Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

jeudi 14 février 2019

L'amour se construit sans cesse



Musique de Michel Fugain : Forteresse


L’amour se construit sans cesse
Il a tellement besoin de tendresse
Qu’à cause de tous les tourments
Il s’étouffe lentement.

L’amour a besoin de lumière
Pour briller sans faire de manière
S’afficher comme deux amants
Qui s’embrassent amoureusement

Tourne, tourne, tourne le temps
Tout autour des amants.

L’amour se construit sans cesse
Pas un jour, sans la promesse,
De s’aimer à chaque instant
Alors qu’arrive un ouragan.

Qui balaie les années de liesse,
Pourtant vous vous étiez fait la promesse
De vous aimer éternellement
Mais l’amour à fichu le camp.

Tourne, tourne, tourne le temps
Tout autour des amants.

L’amour se construit sans cesse,
Même dans les moments de faiblesse
Il suffit parfois d’un baiser
Pour se sentir apaisé.

L’amour se fait caresse,
Quant plus rien ne le blesse
Un geste un sourire,
Et c’est le bonheur à venir.

Tourne tourne tourne le temps,
Tout autour des amants….

Tourne tourne tourne le temps
Tout autour des amants...

mardi 5 février 2019

Allez viens Muguette



Louis de La Rochefleurie avait fait un malaise cardiaque. Il avait dû être hospitalisé. Depuis qu’il était rentré chez lui, son médecin lui ayant préconisé le calme, il passait beaucoup de temps avec sa femme Joséphine qui en profitait pour le dorloter. Elle espérait qu’il allait rester ainsi, assis face à elle à lire son journal et à discuter de ses vignes.
Alors qu’il faisait un temps exécrable dehors, il posa son journal et regarda sa femme en soupirant.
— Vous voyez Joséphine, je crois que je devrais mettre de l’ordre dans mes affaires.
Sa femme le regarda et murmura :
— Ce serait bien en effet.
— Vous m’en voulez n’est-ce pas ?
— Vous n’êtes pas facile Louis avec vos enfants et même avec vos petits-enfants et arrière-petits enfants.
— Vous parlez de Paul ? Le fils d’Aline ?
— De qui voulez-vous donc que je parle, je n’en vois pas d’autres.
Louis soupira.
— Il faut que je vous avoue quelque chose Joséphine.
Sa femme leva les sourcils et sourit :
— Allez-y je vous écoute.
— Comment vous dire…
— Je vais vous faciliter la tâche Louis. Vous souhaitez sans doute me parler de Jasmin et de Fleur, les enfants de Viviane ?
Devant la mine stupéfaite du patriarche, elle éclata d’un rire doux et cristallin.
— Il n’y a pas que vous qui avez vos petits secrets. Les parents de Viviane sont venus vous voir, je le sais. Vous leur avez fait promettre de garder le silence vis-à-vis de votre petit fils Jasmin, en leur offrant une belle somme qui permettrait d’élever le bébé. Ce que vous n’aviez pas prévu c’est que Viviane aurait des jumeaux et qu’elle les appellerait de ces prénoms de fleurs.
— Vous n’avez jamais rien dit à votre petit fils ?
— Jamais. Même quand vous lui faisiez tant de mal avec vos réflexions absurdes sur sa prétendue stérilité. Vous avez de la chance d’ailleurs qu’il n’ait pas eu d’autres enfants avec votre bêtise…
— En attendant, je ne sais pas comment arranger les choses maintenant. Il ne parle plus de … Comment s’appelait-elle d’ailleurs cette jeune femme ? Ah oui Muguette…
Le patriarche sourit à ce souvenir et se frotta la joue.
— Elle ne m’a pas raté ce jour-là.
— Vous l’aviez bien mérité.
— Vous avez raison. Croyez-vous qu’il la voie encore ?
— Non, elle ne veut plus en entendre parler. Vous vous rendez compte j’espère qu’avec vos idées absurdes et votre caractère de cochon, vous avez fait beaucoup de mal.
Il avait bien changé le grand-père pour ne pas réagir à la réflexion de sa femme.
— Comment faire pour qu’elle revienne ici ? Avez-vous ses coordonnées ?
— Comment voulez-vous que je sache ça Louis ? Je n’ai pas un annuaire dans la tête.
Pétunia qui passait par hasard répondit à sa grand-mère :
— C’était avant, les annuaires Mamie, ça n’existe plus.
— Bien sûr que si ! ronchonna la grand-mère. Tiens, tu pourrais peut-être nous aider toi qui sais toujours tout.
— Vas-y, dis-moi !
— Sais-tu où je pourrais joindre la jeune femme qui sortait avec ton frère.
— Tu veux parler de Muguette ?  Je peux savoir ça, en effet.
La jeune fille sourit.
— Et tu souhaites quoi cette fois ? Une nouvelle robe ? Un nouveau manteau ?
— Tu comprends toujours tout Mamy mais non, je n’ai besoin de rien. Je te trouve ça gratos !

Félicie sentit son portable vibrer dans sa poche alors qu’elle était en train de préparer un bouquet pour une cliente. Un coup d’œil sur le numéro la renseigna aussitôt. Elle termina pourtant son travail, et attendit que la cliente ait quitté la boutique pour rappeler sa sœur.

— Pas question !
Muguette bougonnait dans le téléphone.
— Pour qui il se prend lui !
La grossesse de la jeune femme la rendait encore plus jolie. L’air de la mer lui faisait le plus grand bien et elle n’avait pas du tout envie de replonger dans l’atmosphère pesante de la grande bâtisse.

Quelques jours plus tard Pénélope accueillait un couple quand elle vit s’arrêter devant chez elle un taxi. Surprise, car elle n’attendait personne, elle s’excusa auprès de ses invités et s’avança devant la dame distinguée aux cheveux blancs qui descendait de la voiture.

— Jasmin, je peux te parler, mon garçon !
Surpris par le ton de son grand-père, alors qu’il rentrait d’une journée semblable à toutes les autres avec les récriminations de ses collaborateurs qui n’en pouvaient plus des questions sur l’impôt prélevé à la source. Il posa son manteau sur l’accoudoir du fauteuil, et embrassa son grand-père.
— Tu vas de mieux en mieux, je trouve.
— Merci, je trouve aussi. Dis-moi…
Il hésita ce qui n’était pas dans ses habitudes.
— As-tu des nouvelles de Muguette ?
Jasmin le regarda avec surprise.
— Muguette ? Mais…
— As-tu de ses nouvelles oui ou non ?
— Ne t’énerve pas. Je te rappelle que c’est à cause de toi que je ne la vois plus. Elle ne veut même plus me parler.
— Pourtant tu sais bien que cet enfant est le tien.
— Tiens donc, en voilà une belle nouvelle. Tu m’as assez fait…
— Pas de grossièreté sous mon toi, tu veux bien. Oui, je t’ai emmerdé, j’avoue !
Jasmin ne put s’empêcher de sourire.
— J’aimerais que tu la recontactes. J’aimerais bien connaître mon petit fils ou ma petite fille avant de mourir.
— Tu n’es pas près de mourir et c’est une petite fille.
— Il y aura donc deux arrière-petites-filles ici.
— Comment ça deux ?
— Ne fais pas l’imbécile, je sais que tu as eu deux autres enfants avec Viviane, la gamine amoureuse de toi quand tu avais 15 ans.
— Comment ? Tu savais ça aussi ? Moi, je viens de l’apprendre. Et pendant toutes ces années, tu m’as bourré le crâne répétant que je ne pouvais pas avoir de gosse, mais tu es ignoble.
— Calme-toi mon garçon, je veux justement arranger les choses.
— Arranger les choses ? Et comment vas-tu t’y prendre ? Les enfants de Viviane ont 20 ans. Tu crois qu’ils vont être ravis de te connaître ?
— Quand j’annoncerai la somme que je vais mettre à leur nom sur leur compte en banque, je ne pense pas qu’ils fassent une triste mine.
— L’argent, l’argent, tu n’as que ce mot à la bouche. As-tu pensé au mal que ça va faire ? Comment vont réagir les parents et grand-mère ?
Devant le silence de Louis, Jasmin rugit :
— Ne me dis pas que tout le monde était au courant ?
— Seulement Joséphine, tes parents n’en savent rien.
— Et grand-mère t’a toujours laissé me faire autant de mal ? Mais… qui êtes-vous donc comme grands-parents ?
Il saisit son manteau et laissa son grand-père. Le moteur de la voiture rugit et les gravillons volèrent dans tous les sens sous les crissements des pneus.
— On voit bien qu’il a les sous pour payer les pneus, ce gamin ! ronchonna Louis

— Je vous en prie, je serais tellement heureuse que vous veniez chez nous. Mon mari est au courant de ma visite et c’est lui qui souhaite vous rencontrer à nouveau.
Joséphine était assise dans le salon d’accueil devant Muguette qui n’en croyait pas ses yeux de voir cette vieille dame élégante, venue exprès pour elle.
— Ma réponse est non, je n’ai plus rien à voir avec votre famille. Ma petite fille grandira avec moi et sa grand-mère, un point c’est tout.
— Jasmin a quand le même le droit de voir et connaître sa fille, et moi en tant que…
— Rien du tout, vous ne serez jamais rien pour elle.
Le portable d’Elisabeth émit alors une discrète sonnerie. Elle s’excusa et décrocha.

— Tu te rends compte Angelo, ils savaient tous que j’avais déjà deux enfants.
Jasmin avait déboulé dans la boutique heureusement vide de son ami.
— Que comptes-tu faire ?
— Fuir, partir, disparaître.
— Je ne te savais pas si lâche ?
— Lâche ? Moi ?
— Bats-toi Jasmin, merde !  Tu n’as pas élevé tes deux premiers gamins, alors essaie au moins d’être là pour la troisième.

— Allô ? Paul ?
— Grand-Mamie ? Je suis content de t’avoir au téléphone, je voulais passer te voir pendant les vacances de février ? C’est maman qui m’a dit de t’appeler.
— Bien sûr mon chéri, je serais ravie de t’avoir à la maison. Je ne peux pas trop te parler mon bonhomme, je ne suis pas chez moi.
— T’es où ?
— Pas loin de l’océan, je crois que c’est là que tu es allé en week-end, il n’y a pas longtemps, Je vois ta photo dans l’entrée.
En effet, Pénélope avait l’habitude de prendre des photos des enfants de ses hôtes avec leur accord bien entendu. Elle faisait ainsi un joli pêle-mêle qu’elle changeait régulièrement. Quelquefois les parents acceptaient aussi d’y participer.
— Tu es chez Muguette ? Tu peux me la passer ?
Surprise, Elisabeth, regarda la jeune femme et demanda :
— Vous connaissez mon arrière-petit-fils Paul ? Il veut vous parler.
Muguette tendit la main.
— Coucou Muguette ? Dis tu veux bien venir aussi chez ma grand-mamie pendant les vacances.  Souvent, il y a mon parrain qui vient. Je l’aime bien parce qu’il est rigolo et qu’il me fait toujours des chatouilles, il joue toujours avec moi au ballon, et là il veut m’apprendre à faire du vélo. Je suis sûr qu’il te plaira, tu sais, il s’appelle Jasmin.  Allez viens Muguette !

vendredi 1 février 2019

La Fée Vrillée




— Pourquoi tu pleures ?

                           
Il ne faisait pas chaud encore. Le soleil se faisait timide, les bulbes dans les jardins arrivaient juste à passer la tête mais personne n’aurait pu déjà dire de quelle couleur serait la fleur. A peine pouvait-on savoir si une tulipe ou une jonquille allait s’épanouir.
— Pourquoi tu pleures ?
— Parce que vous êtes jolies et pas moi.
— Toutes les fées de la nature sont belles, tu le sais bien !
— Regarde, la fée rouge volette autour des fleurs qui auront la même couleur qu’elle. La fée blanche, on dirait une danseuse.
Elle baissa la tête et regarda celle qui lui parlait :
— Et toi ? Tu as vu comme tu es jolie avec ta grande fleur dans les cheveux et ta tresse enroulée. Comme j’aimerais pourvoir faire pareil avec mes cheveux, mais tu vois j’ai deux grandes ailes dont je ne sais pas quoi faire, je n’ai pas de boucles, ni de chignon, je ne ressemble à rien.
— Pourquoi tu parles si doucement ?
— Parce qu’on me dit toujours que je vrille les oreilles de tout le monde. Je m’appelle la Fée Vrillée.
Elle baissa la tête.
— Tu ne me vrilles pas les oreilles à moi. Et puis tu sais…
La fée tressée s’approcha et murmura :
— Si tu enlèves l’accent à Vrillée, tu deviens une figure acrobatique du plus bel effet.
— Oui, mais je deviens la Fée Vrille, et je ne serais pas ici aujourd’hui.
La petite fée releva quand même la tête et répondit :
— Mais ça me plait bien la Fée Vrille.
La fée rouge qui avait entendu la conversation ajouta :
— Moi qui aime les fleurs, je sais que la Vrillée aussi appelée faux liseron existe. Tu es aussi une fleur. Ne sois pas triste. Tu ne devrais pas changer de nom, si tu as un accent garde-le, il sert à quelque chose. SI tu savais le nombre d’humains qui revendique leur accent …
La fée blanche, la plus chipie, éclata de rire. Son rire cascada sur la rosée et laissa de ci de là des perles nacrées.
— Ecoute, ne change rien, car si la fée tressée rajoutait une lettre, elle deviendrait la fée stressée et crois-moi, ça ne lui conviendrait pas du tout. Reste la Fée Vrillée, ça te va très bien. Viens, je vais t’arranger tes cheveux, je vais te les nouer comme le liseron, tu seras toute jolie et essuie tes larmes.
— Oui mais ma voix qui vrille les oreilles alors ?
— C’est des bêtises tout ça, reprit la fée rouge, les humains ne peuvent pas nous entendre et ils ne se demandent même pas qui sème la rosée le matin, fait éclore les fleurs, recouvre de givre les arbres, non, ils se disent c’est la nature, mais la nature c’est nous.
— Oui, si tu savais le mal que l’on se donne pour redonner une belle allure à cette nature bien souvent maltraitée, reprit la fée tressée, que finalement je vais vraiment devenir la fée stressée.
En entendant cela, elles exhalèrent un profond soupir qui eut le don de faire voltiger les cheveux de petite fée à la coiffure indomptée. Comme dans un rêve, elle les vit se nouer comme la vrillée sauvage dont elle portait le nom. Ses ailes se déployèrent et elle s’éleva dans les airs en riant aux éclats.
En chœur ses nouvelles amies applaudirent et crièrent tout en la rejoignant :

— Bienvenue parmi nous Fée Vrillée