Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 14 septembre 2018

Muguette se pose des questions



— Mais je ne suis pas enceinte, ce n’est pas possible !
— Je suis certaine que si !
Muguette se leva et bouscula sa chaise comme elle en avait l’habitude manquant de renverser le serveur.
— Il y a une pharmacie là-bas, je vais aller chercher un test de grossesse.
Abandonnant ses amies, elle partit au pas de charge vers l’officine. Prune et Félicie restées seules la suivirent des yeux.
— Tu crois qu’elle va être contente ? demanda Prune
— Va savoir ! Apparemment, elle ne s’y attendait pas.
— Quand même, c’est tout Muguette de penser qu’elle est ménopausée parce qu’elle n’a pas eu ses règles.
— Tu sais avec elle, il faut s’attendre à tout. J’avoue que là, elle a fait fort.
— Elle ne prend pas la pilule ?
Félicie éclata de rire.
— Muguette m’a toujours dit que ce n’était pas la peine parce qu’elle n’avait pas d’homme dans sa vie et que de toute façon, ses ovules étaient comme elle, ils ne tenaient pas en place. Elle a même ajouté qu’ils ne pourraient jamais rencontrer un spermatozoïde.
— La preuve !
— Tiens la voilà !
En effet, la jeune femme revenait vers elles à grandes enjambées. Elle les apostropha :
— Vous savez où sont les toilettes ?
— Ecoute Muguette, tempéra Prune, tu ne préfères pas faire ça chez toi au calme et découvrir la nouvelle dans un lieu sympathique plutôt que dans des toilettes de bar ?
Muguette se laissa tomber sur la chaise.
— Vous croyez ? Je n’ai pas l’habitude de ces choses-là.
— J’en suis certaine, viens chez moi si tu veux, Thomas est absent et Fred avec Pétunia. Nous serons tranquilles.
Elles se levèrent de concert et réglèrent leur consommation au serveur qui passait.

Arrivée chez Prune, Muguette restée muette pendant le trajet demanda :
— Vous regardez avec moi le résultat hein ?
— Tu vois que finalement c’était une bonne idée d’être à la maison.
Muguette s’enferma dans les toilettes avec son test. Elle défit délicatement l’emballage et lut la notice.

— Je suis toute excitée, ce serait une super nouvelle.
— Tu sais Prune, moi aussi je pense que ce serait une bonne nouvelle. Malheureusement, je ne sais pas si Muguette est prête.
Celle-ci sortit des toilettes, son test à la main.
— Il faut attendre…
— Oui mais pas longtemps !
Les trois amies lurent le résultat en même temps.
— Félicitations ma belle, tu es enceinte.
Prune la serra dans ses bras.
— Tu seras une formidable maman, Mug ! C’est une très bonne nouvelle.
Félicie, à son tour la prit dans ses bras.
Muguette les regarda, puis se passa la main sur son ventre. Elle ne comprit pas pourquoi les larmes lui vinrent aux yeux. Elle ne sut pas expliquer cette soudaine allégresse qui lui donnait envie d’éclater de rire , de chanter et de sauter partout. D’une toute petite voix, elle murmura :
— Je vais faire un petit ? Moi ?
— Oui toi, répondit Félicie, tu seras merveilleuse.
— Tu vas devoir aller voir le médecin pour faire la déclaration. Tu penses être enceinte depuis combien de temps ?
Muguette réfléchit :
— Deux mois peut-être, je ne sais pas trop.
— Tu vas l’annoncer à Jasmin ? demanda Félicie
Muguette ne répondit pas. Elle se revoyait le soir où Annabelle avait débarqué chez Prune et Thomas. Elle avait fait intervenir deux de ses potes Bob et Nathan. Ils avaient été ravis de lui rendre ce service. Ils avaient bien rigolé puis Nathan ancien alcoolique les avait abandonnés. Restés tous les deux, ils avaient bien picolé pour fêter cette blague. Elle se rappelait s’être réveillée avec un mal de crâne effroyable dans son lit… avec Bob. Impossible de se rappeler ce qu’ils avaient fait tous les deux. Ni l’un ni l’autre n’en avaient reparlé, et Muguette n’y pensait plus. Bob était son presque frère, elle n’imaginait même pas qu’ils aient pu coucher ensemble.
— Muguette, tu es avec nous ?
Ses amies la regardaient un peu inquiètes. Elle qui quelques instants auparavant était tout sourire, était maintenant au bord des larmes.
— Qu’est-ce qu’il se passe Mug ? lui demanda Félicie s’asseyant près d’elle et entourant ses épaules.
— Tu n’es pas obligée de le dire tout de suite à Jasmin tu sais, dit Prune. Si c’est ça qui t’inquiète. Tu peux attendre ce que va te dire le médecin. Il pourra certainement prévoir la date de ton accouchement.
— C’est fiable ça ? demanda Muguette.
— Le toubib va te demander la date de tes dernières règles et à partir de là il va faire ses calculs et tu sauras oui, à quelle date naîtra ton bébé. Peut-être même vas-tu faire rapidement une échographie et tu sauras si c’est une petite fille ou un petit gars, c’est merveilleux.
Prune souriait et lui caressait la main.
— Rassure-toi tout va bien se passer. C’est merveilleux d’attendre un bébé.
— Vous me promettez de ne rien dire ? De ne pas me juger ? De ne pas rire ?
— Mais …
— Promettez-le moi !
Ses deux amies en riant levèrent la main droite et dirent en chœur :
— Promis, on ne dira rien !
— Promis ?
— Promis ! Mais tu nous fais peur là, reprit Félicie. Tu sais bien que tu peux nous faire confiance quand même !
— Je ne sais même pas si Jasmin est le père.


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