— Tu
es fou à lier, mon pauvre juin.
Juillet
s’installait. Il était très en colère.
— Qu’ai-je
fait encore ?
— Tu
as fait un de ces dégâts, je n’avais jamais vu ça. Tu t’es surpassé.
— Ah
tu parles de mes températures ? Même les vignes sont brûlées, tu t’en rends
compte ? J’ai réussi ce tour de force, moi !
— Il
n’y a vraiment pas de quoi être fier, crois-moi. Tu as marché sur mes plates-bandes.
— Tu
es jaloux ? J’ai bien le droit moi aussi, d’avoir la chaleur sur les plages, de
voir les enfants…et parlons-en de tes plates-bandes, elles sont un peu …
grillées.
Juin
riait. Il était fier de lui.
— Ne
m’agace pas avec tes réflexions. Les enfants ? Rien du tout … Il faisait
tellement chaud, qu’ils ne pouvaient pas sortir. Et ces pauvres petits vieux
qui respiraient difficilement…et ces volets qui devaient rester fermés la
journée entière, en plein mois de juin.
— Oui,
Juin c’est moi. Mais tu exagères ! Ils avaient tout prévu. Des brumisateurs, de
l’eau à volonté, et en plus… même le brevet des collèges a été repoussé, les
gosses doivent être contents.
— Mais
tu délires mon ami. Tu as réfléchi à tous ceux qui avaient révisé depuis des
lustres et qui pensaient pouvoir partir tranquilles dès le 1er de MON mois.
— Ah
c’est donc ça, tu es en colère, parce qu’ils ne sont pas sur TES plages ?
— Je
ne suis pas en colère, je suis…
— En
colère, je le vois bien, tu es tout morose ce matin.
— C’est
de ta faute, il faut bien que je répare un peu les dégâts.
— Mais
as-tu pensé à ceux qui partent aujourd’hui ou qui sont arrivés sous ta
grisaille ?
— Au
fait, à propos de grisaille. Peux-tu m’expliquer pourquoi une région a été
épargnée de ta canicule ?
— Laquelle ?
— Fais
ton intéressant. La Bretagne, ça ne te dit rien ?
— Ah
ça c’est à cause du bonhomme en ciré jaune.
— Tu
développes s’il te plait ?
— En
fait… je le crains !
— Tu
rigoles ?
— Il
trouve toujours des expressions abracadabrantes qui me filent la chair de poule,
du coup, dans sa région, je n’arrive jamais à faire pointer le soleil assez
longtemps. Dès que je le chauffe un peu, hop il m’asticote et je deviens tout
gris.
— Ah
je comprends mieux pourquoi, mon Tour de France cette année ne passe pas par là,
tu l’as vraiment énervé.
— Ne
me mets pas tout sur le dos quand même ! Je m’en vais, je ne veux plus discuter
avec toi de peur que je gronde encore et déclenche une de ces tempêtes de grêlons
comme j’en ai le secret.
— Oui,
les abricotiers s’en souviennent. File, que je ne te revois plus avant l’année
prochaine.
Vous
comprenez pourquoi Juillet commence mal… Il a le blues. Il essaie de réparer et
comme il bougonne, il est un peu gris, il est un peu frais. Il va faire
pourtant son possible pour que les juillettistes qui le préfèrent ne changent
pas d’avis. La concurrence est rude avec son pote Août.
— Pourvu
que je ne déclenche pas la colère des cirés jaunes… Mais qui est le bonhomme
dont il a si peur… Je vais aller y faire un tour moi et leur filer un coup de
chaud, histoire de ne pas faire de jaloux. Alors on dit quoi ?
— Bienvenue
Juillet !
— Quand
même !
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