Les
enfants sont grands, mais il reste des souvenirs de rentrée mémorables.
J’emmène
pour la première fois ma fille à l’école, elle a 3 ans. La jeune institutrice
nous accueille avec le sourire. C’est sa première rentrée aussi. Elle installe
ma gamine devant des coloriages, des puzzles.
— Vous
pouvez rester avec elle si vous le souhaitez, je vous dirais quand ce sera le
moment de la laisser.
Je
ne me sens pas très à l’aise et ma pitchounette le ressent. Je m’assois donc
près d’elle et surveille du coin de l’œil les autres enfants qui arrivent. Il y
en a qui pleurent et d’autres qui font les fanfarons. La classe se remplit peu
à peu. La maîtresse s’approche de moi tout sourire et me fait signe qu’il va être
temps d’y aller. Je repousse la petite chaise, essayant de ne pas faire trop de
bruit. C’est ridicule, car il y a un brouhaha de fond. Ma gamine se lève aussi
et reprend sa veste.
— Mais
qu’est-ce que tu fais ? Tu peux rester là.
— Mais
c’est bon, j’ai vu ce que c’était l’école, je repars avec toi.
Le
lendemain, elle refuse carrément d’y aller, assurant qu’elle y était déjà restée
un jour, ça suffisait.
Deux
ans plus tard, je m’y recolle avec mon fils. Agrippé à mes bras comme un singe,
je pourrais le lâcher, il tient tout seul. Cette fois-ci c’est la directrice
qui nous accueille. Elle se fait beaucoup plus convaincante et connaissant la
suite des événements parce qu’elle a l’habitude pas vrai, elle propose de poser
mon petit garçon au sol. À regret, je m’exécute.
Il
m’échappe et s’enfuit vers la sortie. Heureusement, ils avaient tout prévu les bougres,
la poignée est très haute et mon bonhomme se retrouve bloqué devant la porte,
le nez collé contre la vitre. Je suis dévastée. Je le ramène dans la salle de
jeux, la tête haute alors que je n’en même pas large, et là, la directrice à
nouveau (je la déteste, pourtant, elle est super sympa, mais à cet instant, j’ai
envie de la mordre), elle lui prend la main et me dit au revoir. Que faire ? Je
suis congédiée ! Je pars la mort dans l’âme, et j’entends :
— Maman,
maman, ne m’abandonne pas !
Je
m’enfuis, les larmes aux yeux. Quel monstre suis-je donc pour abandonner ainsi mon
enfant !
Quand
je le récupère le midi, sa maîtresse m’assure que j’étais à peine sortie qu’il
avait le sourire et que tout allait bien. Le misérable !
Il
m’a fait ça plusieurs fois de suite, le coquin !
Il
faut croire que j’aime ça, parce que quelques années plus tard, je remets ça avec
mon troisième. Lui, c’est le dernier. C’est encore plus difficile. Je sais ce
qui m’attend pourtant, mais avec les années, j’avais imaginé que je serais plus
forte, et que ça serait différent. Eh bien non, le cœur en charpie, je n’arrive
pas à décoller les bras de mon petit. Il faut croire que les garçons sont plus attachés
que les filles, ou alors leurs bras ne sont pas fabriqués de la même manière,
impossible de le détacher. La directrice, oui encore elle, mais pas la même, même
si elles semblent toutes faites sur le même modèle, est beaucoup moins
sympathique, enfin c’est du moins mon ressenti à l'instant. Elle me l’arrache
littéralement, en me disant :
— C’est
le moment, vous devez partir là.
Immédiatement,
je me sens jugée. À nouveau je m’enfuis et j’appelle mon homme en larmes, en racontant
que c’est un monstre, la directrice, que je ne veux plus qu’il y aille….
Trois
enfants, je devrais y être habituée ? Pas du tout.
Et
que dire de la rentrée en CP, puis au collège surtout quand un déménagement est
survenu entre temps.
— Ils
sont grands, non ? Et je n’ai plus personne avec moi… (mon deuxième gamin est
très fort pour me faire culpabiliser).
Ma
réponse est nulle, je sais.
— C’est
parce qu’on est dans la voiture, on est assis !
Celle
du lycée pour ma fille qui ne se retrouve qu’avec des garçons parce qu’elle a
choisi une section technologique. Elle a quitté un établissement tout neuf,
performant, avec toutes les nouvelles installations, pour arriver dans un vieux
« truc » comme elle l’appelle…. Elle m’a refait tout le jardin la veille de la
rentrée, histoire de se changer les idées. Le stress a du bon quelquefois.
Ils
sont grands, mais ils ont toujours la boule au ventre quand ils reprennent et
moi avec, même si je ne les accompagne pas jusqu’au bout de la porte. C’est la
voiture et le signe de la main qui remplace les embrassades et les bras autour
du cou.
Mais
non, je ne suis pas nostalgique. Foutue rentrée va !
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