La soirée à la pizzeria
s’était terminée sans dessert. Muguette aurait bien voulu prendre une banana
split mais vu le peu d’enthousiasme de ses amis, elle s’était inclinée. Jasmin
avait voulu la ramener et Angelo s’était proposé pour emmener Félicie, mais les
trois filles décidèrent de repartir ensemble et les trois hommes se
retrouvèrent seuls sans avoir rien compris. Jasmin et Angelo amis depuis longtemps,
d’un commun accord partirent de leur côté après avoir proposé à Thomas de les
suivre pour un dernier verre. Mais
celui-ci, surpris que sa femme l’ait planté sans un mot et sans un regard,
déclina l’offre et rentra seul chez lui, la mine basse.
— Alors on la prend ailleurs cette banana split ?
s’exclama Muguette qui décidément y tenait.
—
Franchement je n’en ai pas envie du tout, ronchonna Prune.
— Ecoute,
tu ne vas te priver de dessert parce que ton homme avait une copine avant toi… Allez
viens, tu verras le chocolat, c’est le remède à tous les maux !
— Muguette, je n’en ai pas envie, vraiment ! Je
voudrais juste être seule et…
— Pourquoi tu es venue avec
nous ? dit Muguette. Si c’est pour faire la tête, autant la faire à ton
homme, nous n’y sommes pour rien, nous !
—
Lâche-là un peu, dit Félicie, tu vois bien qu’elle n’encaisse pas !
— Tu m’étonnes, une minette
pareille qui débarque en se disant qu’elle était la première fiancée de ton
chéri ! Sûr que ça ne fait pas plaisir !
— Tu te tais maintenant ? cria
Prune, faisant retourner les passants. Ce n’est parce que toi tu es seule que
tout le monde doit l’être aussi !
—
Je ne suis plus seule je te signale !
— Tu parles, même pas fichue d’annoncer
rien qu’à ton homme que tu avais trouvé une maison. Tu parles que tu n’es plus
seule. Tu réagis toujours comme si tu étais seule. Tu vas voir qu’il va te
planter et là tu feras moins ta maligne !
—
Stop les filles ! Arrêtez de vous donner en spectacle et venez chez
moi ! les coupa Félicie
— Je peux rester chez toi pour la nuit ?
demanda Prune
— Bien sûr et …
— On se fait un bon chocolat chaud
alors ? dit Muguette en se passant la langue sur les lèvres, tu les fais super
bien, ma Féli !
— Va pour le chocolat chaud !
Les
trois amies bras dessus bras dessous rejoignirent la voiture de Félicie.
Thomas
n’avait pas l’habitude de se trouver seul chez lui. Il y avait toujours sa
femme qui l’attendait soit au salon, soit à la cuisine. Il sentait toujours sa
présence. Mais là, la maison lui semblait bien vide. Fred était chez des amis.
Heureusement d’ailleurs, il ne savait pas comment il aurait pu expliquer à son
fils que sa mère ne rentrait pas. Parce qu’il se doutait que Prune ne
rentrerait pas ce soir-là. Il la connaissait trop bien. Elle ne lui
pardonnerait pas de sitôt cet oubli de taille. Mais quel idiot il était !
Dix-sept ans de vie commune et jamais il n’avait parlé d’Anabelle. Il faut
croire que finalement elle n’avait pas tant compté pour lui. Pourtant quand
elle lui était apparue dans le restaurant, il était resté pétrifié. Normal que sa
femme ait pensé qu’Anabelle lui faisait toujours de l’effet.
Il
grimpa dans sa chambre, s’assit sur son lit et prit sa tête dans ses mains.
Chez
Félicie, Prune était assise sur le canapé et humait la bonne odeur du chocolat
que sa jumelle lui avait préparé. Muguette se léchait déjà les babines, assise
en face d’elle. Il n’y pas à dire, rien de tel qu’un bon chocolat pour remettre
les idées en place.
— Finalement je crois que je vais
rentrer, murmura Prune. C’est idiot. Je fais confiance à Thomas depuis 17 ans,
je dois le laisser s’expliquer.
—
Tu vois qu’un bon chocolat est le meilleur remède, murmura sa sœur
—
Tu me ramènes ?
—
Pourquoi tu ne l’appelles pas ?
—
D’accord, il viendra me chercher ici et nous repartirons tous les deux…
Elle
saisit son portable et composa le numéro de son mari.
Thomas
chercha son téléphone qu’il sentait vibrer dans la poche de son jeans.
—
Thomas ?
Prune
reposa son téléphone en soupirant. Elle était tombée directement sur le
répondeur de son homme.
— Tu peux me ramener chez moi, je n’ai
pas réussi à avoir Thomas. J’espère qu’il va bien et que rien ne lui est
arrivé.
— Je te ramène bien sûr et ne te
fais pas de film…
— Je viens avec vous, enchaîna
Muguette en se léchant les lèvres. Super bon comme toujours ton chocolat.
Les trois amies refirent le chemin
en sens inverse. Prune semblait détendue et blaguait avec ses copines.
— Tu nous montreras quand même la
maison que tu as repérée ? demanda Prune
— Mais oui, vous allez voir, elle est
superbe.
— Finalement, vous comptez vous
installer ensemble alors ?
— Je crois que oui…
En disant cela Muguette sourit.
— Je suis heureuse vous savez les
filles ! Et si tout marche bien, nous pourrons faire un superbe mariage et
vous serez mes demoiselles d’honneur.
— Un peu vieilles non ? sourit Félicie
— Il n’y a pas d’âge pour être demoiselles
d’honneur. Regarde dans le film du « Mariage de mon meilleur ami » les
demoiselles d’honneur ne sont pas des gamines.
— Je pense quand même qu’elles n’ont
pas la trentaine, murmura Prune.
— Eh bien nous lancerons la mode,
voilà tout ! répondit Muguette qui avait décidément réponse à tout.
— Nous sommes arrivées. Regarde il
y a de la lumière chez toi, ton homme n’est pas couché, reprit la jeune femme
en sortant de la voiture.
Prune sortit à son tour et se dirigea
vers sa maison. C’est à ce moment là qu’une autre voiture ralentit et vint se
garer en face de la porte. Félicie fermait la sienne quand elle entendit Muguette
rugir :
— Mais je vais me la faire celle-là !
Anabelle sortait de sa voiture et
se trouvait face à Prune. Thomas qui avait entendu des bruits de portière ouvrit
la porte.
— Je croyais que ta Prune ne
revenait pas ce soir ? lança Anabelle
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire