— Mais je ne suis pas
enceinte, ce n’est pas possible !
— Je suis certaine que si !
Muguette se leva et
bouscula sa chaise comme elle en avait l’habitude manquant de renverser le
serveur.
— Il y a une pharmacie
là-bas, je vais aller chercher un test de grossesse.
Abandonnant ses amies,
elle partit au pas de charge vers l’officine. Prune et Félicie restées seules
la suivirent des yeux.
— Tu crois qu’elle va
être contente ? demanda Prune
— Va savoir !
Apparemment, elle ne s’y attendait pas.
— Quand même, c’est tout
Muguette de penser qu’elle est ménopausée parce qu’elle n’a pas eu ses règles.
— Tu sais avec elle, il
faut s’attendre à tout. J’avoue que là, elle a fait fort.
— Elle ne prend pas la
pilule ?
Félicie éclata de rire.
— Muguette m’a toujours
dit que ce n’était pas la peine parce qu’elle n’avait pas d’homme dans sa vie
et que de toute façon, ses ovules étaient comme elle, ils ne tenaient pas en
place. Elle a même ajouté qu’ils ne pourraient jamais rencontrer un spermatozoïde.
— La preuve !
— Tiens la voilà !
En effet, la jeune femme
revenait vers elles à grandes enjambées. Elle les apostropha :
— Vous savez où sont les
toilettes ?
— Ecoute Muguette,
tempéra Prune, tu ne préfères pas faire ça chez toi au calme et découvrir la
nouvelle dans un lieu sympathique plutôt que dans des toilettes de bar ?
Muguette se laissa tomber
sur la chaise.
— Vous croyez ? Je n’ai
pas l’habitude de ces choses-là.
— J’en suis certaine, viens
chez moi si tu veux, Thomas est absent et Fred avec Pétunia. Nous serons tranquilles.
Elles se levèrent de
concert et réglèrent leur consommation au serveur qui passait.
Arrivée chez Prune,
Muguette restée muette pendant le trajet demanda :
— Vous regardez avec moi
le résultat hein ?
— Tu vois que finalement
c’était une bonne idée d’être à la maison.
Muguette s’enferma dans
les toilettes avec son test. Elle défit délicatement l’emballage et lut la
notice.
— Je suis toute excitée,
ce serait une super nouvelle.
— Tu sais Prune, moi
aussi je pense que ce serait une bonne nouvelle. Malheureusement, je ne sais
pas si Muguette est prête.
Celle-ci sortit des
toilettes, son test à la main.
— Il faut attendre…
— Oui mais pas longtemps !
Les trois amies lurent le
résultat en même temps.
— Félicitations ma belle,
tu es enceinte.
Prune la serra dans ses
bras.
— Tu seras une formidable
maman, Mug ! C’est une très bonne nouvelle.
Félicie, à son tour la
prit dans ses bras.
Muguette les regarda,
puis se passa la main sur son ventre. Elle ne comprit pas pourquoi les larmes
lui vinrent aux yeux. Elle ne sut pas expliquer cette soudaine allégresse qui
lui donnait envie d’éclater de rire , de chanter et de sauter partout. D’une
toute petite voix, elle murmura :
— Je vais faire un petit ?
Moi ?
— Oui toi, répondit
Félicie, tu seras merveilleuse.
— Tu vas devoir aller
voir le médecin pour faire la déclaration. Tu penses être enceinte depuis
combien de temps ?
Muguette réfléchit :
— Deux mois peut-être, je
ne sais pas trop.
— Tu vas l’annoncer à
Jasmin ? demanda Félicie
Muguette ne répondit pas.
Elle se revoyait le soir où Annabelle avait débarqué chez Prune et Thomas. Elle
avait fait intervenir deux de ses potes Bob et Nathan. Ils avaient été ravis de
lui rendre ce service. Ils avaient bien rigolé puis Nathan ancien alcoolique les
avait abandonnés. Restés tous les deux, ils avaient bien picolé pour fêter cette
blague. Elle se rappelait s’être réveillée avec un mal de crâne effroyable dans
son lit… avec Bob. Impossible de se rappeler ce qu’ils avaient fait tous les deux.
Ni l’un ni l’autre n’en avaient reparlé, et Muguette n’y pensait plus. Bob
était son presque frère, elle n’imaginait même pas qu’ils aient pu coucher
ensemble.
— Muguette, tu es avec
nous ?
Ses amies la regardaient
un peu inquiètes. Elle qui quelques instants auparavant était tout sourire,
était maintenant au bord des larmes.
— Qu’est-ce qu’il se passe
Mug ? lui demanda Félicie s’asseyant près d’elle et entourant ses épaules.
— Tu n’es pas obligée de
le dire tout de suite à Jasmin tu sais, dit Prune. Si c’est ça qui t’inquiète.
Tu peux attendre ce que va te dire le médecin. Il pourra certainement prévoir
la date de ton accouchement.
— C’est fiable ça ?
demanda Muguette.
— Le toubib va te
demander la date de tes dernières règles et à partir de là il va faire ses
calculs et tu sauras oui, à quelle date naîtra ton bébé. Peut-être même vas-tu
faire rapidement une échographie et tu sauras si c’est une petite fille ou un
petit gars, c’est merveilleux.
Prune souriait et lui
caressait la main.
— Rassure-toi tout va
bien se passer. C’est merveilleux d’attendre un bébé.
— Vous me promettez de ne
rien dire ? De ne pas me juger ? De ne pas rire ?
— Mais …
— Promettez-le moi !
Ses deux amies en riant
levèrent la main droite et dirent en chœur :
— Promis, on ne dira rien !
— Promis ?
— Promis ! Mais tu nous
fais peur là, reprit Félicie. Tu sais bien que tu peux nous faire confiance
quand même !
— Je ne sais même pas si
Jasmin est le père.
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