Prune
et Anabelle s’affrontèrent du regard pendant que Thomas debout devant la porte
ne savait que faire. Muguette n’hésita pas à l’apostropher :
—
Ah bravo ! Tu es nul mon pauvre mec !
—
Je ne te permets pas de m’insulter. Tu ne sais même pas ce qui s’est passé et
je ne pensais pas que Prune allait revenir ce soir.
—
C’est bien ce que je dis, tu es nul. Ta femme n’est pas là et tu n’hésites pas
à rappeler ta …
Muguette
jeta un coup d’œil sur Anabelle et termina sa phrase :
—
Ta Pouf !
—
C’est de moi que tu parles là ? se rebiffa Anabelle
—
Oui c’est de toi ! Tu t’es vue ? Tu débarques comme ça dans la vie de
ton ex après 17 ans et tu crois que tu vas repartir avec lui comme en 40 ?
Tu rêves ma pauvre fille !
—
Dis quelque chose Thomas, tu ne vas pas me laisser insulter comme ça devant ta
femme quand même !
Le
jeune homme resta muet et se gratta la tête. Muguette prit aussitôt les choses
en main et saisit son portable. Prune ne s’occupa pas d’elle et se rapprocha de
sa sœur qui était restée muette. Anabelle contemplait le tableau un rictus
sardonique sur les lèvres. Elle ne doutait même pas que Thomas lui retombe dans
les bras. En fait, elle n’en avait pas franchement envie, mais elle se disait
que ce serait chouette de filer une bonne leçon à cette pimbêche de Prune. Il l’avait
quittée, elle Anabelle, pour cette fille qui ressemblait à rien. Elle se rapprocha alors de Thomas.
—
Tu me laisses entrer ? Tu m’as bien appelée pour qu’on prenne un verre ensemble
non ?
—
C’est toi qui m’as téléphoné Anabelle.
—
Toi ou moi c’est pareil, non ? Tu étais bien d’accord pour qu’on boive un dernier
verre et peut-être plus si…
—
Tu te fais ton film Anabelle. Tu m’as appelé pour qu’on se parle et pensant que
Prune ne rentrerait pas, j’ai accepté. C’est tout !
En
disant cela, Thomas regardait sa femme. Félicie lui fila un coup de coude pour
qu’elle relève la tête :
—
C’est vrai ça Thomas ?
—
Ah ces hommes ! Qu’est-ce qu’ils n’inventeraient pas pour sauver leur tête,
ricana Anabelle
—
Thomas ? insista Prune
Une
sirène se fit alors entendre. Ils tournèrent alors tous la tête et virent
arriver une voiture de police gyrophare allumé qui freina brutalement devant
eux. Deux gendarmes sortirent alors du véhicule. Ils n’avaient pas l’air
commode. Muguette s’avança alors vers eux :
—
C’est moi qui vous ai appelés. Cette jeune femme, dit-elle en pointant Anabelle
du doigt, nous assomme avec son tapage nocturne. Voyez-vous elle est arrivée en
voiture, et j’estime que c’est un danger public sur la route, elle n’est pas dans
son état normal et si vous la faisiez souffler dans le ballon, je suis certaine
qu’elle serait positive. Elle ennuie mes amis. Nous arrivions justement quand
elle a débarqué et Monsieur, en désignant Thomas, se sentait en danger. Cette
femme n’arrête pas de crier qu’elle est sa petite amie alors que sa femme, elle
désigna Prune, est ici. Aussi, j’ai fait
ce que toute personne sensée ferait à ma place, je vous ai appelés. Je vous remercie
d’être arrivés aussi rapidement.
—
Madame, voulez-vous me suivre s’-il-vous-plait ?
—
Mais enfin, c’est faux, tout ce qu’elle raconte, je…
—
Madame, veuillez vous calmer, nous allons juste vérifier votre taux d’alcoolémie
et…
—
Mais je n’ai pas bu, s’indigna Anabelle, refusant de suivre les gendarmes.
—
Vous refusez de souffler dans …
—
Je refuse, non mais, toi tu vas me le payer, je t’assure que…
Anabelle
furieuse se rua sur Muguette qui se mit à l’abri derrière un des gendarmes en
murmurant d’une petite voix :
—
Vous voyez qu’elle est dangereuse, je vous en prie, faites quelque chose.
En
disant cela, la jeune femme se mit à trembler et les gendarmes attendris par
cette belle brune se tournèrent vers la jeune femme blonde en furie :
—
Vous allez nous suivre au poste madame sans faire d’histoire. Une petite nuit
dans nos cellules vous fera du bien.
—
Mais…
—
Pas de discussion !
En
jetant un regard noir à Muguette, Anabelle suivit les gendarmes. Muguette les
rattrapa et dit :
—
Concernant sa voiture ? Je ne voudrais pas qu’en revenant la chercher,
elle s’en prenne à nouveau à mes amis. Pourriez-vous lui demander qu’elle me
laisse ses clés et je vous suivrai.
L’un
des gendarmes se tourna vers Anabelle qui lui lança ses clés. Muguette sourit.
—
Allons-y !
Elle
se tourna ensuite vers Prune et lui glissa à mi-voix :
—
Et toi, profites en pour faire la paix avec ton homme. Pose-lui toutes les
questions que tu veux et qu’il te réponde. Eclaircis cette histoire une bonne
fois pour toute et qu’on ne me parle plus de cette pétasse. Et non, ne me
remercie pas !
En
sifflotant, Muguette suivit les gendarmes en faisant tourner les clés de
voiture au bout de ses doigts non sans faire un clin d’œil à Félicie.
—
Je n’ai pas rêvé, murmura Prune. Muguette a appelé les flics pour faire embarquer
ta…
—
Ma… rien, l’interrompit son mari. Anabelle n’est plus rien pour moi depuis
longtemps.
—
C’était ta fiancée quand même !
—
Je te raconterais tout une autrefois, je te le promets, mais ce soir, je suis
crevé. Rentrons et oublions toute cette histoire.
Se
tournant vers sa sœur, Prune la prit dans ses bras et lui dit :
—
Merci de m’avoir ramenée, merci de m’avoir fait ton chocolat, merci… d’être là
tout simplement. Je dois une fière chandelle à Muguette, je n’en reviens
toujours pas… D’habitude les gendarmes ne se déplacent pas si facilement.
—
Ils n’étaient pas des vrais gendarmes.
Félicie
éclata de rire.
—
J’ai reconnu deux vieux potes à nous qui adorent jouer à YMCA, tu sais la
chanson des « Village People ». Ils se mettraient en quatre pour
Muguette. Elle leur a trouvé une superbe maison et depuis ils font tout ce qu’elle
leur demande. Ils ne devaient pas être loin.
—
Cette muguette m’étonnera toujours !
—
Oui, si elle n’existait pas je crois qu’il faudrait l’inventer. Va savoir encore
ce qu’elle va inventer pour la voiture d’Anabelle.
—
Mais elle va bien se rendre compte qu’ils ne sont pas de vrais gendarmes …
—
Ne t’inquiète pas Prune, Muguette a de la ressource.
—
Je plains Jasmin !
—
Oui, pauvre Jasmin !
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