— C’est
quoi ce Bordel ! Qu’est-ce que t’as foutu Mars ? Personne dans les rues,
pas de voitures, rien ! Nada ! je n’ai rencontré qu’un chat qui faisait sa
toilette au milieu de la route !
Avril
s’installe et ne comprend rien à ce qu’il a devant les yeux. Sa nature est
pourtant bien la même. Ses fleurs sont magnifiques, les arbres sont en
bourgeon, le ciel semble dégagé, alors que se passe-t-il pour que les gens
qu’ils croisent portent un masque, des gants, baissent la tête, ne se parlent
pas ou se tiennent loin des uns des autres ?
Pas
un poisson en chocolat dans les vitrines. Pas un sourire sur les visages. Lui,
qui croyait qu’il était attendu avec impatience, il a l’impression d'être
invisible.
— Pas
envie qu’ils disent !
— Alors
tu m’expliques ? Et tu as intérêt à être convaincant ! Je n’ai jamais vu ça
depuis la guerre.
— C’est
un peu ça !
— Comment ?
Je n’entends aucun bruit d’avion ! seuls les oiseaux se baladent !
— C’est
un virus !
— Un
quoi ?
— Un
virus très méchant et très contagieux.
— Et
alors ? J’en ai connu des choses depuis la nuit des temps, ce n’est pas un truc
de rien du tout qui va tout stopper !
— Il
est petit, mais costaud !
— Je
répète et alors ? Décembre, janvier et même février ont l’habitude de ces
virus, ce n’est pas pour autant que tout s’arrête.
— C’est
un nouveau. Et il tue !
— Quoi ?
— Tu
sais, je suis triste. Les seniors qui venaient souvent se promener aux premiers
rayons du soleil… Beaucoup ne sont plus là.
Avril
soupire.
— Il
n’y a rien à faire alors ?
— Ils
doivent tous rester chez eux… mais certains ne le font pas et du coup, le virus
se propage à une vitesse grand V.
Avril
gronde de colère.
— Ce
n’est pourtant pas difficile de se confiner chez soi. Je vais leur flanquer un
temps froid à ne pas mettre le nez dehors, tu vas voir qu’ils ne vont plus
bouger.
— Peut-être…
Mais tu sais, le soleil c’est bien aussi pour leur moral.
— Tu
as raison ! Je vais faire au mieux alors. Je vais souffler doucement, je vais
leur réchauffer leurs cœurs tendrement, je vais demander à Dame Nature qu’elle
déploie ses parfums de printemps dès le matin. Les oiseaux et les animaux
m’écouteront, ils leur distilleront un peu de joie.
— Encore
faut-il qu’ils sachent s’en rendre compte. Ils sont tristes. Et puis, ils n’ont
plus l’habitude de rester à ne rien faire. Ils s’ennuient. Ils ne supportent
plus leurs enfants.
— Je
peux espérer qu’ils passent de jolis moments dans leurs jardins, à leurs
fenêtres, et alors ils s’apaiseront. Et les gosses n’y sont pour rien.
— Je
te laisse Avril, je n’ai jamais connu un temps aussi morose. Ce ne sont pas de
mes giboulées qu’ils se rappelleront.
— Va…
©
Minibulle 1er avril 2020
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