Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 5 octobre 2018

Week-end mouvementé pour Muguette et Prune



Prune fulminait et c’était bien dommage pour un vendredi. Elle avait dû quitter le bureau et rentrer chez elle laissant Thomas avec Anabelle. Depuis la dernière fois où Monsieur le Maire les avait accompagnés, ils s’étaient retrouvés plusieurs fois. Son mari avait bien tenté tout en restant évasif de lui expliquer qu’il s’agissait d’un projet qu’ils allaient traiter en commun, Anabelle étant elle aussi architecte, mais Prune faisait sa tête de mule et refusait qu’il s’explique.
La jeune femme avait bien tenté de laisser traîner ses oreilles à la porte. Elle en était restée pour ses frais. Soit les pièces étaient très bien insonorisées, soit ils étaient très discrets. Déçue, elle avait patienté en traitant ses dossiers et en jetant de plus en plus souvent un regard sur la porte fermée. Finalement, elle était repartie chez elle, furieuse de n’avoir pas osé frapper à la porte.
Maintenant, elle était dans sa cuisine et tournait en rond.
— Bonsoir Maman !
Fred son fils, rentrait du lycée et s’installa à la table après avoir saisi une bouteille de jus de fruit.
— Tu en fais une tête ! Papa n’est pas revenu avec toi ? On dîne à quelle heure ?
Comme tous les ados Fred ne laissait même pas répondre sa mère. Il enchaînait les questions les unes après les autres sans se préoccuper de ce qu’elle pouvait penser. Surpris tout de même par son silence, il la regarda tout en sirotant son soda.
— Tu vas bien ? On dirait que tu as avalé un truc de travers.
— Oui oui ne t’inquiète pas ! 
— Ah voilà papa, j’entends la voiture.
Fred souleva le rideau.
— Tiens, il n’est pas seul ! Waouh c’est qui la fille avec lui, tu la connais ? Canon, quand même !
Il se leva pour les accueillir et faire le malin devant Anabelle.


Jasmin et Muguette s’apprêtaient à monter dans la voiture pour partir en week-end chez le jeune homme. Elle avait préparé un petit sac de voyage espérant qu’ils n’allaient pas s’éterniser dans les vignes. Pleine d’appréhension, elle s’assit sur le siège passager et se laissa aller contre le dossier. Jasmin démarra et lui glissa qu’il ne fallait pas qu’elle s’inquiète. Ses parents et ses grands-parents étaient ravis de l’accueillir et impatients de faire sa connaissance. Il rappela qu’elle était la première femme qu’il présentait à son grand-père ce qui n’eut pas le don de la rassurer. Elle avait l’impression qu’elle allait passer un examen et que suivant les résultats elle aurait droit à intégrer leur famille ou pas.
— Quand même c’est d’une autre époque ces présentations. Tu ne trouves pas ?
— C’est comme ça ma chérie ! Tout va bien se passer tu verras.
Il n’osa pas lui avouer qu’il était anxieux et qu’il craignait les réactions de sa compagne face aux facéties de son grand-père.
Ils arrivèrent rapidement devant la grande bâtisse qu’ils avaient contemplé chez Angelo depuis sa terrasse. Jasmin descendit pour ouvrir la portière de Muguette qui sourit.
— C’est l’ambiance qui veut ça  pour que tu m’ouvres la portière ?
Elle regarda autour d’elle et aperçut aussitôt un couple qui avançait vers eux en leur tendant les mains.
— Je te présente mes parents, murmura Jasmin.
Antoine de la Rochefleurie la prit dans ses bras sans manière.
— Enchanté de vous rencontrer, vous êtes la bienvenue !
— Bienvenue, bienvenue, c’est à moi d’en décider non ?
Une voie grave et sèche la fit sursauter.
— Mon grand-père !
Un homme aux cheveux blancs se tenait raide comme un piquet sur le perron. Il regardait la jeune femme avec insistance. Appuyé sur une canne au pommeau d’or, il leur fit signe d’avancer d’une main.
Muguette surprise par la réflexion du grand-père renâcla à les suivre. Jasmin lui saisit la main.
— Ne faites pas attention, murmura en souriant Elisabeth de la Rochefleurie, il n’est pas méchant. Il a toujours été comme ça. Je m’y suis habituée. Que voulez-vous c’est « Le » Patriarche.
— Bonjour Mademoiselle. Approchez, approchez, tendez-moi votre main.
Surprise, elle se laissa faire et elle eut droit à un magnifique baise-main. Incliné vers elle, il plongea ses yeux bleus dans les siens. Gênée, elle retira sa main.
— Bonjour Grand-Père !
Jasmin embrassa le patriarche et invita sa compagne à le suivre à l’intérieur de la bâtisse. Mais le bras de Louis de la Rochefleurie le stoppa dans son élan.
— Pourrais-je savoir votre prénom Mademoiselle ?
— Muguette, répondit-elle gentiment.
Son regard se tourna alors vers son fils qu’il apostropha.
— Voilà à quoi ça nous mène tes histoires de prénom. Après Jasmin et Pétunia, une Muguette. Je n’en finirai donc jamais avec ces fleurs ridicules.
Il la regarda à nouveau.
— Vous n’avez rien à voir avec la fleur. Vous n’avez rien de délicat. Vous êtes plutôt une belle lionne. Je me trompe ?
— Méfiez vous que je ne vous griffe Monsieur.
Il éclata de rire et les invita à entrer.
— Elle me plait bien ton amie !
Jasmin serra davantage la main de sa compagne. Elle eut l’impression d’avoir réussi l’examen de passage.
Une charmante vieille dame assise sur un sofa les attendait. Tout de rose vêtue, un sautoir autour du cou, elle leur sourit.
— Veuillez m’excuser si je ne suis pas venue à votre rencontre, mais je souffre depuis ce matin d’un douloureux mal de dos, aussi je m’économise un peu. Entrez et venez donc vous asseoir près de moi. Muguette n’est-ce pas ? Mon mari ne va guère apprécier. Lui qui a horreur des fleurs.
Tout en parlant, elle détailla la jeune femme qui se sentait de moins en moins à l’aise.  Joséphine de la Rochefleurie s’en rendit compte. Elle se tourna alors vers son petit-fils.
— Tu ne viens pas m’embrasser ?
Jasmin prit sa grand-mère dans ses bras. Elle lui susurra à l’oreille que sa fiancée était magnifique et qu’elle lui plaisait beaucoup.
Un plateau de petits fours attendait sur la table de salon. Antoine de la Rochefleurie demanda à Muguette ce qu’elle désirait boire. Une carafe d’eau s’invitant près du champagne, elle la désigna en souriant.
— Comment ? Tonna le grand-père. Vous ne désirez pas goûter notre excellent champagne ? Jasmin, ce n’est pas une femme que tu as là. Mademoiselle, il faudra que vous vous y fassiez à boire de l’alcool. Regardez autour de vous. Vous voyez toutes ces vignes ? C’est mon domaine et j’en suis fier. Sers-lui un verre et ne refusez pas.
Muguette qui commençait sérieusement à s’énerver n’eut pas le temps de répondre qu’elle fut surprise par une nausée qui lui fit demander à Jasmin où se trouvaient les toilettes. Une main sur la bouche, elle le suivit en courant.
Louis surpris invectiva sa belle-fille.
— Elisabeth ? Vous pensez la même chose que moi ?
Sa femme Joséphine posa une main apaisante sur son bras pour le faire taire mais il devint rouge de colère.
— Je ne tolérerai pas de bâtard dans la famille des Rochefleurie.
Muguette qui revenait entendit l’insulte. Elle s’approcha du patriarche et lui asséna une gifle magistrale. Il chancela sous le choc. Un silence de mort s’abattit dans le salon. Pétunia qui s’encadrait devant la porte au même moment éclata de rire.
— Tu ne l’as pas volée celle-là ! Enfin quelqu’un qui a osé faire ce dont je rêve depuis si longtemps.
Muguette passa en courant devant Jasmin et s’enfuit.




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire