Texte écrit avec des
phrases proposées en italique
Pedro
était de bonne humeur.
— J’ai
décidé de chanter.
Le
jeune homme entra dans l’auberge.
Le patron le regarda et l’interpella :
— Non,
tu ne vas pas chanter, tu vas faire pleuvoir.
La
serveuse, Marie-Antoinette, leva la tête.
— Pourquoi
qu’tu veux pas qu’il chante le Pedro ? Moi j’aime bien entendre sa voix.
Assis
au fond de la salle, le détective se gratta le cou en grimaçant. S’il se
mettait à pousser la chansonnette, il allait avoir du mal à se concentrer.
— Il
a raison le Jeannot, j’ai du travail.
Marie-Antoinette,
le plateau dans une main et le torchon dans l’autre ronchonna. Elle regarda
son calendrier en soupirant.
— Il
a un concert le Pedro, dans une semaine, il faudrait qu’il répète.
— De
quoi tu mêles la Marie ! Si le monsieur doit travailler, laisse tranquille et
toi Pedro va chanter ailleurs.
La
voix du patron a tellement résonné dans l’auberge que d’une corbeille de
fruits, une pomme tomba sur la coccinelle affolée qui ne comprit pas ce qu’il lui
arrivait.
Pedro
s’en moquait de tout ce charivari, il entonna :
— Au
bout du chemin sera la victoire…
— C’est
quoi cette chanson ?
Marie-Antoinette, admirative était complètement
sous le charme du beau brun.
— Je
ne sais pas encore, elle est de ma composition.
— Stop
Pedro, tu vois pas que tu déranges ? Même la poule s’en mord la queue.
— Fais
pas ton rabat-joie Jeannot, où t’as vu une poule d’abord ?
Pedro
reprenait :
— Kwiki
le kola croquait un cornichon kaki…
C’en
était trop, le détective se leva d’un bond et renversa sa bière.
— Demain
sera un autre jour, je reviendrai quand ce chanteur de pacotille aura terminé
sa chansonnette.
Il
ramassa sa sacoche et sortit de l’auberge bousculant au passage le repas servi
à table pour les habitués.
Jeannot
gronda et poussa Pedro dehors qui hurla :
— Je
ne veux pas sortir !
Il
était venu en vélo et quelle ne fut pas sa surprise de voir le client qui n’aimait
pas sa musique s’acharner dessus. La hache transperça les boyaux de la bicyclette.
— Mais
vous êtes fou, comment vais-je repartir chez moi ?
— À pattes, mon ami !
— Mais
vous n’avez pas le droit !
— Et
vous, vous n’aviez qu’à pas m’écorcher les oreilles.
Il
le planta là.
Dégouté,
Pedro revint à l’auberge. Sans demander rien à personne, il s’empara du plateau
des desserts et s’approcha d’une table. Il commença à servir. Les yeux de la
jeune femme s’allumèrent devant la part de gâteau qu’on lui présentait.
— Mais
qu’est-ce qu’il fait encore le Pedro ?
Jeannot
roulait de gros yeux et son teint vira au rouge brique. Il tonna :
— Marie-Antoinette ?
Où es-tu ?
— Je
dévore un cookie ! Ils sont rudement bons !
— Je
ne te paie pas pour manger les biscuits, mais pour servir les clients. Va donc
voir ce que fait ton protégé de chanteur. Il n’est pas près de passer à The
Voice je te le dis !
La
jeune femme revint en salle.
— Alors
comme ça on fait mon boulot ? Et comment que j’vais être payée si j’fais rien ?
Excusez-le m’sieur-dame, il est chanteur pas serveur. Il est pas rapide en plus,
par rapport à moi, on dirait l’escargot et la tortue qui font la course.
Elle
éclata de rire, fière de sa boutade.
— Ben
quoi le Jeannot, fais pas ta tête des mauvais jours, le soleil brille, la
vie est belle !
— Oui,
mais moi je n’ai plus de vélo.
Jeannot
leva les bras au ciel.
— Et
voilà qu’il recommence. Pourquoi qu’t’as plus de vélo ?
— Le
client de tout à l’heure m’a crevé les pneus.
— Faut
porter plainte ! clama Marie-Antoinette. C’est pas parce qu’il aime pas vos chansons
qu’il a le droit de faire ça.
Le
couple avec leurs quatre enfants attablés avait terminé leur dessert.
— Vous
prendrez bien un p’tit café ? Je vous l’offre pour le dérangement occasionné.
Jeannot
tenait absolument à garder sa clientèle.
— Marie-Antoinette,
viens chercher le plateau ! Et toi Pedro laisse ces messieurs-dames
tranquilles.
Le
père de famille, un grand gaillard velu comme un ours, remercia pour le café et
s’enquit auprès de l’aubergiste :
— Mes
enfants me réclament un chien, vous ne savez pas où je pourrais en trouver
un ?
Marie-Antoinette
qui n’était jamais à court d’idées se frappa la tête et répondit :
— Chez
le rebouteux, son fils a toujours des chiots à donner. C’est la maison au bout
de la rue. Faites pas attention, le gamin est peu fêlé de la tête, il n’a pas la
lumière à tous les étages comme on dit. Il se prend pour le cycliste qui
volait sur les nuages. Mais il n’est pas méchant et vous trouverez
certainement votre bonheur.
Les
enfants poussèrent des cris de joie et commencèrent à faire une ronde autour de
Marie-Antoinette.
— Allez,
papa, on y va on y va !
Le
grand gaillard remercia la jeune femme et aussitôt elle imagina :
— L’ours
me sourit et m’invita à danser.
— Ohé,
Marie-Antoinette, débarrasse la table, j’te paie pas à bayer aux corneilles et
à rêver tout haut. Il est parti ton ours.
Pedro
par contre était toujours là.
— Voulez-vous
que je vous aide ?
©
Minibulle 25/03/2020
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