Octobre était ravi. C’était l’époque où il rassemblait ses
arbres. Ils venaient à tour de rôle lui raconter leurs aventures et se plaindre
ou au contraire se féliciter de leurs récoltes.
Les Poiriers et les Pommier
étaient fiers. Ils arboraient leurs fruits jaunes, rouges, verts et avançaient
fièrement devant ce mois qui leur allait à ravir. Ils le saluèrent. Octobre tâta leurs fruits qui faisaient leur
fierté.
— Je vois que l’année est bonne.
— Certes, mais il ne faudrait pas
qu’il gèle trop tôt.
— Jamais contents comme chaque
année, maugréa Octobre. Mais circulez, vous n’êtes pas les seuls à vouloir me
rencontrer.
Les pruniers s’approchaient aussi
tout en bavardant. Leurs fruits violets se balançaient cachés encore par leur
verdure.
— Nous c’est bientôt la fin, mais
l’année a été bonne. Le repos nous attend. Nous allons perdre nos feuilles et
être abandonnés au milieu des champs, prendre le vent, la pluie…
— Mais moi aussi je vais prendre
le mauvais temps, perdre ma jolie couleur et me retrouver tout nu. Arrêtez de
vous plaindre !
Le châtaignier s’approchait et ses
congénères s’écartaient de peur de se faire piquer par les bogues de ses
fruits. Il était resplendissant avec sa couleur jaune et marron. Les noyers et
les noisetiers eux-aussi n’avaient rien à lui envier alors que certains de leurs
compagnons qui avaient déjà perdu un peu de leurs feuilles baissaient la tête.
Les cerisiers avaient grise mine
alors qu’il fut un temps, certains faisaient des kilomètres pour venir s’extasier
devant leurs jolies fleurs. Les abricotiers frileux défilaient en silence se
souvenant de leurs beaux fruits orangers.
Seuls les conifères restaient
fidèles à eux-mêmes. Toujours verts, ils résistaient à toutes les saisons. Seules
leurs pommes de pin étaient la preuve du changement de température.
Tous ces arbres réunis pour célébrer
leur nouveau mois s’inclinèrent devant lui. Le silence se fit.
C’est alors qu’il se redressa de
toute sa splendeur et il fit tout à coup plus frais. L’automne était bien
arrivé. Les feuilles s’agitèrent craignant une bourrasque qui les ferait s’envoler
plus vite que prévu. Elles savaient bien que bientôt, elles feraient un joli tapis
de sol et que les enfants les fouleraient en riant aux éclats, tandis que d’autres
les ramasseraient pour les coller dans de grands cahiers. Elles savouraient l’instant
de se laisser admirer chaque jour par les promeneurs qui levaient les yeux pour
les contempler.
Il s’inclina sur ces arbres qui
faisaient le bonheur de tous. Il les salua d’un grand geste ne faisant aucune
différence entre ceux qui peuplaient les forêts et ceux qui fleurissaient dans
les jardins, ceux qui bordaient les routes et ceux qui agrémentaient les
châteaux. Son léger souffle leur redonna courage pour affronter l’hiver. Il fit
un clin d’œil aux sapins qui au contraire de leurs amis, allaient avoir leur
moment de gloire dans peu de temps. Ils étaient les seuls à s’orner de
guirlandes et de lumières et à quitter le froid pour quelques jours mais ils
savaient aussi que les élus ne reviendraient jamais l’année suivante. Aussi,
ils profitaient de ce moment pour le saluer respectueusement.
— Je vous fais confiance mes amis
pour continuer de peupler Dame Nature et de rendre heureux les humains qui
viendront se ressourcer auprès de vos pieds.
— Pas facile quand l’Homme décide
de nous couper au nom de je ne sais quelle…
— Silence ! Je sais ce que
vous allez me dire, mais ce n’est pas l’heure des revendications, prenez rendez-vous
pour vos doléances.
Il leva la tête vers les peupliers
qui se dressaient devant lui.
— Ne faites pas les malins, je
vous ai à l’œil. Si vous grandissez trop vite, l’homme saura vous couper la tête
et là, ils auront raison.
— Quant à vous les érables, c’est
le moment de vous tailler afin que l’année prochaine vos branches ne partent pas
dans tous les sens. J’aime la tenue dans mes arbres, rappelez-vous-en !
— Ne soyez pas tristes de perdre
vos feuilles ou vos fruits. Dame Nature en a décidé ainsi. Vous la connaissez
bien, c’est elle qui régit votre cycle et vous savez que la renaissance
est toujours au rendez-vous. Vous n’allez pas tarder à hiverner. Protégez-vous
quand vous serez dénudés pour avoir la force de recevoir cette sève qui vous
insufflera la nouvelle vie.
Tous s’inclinèrent devant lui et
le laissèrent s’installer.
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