Pénélope était fébrile. Elle
allait accueillir pour la première fois dans sa chambre d’hôtes une célébrité.
Noël approchait et apparemment, cette personne voulait offrir un cadeau particulier
à sa famille.
— Muguette, tu veux bien
m’aider à préparer les chambres. Tout doit être nickel.
— Calme-toi maman, tu ne
passes pas dans l’émission « Bienvenue chez nous », il ne va pas te
faire un procès. Il vient juste passer un bon moment au calme.
— Il vient en famille et
il y a quand même deux gardes du corps qui les accompagnent.
— Tu sais qui c’est ?
— Tiens regarde la photo.
Muguette jeta un œil et
siffla entre ses dents.
— Ah oui quand même, le célèbre
acteur de la série qui passe tous les soirs à la télé. Pour le coup maman ça va
te faire une sacrée publicité.
— Je n’en ai pas besoin. Je
me demande encore pourquoi il a décidé de venir ici.
Toutes deux préparèrent
les chambres de la famille. Elles veillèrent scrupuleusement à ce que toutes
les serviettes soient bien disposées. Muguette riait.
— N’en fais pas des
tonnes quand même maman, ce n’est pas le président de la république quand même !
— Heureusement !
Elles éclatèrent de rire
toutes les deux.
Quand la voiture stoppa
devant le portail, les deux femmes n’en menaient pas large. Elles furent toute
de suite rassurée. Le comédien s’avança vers elle, souriant, et les mit tout de
suite à l’aise.
— Bonjour Mesdames. Vous
savez qui je suis mais moi je n’ai pas l’honneur de vous connaître, faisons les
présentations si vous le voulez bien et pour vous je suis Philippe.
— Pénélope, c’est moi que
vous avez eu au téléphone, et voici ma fille Muguette.
— Enchanté, je vous présente
ma femme et mes deux grands enfants.
— Si vous désirez me
suivre, je vous montre vos chambres.
Muguette les laissa
partir, songeuse.
Quand la jeune femme
revint ver elle, peu de temps après, elle était seule.
— Je peux vous aider ?
proposa Muguette
— Merci. Mon mari est
déjà au téléphone. Ce n’est pas de tout repos d’être toujours connecté avec le
monde entier. J’espérais au moins qu’ici…
Les deux jeunes gens arrivaient
et entourèrent leur mère.
— Papa est au téléphone
soupira le garçon. Je pense qu’il en a
pour un moment. Tu veux que nous allions voir l’océan ?
La jeune femme hocha la
tête résignée. Ils partirent tous les trois. La jeune fille n’avait pas dit un
mot.
— Tu as vu les enfants ?
demanda Muguette à sa mère.
— Des adultes tu veux
dire, sourit Pénélope. Ils sont jumeaux à mon avis. Tu as vu comme ils se
ressemblent.
— Ils n’ont pas l’air de
bonne humeur. J’ai l’impression que ce n’était pas prévu que leur père
travaille.
— Ah ces vedettes, tiens
justement le voici !
— Ma femme est déjà partie ?
— Avec vos enfants oui. L’océan
est une véritable attraction, mais j’imagine que vous avez dû voir de belles
plages bien plus belles qu’ici.
— Effectivement oui, mais…
Son téléphone bipa à
nouveau. Il s’excusa et partit pour prendre l’appel.
— Tu parles de vacances
avec sa famille !
Muguette et Pénélope
sourirent complices.
Une nouvelle voiture stoppait
devant le portail.
— Maman, tu avais prévu d’autres
hôtes ?
Muguette ouvrit de grands
yeux quand elle reconnut Jasmin. Son cœur se mit à battre la chamade. Il lui
avait tant manqué. Elle n’arriverait pas à l’oublier. Qu’allait-il lui dire.
— Je peux entrer ?
Pénélope s’approcha pour
l’embrasser. Muguette resta sur la défensive. Elle le salua du bout des lèvres
comme un gamine boudeuse.
— Je suis venu te parler
ma chérie.
Le « ma chérie »
l’interpella. Elle ne répondit pas.
— Désolé de vous
déranger, ma femme est partie de quel côté ?
Jasmin surpris regarda le
comédien qui se tenait face à lui.
Pénélope lui indiqua la
direction de l’océan. Il ne fit pas cent mètres que sa femme revenait vers lui.
— Il ne fait pas chaud,
je vais prendre mon écharpe…
Elle stoppa net devant
Jasmin.
— Viviane ?
— Jasmin ? Quelle
coïncidence ! Tu es en vacances ici aussi ?
Philippe sourit et tendit
la main au jeune homme.
— Heureux de faire votre
connaissance enfin ! Moi c’est Philippe. J’ai tellement entendu parler de
vous !
Les deux jeunes gens
revenaient aussi. Muguette leva alors les yeux et comprit son malaise. Le
garçon ressemblait trait pour trait à Jasmin.
— Nous allons vous
laisser n’est-ce pas ma chérie, reprit le comédien. Je vous emmène, je vous ai
préparé une surprise. Mon coup de fil de tout à l’heure c’était ça. En route !
Il saisit sa femme par
les épaules et se tourna vers ses enfants.
— Jasmin et Fleur, vous
venez ?
Muguette ouvrit de grands
yeux et éclata de rire.
— Mais je rêve, tu as
déjà deux enfants ? Il faut croire que tu n’es pas du stérile mon chéri !
Non mais quelle blague ! Et c’est moi qu’on traite de …
Elle se tourna alors vers
Viviane et lâcha froidement :
— Le grand-père vous a
fait le coup aussi des enfants bâtards ? Parce que moi oui. Et lui, (elle désigna son chéri), il vous a fait
croire qu’il ne pouvait pas avoir d’enfants ? Parce que moi c’est ce qu’il
fait depuis que je suis enceinte, mettant en doute ma fidélité.
— De quoi elle parle cette
pouffiasse ? dit Fleur
— La pouffiasse dit que
ton père n’est pas ton père. C’est lui ton géniteur, Jasmin de la Rochefleurie.
Avec les prénoms que vous avez, vous ne ferez pas tâche dans cette famille.
Désolée de te l’apprendre, mais ta vedette de père n’est pour rien dans ta
fabrication. Aucun gêne d’acteur dans ton ADN, tu es la fille d’une grande
famille de viticulteurs. Et toi, tu es le bien le fils de ton père, regarde-toi
dans une glace, tu es son portrait tout craché. Bon, tu venais me dire quoi mon
chéri ? Que tu voulais t’excuser de ne pas m’avoir crue maintenant que tu
as la preuve que tu sais faire des enfants ? Tu sais quoi ? Tu peux repartir comme tu es venu, je l’élèverais
toute seule ma petite fille. Oui, parce que c’est une petite fille que je
porte. Et crois-moi, pas de prénom de fleur en vue ! Va-t’en, je ne veux
plus jamais te revoir, tu m’entends, plus jamais.
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