Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

mardi 7 avril 2020

Héloïse et Stefano préparent Pâques

— Tu crois qu’ils vont penser aux œufs de Pâques ?
Héloïse tourne en rond dans le jardin. Elle est face aux clapiers de Joe et discute avec les lapins. Si Stefano l’entendait, il se moquerait encore d’elle en lui répétant qu’elle n’est plus un bébé. Sauf qu’Héloïse n’est pas une enfant comme les autres. Très sensible, elle sent les choses et aujourd’hui plantée devant la lapine qui vient d’avoir des petits, elle lui parle. Elle l’a baptisée Hermine.
— Je sais bien que l’histoire des cloches qui déversent les œufs dans les jardins, ce n’est pas possible, mais moi je voudrais bien y croire quand même. Tu penses que tu pourrais m’aider ?
Hermine de couleur marron la regarde de ses grands yeux noirs tout en mâchonnant son brin de luzerne.
— Moi j’aimerais bien que les animaux parlent comme dans les livres. Tu n’en aurais pas envie toi ?

— Avec qui tu bavardes ?
C’est Joe, toujours affublé de son chapeau qui s’approche d’elle.
— Ne l’embête pas ! Elle doit s’occuper de ses lapereaux, n’y touche pas surtout, sinon elle pourrait les abandonner si elle sent ton odeur.
Héloïse soupire.
— D’accord, je m’en vais.
Joe qui descendait de son tracteur l’attrapa gentiment au passage quand elle passa devant lui.
— Attends, je ne t’ai pas demandé de partir, seulement de ne pas la toucher. Je t’ai déjà expliqué. Elle sent ton odeur et c’est étranger pour elle.
— Je sais, je ne l’ai pas caressée.
— Tu es toute triste, qu’est-ce qu’il t’arrive encore ?
— Rien !
Et elle le planta là. Joe soupira. Il avait bien compris que quelque chose la tracassait, mais il avait du travail, il haussa les épaules et remonta sur son engin.

— Et si j’allais voir les poules ? Peut-être qu’elles pourraient m’aider !
Stefano l’aperçut alors qu’il faisait du vélo dans le parc. Il vint à sa rencontre.
— Tu joues avec moi ? On fait la course ?
— Non, j’ai autre chose à penser.
Il éclata de rire.
— Ah oui ? Et à quoi ?
— Arrête de te moquer de moi, tu verras bien.
Il haussa les épaules et reprit son vélo. Les filles c’était d’un compliqué !

Héloïse entra dans le poulailler déclenchant des cot cot indigné de la basse-cour.
— Ne faites pas tant de bruit, j’ai besoin de vous.
Les volailles se turent aussitôt, comprenant qu’elle ne leur voulait pas de mal. Elles continuèrent leur balade nonchalante dans l’herbe.
— Vous pourriez vous arrêter de picorer quand même ! J’ai quelque chose à vous demander ! Pourriez-vous me faire de beaux œufs de Pâques colorés ? Et les disperser dans le jardin ?
Les bestioles ne relevèrent même pas la tête.
— D’accord, vous ne m’écoutez pas ! S’il vous plait votre attention !
Héloïse claqua les mains, ce qui pour effet de stopper net le picorage. Le coq majestueux se demanda alors ce qu’il se passait et vint à la rencontre de la petite fille. Il tendit le cou et s’approcha plus près.
— Elles ne te répondront pas, elles n’ont pas de langue.
Héloïse sursauta et se reprit aussitôt.
— Parce que toi tu en as une peut-être ?
— Moi je suis le maître ici, ce n’est pas pareil.
— C’est ça, fais le malin !
— Dis donc, tu pourrais me demander pourquoi je te parle au lieu de me faire un cours d’anatomie.
— Écoute Victor, je sais que tu es le chef de la basse-cour, mais…
— Comment m’as-tu appelé ? Victor ?
Il gonfla le jabot, sa crête rougit de plus belle et il se tourna vers ses poules.
— Vous avez entendu ? Je suis Victor.
— Il n'y a pas de quoi pavoiser, rétorqua une poulette plus délurée que les autres, au cou dégarni, une houppette ébouriffée sur la tête.
— Tu vois qu’elles parlent aussi !
Héloïse tapa des mains.
— Je vais vous demander de faire une surprise. Mais c’est un secret. Promis, vous tiendrez votre langue ?
Elles répondirent toutes ensemble.
— On n’en a pas de langue, on ne peut pas la tenir !
Elles caquetèrent de plus belle comme si elles avaient pris un fou rire. Gagnée par leur bonne humeur, Héloïse se mit à sauter partout dans le poulailler.
— Venez à côté de moi, je vais vous dire à quoi je pense.

À suivre…

© Minibulle 7 avril 2020

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