Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 1 décembre 2017

Décembre s'installe

Novembre s’est essoufflé. Avec sa vague de froid, son temps gris, sa neige précoce, il passe le relais à son ami Décembre. Il en est tout gris lui-même et a les cernes sous les yeux.
- Tiens, tu vas faire mieux que moi j’en suis certain. J’ai bien essayé de faire briller le soleil plus longtemps, mais il s’est cassé en morceaux. J’ai soufflé pour que les nuages n’arrivent pas trop vite et assombrissent le ciel, mais ils ont fait la course entre eux, ils ont gagné, la neige est arrivée et…
- Arrête, arrête l’ami… Tu as fait ce que tu avais à faire et tu l’as bien fait. Le temps gris, le froid, la neige, c’est aussi pour moi, c’est normal. Tu ne peux pas aller contre la nature, tu le sais bien.
Décembre est tout guilleret. Avec sa barbe blanche, il ressemble à un chic vieux monsieur. Il est appuyé sur sa canne et ses yeux brillent.
- Oui mais toi, tu as les fêtes pour faire passer la pilule, on t’aime.
- C’est vrai, c’est le mois des cadeaux, ça commence avec la Saint Nicolas le 6. Mais tu sais Novembre, j’ai la pression quand même !
- Pourquoi ?
Novembre s’est assis sur une souche d’arbre et regarde son ami qui marche de long en large en grommelant.
- Imagine qu’il n’y ait pas assez de neige… Hein ? on ne pourra pas ouvrir les stations de ski et je vais entendre hurler « c’est pas bon pour le tourisme ça ! » Par contre si j’ai trop de soleil « on n’a jamais vu ça, un décembre aussi chaud » et on va remonter aux calendes grecques pour se rappeler que « Ah si en telle année… » et puis mon pote le Dicton « Noël au balcon, Pâques aux tisons » va rappliquer…
Novembre éclata de rire et répondit :
- Ouais et Avril va râler !
- Ou mars, celui-là avec ses giboulées…
Les deux amis se turent un moment en humant la nature. Décembre sentait bien que son ami était fatigué mais il reprit :
- Je suis le mois qui termine l’année ! Sylvestre me le répète assez : je dois être décoré pour sa fête, tu sais, le 31 ! Mais avant il faut des sapins illuminés et les villes aussi, mais avec des ampoules LED tu sais c’est meilleur pour la planète. Décembre se baisse alors vers son ami et lui murmure à l’oreille : Je croyais que c’était des ampoules moches, LED, je ne savais pas ce que ça voulait dire moi, je suis vieux, depuis le temps, moi qui ai connu les réverbères … C’était le bon temps aussi. Bref, il faut aussi de jolis marchés de Noël on ne parle que de ça, il faut qu’il fasse froid pour les marrons et le vin chaud…
Décembre se tut et soupira.
- Mais je suis triste aussi.
Son ami releva la tête et l’interrogea du regard.
- Je ne suis pas aimé par tout le monde contrairement à ce que tu penses. Je suis le symbole de la réunion familiale et pour les solitaires, je les renvoie à leur solitude, même si je multiplie les idées pour qu’ils ne se sentent pas exclus, mais rien à faire, on ne m’aime pas ou on ne m’aime plus à cause des souvenirs…
Novembre passa alors son bras autour des épaules de son ami et Décembre continua :
- Je me console en voyant les visages épanouis des enfants devant les cadeaux. Oui, même ceux qui n’ont pas grand-chose, il y a tellement de solidarité dans le monde…
- C’est vrai et pas que pour les enfants.
- Tu as raison, je n’oublie pas nos anciens, seuls ou en maison de retraite. Tu sais là aussi j’essaie d’insuffler du bonheur.
Il se tut et regarda Novembre.
- Tu comprends pourquoi j’ai la pression ?
- Comme chaque année, mon pote ! Novembre se leva alors, son énergie retrouvée. Il allait pouvoir se reposer pendant onze mois. Il tendit la main :
- Tu vas réussir Décembre. Comme toujours, tu vas nous faire rêver. Je te passe le flambeau, tu commences bien, c’est la Saint Eloi, patron des métalliers. Il s’éloigna.
Décembre le vit disparaître. Il se redressa et s’installa en soufflant et en étalant son long manteau. Les dernières feuilles tombèrent, les oiseaux gonflèrent leurs plumes… Oui, décembre tu es arrivé, pensèrent-ils.


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