Qu’est-ce qu’un sourire ?
Parfois timide,
Parfois à la limite du rire,
Qu’est-ce qu’un sourire ?
Il prouve que tu existes
Pourtant il se fait rare
Qu’est-ce qu’un sourire ?
Un instant,
© Isabelle Minibulle 2 octobre
2020
Je raconte des histoires selon mon envie, mon humeur du moment.
Parfois timide,
Parfois à la limite du rire,
Qu’est-ce qu’un sourire ?
Il prouve que tu existes
Pourtant il se fait rare
Qu’est-ce qu’un sourire ?
Un instant,
© Isabelle Minibulle 2 octobre
2020
Octobre, que dire de toi ?
Tu as 7 lettres
Tu vois octobre
Lève la tête
© Isabelle Minibulle 1er octobre
2020
Le temps
s’écoule et je me sens de mieux en mieux et j’ai de moins en moins envie de
rentrer chez moi.
Entre
les traites des deux vaches Margot et Rosalie, la découverte du travail de
Morgan avec ses abeilles, ses marchés où j’ai plaisir à l’accompagner, ses
fleurs qu’il cueillent et dont il fait de superbes bouquets, je ne vois pas les
jours défiler.
Morgan
vit hors du temps, il est entre parenthèses comme j’aime à le dire. Il fait son
pain, son miel, ses confitures, il a son lait, deux poules et un coq, deux
lapines, un chat voire plus, il ne compte plus, un chien que je n’avais pas aperçu
lors de mon arrivée parce qu’il gardait les trois biquettes dans le champ
voisin. Pourtant, je l’ai déjà entrevu sur son ordinateur, il a la fibre. Il n’est
pas vraiment hors du temps, mais je ne sais pas comment l’expliquer, il prend
la vie comme elle vient, il n’est pas stressé pour deux sous. Il faut dire que
dans son coin de paradis, je n’imagine pas, ce qui pourrait lui faire des nœuds
au cerveau ou lui mettre la rate au cours bouillon comme mes amis aiment à me
le dire.
C’est
certainement pour ça que je ne repars pas. J’ai prolongé mes congés sans me
poser de questions. Si mon chef décide de me licencier, je l’aurais bien
cherché. Mais ce matin, j’ai justement un message de sa part. J’en tombe le cul
par terre quand je le découvre.
Marie-Sophie,
je ne veux pas me séparer de vous parce que vous faites vraiment du bon boulot,
alors si vous avez quelques minutes à me consacrer, accepteriez-vous de me rappeler ?
Mais
qu’est-ce qu’il lui est dégringolé sur la tête ? Jamais au grand jamais il ne
m’a parlé comme ça ! Il y a le feu là-bas ou quoi ? J’hésite…
— Marie-Sophie ?
Vous m’accompagnez ? Vous n’êtes pas prête ?
Faut-il
qu’il m’ait retourné le cerveau mon chef pour que j’en oublie de partir au
marché. Morgan est déjà sur le pas de la porte, sa voiture de livraison rouge
et jaune ronronnant devant la chaumière.
— Bien
sûr que j’arrive !
Depuis
le temps, nous pourrions nous tutoyer, mais j’avoue que ça me plait bien ce vous.
Je trouve qu’il fait classe et laisse une petite barrière entre nous. Mais
pourquoi faudrait-il qu’il y ait une barrière ?
— À
quoi pensez-vous ? Je vous vois vous faire les questions et les réponses toute
seule ? Je peux participer ?
Mais
pourquoi je lui parle de ça, il n’en a rien à faire et qu’est-ce que je vais
lui pourrir la vie avec mes problèmes. Mais quels problèmes ?
Il a
adopté ce surnom rapidement, tout seul, sans que je lui raconte que mes amis
m’appellent ainsi.
Je
descends de la voiture, le sourire aux lèvres. Morgan me regarde m’avancer vers
lui. Il a déjà installé ses pots de miel, ses confitures et ses fromages. Oui, il fait aussi des fromages de chèvre. Les
exposants me saluent, ils me reconnaissent maintenant.
— Vous
ne devinerez jamais !
©
Isabelle Minibulle 30 septembre 2020
Aujourd’hui, l’été est bien fini.
Pourtant, hier encore,
Les feuilles bien accrochées
Rouges, jaunes, marron
Peu à peu, ils se dévêtiront,
Aujourd’hui, l’été est bien fini.
Dans l’air, le parfum a changé,
Chaussons nos bottes
Un bon thé bergamote
Aujourd’hui, l’été est bien fini
© Isabelle Minibulle 22
septembre 2020
Avoir de
l’imagination, il paraît que ce n’est pas donné à tout le monde. Encore faut-il
une fois que vous l’ayez, que vous arriviez à mettre sur le papier ce qu’elle
vous dicte.
Moi c’est
tout le temps, tous les jours, n’importe quand, avec n’importe qui et je pars
dans mes délires.
Je passe
devant une habitation ou les propriétaires sont occupés à tailler la haie. Sauf,
que la dame, elle, j’ai l’impression qu’elle se cache parce qu’elle est au
téléphone. Cling ! super imagination se met en route et c’est parti ! Voilà ce
que ça donne. N’oubliez pas que je suis en vélo, je suis donc passée en coup de
vent… enfin presque !
— Où
ça ?
Vous avez sans doute remarqué que les hommes
ne captent pas la même chose que nous, et quand ils font du sport, ils ne
regardent pas ce qu’il se passe ailleurs, ils sont concentrés eux !
— Qui
la maison ?
— Arrête
de faire l’imbécile. La dame !
— Qu’elle
parle doucement, c’est normal, elle ne va pas ameuter tout le quartier avec sa
discussion.
— Si
ça se trouve, elle parlait avec son amant !
— Ou
avec ses enfants.
— Pourquoi
elle se cacherait ?
— Qui
te dit qu’elle se planquait ? Pédale plus vite au lieu de réfléchir.
Rappel à
l’ordre n° 1. Je reprends le rythme.
— Je
suis sûre qu’elle ne voulait pas qu’on se rende compte qu’elle était au
téléphone. Imagine, elle a un rendez-vous. Elle est habillée n’importe comment,
il faut qu’elle se change. Comment va-t-elle faire ? Elle va devoir inventer
une excuse…
— Et
qui c’est qui va encore se taper tout le boulot. Pauvre homme !
— Oh
ça va, tu n’es pas drôle !
Il rit.
— Tu
l’as bien cherché !
— N’empêche
tu vois que l’homme va devoir bosser, mais pas qu’elle le trompe.
Remarquez
comme la discussion peut vite déraper.
— Pédale
au lieu de râler !
Rappel à
l’ordre n° 2. Je reprends le rythme en silence. Il dit.
— Peut-être
que c’était son médecin et qu’il lui annonçait une bonne nouvelle.
Il me
regarde en coin. Je réplique.
— Ou
une mauvaise.
— Mais
pourquoi toujours le négatif ? Il pouvait lui dire qu’elle attendait un bébé.
— N’importe
quoi, tu as vu son âge ? Elle trop vieille. Et puis maintenant, avec les tests
pas besoin de l’appel du médecin, ils ont autre chose à faire que d’appeler les
patients pour leur dire « Au fait, vous attendez un bébé ».
Remarquez
comme l’imagination est perverse… Du coup, je pédale plus vite et ne le regarde
plus.
— J’aurais dû le dire
plus tôt parce que là, tu as une belle allure.
Je souffle. Il ne me voit
pas.
— Je t’ai vue. Tu as
soufflé.
Il rit et me tend le bidon.
— Allez bois !
Je m’exécute et lui redonne.
Évidemment, moi sur mon vélo, je n’ai pas de porte-bidon !
— N’empêche, c’était
plus rigolo mon histoire que la tienne.
— Peut-être qu’elle n’est
pas si vieille que ça, tu es passée bien trop vite pour t’en apercevoir.
Je sens le reproche. Il
continue.
— Le médecin qui l’appelle
lui annonce qu’elle va avoir un bébé, mais vu son âge…
J’éclate de rire.
— Question
imagination, tu n’es pas top.
Il continue.
— Qu’elle va devoir se
faire avorter, qu’il va y avoir des complications. Finalement, elle se rend compte
que c’est un faux numéro. Elle raccroche et taille la haie.
— Ouais, je préférais si
c’était un appel de ses enfants.
— D’accord ! Alors ils
diraient quoi les enfants ?
— Fais gaffe maman à
ton dos. Et puis arrête de bavasser au téléphone, papa travaille tout seul. Tu
pourrais l’aider quand même. Et aussi, méfie-toi des cyclistes qui passent, des
fois qu’ils s’imagineraient des trucs…
© Isabelle Minibulle
18/09/2020
Ce matin, le parfum a
changé…
Finie l’odeur de foin
coupé et celle du soleil qui chauffe…
Août a fait ses bagages.
Il s’en est allé et a
laissé les châteaux de sable abandonnés, les pelles et les seaux rangés et les
cabanes de plage refermées.
Avec lui disparaissent
aussi les soirées d’été, les barbecues interminables, les photophores illuminés
et les tables décorées.
La rentrée se profile. C’est
le mois des arbres colorés avec leurs feuilles qui se déclinent de marron,
beige. Elles s’en donnent à cœur joie avant de tomber et d’être foulées par les
pieds des écoliers.
Septembre, c’est la cueillette
des champignons avec leur odeur particulière dans les bois. C’est encore les
vendanges, les balades en forêt, les pulls et les gilets qui reprennent place
sur les épaules, les cheminées qui se rallument juste pour le plaisir, les
vêtements d’été qui se font la malle et réintègrent leur carton. C’est au tour
de ceux d’hiver d’entrer en scène.
Voilà septembre.
Les enfants qui étrennent
leur nouveau cartable et les adolescents qui retrouvent leurs copains.
Les plus jeunes qui
pleurent dans les bras de leurs parents parce qu’ils ne veulent pas les
quitter, c’était trop bien les vacances.
Septembre c’est encore pour ceux qui n’en ont pas pris parce qu’ils n’apprécient pas les plages bondées et que leurs gamins ne sont plus à la maison. À eux le sable déserté, les terrasses à deux et les balades main dans la main sans être bousculés.
Septembre c’est le retour
au calme pour les habitants qui ont vu leur quotidien envahi. Ils aiment bien
partager, mais la routine c’est reposant aussi.
Septembre, c’est la fin d’une parenthèse. C’est le nouvel agenda qui s’ouvre avec un planning qui parfois donne le vertige. Les rendez-vous s’alignent, les réunions se profilent, l’ordinateur chauffe.
© Minibulle 1er
septembre 2020
J’adore
écouter les commères…
— Boudiou,
je n’ai pas vu le temps passer. Hier encore, nous étions en juillet…
— Il
faut dire qu’avec cette chaleur…
— Ne
m’en parlez pas, je dégouline du matin au soir.
— Heureusement
que sur ce banc, nous avons un peu d’ombre.
— Oui,
mais nous ne voyons guère grand-chose. Rien à nous mettre sous la dent. À
croire que tout le monde est en vacances.
— Pensez
donc, avec ce truc qui traîne, ils partent pas en vacances les gens !
— Bien
sûr que si Jeannette. Tenez mes petits voisins ont chargé leur voiture hier
soir et ils sont partis de bonne heure ce matin. Si vous aviez vu ça… Il y en
avait partout ! Et vas-y que je monte les vélos sur le toit et puis que je les
démonte parce que ça ne va pas. Qu’est-ce qu’il rouspétait le gonze. Il n’arrêtait
pas de s’éponger le front. Et je te ramène des valises, et des bouées, et des
peluches. Il faut dire qu’avec quatre gosses… Quand est arrivée la trottinette
du petit dernier, j’ai cru qu’il allait avoir une attaque. Il s’est mis dans
une colère, le père ! pauvre petiot ! l’engin a valsé de l’autre côté de la rue,
même que la mère Gustine qui passait par là a failli la prendre dans les jambes.
Y a pas idée de se mettre en colère comme ça ! C’est la mère, une crème cette
femme ! Elle te l’a calmé d’un coup en lui assenant que si lui n’avait pas tout
son attirail de tir à l’arc, il y aurait encore de la place. C’est vrai ça, la
boîte est aussi longue que la voiture alors évidemment…
— Et
Gustine, elle n’a pas eu mal ?
— Ah !
j’ai pas fait attention. Bah, on l’aurait su, vous la connaissez, elle en
aurait fait tout un plat.
— Je
l’aime bien, elle !
— Et
pas moi ?
— Bah,
Mariette, vous savez bien que vous c’est pas pareil ! Depuis le temps qu’on se
connait !
Elles se
sourirent. Mariette reprit :
— Tenez,
regardez la femme du maire. Elle fait sa maligne, celle-là. Elle va acheter des
gâteaux pour le goûter. Elle n’a pas besoin de faire attention à sa ligne. Vous
avez vu comment elle est habillée ?
— C’est
vrai qu’elle doit avoir les moyens avec le salaire que lui rapporte son mari.
— Bah,
je sais pas si en tant que maire, il gagne bien sa vie.
— Bien
sûr que oui, sinon, il ne se représenterait pas. Faut dire aussi qu’il n’y
avait pas grand monde pour le remplacer.
— Avec
tous les soucis qu’on attrape après…
— C’est
bien vrai. Et puis on perd des amis, on en récupère d’autres…
— Pas
des vrais, des intéressés.
— Vous
avez raison Mariette, pas des vrais.
— N’empêche
qu’il pourrait bien bâtir une piscine, on pourrait aller s’y plonger.
— Vous
iriez, vous Jeannette ? Pour sûr que vous êtes encore bien fichue vous !
Elle la
détailla des pieds à la tête attendant une réflexion que sa voisine ne lui
donna pas. Elle fronça les sourcils.
— Et
moi, vous me trouvez capable de porter un maillot ?
— Bah
pourquoi pas pour se rafraichir, il ne faut pas faire attention aux autres.
— Vous
voulez dire quoi par là ?
— Mais
rien Mariette. Si vous avez envie de porter le maillot, portez-le. Moi à votre
place, je n’hésiterais pas.
— En
tout cas, pas de piscine de prévue. Alors le débat est clos Jeannette.
— Ah !
elle ressort de la pâtisserie la mairesse.
— Ne
l’appelez pas comme ça, elle n’est que la femme du maire. Ce n’est pas elle qui
dirige la commune.
— Ah
pardon, vous êtes bien grognasse ce jour.
— C’est
la chaleur que voulez-vous ! Et vous m’avez chagrinée avec votre histoire de
maillot de bain.
— Pardieu
vous êtes bien susceptible Mariette ! Pourquoi vous prendre la tête puisque de
toute façon, il n’y a pas de piscine.
— Et
si nous allions à celle de la ville ? Vous m’accompagneriez ?
— Il
faut prendre le bus et avec la chaleur…
— Avouez
que vous auriez honte de moi ? Avouez-le donc !
Jeannette
haussa les épaules.
— Vous
faites une histoire pour rien. Nous étions là à bavasser comme deux amies et
voilà-t-i pas que vous vous faites des nœuds au cerveau ?
— Des
nœuds au cerveau ? Vous n’avez qu’à m’insulter aussi. Ah ! vous me décevez
Mariette. Tenez, je vais vous laisser et aller me mettre à l’ombre dans ma
cuisine.
— C’est
ça et moi, je vais aller prendre des nouvelles de Gustine qui a bien meilleur
caractère que vous.
— Ah
vous allez chez elle ?
— Oui,
elle a toujours de la citronnade bien fraîche avec des feuilles de menthe. D’ailleurs
son jardin très bien protégé est fort joli. Je me demande comment elle fait
pour si bien l’entretenir.
— Elle
a un jardinier. Vous savez bien qu’elle a une belle retraite. Son mari était
médecin. Ah elle n’est pas dans le besoin, elle, je vous le garantis. C’est pas
comme moi avec ma pension de misère. Je n’ai même pas droit à la réversion.
— Évidemment,
vous n’avez jamais été mariée.
— C’est
bien ce que je vous disais, l’eau va toujours au moulin. Tenez, je vous
accompagne. J’ai soif tout à coup. Ce mois d’août est tellement chaud et tous
ces touristes qui nous encombrent, ils me donnent encore plus la transpiration.
— Des
touristes ? Mais il n’y a pas grand monde qui vient par ici.
— C’est
la faute au maire, s’il avait fait construire une piscine, je suis certaine qu’ils
viendraient les touristes. Alors on y va chez Gustine, j’ai soif !
©
Minibulle 12 août 2020