Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

mardi 12 juin 2018

Prune, Félicie, Muguette et Thomas



La soirée à la pizzeria s’était terminée sans dessert. Muguette aurait bien voulu prendre une banana split mais vu le peu d’enthousiasme de ses amis, elle s’était inclinée. Jasmin avait voulu la ramener et Angelo s’était proposé pour emmener Félicie, mais les trois filles décidèrent de repartir ensemble et les trois hommes se retrouvèrent seuls sans avoir rien compris. Jasmin et Angelo amis depuis longtemps, d’un commun accord partirent de leur côté après avoir proposé à Thomas de les suivre pour un dernier verre.  Mais celui-ci, surpris que sa femme l’ait planté sans un mot et sans un regard, déclina l’offre et rentra seul chez lui, la mine basse. 

— Alors on la prend ailleurs cette banana split ? s’exclama Muguette qui décidément y tenait.
— Franchement je n’en ai pas envie du tout, ronchonna Prune.
— Ecoute, tu ne vas te priver de dessert parce que ton homme avait une copine avant toi… Allez viens, tu verras le chocolat, c’est le remède à tous les maux !
Muguette, je n’en ai pas envie, vraiment ! Je voudrais juste être seule et…
— Pourquoi tu es venue avec nous ? dit Muguette. Si c’est pour faire la tête, autant la faire à ton homme, nous n’y sommes pour rien, nous !
— Lâche-là un peu, dit Félicie, tu vois bien qu’elle n’encaisse pas !
— Tu m’étonnes, une minette pareille qui débarque en se disant qu’elle était la première fiancée de ton chéri ! Sûr que ça ne fait pas plaisir !
— Tu te tais maintenant ? cria Prune, faisant retourner les passants. Ce n’est parce que toi tu es seule que tout le monde doit l’être aussi !
— Je ne suis plus seule je te signale !
— Tu parles, même pas fichue d’annoncer rien qu’à ton homme que tu avais trouvé une maison. Tu parles que tu n’es plus seule. Tu réagis toujours comme si tu étais seule. Tu vas voir qu’il va te planter et là tu feras moins ta maligne !
— Stop les filles ! Arrêtez de vous donner en spectacle et venez chez moi ! les coupa Félicie
 — Je peux rester chez toi pour la nuit ? demanda Prune
 — Bien sûr et …
 — On se fait un bon chocolat chaud alors ? dit Muguette en se passant la langue sur les lèvres, tu les fais super bien, ma Féli !
 — Va pour le chocolat chaud !
Les trois amies bras dessus bras dessous rejoignirent la voiture de Félicie.

Thomas n’avait pas l’habitude de se trouver seul chez lui. Il y avait toujours sa femme qui l’attendait soit au salon, soit à la cuisine. Il sentait toujours sa présence. Mais là, la maison lui semblait bien vide. Fred était chez des amis. Heureusement d’ailleurs, il ne savait pas comment il aurait pu expliquer à son fils que sa mère ne rentrait pas. Parce qu’il se doutait que Prune ne rentrerait pas ce soir-là. Il la connaissait trop bien. Elle ne lui pardonnerait pas de sitôt cet oubli de taille. Mais quel idiot il était ! Dix-sept ans de vie commune et jamais il n’avait parlé d’Anabelle. Il faut croire que finalement elle n’avait pas tant compté pour lui. Pourtant quand elle lui était apparue dans le restaurant, il était resté pétrifié. Normal que sa femme ait pensé qu’Anabelle lui faisait toujours de l’effet.
Il grimpa dans sa chambre, s’assit sur son lit et prit sa tête dans ses mains.

Chez Félicie, Prune était assise sur le canapé et humait la bonne odeur du chocolat que sa jumelle lui avait préparé. Muguette se léchait déjà les babines, assise en face d’elle. Il n’y pas à dire, rien de tel qu’un bon chocolat pour remettre les idées en place.
— Finalement je crois que je vais rentrer, murmura Prune. C’est idiot. Je fais confiance à Thomas depuis 17 ans, je dois le laisser s’expliquer.
— Tu vois qu’un bon chocolat est le meilleur remède, murmura sa sœur
— Tu me ramènes ?
— Pourquoi tu ne l’appelles pas ?
— D’accord, il viendra me chercher ici et nous repartirons tous les deux…
Elle saisit son portable et composa le numéro de son mari.

Thomas chercha son téléphone qu’il sentait vibrer dans la poche de son jeans.
— Thomas ?

Prune reposa son téléphone en soupirant. Elle était tombée directement sur le répondeur de son homme.

— Tu peux me ramener chez moi, je n’ai pas réussi à avoir Thomas. J’espère qu’il va bien et que rien ne lui est arrivé.
— Je te ramène bien sûr et ne te fais pas de film…
— Je viens avec vous, enchaîna Muguette en se léchant les lèvres. Super bon comme toujours ton chocolat.
Les trois amies refirent le chemin en sens inverse. Prune semblait détendue et blaguait avec ses copines.
— Tu nous montreras quand même la maison que tu as repérée ? demanda Prune
— Mais oui, vous allez voir, elle est superbe.
— Finalement, vous comptez vous installer ensemble alors ?
— Je crois que oui…
En disant cela Muguette sourit.
— Je suis heureuse vous savez les filles ! Et si tout marche bien, nous pourrons faire un superbe mariage et vous serez mes demoiselles d’honneur.
— Un peu vieilles non ?  sourit Félicie
— Il n’y a pas d’âge pour être demoiselles d’honneur. Regarde dans le film du « Mariage de mon meilleur ami » les demoiselles d’honneur ne sont pas des gamines.
— Je pense quand même qu’elles n’ont pas la trentaine, murmura Prune.
— Eh bien nous lancerons la mode, voilà tout ! répondit Muguette qui avait décidément réponse à tout.
— Nous sommes arrivées. Regarde il y a de la lumière chez toi, ton homme n’est pas couché, reprit la jeune femme en sortant de la voiture.
Prune sortit à son tour et se dirigea vers sa maison. C’est à ce moment là qu’une autre voiture ralentit et vint se garer en face de la porte. Félicie fermait la sienne quand elle entendit Muguette rugir :
— Mais je vais me la faire celle-là !
Anabelle sortait de sa voiture et se trouvait face à Prune. Thomas qui avait entendu des bruits de portière ouvrit la porte.
— Je croyais que ta Prune ne revenait pas ce soir ? lança Anabelle



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