Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

lundi 26 février 2018

Tout s'explique !


Muguette essuyait ses larmes en rageant et en répétant :
_ Non, je ne pleure pas, c’est le froid !
Elle était folle de rage de s’être laissée avoir. Quelle idiote ! Trente-cinq ans, elle avait roulé sa bosse quand même. Bon, il est vrai qu’elle n’était pas douée pour trouver l’âme sœur, mais là elle y avait vraiment cru. Elle renifla.
_ Ah non pas elle !
Elle aperçut Prune qui faisait les cents pas devant sa porte, puis Félicie qui sortait de sa voiture dès qu’elle vit arriver son amie.
_ Mais je n’ai pas envie de vous voir ! cria Muguette par la vitre baissée.
Prune pâlit et Félicie haussa les épaules. Muguette faillit faire demi-tour. Trop énervée, elle cala et ragea contre ses pédales. Finalement, elle gara sa voiture en vrac devant son garage et ouvrit la portière à la volée et répéta :
_ Je n’ai pas envie de vous voir, compris ?
Prune aussitôt intervint :
_ Je comprends Muguette, c’est mon fils, il a déconné je l’admets, son père est furieux, mais…
_ Je te ramène ton chargeur, l’interrompit Félicie, je l’avais embarqué hier soir avec mes affaires. Je suis désolée, tu n’avais pas de téléphone.
Muguette les bouscula et entra chez elle sans les écouter. Prune hésita puis suivie de Félicie, entra à sa suite.
Muguette regarda sa pièce comme si elle la voyait pour la première fois. Elle était si heureuse tout à l’heure de partir…
_ Mais ça va s’arranger, reprit Prune, Fred a supprimé la vidéo, c’était une bêtise. Tu crois que ça peut avoir un impact sur la situation de Jasmin ?
Au nom du jeune homme, Muguette prit feu :
_ Ne me parlez plus jamais de ce menteur ! Je ne veux plus jamais le voir, jamais, jamais.
Prune et Félicie se regardèrent interloquées. La première ne dit rien tandis que l’autre prenait son courage à deux mains pour demander :
_ Tu veux expliquer ce qui se passe…
Muguette avait saisi son chargeur des mains de Félicie et elle brancha son téléphone. Elle ne s’occupa plus des deux femmes et écouta ses messages. Elles la virent pâlir, puis se laisser tomber sur le canapé.
Elle regarda alors Prune, et se rappela l’appel de Lally.
_ Tu veux m’expliquer ?
_ Fred a filmé la dispute sur le parking de la piscine et l’a postée sur Internet. Heureusement Pétunia lui a fait entendre raison, il l’a tout de suite supprimée. Il m’a dit que ça n’intéressait personne.
_ Si, ça intéressait quelqu’un.
Elle mit le haut-parleur et la voix de Jasmin envahit la pièce :
« Muguette ? Dommage que vous ne me répondiez pas, vous êtes peut-être déjà partie. J’espère que vous aurez mon message avant que nous nous retrouvions, sinon je crains le pire telle que je vous connais. J’ai un problème avec une de mes collègues qui me fait du chantage avec une vidéo qui a été diffusée sur le Net. Je règle le problème et nous nous retrouvons comme prévu. Je vous embrasse. »
Le silence envahit alors la pièce et Félicie regarda son amie.
_ Tu n’avais pas eu le message évidemment !
_ Non, grâce à toi !
_ Hey ! Tu ne vas pas m’en vouloir, je suis désolée, ça tombe mal je sais mais…
_ Je lui ai balancé un plateau de café à la figure...
Prune intervint :
_ Tu avais rendez-vous avec lui ce matin ?
_ Oui, mais c’est une longue histoire, il faudrait tout raconter depuis le début.
_ C’est vrai que je ne vous connais pas depuis longtemps toutes les deux et je m’immisce dans vos affaires…
_ Stop Prune ! Arrête d’être gnangnan, maugréa Muguette.  Pour te la faire courte, j’ai rencontré Jasmin dans un bar. J’ai flashé sur lui parce qu’il s’appelle Jasmin et moi Muguette et après tu connais la suite…
_ Mais c’est du n’importe quoi…
_ Je me passe de tes commentaires Prune si tu veux bien.
_ Appelle-le, ordonna Félicie en lui tendant son portable. Excuse-toi et explique-lui pourquoi tu n’avais pas ton téléphone.
_ J’ai peur, il va me jeter !
_ Tu n’as plus douze ans quand même !
_ Enfin, pour balancer un plateau de café à la tête de quelqu’un, on se demande… murmura Prune
_ Fais-la taire Félicie, dit Muguette en se levant, ou…
_ Tu te calmes oui ? ordonna Félicie, téléphone-lui !
Prune baissa la tête tandis que Muguette composait le numéro de Jasmin. Il était sur répondeur.
_ Laisse lui un message !
_ Mais non, je préfère lui parler vraiment.
Elle se tourna vers Prune.
_ Je suis désolée, je me suis emportée.
_ Après tout c’est de ma faute tout ça, si mon fils n’avait pas …
_ On oublie tout, dit Félicie. Tu nous offres un café Mug ? Tu vas voir que tout va s’arranger.

Cunégonde Deporte était furieuse. Rien ne s’était déroulé comme prévu. Tout d’abord, son collègue avait refusé de s’assoir à sa table. Comme elle avait insisté, il s’était incliné, et au moment où elle posait sa main sur la sienne pour lui parler, une folle furieuse avait déboulé et avait lancé à la figure de Jasmin un plateau de café. Heureusement qu’elle n’était pas très douée la fille, il avait réussi à l’esquiver et c’est juste son manteau qui avait été tâché. Cunégonde avait voulu rattraper la fille pour lui demander de s’excuser mais son collègue l’avait retenue. Puis le propriétaire du bar s’en était mêlé pour savoir s’il voulait porter plainte. Là aussi, il avait refusé.  Pour couronner le tout il s’était levé, l’avait saluée et l’avait laissée en plan. Mais on ne laissait pas Cunégonde toute seule comme ça au milieu d’un bar un dimanche matin ! Il allait voir ce qu’il allait voir le directeur des Impôts ! Elle saisit son téléphone.


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