Histoire inventée avec les mots proposés en rouge
Derrière
sa fenêtre, Anna ne pouvait s’empêcher de
regarder les gens passer. Elle n’était pourtant pas femme à rester sans rien
faire, mais elle était comme ça Anna, il fallait qu’elle se tienne au courant
de tout ce qui arrivait en dehors de chez elle. Elle aurait pu écrire la gazette
du coin. Elle savait tout. Hier encore, Simone,
sa voisine, était venue lui raconter les potins du jour. C’était pour elles
deux, une évasion sur l’extérieur.
Anna
ne vivait pas seule. Elle avait un mari et des enfants. C’était surprenant, mais même pas eux réussissaient à la faire
taire.
Celui
qui avait sa préférence, c’était celui qui
habitait juste à côté, Achille. Non pas qu’il était beau, elle dirait même
qu’il était bof. Plutôt sympa
et agréable pour discuter, il était toujours
prêt à lui offrir un petit café.
Un
coup d’œil sur le pot au feu qui cuisait doucement et qui n’avait pas besoin de
son aide, et hop, elle s’esquiva.
— Saperlipopette, vous voilà déjà dans votre jardin à
surveiller si je suis en train d’enlever les mauvaises herbes.
—
Bonjour voisin. Quel caractère merdique ce matin !
— Génial ! je vois que vous êtes de très bonne humeur !
Elle
ne releva même pas et posa la question qui la turlupinait depuis que Simone lui
en avait parlé.
— Dites-moi,
vous qui savez tout !
— Vous
êtes tout de même étonnante, c’est vous qui êtes
au courant de tout et vous me demandez si…
— Est-il
vrai que vous avez un perroquet ?
Il
éclata de rire.
— Vous
êtes drôle vous ! Un perroquet ? Et je
l’appellerais aussi Jacquot tant que vous y êtes !
Ce serait de la folie d’avoir cette bestiole
ici.
— C’est
Simone qui m’a dit que…
— Ah
cette originale ? Elle a voulu vous faire une
blague, connaissant votre curiosité sans limites. Je n’ai pas d’animaux chez
moi, mais par contre, j’ai un scoop pour vous.
— Super ! De quoi s’agit-il ?
— J’ai
prononcé le mot magique, je crois. Suivez-moi,
je vais vous montrer.
— J’arrive,
je fais le tour.
Quel
bonheur ! Anna était sur un petit nuage. Elle tenait une nouvelle qu’elle
allait pouvoir raconter à Simone, puis à son mari (qui s’en moquait
complètement), et ses enfants qui s’exclameraient « tropbiensamère ».
Devant
chez Achille, elle ne frappa même pas à la porte. Elle ne put s’empêcher une
fois de plus d’admirer l’intérieur de sa maison. Il vivait seul. Enfin, c’est ce
qu’il disait. Que c’était dépaysant ! Il adorait
les voyages, ça se voyait aux souvenirs qu’il rapportait de ses périples.
— Entrez
par ici ! Regardez ce que je viens de me dégoter.
— Qu’est-ce
que c’est que cette relique ?
Vexé,
il resta sans voix. Sentant que sa parole avait dépassé sa pensée, elle
s’excusa et bafouilla :
— Désolée,
je voulais dire que c’était touchant de vous être acheté un gramophone.
Bon
prince, il retrouva le sourire.
— C’est
un bonheur d’aller sur les brocantes. J’y trouve
tellement de jolies choses. C’est un loisir addictif pour
moi.
— Vous
êtes un vrai romantique vous ! Et vous comptez
écouter de la musique avec cet engin ?
— Bien
sûr, je vais vous mettre un disque et vous me direz ce que vous en pensez.
Aussitôt
dit aussitôt fait, mais…
— Alors,
il ne fonctionne pas ? Souhaitez-vous que je vous aide ?
— Comme
c’est touchant, mais je devrais pouvoir y
arriver seul.
— C’est
parce que je suis une femme ? Quelle ségrégation,
ça ne changera donc jamais.
— Tenez-moi
plutôt la vis au lieu de raconter n’importe quoi.
— Mon
Dieu qu’il est palpitant votre scoop ! Je me
retrouve ici devant votre « truc » abracadabrantesque.
Il
ne prit pas la peine de lui répondre. La musique s’éleva enfin dans la pièce.
Sur une valse de Strauss, il enleva sa voisine et la fit tourner dans son
salon.
— Pourquoi
êtes-vous dans le noir ?
Simone
était entrée elle aussi chez Achille. Ils s’arrêtèrent net de danser. Anna
était rouge de honte. Elle était complètement partie dans sa rêverie où elle se
voyait en crinoline au bras de…
— Ohé !
Quelle interprétation vraiment poignante de
l’œuvre de Johann !
Simone
se moquait de ses voisins sans vergogne.
— Je
le tiens le scoop, je t’ai photographiée avec mon téléphone. Je vais pouvoir en
parler à tout le quartier. Pour une fois, Anna, c’est toi qui vas tenir la
vedette et tout le monde sera partie prenante
pour en faire des gorges chaudes.
Elle
éclata de rire.
— Te
voilà bien attrapée !
— Que
se passe-t-il ici ?
Un
jeune homme débarquait à son tour dans le salon.
— Je
vous présente, mon fils.
Les
deux femmes furent très surprises de découvrir que leur voisin avait un garçon.
Il ne s’occupait d’ailleurs pas d’elle et se tourna vers son père.
— J’ai
installé l’ordinateur dans ton bureau, tu pourras t’amuser à faire toutes tes
programmations en langage SEO et cette fois-ci
ne fais pas d’inversion, sinon, je devrais
encore revenir.
— C’est
peut-être pour ça qu’il fait des bêtises, ton père, pour que tu viennes le voir
plus souvent, murmura Anna qui décidément, n’avait pas sa langue dans sa poche.
— Viens Simone, laissons-les tous les deux passer une
soirée enchanteresse.
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