Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

mercredi 1 avril 2020

Avril se pose des questions



— C’est quoi ce Bordel ! Qu’est-ce que t’as foutu Mars ? Personne dans les rues, pas de voitures, rien ! Nada ! je n’ai rencontré qu’un chat qui faisait sa toilette au milieu de la route !

Avril s’installe et ne comprend rien à ce qu’il a devant les yeux. Sa nature est pourtant bien la même. Ses fleurs sont magnifiques, les arbres sont en bourgeon, le ciel semble dégagé, alors que se passe-t-il pour que les gens qu’ils croisent portent un masque, des gants, baissent la tête, ne se parlent pas ou se tiennent loin des uns des autres ?
Pas un poisson en chocolat dans les vitrines. Pas un sourire sur les visages. Lui, qui croyait qu’il était attendu avec impatience, il a l’impression d'être invisible.
— Pas envie qu’ils disent !

— Alors tu m’expliques ? Et tu as intérêt à être convaincant ! Je n’ai jamais vu ça depuis la guerre.
— C’est un peu ça !
— Comment ? Je n’entends aucun bruit d’avion ! seuls les oiseaux se baladent !
— C’est un virus !
— Un quoi ?
— Un virus très méchant et très contagieux.
— Et alors ? J’en ai connu des choses depuis la nuit des temps, ce n’est pas un truc de rien du tout qui va tout stopper !
— Il est petit, mais costaud !
— Je répète et alors ? Décembre, janvier et même février ont l’habitude de ces virus, ce n’est pas pour autant que tout s’arrête.
— C’est un nouveau. Et il tue !
— Quoi ?
— Tu sais, je suis triste. Les seniors qui venaient souvent se promener aux premiers rayons du soleil… Beaucoup ne sont plus là.
Avril soupire. 
— Il n’y a rien à faire alors ?
— Ils doivent tous rester chez eux… mais certains ne le font pas et du coup, le virus se propage à une vitesse grand V.
Avril gronde de colère.
— Ce n’est pourtant pas difficile de se confiner chez soi. Je vais leur flanquer un temps froid à ne pas mettre le nez dehors, tu vas voir qu’ils ne vont plus bouger.
— Peut-être… Mais tu sais, le soleil c’est bien aussi pour leur moral.
— Tu as raison ! Je vais faire au mieux alors. Je vais souffler doucement, je vais leur réchauffer leurs cœurs tendrement, je vais demander à Dame Nature qu’elle déploie ses parfums de printemps dès le matin. Les oiseaux et les animaux m’écouteront, ils leur distilleront un peu de joie.
— Encore faut-il qu’ils sachent s’en rendre compte. Ils sont tristes. Et puis, ils n’ont plus l’habitude de rester à ne rien faire. Ils s’ennuient. Ils ne supportent plus leurs enfants.
— Je peux espérer qu’ils passent de jolis moments dans leurs jardins, à leurs fenêtres, et alors ils s’apaiseront. Et les gosses n’y sont pour rien.
— Je te laisse Avril, je n’ai jamais connu un temps aussi morose. Ce ne sont pas de mes giboulées qu’ils se rappelleront.
— Va…

© Minibulle 1er avril 2020


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