Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 7 juin 2019

Derrière la fenêtre d'Anna


Histoire inventée avec les mots proposés en rouge


Derrière sa fenêtre, Anna ne pouvait s’empêcher de regarder les gens passer. Elle n’était pourtant pas femme à rester sans rien faire, mais elle était comme ça Anna, il fallait qu’elle se tienne au courant de tout ce qui arrivait en dehors de chez elle. Elle aurait pu écrire la gazette du coin. Elle savait tout. Hier encore, Simone, sa voisine, était venue lui raconter les potins du jour. C’était pour elles deux, une évasion sur l’extérieur.
Anna ne vivait pas seule. Elle avait un mari et des enfants. C’était surprenant, mais même pas eux réussissaient à la faire taire.
Celui qui avait sa préférence, c’était celui qui habitait juste à côté, Achille. Non pas qu’il était beau, elle dirait même qu’il était bof. Plutôt sympa et agréable pour discuter, il était toujours prêt à lui offrir un petit café.
Un coup d’œil sur le pot au feu qui cuisait doucement et qui n’avait pas besoin de son aide, et hop, elle s’esquiva.

— Saperlipopette, vous voilà déjà dans votre jardin à surveiller si je suis en train d’enlever les mauvaises herbes.
— Bonjour voisin. Quel caractère merdique ce matin !
— Génial ! je vois que vous êtes de très bonne humeur !
Elle ne releva même pas et posa la question qui la turlupinait depuis que Simone lui en avait parlé.
— Dites-moi, vous qui savez tout !
— Vous êtes tout de même étonnante, c’est vous qui êtes au courant de tout et vous me demandez si…
— Est-il vrai que vous avez un perroquet ?
Il éclata de rire.
— Vous êtes drôle vous ! Un perroquet ? Et je l’appellerais aussi Jacquot tant que vous y êtes ! Ce serait de la folie d’avoir cette bestiole ici.
— C’est Simone qui m’a dit que…
— Ah cette originale ? Elle a voulu vous faire une blague, connaissant votre curiosité sans limites. Je n’ai pas d’animaux chez moi, mais par contre, j’ai un scoop pour vous.
— Super ! De quoi s’agit-il ?
— J’ai prononcé le mot magique, je crois. Suivez-moi, je vais vous montrer.
— J’arrive, je fais le tour.

Quel bonheur ! Anna était sur un petit nuage. Elle tenait une nouvelle qu’elle allait pouvoir raconter à Simone, puis à son mari (qui s’en moquait complètement), et ses enfants qui s’exclameraient « tropbiensamère ».

Devant chez Achille, elle ne frappa même pas à la porte. Elle ne put s’empêcher une fois de plus d’admirer l’intérieur de sa maison. Il vivait seul. Enfin, c’est ce qu’il disait. Que c’était dépaysant ! Il adorait les voyages, ça se voyait aux souvenirs qu’il rapportait de ses périples.

— Entrez par ici ! Regardez ce que je viens de me dégoter.
— Qu’est-ce que c’est que cette relique ?
Vexé, il resta sans voix. Sentant que sa parole avait dépassé sa pensée, elle s’excusa et bafouilla :
— Désolée, je voulais dire que c’était touchant de vous être acheté un gramophone.
Bon prince, il retrouva le sourire.
— C’est un bonheur d’aller sur les brocantes. J’y trouve tellement de jolies choses. C’est un loisir addictif pour moi.
— Vous êtes un vrai romantique vous ! Et vous comptez écouter de la musique avec cet engin ?
— Bien sûr, je vais vous mettre un disque et vous me direz ce que vous en pensez.

Aussitôt dit aussitôt fait, mais…
— Alors, il ne fonctionne pas ? Souhaitez-vous que je vous aide ?
— Comme c’est touchant, mais je devrais pouvoir y arriver seul.
— C’est parce que je suis une femme ? Quelle ségrégation, ça ne changera donc jamais.
— Tenez-moi plutôt la vis au lieu de raconter n’importe quoi.
— Mon Dieu qu’il est palpitant votre scoop ! Je me retrouve ici devant votre « truc » abracadabrantesque.

Il ne prit pas la peine de lui répondre. La musique s’éleva enfin dans la pièce. Sur une valse de Strauss, il enleva sa voisine et la fit tourner dans son salon.

— Pourquoi êtes-vous dans le noir ?
Simone était entrée elle aussi chez Achille. Ils s’arrêtèrent net de danser. Anna était rouge de honte. Elle était complètement partie dans sa rêverie où elle se voyait en crinoline au bras de…
— Ohé ! Quelle interprétation vraiment poignante de l’œuvre de Johann !
Simone se moquait de ses voisins sans vergogne.
— Je le tiens le scoop, je t’ai photographiée avec mon téléphone. Je vais pouvoir en parler à tout le quartier. Pour une fois, Anna, c’est toi qui vas tenir la vedette et tout le monde sera partie prenante pour en faire des gorges chaudes.
Elle éclata de rire.
— Te voilà bien attrapée !


— Que se passe-t-il ici ?
Un jeune homme débarquait à son tour dans le salon.
— Je vous présente, mon fils.
Les deux femmes furent très surprises de découvrir que leur voisin avait un garçon. Il ne s’occupait d’ailleurs pas d’elle et se tourna vers son père.
— J’ai installé l’ordinateur dans ton bureau, tu pourras t’amuser à faire toutes tes programmations en langage SEO et cette fois-ci ne fais pas d’inversion, sinon, je devrais encore revenir.
— C’est peut-être pour ça qu’il fait des bêtises, ton père, pour que tu viennes le voir plus souvent, murmura Anna qui décidément, n’avait pas sa langue dans sa poche.
— Viens Simone, laissons-les tous les deux passer une soirée enchanteresse.


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