C’est
écrit sur le calendrier ! C’est l’été !
Muguette
appelle aussitôt Félicie, sans penser une seconde qu’il est tôt et que
peut-être son amie dort encore.
— Félicie ?
Tu as vu c’est l’été !
Un
grommellement lui répond.
— Je
te réveille ?
— À
ton avis !
— Désolée,
mais j’étais trop heureuse et j’ai voulu partager ce moment avec toi. C’est la
Plume qui m’a demandé de t’appeler. En fait, elle souhaiterait que…
— Tu
dis que la Plume t’a demandé ça. C’est plutôt toi qui as eu envie de sortir de
ton tiroir.
— Tu
n’es pas drôle !
— Toi
non plus ! Tu sais que l’été va durer trois mois, nous aurons le temps de le
fêter.
— Tu
es seule ?
— En
voilà une question.
— Dis
à Angelo de rappliquer aussi.
— Mais
il travaille. Ce n’est pas parce que c’est l’été qu’il va fermer sa boutique.
— Tu
as perdu ton sens de l’humour. Avant, tu accourais dès que je t’appelais,
maintenant, il faut que tu réfléchisses.
Muguette
raccrocha.
Elle
se pencha à la fenêtre et respira à fond. Qu’est-ce qu’il y avait de changé
depuis hier ? À minuit, le printemps s’était fait la malle et l’été s’est
installé. Elle ne s’était rendu compte de rien. Les arbres remués par une
légère brise se balançaient devant elle. La veille, elle les avait bien
regardés, ils étaient couverts de feuilles de la même façon. Alors ?
La
rue était déserte. Le parfum était le même. Pourquoi cette allégresse ? Juste
parce qu’elle avait posé les yeux sur le calendrier et qu’elle avait constaté
que c’était l’été ?
Elle
descendit dans le jardin. Elle était seule. Quand son téléphone vibra dans la
poche de son jeans et qu’elle comprit qui l’appelait, elle sourit.
— Bonjour
ma chérie ? Déjà réveillée ?
Elle
colla l’appareil contre son oreille et murmura à Jasmin de la Rochefleurie.
— Oui
et… tu me manques.
— Ah
bon ? Et pourquoi donc ?
— C’est
l’été !
— Je
le sais. J’ai voulu être le premier à te le souhaiter.
— Ce
n’est pas ma fête.
— Si
celle de la belle saison. Romantique comme tu l’es, je parie que tu as appelé
Félicie. Tu as vu quand même qu’il n’est que six heures du matin.
Muguette
sourit.
— Tu
me connais bien.
— J’essaie.
Tu as faim ?
— Oui
et, tu sais… j’ai envie de boire mon café sur la terrasse avec un croissant et…
toi. Mais tu n’es pas là !
— Ah ?
Elle
se retourna. Il était devant elle, un bouquet de fleurs sauvages comme elle les
aimait.
— Angelo
a été formidable pour me dégoter ces fleurs rien que pour toi.
Elle
entendit alors des bruits de portière. Surprise, elle découvrit ses amis qui
débarquaient les uns après les autres.
Félicie
en tête avec un air malicieux, suivie de près par Angelo qui bouscula en riant
Jasmin. Elle amenait un panier dont dépassaient une pastèque, des melons, des
pêches, des brugnons et des abricots. Tous les fruits de saison qu’adorait Muguette.
Prune et Thomas, eux, portaient deux thermos et des poches de viennoiseries.
Muguette
affichait un sourire radieux. Ses yeux brillaient. Elle ne pipait mot.
— On
t’aime Muguette !
Ses
amis rassemblés autour d’elle l’embrassaient, installaient une nappe rouge sur
la table de la terrasse. Un joyeux brouhaha retentissait dans le jardin. Pénélope
de la fenêtre de sa chambre contemplait tout ce petit monde avec bonheur, ravie
pour sa fille.
— À
toi Mug ! Et vive l’été !
Jasmin
la serra contre lui.
— Alors,
heureuse ?
— Merci
La Plume… j’ai vraiment pensé que tu m’oubliais.
— Jamais !
J’ai fait venir tous ceux qui étaient là depuis le début.
— Oui
et pas de problèmes à l’horizon. Tu as été géniale, la Plume.
— Bon…
ça ne va pas durer, tu le sais… Ta vie n’est pas un long fleuve tranquille, tu
en es bien consciente.
— Bien
sûr… mais nous serons toutes les deux. Tu ne me lâcheras pas hein La Plume ?
— Et
toi tu guideras ma main ?
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