- Qu’ils sont donc gamins !
Muguette obligée de sortir parce que ses placards sont vides fait bien
attention de ne pas glisser et regarde avec méfiance les deux adolescents qui
se bombardent de boules de neige.
Et vlan, elle en reçoit une en pleine figure. Aveuglée et furieuse,
elle se retourne brutalement pour invectiver les coupables et se retrouve les
quatre fers en l’air dans la poudreuse.
Aussitôt le couple s’approche hilare. Leur rire s’efface rapidement
devant la tête furibarde de la propriétaire aux cheveux emmêlés qui lui cachent
les yeux. A quatre pattes dans la neige, elle tente désespérément de se
relever. Le garçon lui tend une main secourable.
- Désolé ! Je vais vous aider.
Muguette vexée voudrait bien refuser, mais elle met son amour propre
dans sa poche et accepte.
Une fois debout, elle regarde les adolescents.
- Vous êtes contents de vous ?
Franchement, ce n’est pas drôle !
- Vous n’êtes pas blessée ? demande la jeune fille.
- Heureusement. Bon, où sont mes
courses ? Elle regarde avec désespoir ses achats échappés de son cabas.
- Je vous les ramasse.
A ce moment, une jeune femme sort de la maison située de l’autre côté
de la route.
- Vous n’êtes pas blessée ? Venez vous mettre au chaud. Elle se
tourne alors vers le jeune homme :
- Franchement Fred, tu exagères.
- Oh ça va, on ne l’a pas fait exprès !
- Tu parles ! ronchonne Muguette qui n’ose pas avouer que sa
cheville l’a fait souffrir.
- Venez je vous offre un café, ça vous réchauffera. C’est vrai que
cette neige nous a surpris ce matin.
Muguette ne pipa mot et suit tant bien que mal la jeune femme et le
couple d’adolescents.
Une fois installée dans la cuisine et la chaleur aidant, sa colère
refit surface :
- C’est malin de lancer des boules de neige sur les passants…
- Je vous présente mon fils Fred et sa copine Pétunia. Moi c’est Prune.
- Muguette !
Prune éclata de rire. Muguette bougonna :
- Oui je suis née un premier mai. Mes parents n’ont rien trouvé de
mieux que de m’appeler Muguette, heureusement que je suis une fille. Vous m’auriez
vu m’appeler Muguet ?
- Mes parents aussi nous ont donné des prénoms de fleurs, dit Pétunia.
- Prune, ce n’est pas non plus un prénom facile remarqua Muguette,
heureusement que vous n’habitez dans la rue des Bananiers.
- Mais si justement, répondit Prune.
- Non ?
Muguette éclata de rire à son tour.
- Et vous, vous habitez dans le coin ?
- La rue d’à côté… Oui je sais, c’est la rue des Mimosas !
Les deux jeunes femmes riaient.
- J’ai vu que vous boitiez légèrement, vous ne voulez pas un peu de
glace ?
- Non, merci ! Je vais repartir.
- Si vous voulez je vous raccompagne, toutes les deux, ça ira plus
vite. Prune enfila un manteau et saisit le sac à provisions de Muguette.
- Je vous le porte, ce sera plus facile pour vous de marcher.
- Vous êtes toujours comme ça ? demanda Muguette les sourcils
froncés.
Surprise, Prune la regarda :
- Toujours comme ça ? Vous voulez dire quoi ?
- Gentille, souriante… Moi je râle tout le temps.
- Je ne trouve pas …
Les deux jeunes femmes se turent jusqu’à la porte de Muguette.
- C’est là, je vous remercie. Indécise, elle hésita. Prune lui plaisait
bien et elle se sentait souvent seule dans ce quartier, Félicie n’habitait pas
là.
- Vous désirez entrer ? demanda finalement Muguette.
- Pourquoi pas ?
A ce moment précis son portable sonna. Elle répondit à l’appel.
- Désolée, c’était mon fils. J’avais oublié que le frère de sa copine
devait passer. Nous allons ensemble à la piscine. Son visage s’éclaira. Mais venez
donc avec nous, ça ne pourra que faire du bien à votre cheville.
- Avec cette neige, je vais rester au chaud. Vous allez vous baigner
par ce froid ?
- Vous savez la piscine est couverte et chauffée sourit Prune, mais n’hésitez
pas si vous changez d’avis.
Prune repartait quand elle cria à la jeune femme :
- Vous savez plus on est nombreux, plus on se motive, en plus Jasmin
est un très bon professeur. Sur ces paroles, elle laissa Muguette et traversa
la rue.
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