Prune est à la bourre comme d’habitude. Ménage, courses, son fils à
récupérer et … la pâte à crêpes à préparer.
- Tu n’oublieras pas hein maman ?
Bien sûr que non. Prune sourit toute seule. Elle se rappelle les crêpes
avec sa maman. D’ailleurs c’est toujours sa recette. Par contre, elle est moins
douée. Il paraît qu’avec un louis d’or dans la main elle aura de l’argent toute
l’année, alors seule dans sa cuisine elle s’entraîne, parce que ça va être la
franche rigolade face au mari Thomas, au fils Fred et à la copine Pétunia qui
vient participer aussi, si elle se prend les crêpes sur la tête.
Prune a envie de rire à chaque fois que Pétunia arrive accompagné de
Fred. Ce n’est pas sa petite amie qu’il s’entête à répéter. Mais Prune trouve
qu’ils se regardent bien tendrement ces deux-là. Son prénom pas courant lui va
bien. Mais quelle idée ont eu les parents de l’appeler ainsi. Enfin, ce n’est
pas son problème et la jeune fille semble bien l’accepter. Prune a rencontré
son frère à la piscine. Il est le nouveau chef du Centre des Impôts. Ils ont
nagé ensemble, parce qu’il était tôt et qu’ils n’étaient que tous les deux dans
le bassin. Mais Prune ne lui aurait jamais adressé la parole si elle n’avait
pas manqué de s’étaler sur le sol glissant et qu’il l’avait rattrapé de
justesse. Sacrée différence d’âge entre le frère et la sœur.
Les pensées de Prune vagabondent. Elle s’est mise au sport comme prévu
mais question régime, avec les crêpes qui arrivent, elle ne va pas encore oser
monter sur cette satanée balance qui la nargue.
Et vlan ! encore une de ratée. Mais comment ils font pour les
faire sauter. Prune n’est franchement pas douée. Elle se l’est prise sur la tête,
génial !
- Mais maman ! Fred et Pétunia éclatent de rire.
- Attends, j’essaie.
- C’est quoi l’histoire du Louis d’or ? demande Pétunia
- Demande à maman, répond Fred en étalant la pâte à crête dans la poêle.
- N’en mets pas autant, râle Prune vexée, elle va être trop épaisse.
- Alors c’est quoi cette histoire de louis d’or ? insiste la jeune
fille.
Prune raconte que ses parents lui ont toujours dit que si elle réussissait
à faire sauter sa crêpe sans la faire tomber avec la pièce dans la main, elle
aurait de l’argent toute l’année.
- Et ça marche ?
- Bah, on n’est pas pauvre, répond Fred en riant.
Prune admire son fils dont la crêpe a fait un double saut périlleux et
est revenue dans la poêle.
- A toi maman !
- Vas-y plutôt toi Pétunia.
L’ambiance est fort sympathique. L’odeur des crêpes se répand dans la maison,
la pile augmente petit à petit, et même Thomas, le mari de Prune est de la
partie. Lui, il préfère les manger, mais Prune lui tape gentiment sur la main à
chaque fois qu’il tente de s’emparer de la gourmandise.
- Mets plutôt la table, lui glisse à l’oreille sa femme.
- Tu restes avec nous Pétunia ?
- Ben non c’est gentil, je repars avec mon frère qui vient me récupérer
Prune hoche la tête. C’est à ce moment que la sonnette retentit.
Jasmin de la Rochefleurie entre alors dans la cuisine et serre la main
de Thomas, embrasse sa sœur et se tourne vers Prune.
- Mais on s’est rencontré à la piscine, non ? demande-t-il en
souriant.
- Exact, rougit Prune. Pourvu qu’il ne raconte pas que j’ai failli m’étaler,
je vais encore avoir l’air cruche, pensa la jeune femme.
- Je ne savais pas que vous étiez la maman de Fred.
- Et moi je ne savais que vous connaissiez ma femme, sourit Thomas.
- En fait…
- Voulez-vous goûter une de mes crêpes ? l’interrompit Prune.
- Dis oui Jasmin, elles sont super bonnes.
Un silence s’installa alors dans la pièce. Prune sentit le fou rire la
gagner. Elle lâcha la crêpière.
- Non ? Vous vous appelez Jasmin ? Pas possible. Vous êtes
nombreux comme ça dans la famille ?
Devant sa famille ébahie, Prune éclata de rire, et les larmes se mirent
à couler. A chaque fois qu’elle regardait Pétunia et son frère, son rire
repartait de plus belle.
- Excusez-la. Thomas très gêné ne savait plus quoi dire.
- Laissez, j’ai l’habitude. Avec beaucoup d’humour, il ajouta :
- Jasmin de la Rochefleurie, et je suis le nouveau chef de centre des
Impôts.
- Alors là … c’est le bouquet ! murmura Prune en s’essuyant les
yeux.
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