Thomas
était architecte. Prune, sa femme, trois fois par semaine venait faire son
secrétariat. Elle aimait bien venir aider son mari. Elle était ainsi au courant
des affaires en cours. Le midi, ils déjeunaient ensemble rapidement et
prenaient le temps de se balader dans les parcs aux alentours. C’était leur
moment rien qu’à eux et pour rien au monde ils ne l’auraient sacrifié.
Pourtant
ce jour-là, quand ils quittèrent la cafétéria, ils se heurtèrent à Félicie et
Muguette.
̶
Bonjour
les filles, je ne savais pas que vous veniez déjeuner ici, dit Prune en
souriant.
̶ Quand
les emplois du temps coïncident, nous essayons de le faire le plus souvent
possible. Ensuite, si nous n’avons pas été trop bavardes, nous allons nous
promener, répondit Muguette.
̶
Comme
nous ! D’ailleurs Thomas et moi nous y allions.
̶
Et
si nous achetions juste un sandwich et que nous les suivions ? demanda
Félicie.
̶
Je
n’aime pas trop les…
Un coup de coude l’interrompit. Heureusement Prune n’hésita
pas, trop heureuse de voir ses amies.
̶
Tu
es d’accord Thomas ? demanda-t-elle à son mari
̶ Pas
de problèmes ! Si tu veux rester
plus longtemps avec elle, n’hésite pas, c’est le privilège d’être la femme du
patron, tu peux aménager tes horaires à ta guise.
̶
Tu
en as de la chance toi, maugréa Muguette, je n’ai qu’une heure pour déjeuner et…
̶ Alors
profitons-en, l’interrompit Félicie à nouveau, et viens acheter ton sandwich. On
vous rejoint.
Elle attrapa Muguette par le bras et l’entraîna vers
la boulangerie la plus proche. Thomas et Prune continuèrent leur marche.
̶
Tu
sais chérie, si Félicie a un copain ? commença Thomas
̶
C’est
vrai que je ne l’ai jamais vu accompagnée. Peut-être pas !
̶
Elle
ne t’a jamais parlé de petit ami …
̶
Tu
sais, je ne les connais pas depuis si longtemps que ça !
̶
Hum !
̶
Tu
as une idée derrière la tête toi !
Elle
regarda son mari et fronça les sourcils :
̶
Ne
me dis pas que tu crois qu’elle a une histoire avec son directeur quand même !
̶
Non,
je peux t’assurer que ce n’est pas à ça que je pense.
̶
Alors ?
̶
Elle
t’apprécie beaucoup !
̶ C’est
vrai. D’ailleurs, ça m’étonne ! Je suis une petite bonne femme insignifiante
moi…
̶
C’est
toi qui le dis. Je ne te trouve pas du tout insignifiante.
̶
Tu
n’es pas objectif. Toi tu m’aimes !
Ils se tenaient par la main et avançaient tranquillement
dans les allées du parc.
̶
Prune,
il faut que je t’avoue quelque chose qui me tracasse.
̶
Tu
me fais peur là, vas-y parle !
Prune
s’était arrêtée au milieu du chemin et regardait son mari, déjà inquiète.
̶
Tu
as une maîtresse ?
Il
ouvrit des yeux ronds et répliqua :
̶
En
voilà une idée, par contre toi …
̶
Quoi
moi, tu crois que j’ai une maîtresse ?
Elle
éclata de rire.
̶
J’espère
bien que non, mais qui sait ? murmura Thomas d’une façon sibylline.
̶ Je
ne comprends rien à ce que tu racontes, continuons notre ballade au lieu de
raconter n’importe quoi.
̶ Tu
ne trouves pas que Félicie te regarde d’une drôle de manière ? Moi, je
pense qu’elle en pince pour toi. Son regard, sa façon de te parler quand elle
te dit bonjour…
̶
Hey,
vous marchez vite !
Muguette
et son amie arrivaient, leurs baguettes à la main.
̶
On
s’assoit là ?
Félicie désignait un banc qui leur tendait les bras.
Elle attrapa Prune par la main et lui dit :
̶
Viens
à côté de moi, ça fait un bon bout de temps qu’on ne s’est pas parlé.
Prune
regarda son mari qui affichait un sourire narquois sur son visage.
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