- Ah te voilà gamin !
- Arrêtez de m’appeler « gamin », je sais bien que je n’ai que 28
jours. Ce n’est pas de ma faute quand même.
- Tu recommences. Tu pleurniches, il pleut déjà assez comme ça !
Février, petit bonhomme bedonnant avait les yeux plein de larmes
continuellement. Mois de Neptune, mois des pluies, on ne l’aimait guère sauf
peut-être les agriculteurs. Il se devait d’être froid et pluvieux pour que les
récoltes soient excellentes.
- N’empêche, t’es un gamin !
Voilà pourquoi Février se mettait en colère et que neige, inondations,
tempêtes faisaient rage. Il n’en pouvait plus de se faire traiter de « petit »
de « pitchoun », alors il se mettait en colère. Pluies continuelles
tombaient de ses yeux gonflés et vent violent soufflait de ses joues rebondies.
Pourtant, c’est grâce à lui que les maisons se remplissaient de bonne odeur de
crêpes et que les enfants se régalaient. Il était heureux quand il les voyait s’entrainer
à les faire sauter et qu’éclats de rire et mines barbouillées de chocolat lui
chatouillaient les narines et les oreilles.
Quand son ami Mars ne lui chipait pas la primeur du carnaval, c’est à lui
que revenait cet honneur et il en était fier, mais malheureusement ça n’arrivait
pas tous les ans. Encore une histoire de calendrier. Celui-là, le calendrier,
il le « gonflait » sérieusement ! Il ne savait ce qu’il lui
avait fait, mais au gré de ses envies, il perdait des fêtes. Il ne l’aimait pas
« le calendrier ».
Mais ce qu’on ne sait pas, et ça Février le cachait bien, c’est qu’iI
était un incorrigible romantique et le 14, il adorait voir les amoureux se
faire des cadeaux. Il se faisait alors coquin et joueur en soufflant des
intentions aux amoureux étourdis. C’est lui qui guidait leurs pas chez les
fleuristes, chez les bijoutiers, dans les petits coins calmes et douillets. Son cœur battait alors la chamade au même
rythme que ces couples qui s’embrassaient, riaient, et il répandait alors une
nuée d’étoiles dans leurs yeux.
- N’empêche, t’es un gamin !
- Fous le camp Janvier ! Et février s’installa, les yeux remplis
de larmes.
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