Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

dimanche 18 février 2018

Ensembles, Muguette et Jasmin ?


Jasmin refit le chemin en sens inverse, la neige avait fondu fort heureusement. Il resta quelques minutes dans sa voiture puis appela Félicie. Il se félicita d’ailleurs d’avoir enregistré le numéro de sa collègue un jour qu’elle l’avait appelé pour signaler son absence.

Muguette allait et venait de sa cuisine au salon. Cheveux en bataille, visage bouffi par les larmes, sa ride du lion plus profonde que jamais, un mouchoir en boule dans la main droite et son portable dans la gauche. Quand on sonna à sa porte, elle resta plantée dans le hall d’entrée. Un deuxième coup de sonnette la fit sursauter. Un coup d’œil à l’extérieur la renseigna.
_ Pas la peine de venir, c’est inutile ! grinça-telle. Vous voulez encore me raconter des histoires à dormir debout, à d’autres, je ne suis pas idiote, fichez le camp !
Jasmin savait que ça n’allait pas être facile, il insista en laissant son doigt appuyé sur le bouton de la sonnette ce qui déclencha la fureur de la jeune femme qui ouvrit la porte en hurlant :
_ Vous n’avez qu’à tout casser tant que vous y êtes ! Vous êtes un malade vous !
_ Je peux entrer ?
Le calme de son interlocuteur la déstabilisa, elle s’écarta.
_ Merci.
Il entra dans le salon et se tourna vers elle.
_ C’est sympa chez vous !
_ Faites comme chez vous surtout ! Vous n’avez qu’à vous asseoir tant que vous y êtes.  Vous allez vouloir boire quelque chose aussi sans doute, comme deux bons amis que nous sommes. Mais nous ne sommes pas des amis, je ne vous connais pas, fichez le camp ! elle le foudroya du regard en lui indiquant la porte toujours ouverte.
_ Il ne fait pas chaud dehors, vous feriez mieux de fermer la porte, et nous pourrions peut-être discuter calmement.
Furieuse, elle riposta :
_ Vous arrêtez de commander ma vie, oui ? Je vous demande de partir, je n’ai rien à vous dire.
_ Moi si. Savez-vous que vous n’avez pas cessé de hanter mes pensées ? Oui, vous, avec votre caractère infernal ! Mais fermez-la …
_ Mais je rêve je suis chez moi et vous m’insultez !
_ Laissez-moi finir ma phrase, fermez-la donc cette porte, il fait un froid de canard et d’autorité il la reclaqua.
Ébahie, elle le regarda :
_ Vous ne doutez de rien vous !
_ Voulez-vous m’écouter ? Je vous assure que votre amie Félicie…
_ Ah, c’est elle qui vous envoie…
_ Mais laissez-moi donc terminer mes phrases bon sang ! Non, ce n’est pas Félicie qui m’envoie et…
_ Comment avez-vous eu mon adresse alors ? C’est bien elle qui vous a renseigné, ne dites-pas le contraire, vous n’aviez pas mon numéro.
Jasmin soupira, la bataille s’annonçait vraiment difficile, autant joué franc jeu tout de suite.
_ Effectivement, j’avais le numéro de Félicie. Je l’ai appelée pour avoir votre adresse. Elle n’est pas loin d’ailleurs, elle est toujours dans sa voiture garée devant chez Prune.
Muguette hocha la tête.
_ Je répète, votre amie n’était au courant de rien, je n’ai pas habitude de raconter à mes collègues ma vie personnelle.  Je vous ai laissé ma carte en espérant que vous la trouveriez, mais il ne m’en restait qu’une de ce fichu imprimeur…
_ Sur Internet, vous savez qu’on peut avoir des cartes de visite à s’imprimer…
_ Vous n’en avez pas assez de m’interrompre tout le temps ?
_ Pour ce que j’en dis, et puis après tout je m’en moque…
_ Je reprends, j’ai laissé ma carte et quand je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas mon adresse, j’étais …
Elle éclata de rire et tout se suite, elle devint plus jolie en perdant son air bougon.
_ Ne me dites pas que vous étiez malheureux je ne vous croirais pas, on a passé l’âge quand même de tomber amoureux comme ça.
_ Vous m’aviez bien dit que vous aussi vous désiriez me revoir…
Muguette rougit.
_ En fait… Elle se rendit compte qu’il ne connaissait toujours pas son prénom. Jasmin la regardait interrogateur.
_ Je me suis dit que je ne pouvais pas laisser passer quelqu’un qui s’appelait Jasmin parce que…Je m’appelle Muguette.
Stupéfait, il éclata de rire.
_ Vous vous moquez de moi ?
_ Non, je sais c’est nul !
_ Vous faites toute une histoire parce que je m’appelle Jasmin de la Rochefleurie et ma sœur Pétunia, et vous, votre prénom est Muguette ?  Vous me recherchiez parce que … Il réalisa alors ce que sous entendait la jeune femme. Furieux, il l’apostropha :
_ Ce n’est pas vrai ? Vous pensiez que nous étions faits l’un pour l’autre parce que j’ai un prénom de fleur ?
_ Effectivement dit comme ça… marmonna Muguette.
Il se laissa tomber dans le canapé, enleva son manteau qu’il n’avait toujours pas quitté, et dit :
- Finalement, je prendrais bien quelque chose à boire. 
Pendant qu’elle s’activait dans sa cuisine, Muguette ruminait. C’est vrai que c’était idiot cette idée de Muguette et de Jasmin. Elle le regarda à la dérobée et s’étonna de le trouver plutôt bel homme, elle ne l’avait vraiment pas bien regardé toute occupée qu’elle était à vouloir le récupérer à cause de son prénom, mais quelle nulle. Elle repensa à son amie Lally. Elle serait là, elle se moquerait bien d’elle et elle aurait bien raison. La cafetière à la main, elle vint s’asseoir en face de Jasmin.
_ Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda la jeune femme consciente du ridicule de la situation
_ C’est à vous de me le dire, répondit Jasmin en se servant de café.
Elle le regarda faire et se rendit compte qu’il semblait vraiment à l’aise chez elle comme si, il était à sa place. Leurs yeux se rencontrèrent, ils se sourirent.
_ On a vraiment mal commencé hein ? murmura Muguette
_ On peut dire ça comme ça ! Bon, si on reprenait tout depuis le début…
_ Vous voulez dire dans le bar, pour prendre un petit déjeuner ?
Il se leva et lui tendit la main.
_ Demain, vers 9 heures, même endroit que l’autre fois, ça vous va ?
_ Il ne pleuvra pas j’espère ?
_ Pourquoi ? Il pleuvait quand je vous ai rencontrée non ?
_ A demain alors ?
Il l’embrassa sur la joue et lui demanda :
_ Votre numéro de téléphone au cas où ?
Elle lui donna et il l’appela aussitôt pour qu’elle ait le sien, un dernier signe de la main, et il la laissa. Elle courut derrière lui :
_ C’est tout ? Vous ne me dites rien ?
_ N’oubliez pas, on ne se connaît pas encore … Il monta dans sa voiture, elle repartit vers sa maison.

_ Tu l’as publiée ? criait Pétunia au téléphone, tu m’avais promis de ne pas le faire…

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