Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

jeudi 20 décembre 2018

La décision de Muguette


Pénélope était fébrile. Elle allait accueillir pour la première fois dans sa chambre d’hôtes une célébrité. Noël approchait et apparemment, cette personne voulait offrir un cadeau particulier à sa famille.
— Muguette, tu veux bien m’aider à préparer les chambres. Tout doit être nickel.
— Calme-toi maman, tu ne passes pas dans l’émission « Bienvenue chez nous », il ne va pas te faire un procès. Il vient juste passer un bon moment au calme.
— Il vient en famille et il y a quand même deux gardes du corps qui les accompagnent.
— Tu sais qui c’est ?
— Tiens regarde la photo.
Muguette jeta un œil et siffla entre ses dents.
— Ah oui quand même, le célèbre acteur de la série qui passe tous les soirs à la télé. Pour le coup maman ça va te faire une sacrée publicité.
— Je n’en ai pas besoin. Je me demande encore pourquoi il a décidé de venir ici.

Toutes deux préparèrent les chambres de la famille. Elles veillèrent scrupuleusement à ce que toutes les serviettes soient bien disposées. Muguette riait.
— N’en fais pas des tonnes quand même maman, ce n’est pas le président de la république quand même !
— Heureusement !
Elles éclatèrent de rire toutes les deux.

Quand la voiture stoppa devant le portail, les deux femmes n’en menaient pas large. Elles furent toute de suite rassurée. Le comédien s’avança vers elle, souriant, et les mit tout de suite à l’aise.
— Bonjour Mesdames. Vous savez qui je suis mais moi je n’ai pas l’honneur de vous connaître, faisons les présentations si vous le voulez bien et pour vous je suis Philippe.
— Pénélope, c’est moi que vous avez eu au téléphone, et voici ma fille Muguette.
— Enchanté, je vous présente ma femme et mes deux grands enfants.
— Si vous désirez me suivre, je vous montre vos chambres.

Muguette les laissa partir, songeuse.
Quand la jeune femme revint ver elle, peu de temps après, elle était seule.
— Je peux vous aider ? proposa Muguette
— Merci. Mon mari est déjà au téléphone. Ce n’est pas de tout repos d’être toujours connecté avec le monde entier. J’espérais au moins qu’ici…
Les deux jeunes gens arrivaient et entourèrent leur mère.
— Papa est au téléphone soupira le garçon.  Je pense qu’il en a pour un moment. Tu veux que nous allions voir l’océan ?
La jeune femme hocha la tête résignée. Ils partirent tous les trois. La jeune fille n’avait pas dit un mot.

— Tu as vu les enfants ? demanda Muguette à sa mère.
— Des adultes tu veux dire, sourit Pénélope. Ils sont jumeaux à mon avis. Tu as vu comme ils se ressemblent.
— Ils n’ont pas l’air de bonne humeur. J’ai l’impression que ce n’était pas prévu que leur père travaille.
— Ah ces vedettes, tiens justement le voici !
— Ma femme est déjà partie ?
— Avec vos enfants oui. L’océan est une véritable attraction, mais j’imagine que vous avez dû voir de belles plages bien plus belles qu’ici.
— Effectivement oui, mais…
Son téléphone bipa à nouveau. Il s’excusa et partit pour prendre l’appel.
— Tu parles de vacances avec sa famille !
Muguette et Pénélope sourirent complices.

Une nouvelle voiture stoppait devant le portail.
— Maman, tu avais prévu d’autres hôtes ?
Muguette ouvrit de grands yeux quand elle reconnut Jasmin. Son cœur se mit à battre la chamade. Il lui avait tant manqué. Elle n’arriverait pas à l’oublier. Qu’allait-il lui dire.
— Je peux entrer ?
Pénélope s’approcha pour l’embrasser. Muguette resta sur la défensive. Elle le salua du bout des lèvres comme un gamine boudeuse.
— Je suis venu te parler ma chérie.
Le « ma chérie » l’interpella. Elle ne répondit pas.

— Désolé de vous déranger, ma femme est partie de quel côté ?
Jasmin surpris regarda le comédien qui se tenait face à lui.
Pénélope lui indiqua la direction de l’océan. Il ne fit pas cent mètres que sa femme revenait vers lui.
— Il ne fait pas chaud, je vais prendre mon écharpe…
Elle stoppa net devant Jasmin.
— Viviane ? 
— Jasmin ? Quelle coïncidence ! Tu es en vacances ici aussi ?
Philippe sourit et tendit la main au jeune homme.
— Heureux de faire votre connaissance enfin ! Moi c’est Philippe. J’ai tellement entendu parler de vous !
Les deux jeunes gens revenaient aussi. Muguette leva alors les yeux et comprit son malaise. Le garçon ressemblait trait pour trait à Jasmin.
— Nous allons vous laisser n’est-ce pas ma chérie, reprit le comédien. Je vous emmène, je vous ai préparé une surprise. Mon coup de fil de tout à l’heure c’était ça. En route !
Il saisit sa femme par les épaules et se tourna vers ses enfants.
— Jasmin et Fleur, vous venez ?
Muguette ouvrit de grands yeux et éclata de rire.
— Mais je rêve, tu as déjà deux enfants ? Il faut croire que tu n’es pas du stérile mon chéri ! Non mais quelle blague ! Et c’est moi qu’on traite de …
Elle se tourna alors vers Viviane et lâcha froidement :
— Le grand-père vous a fait le coup aussi des enfants bâtards ? Parce que moi oui.  Et lui, (elle désigna son chéri), il vous a fait croire qu’il ne pouvait pas avoir d’enfants ? Parce que moi c’est ce qu’il fait depuis que je suis enceinte, mettant en doute ma fidélité.
— De quoi elle parle cette pouffiasse ? dit Fleur
— La pouffiasse dit que ton père n’est pas ton père. C’est lui ton géniteur, Jasmin de la Rochefleurie. Avec les prénoms que vous avez, vous ne ferez pas tâche dans cette famille. Désolée de te l’apprendre, mais ta vedette de père n’est pour rien dans ta fabrication. Aucun gêne d’acteur dans ton ADN, tu es la fille d’une grande famille de viticulteurs. Et toi, tu es le bien le fils de ton père, regarde-toi dans une glace, tu es son portrait tout craché. Bon, tu venais me dire quoi mon chéri ? Que tu voulais t’excuser de ne pas m’avoir crue maintenant que tu as la preuve que tu sais faire des enfants ? Tu sais quoi ?  Tu peux repartir comme tu es venu, je l’élèverais toute seule ma petite fille. Oui, parce que c’est une petite fille que je porte. Et crois-moi, pas de prénom de fleur en vue ! Va-t’en, je ne veux plus jamais te revoir, tu m’entends, plus jamais.


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