Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 12 octobre 2018

La disparition de Muguette


Muguette ne réfléchit plus. Il faut qu'elle s’échappe de cette bâtisse qu’elle ne supporte pas. Elle fuit. Jasmin ne fermant jamais sa voiture à clé, elle a le temps de récupérer son sac de voyage et elle court. Une fois sur la route, elle saisit son portable et voit qu’un « Uber » n’est pas loin. Elle envoie le message et elle n’attend pas longtemps. Elle grimpe dans le véhicule. Elle donne l’adresse. Une fois arrivée chez elle, elle consulte rapidement son agenda et voit qu’elle n’a pas de rendez-vous important pour la semaine. Elle enfourne dans son sac quelques vêtements supplémentaires, boucle sa trousse de toilette en un temps record et saisit son portable, tape un numéro. Ça décroche à la première sonnerie. Muguette murmure :
— J’arrive.
Elle donne un tour de clé et part sans se retourner.

Fred accueillit Anabelle avec un grand sourire et un air nigaud qui ne trompa pas son père qui fronça les sourcils. La jeune femme quant à elle, habituée à l’effet qu’elle provoquait, embrassa sur les deux joues le garçon qui rougit jusqu’aux oreilles.
— Ferme la bouche tu ressembles à une carpe, soupira Thomas.
Son fils le foudroya du regard et quitta la pièce en claquant la porte. Devançant les excuses de son ex, Anabelle rit.
— Ne t’inquiète pas, j’ai l’habitude. Par contre, je ne vais pas faire le même effet sur ta femme qui rapplique comme un bouledogue.
En effet, Prune arrivait la mine renfrognée. Elle attaqua aussitôt.
— Qu’est-ce que tu fais ici ?
— Je viens pour le travail et c’est la vérité. Demande donc à ton mari.
Thomas hocha la tête mais Prune ouvrit la porte et lui indiqua la sortie.
— Dehors, je ne te veux pas chez moi.
Fred revint sur ses pas et interloqué regarda sa mère. Il eut la malencontreuse idée d’intervenir.
— Maman ? Mais qu’est-ce…
— Ne te mêle pas de ça, tu veux bien. File dans ta chambre.
Vexé par le ton, il rétorqua durement.
— Hey, je ne suis plus un gamin, tu ne me parles pas comme ça.
Anabelle, heureuse de voir ce qu’une fois de plus elle provoquait, en rajouta.
— Normal, ta mère n’accepte pas que ton père ait eu une liaison avant de la connaître. En fait, je suis son ex.
Elle lâcha sa bombe, certaine de l'effet qu'elle allait provoquer. Ce qu’elle n’avait pas prévu, c’est que le jeune homme prendrait aussitôt la défense de sa mère et attaquerait son père.
— Papa avec …
Il regarda Anabelle et finalement ne la trouva plus du tout « canon ». Tourné vers Prune, il lui sourit et la prit dans ses bras marquant totalement sa désapprobation vis-à-vis de son père. Prune reprit de plus belle haussant la voix.
— Je t’ai dit DEHORS !
Elle voulu pousser la jeune femme quand son mari s’interposa.
— Laisse, elle travaille avec moi. Tu vas devoir t’y habituer, nous avons un dossier pour la ville à monter ensemble. Comme nous avons terminé un peu tard, je lui ai proposé de venir boire l’apéro chez nous et…
— Mais tu ne manques vraiment pas d’air toi ! Elle reste ici, c’est moi qui pars.
Fred, inquiet de voir sa maman pâle comme un linge, plaida sa cause auprès de son père.
— Tu peux comprendre quand même !
— Ce n’est pas grave finalement Thomas, dit Anabelle d’une voix mielleuse. Allons donc prendre un verre à l’extérieur si je dérange ici. Je t’attends à la voiture.
Elle sortit dignement en faisant claquer ses talons et faisant voler sa jolie natte blonde.
— Si tu pars avec elle, quand tu reviendras je ne serais pas là.
Les deux époux s’affrontèrent du regard. Thomas ne baissa pas le sien et emboîta le pas à sa collègue.
Les larmes aux yeux, Prune l’interpella à nouveau.
— Thomas ?
— Tu es adulte non ? Tu peux comprendre qu’Anabelle n’est plus rien qu’une collègue de boulot et que je vais devoir travailler souvent avec elle.
— Aller prendre un verre fait aussi parti du projet ?
— Ne sois pas idiote. Nous étions venus ici. Tu ne veux pas la recevoir et comme j’ai encore quelques points à éclaircir avec elle, je sors et nous verrons ça dans un bar.
— Ne me fais pas croire qu’un vendredi soir vous allez parler encore boulot autour d’un verre !
— Crois ce que tu veux Prune, je ne vais pas me fâcher avec toi.
Il s’installa au volant et sans un regard pour sa femme, démarra.

— Tu ne sais pas quoi maman ?
Fred au téléphone n’en revenait pas. Décidément, c’était la journée des surprises. Avec les adultes, il fallait vraiment s’attendre à tout. Il regarda sa mère et voulu la faire rire.
— C’était Pétunia, tu sais la sœur de Jasmin.
Machinalement, Prune hocha la tête.
— Muguette a giflé son grand-père !

Félicie attendait Jasmin qui n’allait pas tarder à rentrer de sa boutique. La jeune femme se sentait bien dans cette jolie maison. D’autant plus qu’il faisait encore beau et même si l’automne s’annonçait, les températures étaient encore douces. Elle préparait un petit repas d’amoureux quand son portable bipa. Heureuse de voir que sa sœur l’appelait, elle décrocha rapidement.
— Tu connais la dernière ?
Prune semblait affolée au bout du fil.
— Vas-y raconte.
Félicie s’attendait à ce que Prune lui raconte qu’Anabelle avait encore fait des siennes, étant mise au courant par Muguette que celle-ci avait été vue avec Thomas.
— Muguette a giflé le grand-père de Jasmin.
Félicie de surprise en lâcha son téléphone. C’est à ce moment qu’Angelo stoppa sa voiture devant la porte.
— Tu m’entends ? s’époumonait Prune
Ramassant son portable, elle croisa le regard de son amoureux.
— Qui t’a raconté ça ?
— Pétunia. Elle vient d’appeler Fred. Je n’en sais pas plus.
— Je vais essayer d’appeler Muguette.
— Dis… Je peux venir chez toi ce soir… Je ne sais pas où aller. Thomas est avec Anabelle pour soi-disant le boulot et je ne veux pas qu’il me trouve quand il rentre.
— Je suis chez Angelo.
— Chez nous, corrigea l’italien en l’embrassant dans le cou.
— Je vais te déranger alors ?
— Bien sûr que non, viens je t’attends. Tu sais où c’est ?
— File moi l’adresse, je mettrais le GPS.
Une fois raccroché, Félicie se tourna vers Angelo.
— Tu connais la dernière de Muguette ?
— Oui, Jasmin m’a appelé. Le pire c’est qu’elle a disparu et qu’il ne sait pas où elle est.
— Prune va débarquer ici.
— Terminé notre repas d’amoureux alors ?
Un long soupir lui échappa alors involontairement. En tombant raide dingue de Félicie, il n’avait pas envisagé qu’il allait devoir subir l’invasion de ses amies.
— Si ça te dérange, je vais chez moi et …
— C’est bon, je vais préparer une pizza géante comme j’en ai le secret. Et… Chérie… Tu es ici chez toi, ne l’oublie pas. Tu m’agaces quand tu dis que tu es « chez Angelo ».
Il l’enlaça et ils s’embrassèrent langoureusement.

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