Muguette ne réfléchit
plus. Il faut qu'elle s’échappe de cette bâtisse qu’elle ne supporte pas. Elle
fuit. Jasmin ne fermant jamais sa voiture à clé, elle a le temps de récupérer
son sac de voyage et elle court. Une fois sur la route, elle saisit son portable
et voit qu’un « Uber » n’est pas loin. Elle envoie le message et elle
n’attend pas longtemps. Elle grimpe dans le véhicule. Elle donne l’adresse. Une
fois arrivée chez elle, elle consulte rapidement son agenda et voit qu’elle n’a
pas de rendez-vous important pour la semaine. Elle enfourne dans son sac
quelques vêtements supplémentaires, boucle sa trousse de toilette en un temps
record et saisit son portable, tape un numéro. Ça décroche à la première
sonnerie. Muguette murmure :
— J’arrive.
Elle donne un tour de clé
et part sans se retourner.
Fred accueillit Anabelle
avec un grand sourire et un air nigaud qui ne trompa pas son père qui fronça
les sourcils. La jeune femme quant à elle, habituée à l’effet qu’elle
provoquait, embrassa sur les deux joues le garçon qui rougit jusqu’aux
oreilles.
— Ferme la bouche tu
ressembles à une carpe, soupira Thomas.
Son fils le foudroya du
regard et quitta la pièce en claquant la porte. Devançant les excuses de son
ex, Anabelle rit.
— Ne t’inquiète pas, j’ai
l’habitude. Par contre, je ne vais pas faire le même effet sur ta femme qui
rapplique comme un bouledogue.
En effet, Prune arrivait
la mine renfrognée. Elle attaqua aussitôt.
— Qu’est-ce que tu fais
ici ?
— Je viens pour le
travail et c’est la vérité. Demande donc à ton mari.
Thomas hocha la tête mais
Prune ouvrit la porte et lui indiqua la sortie.
— Dehors, je ne te veux
pas chez moi.
Fred revint sur ses pas
et interloqué regarda sa mère. Il eut la malencontreuse idée d’intervenir.
— Maman ? Mais
qu’est-ce…
— Ne te mêle pas de ça,
tu veux bien. File dans ta chambre.
Vexé par le ton, il
rétorqua durement.
— Hey, je ne suis plus un
gamin, tu ne me parles pas comme ça.
Anabelle, heureuse de
voir ce qu’une fois de plus elle provoquait, en rajouta.
— Normal, ta mère
n’accepte pas que ton père ait eu une liaison avant de la connaître. En fait,
je suis son ex.
Elle lâcha sa bombe, certaine de l'effet qu'elle allait provoquer. Ce qu’elle n’avait pas
prévu, c’est que le jeune homme prendrait aussitôt la défense de sa mère et
attaquerait son père.
— Papa avec …
Il regarda Anabelle et
finalement ne la trouva plus du tout « canon ». Tourné vers Prune, il
lui sourit et la prit dans ses bras marquant totalement sa désapprobation vis-à-vis
de son père. Prune reprit de plus belle haussant la voix.
— Je t’ai dit DEHORS !
Elle voulu pousser la
jeune femme quand son mari s’interposa.
— Laisse, elle travaille
avec moi. Tu vas devoir t’y habituer, nous avons un dossier pour la ville à
monter ensemble. Comme nous avons terminé un peu tard, je lui ai proposé de
venir boire l’apéro chez nous et…
— Mais tu ne manques
vraiment pas d’air toi ! Elle reste ici, c’est moi qui pars.
Fred, inquiet de voir sa
maman pâle comme un linge, plaida sa cause auprès de son père.
— Tu peux comprendre
quand même !
— Ce n’est pas grave
finalement Thomas, dit Anabelle d’une voix mielleuse. Allons donc prendre un
verre à l’extérieur si je dérange ici. Je t’attends à la voiture.
Elle sortit dignement en
faisant claquer ses talons et faisant voler sa jolie natte blonde.
— Si tu pars avec elle,
quand tu reviendras je ne serais pas là.
Les deux époux s’affrontèrent
du regard. Thomas ne baissa pas le sien et emboîta le pas à sa collègue.
Les larmes aux yeux,
Prune l’interpella à nouveau.
— Thomas ?
— Tu es adulte non ?
Tu peux comprendre qu’Anabelle n’est plus rien qu’une collègue de boulot et que
je vais devoir travailler souvent avec elle.
— Aller prendre un verre fait
aussi parti du projet ?
— Ne sois pas idiote. Nous
étions venus ici. Tu ne veux pas la recevoir et comme j’ai encore quelques
points à éclaircir avec elle, je sors et nous verrons ça dans un bar.
— Ne me fais pas croire
qu’un vendredi soir vous allez parler encore boulot autour d’un verre !
— Crois ce que tu veux
Prune, je ne vais pas me fâcher avec toi.
Il s’installa au volant
et sans un regard pour sa femme, démarra.
— Tu ne sais pas quoi
maman ?
Fred au téléphone n’en
revenait pas. Décidément, c’était la journée des surprises. Avec les adultes,
il fallait vraiment s’attendre à tout. Il regarda sa mère et voulu la faire
rire.
— C’était Pétunia, tu
sais la sœur de Jasmin.
Machinalement, Prune hocha
la tête.
— Muguette a giflé son
grand-père !
Félicie attendait Jasmin
qui n’allait pas tarder à rentrer de sa boutique. La jeune femme se sentait
bien dans cette jolie maison. D’autant plus qu’il faisait encore beau et même
si l’automne s’annonçait, les températures étaient encore douces. Elle
préparait un petit repas d’amoureux quand son portable bipa. Heureuse de voir
que sa sœur l’appelait, elle décrocha rapidement.
— Tu connais la dernière ?
Prune semblait affolée au
bout du fil.
— Vas-y raconte.
Félicie s’attendait à ce
que Prune lui raconte qu’Anabelle avait encore fait des siennes, étant mise au
courant par Muguette que celle-ci avait été vue avec Thomas.
— Muguette a giflé le
grand-père de Jasmin.
Félicie de surprise en
lâcha son téléphone. C’est à ce moment qu’Angelo stoppa sa voiture devant la
porte.
— Tu m’entends ? s’époumonait
Prune
Ramassant son portable,
elle croisa le regard de son amoureux.
— Qui t’a raconté ça ?
— Pétunia. Elle vient d’appeler
Fred. Je n’en sais pas plus.
— Je vais essayer d’appeler
Muguette.
— Dis… Je peux venir chez
toi ce soir… Je ne sais pas où aller. Thomas est avec Anabelle pour soi-disant
le boulot et je ne veux pas qu’il me trouve quand il rentre.
— Je suis chez Angelo.
— Chez nous, corrigea l’italien
en l’embrassant dans le cou.
— Je vais te déranger
alors ?
— Bien sûr que non, viens
je t’attends. Tu sais où c’est ?
— File moi l’adresse, je
mettrais le GPS.
Une fois raccroché,
Félicie se tourna vers Angelo.
— Tu connais la dernière
de Muguette ?
— Oui, Jasmin m’a appelé.
Le pire c’est qu’elle a disparu et qu’il ne sait pas où elle est.
— Prune va débarquer ici.
— Terminé notre repas d’amoureux
alors ?
Un long soupir lui échappa
alors involontairement. En tombant raide dingue de Félicie, il n’avait pas
envisagé qu’il allait devoir subir l’invasion de ses amies.
— Si ça te dérange, je
vais chez moi et …
— C’est bon, je vais
préparer une pizza géante comme j’en ai le secret. Et… Chérie… Tu es ici chez
toi, ne l’oublie pas. Tu m’agaces quand tu dis que tu es « chez Angelo ».
Il l’enlaça et ils s’embrassèrent
langoureusement.
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