Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 6 avril 2018

Prune et Thomas



Thomas était architecte. Prune, sa femme, trois fois par semaine venait faire son secrétariat. Elle aimait bien venir aider son mari. Elle était ainsi au courant des affaires en cours. Le midi, ils déjeunaient ensemble rapidement et prenaient le temps de se balader dans les parcs aux alentours. C’était leur moment rien qu’à eux et pour rien au monde ils ne l’auraient sacrifié.

Pourtant ce jour-là, quand ils quittèrent la cafétéria, ils se heurtèrent à Félicie et Muguette.
̶         Bonjour les filles, je ne savais pas que vous veniez déjeuner ici, dit Prune en souriant.
̶     Quand les emplois du temps coïncident, nous essayons de le faire le plus souvent possible. Ensuite, si nous n’avons pas été trop bavardes, nous allons nous promener, répondit Muguette.
̶         Comme nous ! D’ailleurs Thomas et moi nous y allions.
̶         Et si nous achetions juste un sandwich et que nous les suivions ? demanda Félicie.
̶         Je n’aime pas trop les…
Un coup de coude l’interrompit. Heureusement Prune n’hésita pas, trop heureuse de voir ses amies.
̶         Tu es d’accord Thomas ? demanda-t-elle à son mari
̶       Pas de problèmes !  Si tu veux rester plus longtemps avec elle, n’hésite pas, c’est le privilège d’être la femme du patron, tu peux aménager tes horaires à ta guise.
̶         Tu en as de la chance toi, maugréa Muguette, je n’ai qu’une heure pour déjeuner et…
̶        Alors profitons-en, l’interrompit Félicie à nouveau, et viens acheter ton sandwich. On vous rejoint.
Elle attrapa Muguette par le bras et l’entraîna vers la boulangerie la plus proche. Thomas et Prune continuèrent leur marche.
̶         Tu sais chérie, si Félicie a un copain ? commença Thomas
̶         C’est vrai que je ne l’ai jamais vu accompagnée. Peut-être pas !
̶         Elle ne t’a jamais parlé de petit ami …
̶         Tu sais, je ne les connais pas depuis si longtemps que ça !
̶         Hum !
̶         Tu as une idée derrière la tête toi !
Elle regarda son mari et fronça les sourcils :
̶         Ne me dis pas que tu crois qu’elle a une histoire avec son directeur quand même !
̶         Non, je peux t’assurer que ce n’est pas à ça que je pense.
̶         Alors ?
̶         Elle t’apprécie beaucoup !
̶       C’est vrai. D’ailleurs, ça m’étonne ! Je suis une petite bonne femme insignifiante moi…
̶         C’est toi qui le dis. Je ne te trouve pas du tout insignifiante.
̶         Tu n’es pas objectif. Toi tu m’aimes !
Ils se tenaient par la main et avançaient tranquillement dans les allées du parc.
̶         Prune, il faut que je t’avoue quelque chose qui me tracasse.
̶         Tu me fais peur là, vas-y parle !
Prune s’était arrêtée au milieu du chemin et regardait son mari, déjà inquiète.
̶         Tu as une maîtresse ?
Il ouvrit des yeux ronds et répliqua :
̶         En voilà une idée, par contre toi …
̶         Quoi moi, tu crois que j’ai une maîtresse ?
Elle éclata de rire.
̶         J’espère bien que non, mais qui sait ? murmura Thomas d’une façon sibylline.
̶     Je ne comprends rien à ce que tu racontes, continuons notre ballade au lieu de raconter n’importe quoi.
̶       Tu ne trouves pas que Félicie te regarde d’une drôle de manière ? Moi, je pense qu’elle en pince pour toi. Son regard, sa façon de te parler quand elle te dit bonjour…

̶         Hey, vous marchez vite !
Muguette et son amie arrivaient, leurs baguettes à la main.
̶         On s’assoit là ?
Félicie désignait un banc qui leur tendait les bras. Elle attrapa Prune par la main et lui dit :
̶         Viens à côté de moi, ça fait un bon bout de temps qu’on ne s’est pas parlé.
Prune regarda son mari qui affichait un sourire narquois sur son visage.


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