Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

samedi 31 août 2019

On a rangé les vacances


Une plage abandonnée,

Une table de ses convives débarrassée,
C’est la fin de l’été.

La pelle sur le sable soupire. Elle est restée là toute la nuit. Ce matin, elle attendait, elle espérait, mais elle avait bien senti hier que les gamins n’avaient plus le même enthousiasme. À regret, ils l’avait abandonnée, pressés par des parents qui les houspillaient à ranger leurs affaires…

Plus de cris ne retentissent sur la plage, plus de serviettes qui traînent sur le sable. La cabane est agacée par le bruit de sa porte qui claque au vent. Mal refermée, elle n'a pas bien dormi. Le « clac clac » incessant lui a mis les nerfs à vif.

Elle aurait bien aimé encore sentir le parfum du café, du chocolat, et du pain frais rapporté tout chaud de la boulangerie. Mais c’en est fini de ces parfums. La terrasse est déserte et le silence lui brise le cœur. Elle appréciait bien quand tout ce petit monde l’entourait. Les rires fusaient de part en part, et les « passe-moi le beurre » et les « tiens, attrape » lui manquent ce matin.

Quand la pelle rejoint la cabane de plage pour s’y endormir pendant tout l’hiver, elle choisit de se caser sur le banc à l’intérieur pour qu’elle soit vue immédiatement lorsque la porte s’ouvrirait.
— Ce n’est pas la peine, tu sais, murmure la cabane. L’année prochaine, tu ne seras plus assez jolie, ils arriveront avec la leur.
— Je ne veux pas aller à la poubelle, pleure la petite pelle.
— Cache-toi bien, et peut-être que tu auras de la chance.

Quand les volets se referment pour de bon, la maison respire un grand coup. Sa charpente alors craque. Elle va devoir se mettre en veille pendant de longs mois jusqu’à l’année suivante, à moins qu’elle plaise à une famille qui préfère le calme et la douceur du soleil.
Elle essaie de garder en elle, tous les parfums qui lui ont fait tant de bien pendant la saison estivale. Car ceux de l’hiver, elle ne les apprécie guère. Cette odeur de renfermée lui pique la gorge, et la poussière qui s’accumule sur les meubles l’a fait éternuer. Courageuse, elle ferme les yeux, et s’endort.

L’été est bien fini, même si la saison est encore là. Septembre se profile peu à peu et avec lui ses soirées raccourcies et plus fraîches.

 Las, au revoir août, à l’année prochaine, les vacances sont bien rangées.




samedi 3 août 2019

Le petit fantôme amoureux


Consigne pour ce texte : Un paragraphe en vers. Une romance. Présence de fantômes. Lieu, une librairie. Intégrer le mot  hexakosioïhexekontahexaphobie.

C’est à la petite et vieille librairie
Qu’un monsieur tout rabougri
Mais pourtant à la mine réjouie
Fermait toujours sa porte à midi.

C’est alors qu’il écoutait. Parfois ça prenait du temps. Mais aujourd’hui, un bruit inhabituel le surprit. Il ne reconnaissait pas ces petits soupirs qui peu à peu se transformaient en sanglots. Il chercha d’où pouvait bien venir ce bruit quand Arthur dégringola de l’étagère du haut.
— Elle pleure, il faut l’aider.
Le petit fantôme eut du mal à traîner son boulet qui ne le quittait pas et pesait comme un âne mort. Qu’est-ce qu’il en voulait à ce satané auteur qui lui faisait porter ce truc ultra lourd, et ça depuis belle lurette, depuis le début de son histoire exactement. Il aurait bien aimé être comme Oscar qui pouvait voler comme il voulait, mais apparemment l’auteur n’avait pas eu la même bonne idée, histoire d’époque peut-être.
Arthur était amoureux de la petite fantôme qui vivait dans le livre de la 3e étagère tout en bas de l’escalier. Il l’avait rencontrée par hasard, au détour d’une page, quand un enfant avait ouvert le livre par mégarde. Du haut de son étagère presque au plafond, il l’avait aperçue. Elle n’avait pas de boulet elle non plus et sa robe orange qui scintillait de mille feux lui faisait penser aux flammes dans la cheminée. D’ailleurs, il voulait lui dire qu’elle éveillait en lui plein de choses , qu’elle brillait dans son cœur. Il souhaitait lui murmurer qu’elle était la femme de ses rêves et qu’elle éclairait ses nuits. Oui, il avait vu que c’était écrit dans son livre, il pouvait le répéter parce que dans son histoire, le monsieur qui avait dit ça avait rendu très heureuse la dame.
Sauf que le temps qu’il descende avec sa boule accrochée à son pied, Oscar était arrivé avant lui et avait commencé à feuilleter les pages pour rencontrer l’objet de ses rêves. Orangette qu’elle s’appelait. Il ne s’était pas foulé l’auteur. Sans doute que c’était sa robe qui l’avait inspiré, à moins que ce soit le contraire.
— Pourquoi tu pleures ?
— C’est moi d’abord qui lui demande !
Arthur armé de sa chaîne finalement bien pratique la brandissait pour faire reculer Oscar.
— Ne vous chamaillez pas mes amis, les interrompit le vieux libraire. Je ferme ma boutique pour que vous puissiez vous évader un peu, n’en profitez pas pour vous battre. Que se passe-t-il ?
— C’est Arthur, il est amoureux, il est amoureux.
Oscar, un fantôme dans la fleur de l’âge volait en rond autour du lustre délabré, ramassant au passage toutes les toiles d’araignées.
— Pourquoi tu pleures ?
Arthur s’approchait de sa belle, qui, recroquevillée au fond de sa page, tremblait de trouille.
— J’ai peur !
— Ben pourquoi, tu ne risques pas grand-chose, l’histoire est écrite.
— J’aime pas la page 666.
Arthur qui voulait faire le fanfaron sourit :
— Ah tu souffres de hexakosio… hexakosioi…
— hexakosioïhexekontahexaphobie, souffla Oscar
Vexé le petit fantôme répondit :
— J’allais le dire, tu m’as coupé la parole.
— Vas-y alors, dis-le !
— Ce n’est pas bientôt fini tous les deux, rugit le vieux monsieur en brandissant sa canne. Encore un mot,  je vous renferme dans vos livres à tout jamais.
Orangette pleura de plus belle.
— Je veux sortir d’ici, je n’aime pas cette page, j’ai peur. Trop de 6, je veux sortir.
— C’est quoi ton histoire, demanda Arthur, intéressé.
— Je suis prisonnière, et je ne peux pas sortir de ma chambre. J’aurais bien aimé être comme Raiponce, avoir des longs cheveux, j’aurais pu passer par la fenêtre.
— C’est vrai qu’il t’a pas raté ton auteur, avec tes boucles frisées comme un mouton.
— Veux-tu te taire !
Arthur brandit à nouveau son boulet. Mais le libraire fatigué de ces disputes tendit sa canne et tous deux réintégrèrent leurs livres et les pages se fermèrent d’un coup sec en soulevant un nuage de poussière.
— Je vous avais prévenus. Je ne veux plus rien entendre.
Il saisit alors le livre d’Orangette et tourna les pages avec sa canne. La petite fantôme eut alors la joie de pouvoir s’échapper du volume.
Du haut de son étagère, Arthur, collé à sa couverture, regardait son amoureuse se déployer et voleter dans la librairie. Qu’elle était jolie et flamboyante et quel idiot, lui. Il avait l’air malin, scotché dans son livre. En plus, le boulet lui faisait mal. Quelle idée de se bagarrer avec Oscar, le voilà bien puni maintenant.
Orangette vint se poser sur le vieux secrétaire du libraire. Elle n’osait pas demander ce qui lui tenait tant à cœur.
— Quelle est ta requête ?
— Je vais devoir retourner dans mon livre ?
— Pourquoi l’histoire ne te plait pas ?
— J’aimerais bien aller avec Oscar.
— Mais je ne peux pas réécrire l’histoire, l’auteur ne serait pas content.
— Il est mort l’auteur !
Le vieux monsieur éclata de rire.
— Oui, mais ça ne change rien. Je ne peux pas faire ça !
— Personne ne s’en rendra compte !
Le libraire soupira et brandit sa canne. Orangette intégra alors le livre d’Arthur.

Le lendemain matin, un petit bonhomme demanda l’histoire de Merlin. 
Quand il eut le roman entre les mains, il regarda le libraire et sourit.
— C’est une nouvelle version ?
Le vieux monsieur maugréa une réponse.
— Un collector même !




jeudi 1 août 2019

Août papapaliapapa...



Merci à 3 cafés gourmands et Michel Delpech


« À nos souvenirs… »
« Pour un flirt avec toi… »
– Ohé du bateau ?
– Donne-moi ta main, et prends la mienne…
– Hey, tu m’écoutes ?
– Mais que veux-tu ? Je chante, je suis de très bonne humeur. Pour un flirt avec toi, je serais prêt à tout pour un simple rendez-vous…
– Ah oui ? Prêt aussi à m’écrire une histoire ?
– La la la la… Je pourrais tout quitter prêt à faire démodé…
– Abandonne donc ta chanson pour me féliciter de mon arrivée.
– Je ferais l’amoureux pour te câliner un peu… Je ferais des folies…
– Mais ce n’est pas possible. Je vais faire mon texte tout seul.
– La la la, un petit tour dans tes bras, au petit jour…
– Alors, je suis le 1er août, je m'installe. Juillet est parti. Il…
– Dieu que Marianne était jolie, quand elle marchait dans les rues de Paris…
– Mais tu me laisses écrire oui ? Je n’arrive pas à penser…
– Il n’y a pas si longtemps que l’on se battait pour elle… Du printemps des hirondelles…
– C’est l’été, pas de printemps, tu racontes n’importe quoi. Tu m’embrouilles. Donc, je disais, je suis le mois d’août et…
– En chantant à pleine voix, ça ira, toute la vie.
– Oui, ça ira, enfin si j’ai envie.
– Il était 5 heures du matin… j’avais mon fusil dans les mains, les chiens pressés marchaient devant dans les roseaux…
– Quoi ? c’est trop tôt 5 heures du matin, mon soleil brillait au bout des marécages…
– C’est moi qui chante août, fais ton histoire toi ! Je regardais le bleu du ciel et j’étais bien, je regardais passer les oies sauvages…
– Les oies sauvages ? Mais ce n’est pas la saison. Pendant mon mois…
– Tous ces oiseaux qui étaient si bien là-haut dans les nuages…
– Oui, j’en ai aussi des oiseaux dans mon ciel, c’est vrai.
– Oublié ce matin que tu es parisien, on se trompe de chemin et on a du chagrin, tu as peur du bonheur, acheter des tableaux, prendre des vaches en photos…
– Mais….
– Et si je monte au ciel, il y aura peut-être Joël ? Allez fais tes bagages…
– Oui pour les vacanciers, c’est vrai.
– On est les petits enfants de ce joli coin de France, le temps nous a gâtés…
– Oui justement, juillet a fait…
– J’ai la Corrèze en cathéter…
– Pas que, quand même, je suis partout…
– Palia palia… acceptez ma rengaine… on a les yeux qui brillent.
– C’est vrai, je vais faire de mon mieux.
– Viens rejoindre tes amis…
– Les repas de famille oui, les barbecues,
– On a des souvenirs en tête…
– Mais mon histoire n’a ni queue ni tête…
– La la la pailia papapaliapapapa… d’être avec vous ce soir….
– …. J’arrive, moi le mois d’août.
– Pour un flirt avec toi…
– Bon si tu veux, mais tu sais je ne dure que 31 jours.
– Ce n’était pas ma faute, si je me trompe de chemin… tu as peur du bonheur…….
Papapapaliapapa…….. Pour le meilleur et pour le pire… Bienvenue août, allez viens faire tes bagages…. papapapaliapapa…