— Tu
ne vas pas recommencer Samantha, je te répète que je ne suis pas une sorcière.
Cesse de divaguer et de t’inventer des histoires. Tu as passé l’âge quand
même ! Vraiment tu m’agaces, oui je suis en colère et je t’appelle
Samantha. Ce n’est pas parce que tu portes le même prénom que la sorcière bien
aimée du feuilleton que tu peux en devenir une, ça n’existe pas et tu le
sais !
—
Pourquoi ça n’existerait pas hein ? Je tortillonnerai mon nez comme ça
(elle fit une horrible grimace) et d’un claquement de doigt mes problèmes
disparaîtraient.
Nicky,
son amie depuis le lycée retint un sourire. Sam l’émouvait.
—
C’est Joséphine, tu sais l’ange gardien, qui claque des doigts, murmura-t-elle
malicieusement.
—
Rigole va ! Je sais bien moi, que tu es une sorcière. Ta maman en était une et
ta grand-mère avant aussi.
— D’où
tu tiens ça ? Mamie et Maman savaient soigner par les plantes, ça ne fait pas
d’elles des sorcières.
— Elles
faisaient passer le feu aussi et étaient guérisseuses comme disaient les gens.
Nicky
haussa les épaules.
—Toi
aussi tu as hérité de leurs dons.
— Je
suis ostéopathe, rien de sorcier là-dedans crois-moi !
—
Faux ! Tu as vu la clientèle qui déboule chez toi de n’importe quel endroit ?
— N’exagère
pas ! Tu sais, le bouche à oreilles fonctionne bien et comme je suis, on
va dire « douée » pour ce métier, effectivement je ne me plains pas,
je gagne bien ma vie, mais comme d’autres de mes collègues.
— S’il-te-plait Nicky, j’ai besoin de ton aide.
— Je
t’écoute Sam, mais pas de sorcellerie, je…
— Je sais que tu peux le faire, j’ai rencontré
ton ami…
— De qui tu parles ? Je n’ai pas d’ami
particulier et tu les connais tous.
— Il
s’appelle Henry.
— Je ne connais pas d’Henry.
— Normal, je suis certaine qu’il a pris un
pseudonyme.
— Tu
me fatigues là ! On ne dirait pas que tu as cinquante ans.
Le
portable de Sam sonna, elle prit l’appel et après avoir raccroché embrassa son
amie :
— Je
dois récupérer JM au lycée, mais je n’abandonnerai pas !
Nicky
la raccompagna à sa voiture.
—
A bientôt !
—
Qu’est-ce qu’il t’a pris de venir ici ? Et tu ne pouvais pas t’habiller
plus discret ?
—
Je t’emmène Nicky, réunion à Salem !
Elle
lui donna la main et ils disparurent ensemble dans un nuage de fumée, laissant
ébahie Sam qui avait oublié son sac et revenait le chercher.
—
Tu veux me dire ce que tu cherches Sam ?
— Ton
balai !
—
Mais … Tu vas bien ?
—
Maintenant tu arrêtes de me mentir Nicky. Je suis revenue hier chercher mon sac
et tu m’as flanqué une ces frousses en disparaissant dans ta fumée. Allez
raconte, où es-tu partie ? C’était
bien ? Mais arrête de poser ta main sur mon front je n’ai pas de fièvre.
Nicky
regarda son amie qui continuait de fouiner partout à la recherche de…
—
J’ai trouvé ! Sam brandissait effectivement un balai de paille. Je ne
savais pas que ça existait encore ces trucs-là, tu ne peux pas avoir un vrai
balai comme tout le monde. Allez, monte
dessus et fais-moi voir !
Devant
la mine effarée de son amie, Sam enjamba l’ustensile :
—
Alors, ta formule magique ?
—
Tu ne doutes vraiment de rien toi, tu es folle vraiment.
Mais
elle ne put s’empêcher d’éclater de rire
—
Balai, mon gentil balai …
A
la surprise des deux femmes, celui-ci s’ébroua. Sam perdit l’équilibre et se
retrouva par terre.
—
Tu as vu ?
Nicky
se retourna et furieuse cria :
—
Henry ? Arrête ça tout de
suite !
Assise
en tailleur au sol, Sam écarquilla les yeux. Un homme superbe, tout de blanc vêtu,
se tenait assis en haut du buffet. Il riait.
—
Salut Nicky !
—
Tu n’as pas pu t’en empêcher hein ?
Il
répéta, imitant la voix de Sam :
—
Balai, mon gentil balai … trop drôle
vraiment !
Il
disparut du buffet et réapparut près de Sam à qui il tendit une main qu’elle
saisit pour se relever :
—
Sans rancune ! Henry de la Grotte en feu. Vous êtes Sam n’est-ce
pas ? Enchanté !
Il
faisait les demandes et les réponses, seul sans se préoccuper de la surprise
qu’il avait provoqué.
—
Fermez la bouche Sam ! Il n’y pas
de moustique en cette saison, mais on ne sait jamais ce qu’il peut arriver avec
deux sorciers dans la maison.
Il
éclata de rire et alla s’asseoir sur le fauteuil près de la cheminée, qu’il
alluma d’un claquement de doigt.
—
Un peu frais non ? Un café ?
un thé ? Un chocolat ?
Sur
la table apparut alors un petit déjeuner complet, avec pain, confitures,
beurre.
—
Installez-vous je vous en prie !
—
Fais comme chez toi surtout, ironisa
Nicky.
—
Pour toi !
Un
superbe bouquet de fleurs des champs apparut dans ses mains. Nicky le saisit et
enfouit son visage dedans.
—
Comme je les aime !
—
Je n’oublie pas, tu le sais bien !
Son regard n’était que caresse. Cet homme-là
était fou amoureux et ça se voyait, d’ailleurs on ne voyait que ça et Sam se
leva d’un bond furieuse tout à coup en réalisant que son amie le lui avait
caché.
—
Nicky ? C’est ton mec ? Et tu
ne m’en as jamais parlé ? Moi, ton amie depuis toujours ?
Elle
en avait les larmes aux yeux.
Stupéfaite,
celle-ci considéra son amie, hésita pour finalement choisir de se taire.
Sam
saisit alors ses clés de voiture posées sur la table et s’enfuit en claquant la
porte. Nicky voulut la retenir :
—
Laisse !
Henry
leva la main et Sam réapparut face à eux, abasourdie.
—
Qu’est-ce qu’il m’arrive ?
Etourdie, elle avait de la peine à se tenir
debout.
—
Henry, tu n’aurais pas dû…
—
Je ne me sens pas bien…
Elle
s’effondra alors sur le sol.
—
On fait quoi maintenant ? Aide-moi
plutôt à la mettre sur ...
Henry
claqua des doigts et Sam se retrouva allongée sur la banquette, un plaid
écossais posé sur elle.
—
Je n’ai jamais compris pourquoi tu t’entêtais à faire comme si tu étais une
simple mortelle, ta vie serait tellement plus facile !
Nicky
ne répondit pas. Son amie ouvrait les yeux et l’interrogeait du regard inquiète
et quand son regard se posa sur Henry, elle voulut se lever, mais prise d’un
vertige, elle préféra rester allongée.
—
Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ?
murmura-t-elle
Nicky
posa sa main sur son front, et son amie ferma les yeux.
—
Bon maintenant, Henry, tu vas me dire ce que tu fais ici et à quoi ça rime tout
ce cirque ?
—
J’ai un marché à te proposer sœurette.
—
C’est ton frère ? demanda d’une
toute petite voix Sam.
Elle
avait à nouveau les yeux ouverts.
—
Oui, répondit son amie. Désolée de te
l’avoir caché, mais c’était trop compliqué.
—
Tu es vraiment une sorcière ? Et lui aussi ?
Le
frère et la sœur opinèrent de la tête en même temps.
—
Bon, je n’ai pas trop de temps à perdre
Sam, j’ai un pari à relever.
—
Non, ne me dis pas que tu as encore
joué.
—
Si, à Salem. J’ai rencontré Jordan, et
j’ai fait un pari stupide.
—
Je m’attends au pire venant de toi.
—
Je l’ai perdu.
—
Et …
—
Il faut que je trouve une sorcière qu’il
ne connaît pas et…
—
Moi, Moi…
Sam
levait la main comme à l’école, toute excitée.
—
Tu n’es pas une sorcière, lui fit
remarquer Nicky.
—
Justement, son ami ne me connaît pas.
—
Quelle idée fabuleuse ! s’écria Henry.
—
Tu déraille là frérot, Sam n’est pas une sorcière.
—
Oui, mais Jordan n’en sait rien.
—
Et alors ?
—
Je vais lui présenter.
—
Mais… tu es idiot ou quoi ? Il va
s’en rendre compte tout de suite.
—
Pas si vous me formez !
Sam
était cette fois bien assise sur le canapé et les regardait dans les yeux.
—
Vous n’avez qu’à m’apprendre tous les tours, jetez-moi un sort !
Les
deux sorciers regardèrent la jeune femme. Nicky fit non de la tête alors que
son frère avait le sourire jusqu’en haut des oreilles.
— Je
ne suis pas d’accord Henry.
—
C’est un jeu, ton amie ne risque rien. De toute façon, nous ne la laisserons
jamais seule. C’est l’histoire d’une soirée pas plus.
—Tu
crois vraiment que Jordan va se contenter d’une soirée ?
Henry
balaya les objections de sa sœur, et se tourna vers Sam :
—Prête ?
Nicky
leva les yeux au ciel, voulut attraper la main de son frère...
Un
nuage de fumée les enveloppa tous les trois.
—Tu
vas bien ?
Nicky
regardait son amie.
—Je
suis la même ?
Sam
alla se regarder dans le miroir de l’entrée. Pareille, elle était semblable à
la femme de tout à l’heure. Brune, les cheveux longs, pas moche, pas une beauté
non plus à son goût.
—
Bien sûr, les sorcières ne sont pas des « canons ».
—
Je pensais quand même que je serais …
—
Montre-moi un peu ce que tu sais faire ?
Claque des doigts, là, fais-moi apparaître des fleurs.
—
Comme ça ?
Elle
s’exécuta, mais rien ne se produisit.
— Normal,
dit Henry qui venait de réapparaître, il faut que je sois toujours près d’elle.
Sam
maugréa :
—
Génial ! Une vraie nounou !
—
Non mais, elle croyait quoi ta copine ? On ne devient pas sorcière d’un
claquement de doigt, je vous ai jeté un sort qui n’agit que quand je suis près
de vous, point. Bon, on se presse un peu, Jordan va arriver.
Nicky
regarda son amie.
—
Tu n’aurais pas dû, Sam !
—
Mais si tu vas voir, on va bien s’amuser !
—
Bonjour !
Un
homme se tenait devant eux.
—Salut
Jordan ! Il salua à tour de rôle son ami, Nicky puis se tourna vers Sam
qui n’en menait pas large. Henry fit les présentations :
—
Voici Sam ! La connais-tu ?
Le
sorcier tourna autour de la jeune femme qui n’apprécia pas d’être
évaluée ! Comme elle avait vu faire Henry précédemment, elle leva la main
sur lui, et le stoppa net. Surprise par son don, elle faillit éclater de rire
mais se rappela à temps qu’elle était censée faire ça tous les jours.
—
OK, OK, sourit Jordan. Jolie sorcière, d’où venez-vous ?
Surprise
par la question, Sam minauda :
—
Aucune importance !
Il
leva alors les bras, fit une incantation qui eut le don d’affoler le frère et
la sœur. Henry ouvrit la bouche, Nicky n’eut le temps que de crier
« Non », ils disparurent. Jordan et Sam étaient seuls.
C’est
alors que JM le fils de Sam débarqua dans le salon :
—
Dis-moi maman, tu n’as pas oublié que ce soir j’ai une soirée et que tu dois
m’emmener chez …
—
Vous avez un fils ?
—Non,
ta mère est sortie JM, tu…
—Sa
mère est sortie ? Nicky a un fils ? demanda Jordan surpris
—
Non, pas Nicky… bégaya la jeune femme
—
Alors ? demanda Jordan
—
Alors ? demanda JM
—
Bon d’accord, c’est mon fils.
—Bravo,
ça a l’air de te faire plaisir ! bougonna JM
—
Mais non mon chéri, je t’expliquerai…
—
Moi aussi j’ai une fille, dit Jordan.
—Elle
s’appelle comment ?
—
Emilie.
—
Mais je vous connais…
JM s’approcha de Jordan et lui tendit la main.
—
Bonjour, la soirée est justement chez vous ce soir, je vous ai déjà vu venir
chercher Emilie au lycée, désolé de ne pas vous avoir reconnu.
Ils
se serrèrent la main. C’est à ce moment
que Nicky et Henry ouvrirent la porte.
—
Salut !
JM s’approcha de l’amie de sa maman et
l’embrassa.
— Je
ne savais pas que tu connaissais le papa d’Emilie.
Il
se tourna vers Henry, Nicky fit les présentations :
—
Mon frère.
JM
lui serra la main et se tourna vers sa mère :
— Maman,
tu viens ?
Sam
haussa les épaules et suivit son fils.
—
Tu parles d’une sorcière !
—
Et toi ? Je ne savais pas que tu avais une fille !
—
Ce n’est pas un problème que je sache ! Elle n’est pas sorcière,
avoue ! demanda Jordan
—
J’avoue, c’est l’amie de Nicky !
—
Ah Bravo ! Tu m’as trompé, alors j’ai gagné mon pari.
—
Attends une seconde, tu te souviens quand on a fait ce pari stupide ?
—Hum ?
—
Qu’est-ce que j’ai dit si tu gagnais ?
Jordan
le regarda surpris.
—Je
ne me souviens pas, rappelle-moi !
Henry
éclata de rire.
—
Où es-tu Jordan ? Allez, j’ai failli marcher…
Sam
était rentrée chez elle après avoir amené son fils chez Emilie. Elle était
furieuse que sa carrière de sorcière ait tourné si court. Elle allait se
préparer son dîner :
—
N’empêche, ce serait chouette, si le repas pouvait se préparer tout seul, une
assiette sur la table, une tranche de jambon, de la salade…
Elle
n’eut pas le temps de finir de parler que tout ce qu’elle avait demandé
apparaissait devant elle.
—
Alors ça !
Elle
éclata de rire, et dit tout haut :
—
Hop ! En pyjama !
Aussitôt
dit aussitôt fait, elle était en pyjama. Son chat noir affolé disparut sous le
buffet.
— Je
suis une sorcière, je suis une sorcière !
Sam
faisait la danse des Sioux au milieu de son salon en riant aux éclats. Elle s’approcha
alors de sa cheminée et sourit :
— Comme
dans Mary Poppin’s « chem cheminée chem chem… »
Elle
n’eut pas le temps de réaliser qu’elle se retrouva perchée en haut de son toit,
assise sur sa cheminée, un balai entre les jambes.
— Nonnnnnnnnnn !
Sam
hurla, elle avait le vertige là-haut toute seule. Elle réfléchit et pensa très
fort à son salon.
Hélas,
elle était toujours sur la cheminée.
A suivre ...
A suivre ...
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