Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

jeudi 12 juillet 2018

Les chaussettes de Petit Paul



Petit Paul ne comprend pas pourquoi Maman se chamaille toujours avec sa machine à laver. Il regarde l’engin qui tourne. A travers le hublot, il voit ses chaussettes passer et repasser devant lui. Il se dit qu’à leur place il aurait le tournis. Maman a encore roumégué (ça c’est papa qui le dit) quand elle a enfourné les chaussettes. Elle les a comptées. Elle les a rangées par paire. Papa riait, mais pas Maman. Petit Paul était inquiet quand même. Il se demandait ce qui pouvait mettre sa maman de si mauvaise humeur quand elle lavait ses chaussettes. Elles étaient pourtant belles avec les dessins. Petit Paul avait du parler tout haut car Maman dit :
— C’est justement ça le problème, les dessins !
Petit Paul ouvrit de grands yeux.  Ils étaient pourtant chouettes les motifs sur les talons : là c’était un petit ours, là un autre petit ours mais pas de la même couleur, là il souriait et là il y avait un ballon. Lui il les reconnaissait bien.

Petit Paul sursauta. Maman ouvrait le hublot de la machine. Elle était arrêtée. Maman saisit sa grande panière verte. Il l’aimait bien cette panière, Petit Paul.  Il jouait dedans et faisait comme si c’était un bateau. Il la faisait chavirer et ça le faisait rire aux éclats. Quand il y avait le linge dedans, il se faisait gronder, mais il aimait tellement se cacher dans le linge tout propre qui sentait bon, qu’il recommençait et tant pis si Maman le grondait. 
— Et voilà ! Je ne comprends pas !
Petit Paul leva les yeux.  Maman était en colère. Qu’est-ce qu’elles avaient fait encore ses chaussettes ? Il ne savait pas qu’elles vivaient comme des grandes personnes et qu’elles pouvaient s’échapper de la machine et aller se cacher. Enfin, c’est ce que Maman disait à chaque fois.

Papa arrivait à grands pas. Petit Paul se dit que ça allait encore partir en fou rire du côté de Papa. Quant à Maman, elle lui donnerait toutes les chaussettes en tas en lui disant de se débrouiller.
— Qu’est-ce qu’il se passe encore ? Tu as perdu une chaussette ? demande Papa en se retenant de rire. Le fantôme des chaussettes a encore frappé ?
— Oh ça va, arrête de te moquer. Tu vas faire peur au petit avec tes histoires de fantôme !
— Même pas peur moi ! D’abord, il n’y a pas de fantôme.
— Tu peux m’expliquer pourquoi une chaussette s’est fait la malle ?
— Les chaussettes, elles ont mal Papa ?
Papa éclata de rire. Difficile de garder son sérieux devant la tête courroucée de sa femme et du regard implorant de son petit garçon.
— Non chéri ! Maman veut dire que les chaussettes sont parties se promener.
— C’est vrai ? Elles sont parties ? Mais je suis resté devant la machine et je ne les ai pas vues sortir.
— Ah tu vois, dit Maman, quand je te dis qu’elles disparaissent je ne sais pas comment. 
— C’est le fantôme !
Papa fit un clin d’œil à Petit Paul.  Le petit garçon ne comprenait quand même pas comment pouvaient avoir disparu ses chaussettes. Papa consciencieusement reprit une à une les chaussettes. Il les rangea par paire. Effectivement, il en manquait une.
— Ah tu vois !
Petit Paul mit la tête dans la machine et cria :
— Ohé, il y a quelqu’un ?
— Tu crois vraiment qu’elle va te répondre, dit Maman
— Regarde, elle est là !
Petit Paul brandissait fièrement la chaussette manquante. Sa préférée en plus. Celle avec le petit ours qui avait un œil noir. L’autre avait un œil bleu.
— Comment tu veux que je les différencie, dit Maman, tu crois que j’ai le temps de regarder la couleur de l’œil de ton ours ?
— Oui mais moi je les aime bien mes chaussettes !
C’était sans appel !
— Et encore, il n’y a pas les miennes, dit Papa. Tu sais celles avec le léopard sur le talon, et celles où il est sur la cheville.
Il éclata de rire. Petit Paul quant à lui, remit sa tête dans la machine et cria à nouveau :
— Et toi le fantôme de la machine, tu laisses ma maman tranquille. D’accord ?

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