Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 27 juillet 2018

La balançoire de Petit Paul



Petit Paul a chaud, trop chaud. Il regarde par la fenêtre et aperçoit le jardin d’en face.
Tiens, des nouveaux voisins. Il est curieux Petit Paul. Il se penche un peu plus et se fait disputer par son papa qui le voit de la terrasse.
— Combien de fois Petit Paul devrais-je te dire de ne pas te pencher par la fenêtre !
— Mais il y a les barreaux je ne peux pas tomber !
— Descends tout de suite !
Petit Paul obéit en râlant. Il descend et sort dans le jardin.
  Je voulais juste voir les nouveaux voisins. Il y a une balançoire, tu as vu ?
  Non, je ne m’occupe pas des voisins, moi.
  Il y a une balançoire je te dis !
Papa haussa les épaules et ne répondit pas. Il continua à faire ses comptes. Il était assis sur la terrasse face à son ordinateur. Petit Paul l’abandonna et s’approcha de la haie voisine. La balançoire grinçait. Il y avait quelqu’un dessus. Il était trop petit pour voir, même sur la pointe des pieds. Il soupira. Il jeta un œil vers la fenêtre de sa chambre. De là-haut il y verrait nickel. Tant pis, il allait remonter dans sa chambre quand la clochette du portillon retentit. Papa se leva aussitôt.
— Bonjour, je suis votre nouveau voisin Francesco, et je voulais me présenter ainsi que ma petite fille Pilou.
Papa serra la main du nouveau venu et se tourna vers son petit garçon.
— Petit Paul, viens faire connaissance avec ta nouvelle petite copine.
Le petit garçon regarda la petite brunette aux yeux bleus qui baissa la tête aussitôt avec un sourire en coin.  Francesco reprit en regardant le petit garçon :
— Veux-tu venir faire de la balançoire avec Pilou ?
— C’est gentil ! Vas-y mon bonhomme, tu en meurs d’envie.
Petit Paul suivit Pilou et Francesco à la maison voisine. Les deux enfants se regardaient muets tous les deux. C’est Pilou la première qui grimpa sur la balançoire.
— Je sais en faire toute seule, regarde.
En effet, Petit Paul surpris ouvrit de grands yeux. Pilou se balançait de plus en plus haut, alors que pas un adulte ne l’avait aidée à démarrer. Lui, il fallait que Papa ou Maman le démarre, comme il disait, sinon, il n’arrivait pas à démarrer. Admiratif, il ne lâchait pas la petite du regard.
— T’as vu, je sais même m’arrêter toute seule.
Elle freina des deux pieds sur le sol et sauta en bas de la balançoire sans se casser la figure.
— Regarde, je sais aussi en faire debout.
Agile comme un singe, elle sauta des deux pieds sur la planche, attrapa la corde et commença à fléchir les genoux d’avant en arrière. Elle riait toute seule parce que le vent lui soulevait sa robe.
— Tu veux en faire ?
Elle lui tendait la planche pour qu’il vienne s’asseoir mais le petit garçon hésita.  Perdu dans ses pensées, il ne s’était même pas rendu compte qu’elle était descendue.
— Tu veux que je te pousse ?
Petit Paul avait perdu sa langue. Il n’osait pas dire qu’il ne savait pas trop en faire de la balançoire, mais comment se sortir de ce guêpier sans passer pour un nul aux yeux de sa nouvelle petite copine. C’est Francesco qui le sortit sans le savoir de cette situation gênante.
— Je vous ai apporté le goûter. Tu aimes les jus de fruit Petit Paul ?
— Oui merci, je veux bien !
— Papa, il ne sait pas faire de la balançoire, mais moi je sais !
— C’est pas vrai, je sais en faire ! rétorqua vexé Petit Paul
— Alors pourquoi tu ne veux pas monter …
— Je n’ai plus envie, je vais rentrer chez moi !
— Mais attends, cria Pilou.
Mais Petit Paul tourna les talons et repartit chez lui. Son papa le regarda rentrer en trainant les pieds signe chez lui qu’il était perturbé.
— Déjà ?
— Hum !
Il s’assit par terre au bord de la terrasse et joua avec des cailloux qu’il ramassait et jetait au fur et à mesure. Son papa vint le rejoindre.
— Qu’est-ce qu’il se passe ?
— La fille elle sait faire de la balançoire.
— Toi aussi non ?
— Je ne sais pas démarrer tout seul.
— Elle si ?
— Oui, c’est nul !
— Pourquoi c’est nul ?
— Je vais passer pour quoi si je ne sais pas me lancer tout seul hein ?
— Ce n’est pas très grave Petit Paul.
— Oui n’empêche que si j’avais une balançoire ici je pourrais m’apprendre.
Papa éclata de rire.
— C’est donc ça ! En fait, tu es en train de me dire que tu voudrais une balançoire. Que la nouvelle petite voisine sache en faire n’est pas le problème.
Petit Paul regarda son papa et sourit.
— Il n’y a pas de place ici mon bonhomme !
— C’est le même jardin qu’à côté et elle, elle en a une.
Papa soupira.
— Tu sais bien que ta maman…
— Qu’est-ce qu’elle a encore faire Maman ?
Elle arrivait tout sourire avec le plateau du goûter. Décidément, les parents étaient tous pareils.
— Les nouveaux voisins ont une balançoire dans leur jardin, dit Petit Paul plein d’espoir.
— Oui et alors ? lui répondit sa maman
  Ben…
— Papa t’a dit qu’on allait … reprit sa maman.
— Avoir une balançoire ? C’est vrai ?
Maman regarda Papa et dit :
— Y réfléchir !
— Vrai de vrai ?
Petit Paul se mit à sauter et à courir partout en riant.
— Je vous aime plus que toute ma vie… Alors vous avez réfléchi ? On y va l’acheter ?




lundi 23 juillet 2018

Il était une sorcière




 — Tu ne vas pas recommencer Samantha, je te répète que je ne suis pas une sorcière. Cesse de divaguer et de t’inventer des histoires. Tu as passé l’âge quand même ! Vraiment tu m’agaces, oui je suis en colère et je t’appelle Samantha. Ce n’est pas parce que tu portes le même prénom que la sorcière bien aimée du feuilleton que tu peux en devenir une, ça n’existe pas et tu le sais !
— Pourquoi ça n’existerait pas hein ? Je tortillonnerai mon nez comme ça (elle fit une horrible grimace) et d’un claquement de doigt mes problèmes disparaîtraient.
Nicky, son amie depuis le lycée retint un sourire. Sam l’émouvait.
— C’est Joséphine, tu sais l’ange gardien, qui claque des doigts, murmura-t-elle malicieusement.
— Rigole va ! Je sais bien moi, que tu es une sorcière. Ta maman en était une et ta grand-mère avant aussi.
— D’où tu tiens ça ? Mamie et Maman savaient soigner par les plantes, ça ne fait pas d’elles des sorcières.
— Elles faisaient passer le feu aussi et étaient guérisseuses comme disaient les gens.
Nicky haussa les épaules.
—Toi aussi tu as hérité de leurs dons.
— Je suis ostéopathe, rien de sorcier là-dedans crois-moi !
— Faux ! Tu as vu la clientèle qui déboule chez toi de n’importe quel endroit ?
— N’exagère pas ! Tu sais, le bouche à oreilles fonctionne bien et comme je suis, on va dire « douée » pour ce métier, effectivement je ne me plains pas, je gagne bien ma vie, mais comme d’autres de mes collègues.
 S’il-te-plait Nicky, j’ai besoin de ton aide.
— Je t’écoute Sam, mais pas de sorcellerie, je…
 Je sais que tu peux le faire, j’ai rencontré ton ami…
 De qui tu parles ? Je n’ai pas d’ami particulier et tu les connais tous.
— Il s’appelle Henry.
 Je ne connais pas d’Henry.
 Normal, je suis certaine qu’il a pris un pseudonyme.
— Tu me fatigues là ! On ne dirait pas que tu as cinquante ans.
Le portable de Sam sonna, elle prit l’appel et après avoir raccroché embrassa son amie :
— Je dois récupérer JM au lycée, mais je n’abandonnerai pas !
Nicky la raccompagna à sa voiture.
— A bientôt !

— Qu’est-ce qu’il t’a pris de venir ici ? Et tu ne pouvais pas t’habiller plus discret ?
— Je t’emmène Nicky, réunion à Salem !
Elle lui donna la main et ils disparurent ensemble dans un nuage de fumée, laissant ébahie Sam qui avait oublié son sac et revenait le chercher.

— Tu veux me dire ce que tu cherches Sam ?
— Ton balai !
— Mais … Tu vas bien ?
— Maintenant tu arrêtes de me mentir Nicky. Je suis revenue hier chercher mon sac et tu m’as flanqué une ces frousses en disparaissant dans ta fumée. Allez raconte, où es-tu partie ?  C’était bien ? Mais arrête de poser ta main sur mon front je n’ai pas de fièvre.
Nicky regarda son amie qui continuait de fouiner partout à la recherche de…
— J’ai trouvé ! Sam brandissait effectivement un balai de paille. Je ne savais pas que ça existait encore ces trucs-là, tu ne peux pas avoir un vrai balai comme tout le monde.  Allez, monte dessus et fais-moi voir !
Devant la mine effarée de son amie, Sam enjamba l’ustensile :
 Alors, ta formule magique ?
— Tu ne doutes vraiment de rien toi, tu es folle vraiment.
Mais elle ne put s’empêcher d’éclater de rire
 Balai, mon gentil balai …
A la surprise des deux femmes, celui-ci s’ébroua. Sam perdit l’équilibre et se retrouva par terre.
 Tu as vu ?
Nicky se retourna et furieuse cria :
 Henry ? Arrête ça tout de suite !
Assise en tailleur au sol, Sam écarquilla les yeux. Un homme superbe, tout de blanc vêtu, se tenait assis en haut du buffet. Il riait.
 Salut Nicky !
— Tu n’as pas pu t’en empêcher hein ?
Il répéta, imitant la voix de Sam :
 Balai, mon gentil balai … trop drôle vraiment !
Il disparut du buffet et réapparut près de Sam à qui il tendit une main qu’elle saisit pour se relever :
— Sans rancune ! Henry de la Grotte en feu. Vous êtes Sam n’est-ce pas ? Enchanté !
Il faisait les demandes et les réponses, seul sans se préoccuper de la surprise qu’il avait provoqué.
 Fermez la bouche Sam ! Il n’y pas de moustique en cette saison, mais on ne sait jamais ce qu’il peut arriver avec deux sorciers dans la maison.
Il éclata de rire et alla s’asseoir sur le fauteuil près de la cheminée, qu’il alluma d’un claquement de doigt.
 Un peu frais non ? Un café ? un thé ? Un chocolat ?
Sur la table apparut alors un petit déjeuner complet, avec pain, confitures, beurre.
 Installez-vous je vous en prie !
 Fais comme chez toi surtout, ironisa Nicky.
 Pour toi !
Un superbe bouquet de fleurs des champs apparut dans ses mains. Nicky le saisit et enfouit son visage dedans.
— Comme je les aime !
 Je n’oublie pas, tu le sais bien !
 Son regard n’était que caresse. Cet homme-là était fou amoureux et ça se voyait, d’ailleurs on ne voyait que ça et Sam se leva d’un bond furieuse tout à coup en réalisant que son amie le lui avait caché.
 Nicky ? C’est ton mec ? Et tu ne m’en as jamais parlé ? Moi, ton amie depuis toujours ?
Elle en avait les larmes aux yeux.
Stupéfaite, celle-ci considéra son amie, hésita pour finalement choisir de se taire.
Sam saisit alors ses clés de voiture posées sur la table et s’enfuit en claquant la porte. Nicky voulut la retenir :
 Laisse !
Henry leva la main et Sam réapparut face à eux, abasourdie.
 Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
 Etourdie, elle avait de la peine à se tenir debout.
 Henry, tu n’aurais pas dû…
 Je ne me sens pas bien…
Elle s’effondra alors sur le sol.

 On fait quoi maintenant ? Aide-moi plutôt à la mettre sur ...
Henry claqua des doigts et Sam se retrouva allongée sur la banquette, un plaid écossais posé sur elle.
— Je n’ai jamais compris pourquoi tu t’entêtais à faire comme si tu étais une simple mortelle, ta vie serait tellement plus facile !
Nicky ne répondit pas. Son amie ouvrait les yeux et l’interrogeait du regard inquiète et quand son regard se posa sur Henry, elle voulut se lever, mais prise d’un vertige, elle préféra rester allongée.
 Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? murmura-t-elle
Nicky posa sa main sur son front, et son amie ferma les yeux.
— Bon maintenant, Henry, tu vas me dire ce que tu fais ici et à quoi ça rime tout ce cirque ?
 J’ai un marché à te proposer sœurette.
 C’est ton frère ? demanda d’une toute petite voix Sam.
Elle avait à nouveau les yeux ouverts.
 Oui, répondit son amie. Désolée de te l’avoir caché, mais c’était trop compliqué.
— Tu es vraiment une sorcière ? Et lui aussi ?
Le frère et la sœur opinèrent de la tête en même temps.
 Bon, je n’ai pas trop de temps à perdre Sam, j’ai un pari à relever.
 Non, ne me dis pas que tu as encore joué.
 Si, à Salem. J’ai rencontré Jordan, et j’ai fait un pari stupide.
— Je m’attends au pire venant de toi.
 Je l’ai perdu.
 Et …
 Il faut que je trouve une sorcière qu’il ne connaît pas et…
 Moi, Moi…
Sam levait la main comme à l’école, toute excitée.
 Tu n’es pas une sorcière, lui fit remarquer Nicky.
 Justement, son ami ne me connaît pas.
— Quelle idée fabuleuse ! s’écria Henry.
— Tu déraille là frérot, Sam n’est pas une sorcière.
 Oui, mais Jordan n’en sait rien.
— Et alors ?
— Je vais lui présenter.
— Mais… tu es idiot ou quoi ?  Il va s’en rendre compte tout de suite.
— Pas si vous me formez !
Sam était cette fois bien assise sur le canapé et les regardait dans les yeux.
— Vous n’avez qu’à m’apprendre tous les tours, jetez-moi un sort !
Les deux sorciers regardèrent la jeune femme. Nicky fit non de la tête alors que son frère avait le sourire jusqu’en haut des oreilles.
— Je ne suis pas d’accord Henry.
— C’est un jeu, ton amie ne risque rien. De toute façon, nous ne la laisserons jamais seule. C’est l’histoire d’une soirée pas plus.
—Tu crois vraiment que Jordan va se contenter d’une soirée ?
Henry balaya les objections de sa sœur, et se tourna vers Sam :
—Prête ?
Nicky leva les yeux au ciel, voulut attraper la main de son frère...

Un nuage de fumée les enveloppa tous les trois.


—Tu vas bien ?
Nicky regardait son amie.
—Je suis la même ?
Sam alla se regarder dans le miroir de l’entrée. Pareille, elle était semblable à la femme de tout à l’heure. Brune, les cheveux longs, pas moche, pas une beauté non plus à son goût.
— Bien sûr, les sorcières ne sont pas des « canons ».
— Je pensais quand même que je serais …
— Montre-moi un peu ce que tu sais faire ?  Claque des doigts, là, fais-moi apparaître des fleurs.
— Comme ça ?
Elle s’exécuta, mais rien ne se produisit.
— Normal, dit Henry qui venait de réapparaître, il faut que je sois toujours près d’elle.
Sam maugréa :
— Génial ! Une vraie nounou !
— Non mais, elle croyait quoi ta copine ? On ne devient pas sorcière d’un claquement de doigt, je vous ai jeté un sort qui n’agit que quand je suis près de vous, point. Bon, on se presse un peu, Jordan va arriver.
Nicky regarda son amie.
— Tu n’aurais pas dû, Sam !
— Mais si tu vas voir, on va bien s’amuser !

— Bonjour !
Un homme se tenait devant eux.
—Salut Jordan ! Il salua à tour de rôle son ami, Nicky puis se tourna vers Sam qui n’en menait pas large. Henry fit les présentations :
— Voici Sam ! La connais-tu ?
Le sorcier tourna autour de la jeune femme qui n’apprécia pas d’être évaluée ! Comme elle avait vu faire Henry précédemment, elle leva la main sur lui, et le stoppa net. Surprise par son don, elle faillit éclater de rire mais se rappela à temps qu’elle était censée faire ça tous les jours.
— OK, OK, sourit Jordan. Jolie sorcière, d’où venez-vous ?
Surprise par la question, Sam minauda :
— Aucune importance !
Il leva alors les bras, fit une incantation qui eut le don d’affoler le frère et la sœur. Henry ouvrit la bouche, Nicky n’eut le temps que de crier « Non », ils disparurent. Jordan et Sam étaient seuls.

C’est alors que JM le fils de Sam débarqua dans le salon :
— Dis-moi maman, tu n’as pas oublié que ce soir j’ai une soirée et que tu dois m’emmener chez …
— Vous avez un fils ?
—Non, ta mère est sortie JM, tu…
—Sa mère est sortie ? Nicky a un fils ? demanda Jordan surpris
— Non, pas Nicky… bégaya la jeune femme   
— Alors ? demanda Jordan
— Alors ? demanda JM
— Bon d’accord, c’est mon fils.
—Bravo, ça a l’air de te faire plaisir ! bougonna JM
— Mais non mon chéri, je t’expliquerai…
— Moi aussi j’ai une fille, dit Jordan.
—Elle s’appelle comment ?
— Emilie.
— Mais je vous connais…
 JM s’approcha de Jordan et lui tendit la main.
 — Bonjour, la soirée est justement chez vous ce soir, je vous ai déjà vu venir chercher Emilie au lycée, désolé de ne pas vous avoir reconnu.
Ils se serrèrent la main.  C’est à ce moment que Nicky et Henry ouvrirent la porte.
— Salut !
 JM s’approcha de l’amie de sa maman et l’embrassa.
— Je ne savais pas que tu connaissais le papa d’Emilie.
Il se tourna vers Henry, Nicky fit les présentations :
— Mon frère.
JM lui serra la main et se tourna vers sa mère :
— Maman, tu viens ?
Sam haussa les épaules et suivit son fils.

— Tu parles d’une sorcière !
— Et toi ? Je ne savais pas que tu avais une fille !
— Ce n’est pas un problème que je sache ! Elle n’est pas sorcière, avoue ! demanda Jordan
— J’avoue, c’est l’amie de Nicky !
— Ah Bravo ! Tu m’as trompé, alors j’ai gagné mon pari.
— Attends une seconde, tu te souviens quand on a fait ce pari stupide ?
—Hum ?
— Qu’est-ce que j’ai dit si tu gagnais ?
Jordan le regarda surpris.
—Je ne me souviens pas, rappelle-moi !
Henry éclata de rire.
— Où es-tu Jordan ? Allez, j’ai failli marcher…


Sam était rentrée chez elle après avoir amené son fils chez Emilie. Elle était furieuse que sa carrière de sorcière ait tourné si court. Elle allait se préparer son dîner :
— N’empêche, ce serait chouette, si le repas pouvait se préparer tout seul, une assiette sur la table, une tranche de jambon, de la salade…
Elle n’eut pas le temps de finir de parler que tout ce qu’elle avait demandé apparaissait devant elle.
— Alors ça !
Elle éclata de rire, et dit tout haut :
— Hop ! En pyjama !
Aussitôt dit aussitôt fait, elle était en pyjama. Son chat noir affolé disparut sous le buffet.
— Je suis une sorcière, je suis une sorcière !
Sam faisait la danse des Sioux au milieu de son salon en riant aux éclats. Elle s’approcha alors de sa cheminée et sourit :
— Comme dans Mary Poppin’s « chem cheminée chem chem… »
Elle n’eut pas le temps de réaliser qu’elle se retrouva perchée en haut de son toit, assise sur sa cheminée, un balai entre les jambes.
— Nonnnnnnnnnn !
Sam hurla, elle avait le vertige là-haut toute seule. Elle réfléchit et pensa très fort à son salon.
Hélas, elle était toujours sur la cheminée.

A suivre ...

mardi 17 juillet 2018

Petit Paul et Millie



Petit Paul est à la jardinerie avec son papa et sa maman. Il adore ça car il a le droit de rester devant les vitrines des petits animaux pendant qu’eux, les adultes, ils achètent des « trucs » pour le jardin.
Aujourd’hui il n’est pas le seul à avoir eu cette idée. Une petite fille est, elle aussi, scotchée à la vitrine des petits lapins.  Petit Paul est fasciné par la blondinette qui tient son doudou, un lapin blanc. En plus, elle parle. Trop doucement. Il va devoir s’approcher sans se faire remarquer et ça ce n’est pas trop son fort. Ce qu’il entend le laisse perplexe.
— Tu vois Panpan, ce petit lapin vient te voir. Il croit que tu es un vrai !
En effet, un lapinou blanc s’approchait de la vitre et de son museau essayait de toucher celui de la peluche.
— Mais il ne sait pas que tu es une peluche. Regarde, il veut te faire un bisou.
— Tu racontes n’importe quoi !
La petite fille sursauta et regarda de ses grands yeux noirs ce petit garçon qui l’interpellait.
— T’es qui toi ? demande-t-elle
— Petit Paul !
— Drôle de nom ! Pourquoi tu t’appelles Petit Paul, quand tu seras grand, tu seras toujours Petit Paul ? C’est nul !
Il fronce les sourcils Petit Paul. Il n’avait pas pensé à ça.
— Et toi tu t’appelles comment ?
— Millie.
Petit Paul ne peut rien répliquer. Ce prénom lui plait, et la petite fille aussi. Il voudrait bien trouver quelque chose à dire mais il reste muet.
— Bah c’est pas grave, Petit Paul, c’est bien aussi.  Quand tu seras grand, on t’appellera Grand Paul.
Son éclat de rire énerve un peu Petit Paul.
— T’as encore un doudou ? Moi je m’appelle peut-être Petit Paul mais je n’ai plus de doudou.  C’est nul un doudou qu’on traîne partout.
Millie rougit. Papa et Maman lui avaient dit de le laisser dans la voiture mais elle avait refusé et Maman avait cédé. Elle le regrettait à présent, si elle avait su.
Petit Paul fier d’avoir réussi à lui clouer le bec s’approcha.
— Fais voir ce lapin ?
— Il s’appelle Panpan.
Petit Paul n’avoua pas qu’il en avait un aussi de lapin, mais bleu. Il faisait le malin, mais il était resté dans la voiture sur son siège.
— Alors fais voir comment il fait des câlins …
— Regarde !
Millie colla alors sa peluche contre la vitrine et un petit lapin s’approcha à nouveau. Museau contre museau, c’était fascinant à regarder. Les deux enfants s’accroupirent côte à côte et contemplèrent en silence ce spectacle.

— Petit Paul tu viens ?
A regret, il se leva et quitta sa petite copine.
— Dis Papa, c’est vraiment mon prénom Petit Paul ?
— En voilà une question ! Non, je te rassure, ton prénom est Paul. Pourquoi tu me demandes ça ?
— Je me disais que quand je serais grand, ce serait nul de m’appeler Petit Paul, tu es d’accord ?
Papa éclata de rire.
— En effet… Je n’avais pas pensé à ça.
Il se baissa et lui chuchota à l’oreille :
— Avec Maman, nous pouvons encore t’appeler Petit Paul ? Je crois que ta maman aurait mal au cœur de voir son petit garçon devenir grand d’un coup…
— D’accord… Mais, quand il y a du monde tu m’appelles Paul hein ?
Papa hocha la tête surpris.

Arrivé à la caisse, il chercha des yeux la blondinette. Un peu déçu de ne pas la trouver, il traîna les pieds en suivant ses parents sur le parking puis grimpa dans la voiture. Il retrouva alors son doudou qu’il prit tout contre lui. Une petite tête blonde se colla au carreau :
— Je le savais que tu avais un doudou Petit Paul.  Il est très joli, c’est le même que le mien mais en bleu.
Papa sourit et adressa un clin d’œil à son fils dans le rétroviseur. Il dit un peu fort :
— Paul, tu es bien attaché ?
— Pourquoi tu l’appelles Paul ? murmura Maman
— T’inquiète c’est une histoire d’hommes !
Petit Paul sourit à son papa et regarda Millie grimper dans la voiture garée à côté de la sienne. Trop fort son Papa !


jeudi 12 juillet 2018

Les chaussettes de Petit Paul



Petit Paul ne comprend pas pourquoi Maman se chamaille toujours avec sa machine à laver. Il regarde l’engin qui tourne. A travers le hublot, il voit ses chaussettes passer et repasser devant lui. Il se dit qu’à leur place il aurait le tournis. Maman a encore roumégué (ça c’est papa qui le dit) quand elle a enfourné les chaussettes. Elle les a comptées. Elle les a rangées par paire. Papa riait, mais pas Maman. Petit Paul était inquiet quand même. Il se demandait ce qui pouvait mettre sa maman de si mauvaise humeur quand elle lavait ses chaussettes. Elles étaient pourtant belles avec les dessins. Petit Paul avait du parler tout haut car Maman dit :
— C’est justement ça le problème, les dessins !
Petit Paul ouvrit de grands yeux.  Ils étaient pourtant chouettes les motifs sur les talons : là c’était un petit ours, là un autre petit ours mais pas de la même couleur, là il souriait et là il y avait un ballon. Lui il les reconnaissait bien.

Petit Paul sursauta. Maman ouvrait le hublot de la machine. Elle était arrêtée. Maman saisit sa grande panière verte. Il l’aimait bien cette panière, Petit Paul.  Il jouait dedans et faisait comme si c’était un bateau. Il la faisait chavirer et ça le faisait rire aux éclats. Quand il y avait le linge dedans, il se faisait gronder, mais il aimait tellement se cacher dans le linge tout propre qui sentait bon, qu’il recommençait et tant pis si Maman le grondait. 
— Et voilà ! Je ne comprends pas !
Petit Paul leva les yeux.  Maman était en colère. Qu’est-ce qu’elles avaient fait encore ses chaussettes ? Il ne savait pas qu’elles vivaient comme des grandes personnes et qu’elles pouvaient s’échapper de la machine et aller se cacher. Enfin, c’est ce que Maman disait à chaque fois.

Papa arrivait à grands pas. Petit Paul se dit que ça allait encore partir en fou rire du côté de Papa. Quant à Maman, elle lui donnerait toutes les chaussettes en tas en lui disant de se débrouiller.
— Qu’est-ce qu’il se passe encore ? Tu as perdu une chaussette ? demande Papa en se retenant de rire. Le fantôme des chaussettes a encore frappé ?
— Oh ça va, arrête de te moquer. Tu vas faire peur au petit avec tes histoires de fantôme !
— Même pas peur moi ! D’abord, il n’y a pas de fantôme.
— Tu peux m’expliquer pourquoi une chaussette s’est fait la malle ?
— Les chaussettes, elles ont mal Papa ?
Papa éclata de rire. Difficile de garder son sérieux devant la tête courroucée de sa femme et du regard implorant de son petit garçon.
— Non chéri ! Maman veut dire que les chaussettes sont parties se promener.
— C’est vrai ? Elles sont parties ? Mais je suis resté devant la machine et je ne les ai pas vues sortir.
— Ah tu vois, dit Maman, quand je te dis qu’elles disparaissent je ne sais pas comment. 
— C’est le fantôme !
Papa fit un clin d’œil à Petit Paul.  Le petit garçon ne comprenait quand même pas comment pouvaient avoir disparu ses chaussettes. Papa consciencieusement reprit une à une les chaussettes. Il les rangea par paire. Effectivement, il en manquait une.
— Ah tu vois !
Petit Paul mit la tête dans la machine et cria :
— Ohé, il y a quelqu’un ?
— Tu crois vraiment qu’elle va te répondre, dit Maman
— Regarde, elle est là !
Petit Paul brandissait fièrement la chaussette manquante. Sa préférée en plus. Celle avec le petit ours qui avait un œil noir. L’autre avait un œil bleu.
— Comment tu veux que je les différencie, dit Maman, tu crois que j’ai le temps de regarder la couleur de l’œil de ton ours ?
— Oui mais moi je les aime bien mes chaussettes !
C’était sans appel !
— Et encore, il n’y a pas les miennes, dit Papa. Tu sais celles avec le léopard sur le talon, et celles où il est sur la cheville.
Il éclata de rire. Petit Paul quant à lui, remit sa tête dans la machine et cria à nouveau :
— Et toi le fantôme de la machine, tu laisses ma maman tranquille. D’accord ?