y engouffra, passa sous la haie et découvrit alors son nouvel ami qui remuait la queue de plaisir. Un superbe Chow-chow le regardait avec des yeux remplis d’amour. Alex enfouit ses mains dans la tête de lion toute douce. Il n’avait jamais vu un tel animal. Quand celui-ci se coucha à ses pieds, il n’hésita pas, il grimpa sur son dos. Alors le chien se leva doucement et tous les deux, ils partirent à la découverte du jardin.
Fleurs à profusion multicolores, allées recouvertes de jolis cailloux rosés, Alex se voyait le chef de ce royaume. Il regrettait son costume de chevalier, avec son épée et son bouclier, il aurait été magnifique.
« Charlot ? Charlot ? »
Une petite voix inquiète appelait. Le chien dressa les oreilles et se mit à courir. Alex se cramponna à la crinière pour ne pas tomber.
S’ensuivit alors une course effrénée à travers les pelouses. Il stoppa net aux pieds d’une petite brunette en larmes devant le perron de la grande bâtisse. Alex passa par-dessus la tête  de l’animal et s’écrasa à plat ventre. Vexé et un peu étourdi par la chute il resta au sol.
- Tu t’es fait mal ?
Le chien, du museau, bousculait le gamin pour qu’il se relève. Alex se mit debout, regarda ses genoux écorchés et ravala ses larmes. Il n’allait pas pleurer devant une fille quand même !
- T’as mal ? la fillette montrait ses genoux.
- Non.
- Comment tu t’appelles ? Moi c'est Rose.
- Alex.
- Bonjour Alex. Elle lui fit un bisou sur la joue. T’as plus mal ? Maman me fait toujours un bisou magique quand j’ai mal.
Ils avaient les mêmes mamans, lui aussi avait droit au bisou magique quand il avait mal.  Il regarda mieux la petite fille : deux couettes avec des élastiques roses, des yeux bleus…
- J’ai quatre ans, et toi ? Elle n’attendit pas la réponse et se blottit contre son chien.
- Tu as fait connaissance avec Charlot ? Il est beau hein ? Il est rien que pour moi, mais je veux bien le partager avec toi. T’habites où ? moi, ça ne fait pas longtemps que j’habite ici. Mon papa, il voyage beaucoup et ma maman est triste quand il n’est pas là, alors il lui a acheté une grande maison avec des fleurs pour qu’elle soit moins triste.
Alex commençait à avoir vraiment mal à ses genoux, ça piquait, et quand il baissa la tête et qu’il vit du sang couler il eut du mal à retenir ses larmes.
- Pourquoi tu pleures ? Rose de sa petite main les essuya.
- Viens maman va te soigner.
Pris de panique à l’idée qu’on lui mette « un truc qui pique », Alex refusa.
- Non ça va, je vais repartir.
Alors Charlot le chien s’allongea à nouveau et Alex put monter sur son dos, Rose grimpa aussi. Elle passa ses mains autour de la taille de son petit compagnon et le Chow-chow se mit en route doucement. Arrivés devant la haie, le chien s’allongea à nouveau et les enfants purent descendre. Alex fit une dernière caresse à l’animal et regarda Rose :
- Je vais passer sous la haie ma maison est de l’autre côté, je viens d’emménager.
- Je peux venir avec toi ?
- Et ton chien tu vas le laisser tout seul ?
- Non, il me suit partout. Il peut ?
Alex hésita, ses parents ne voulant pas d’animal chez eux. Mais peut-être qu’ils seraient trop occupés pour s’en rendre compte.
- D’accord, viens avec ton chien. Tu me suis.
Il passa le premier et se retrouva dans son jardin qui lui parut bien petit. Rien n’avait changé à part papa qui lui faisait de grands signes et accourait vers lui à grands enjambées.
- Où étais-tu passé Alex ? Combien de fois faudra-t-il te dire de nous avertir quand tu pars dans tes excursions bizarres.
- J’étais juste de l’autre côté. Je te présente Rose et son chien Charlot.
Les bras croisés et le regard sévère, son père le fixait.
- Tu recommences Alex ?
Le petit garçon se retourna et ne vit personne. Il se baissa pour montrer le trou dans la haie, le chien n’avait peut-être pas pu passer. Rien. Il regarda ses genoux et soupira.
- Pardon papa, je ne recommencerai plus. La tête basse, il repartit vers la maison, grimpa l’escalier et s’enferma dans sa chambre. Zébra l’attendait sagement sur son lit. Il regarda par la fenêtre. Rose lui faisait signe et Charlot aboyait joyeusement en sautant autour d’elle. Il entendit son père crier :
- J’espère que ce chien ne va pas aboyer toute la journée !
Charlot se tut aussitôt et Rose envoya un baiser du bout des doigts à Alex.
Mais ça c’était de l’autre côté.


lundi 27 novembre 2017

Gourmandises en Haïkus



Chocolat léché
sur la glace vanillée
plaisir assuré


Crêpe au chocolat
avec de la chantilly
cuillère à la main




Épaule voilée
par vent coquin dénudée
épaule à croquer












jeudi 2 novembre 2017

Novembre sous la couette

Ce n’est pas ta faute si ce n’est pas la fête !
Novembre, tu as une mauvaise tête !
Gris et pluvieux,
Tu nous rends grincheux !
On n’a qu’une envie mon vieux,
Rester sous la couette !

À fleurir les tombes
De nos anciens
Avec des couronnes en ronde
On a le cœur chagrin !

Fêtons l’armistice
Sans artifice,
Fleurissons nos monuments
Rappelons-nous c’est important !

Patronne des musiciens
Musique Maestro
Sainte Cécile nous fait du bien
En novembre c’est cadeau !
Arrive Sainte Catherine,
Et ses beaux chapeaux
Pour les copines
Qui cherchent leur hidalgo !

Tout arbre prend racine,
Perdons notre humeur chagrine
Préparons le printemps,
Novembre c’est le moment !

Finalement Novembre
Ce n’est pas ta faute
Si à cause du froid on tremble
Tu as quand même un peu la cote !

Mois d’avant noël
Mais oui la vie est belle !
Quittons la couette
Et faisons la fête !