- Alors, alors, raconte ! Fred tarabustait son ami.
En effet, Nicolas ne cessait de bougonner.
- Cette fille, je n’arrive pas à le croire, elle a un toupet ! et
son prénom, Mélusine ? Un prénom pareil, ce n’est pas possible. Il se
tapait le front.
- Elle t’a ensorcelé ma parole ! riait Fred
- Même pas ! Elle est… elle m’a … Nicolas arpentait son salon,
furieux. Jamais il ne s’était laissé insulter de la sorte. Médecin, il était
médecin ! Décidément, les vacances ne lui réussissaient pas.
Fred revenait à la charge.
- Comment est-elle ? Jolie ? Grande ? Blonde,
brune ?
- Banale ! On ne peut plus banale ! Laisse-moi maintenant
profiter de ma dernière soirée de congés. On sort, viens je t’emmène chez
Marco.
Mélusine terminait de se préparer, Viviane n’allait pas tarder à venir
la chercher. Elle lissait ses longs cheveux bruns, quand son amie sonna à la
porte.
- Prête ? Une pétillante rouquine lui tendait sa joue.
- Et toi ? Prête à sauter le pas dans deux jours ?
- Oui, oui et oui, mais ce soir, que toutes les deux hein ? On
enterre ma vie de jeune fille. Tu m’emmènes où ?
- Surprise !
Nicolas s’était changé, rasé, et il emmenait Fred dans le petit restaurant
adopté depuis bien longtemps en expliquant à son ami :
- Ce soir, Marco m’a demandé de lui rendre un service. Nous allons nous
amuser, tu vas voir ! C’est moi qui vais faire le service, il n’y aura pas
grand monde, juste un enterrement de vie de jeune fille, si j’ai bien compris.
- Toi ? Faire le service ?
- Tu te souviens pour payer mes études de médecine… Ah, je reviens à
mes premières amours !
- Bien sûr que je me rappelle, tu te débrouillais d’ailleurs très bien.
- Ce soir j’enfile smoking noir, nœud pap’, chemise blanche.
- Ah oui quand même, le grand jeu ! Et je dîne où, en cuisine ?
demanda malicieusement Fed, moi qui pensais passer une soirée tranquille avec
mon meilleur ami…
En disant cela, ils poussaient la porte du restaurant :
- Ah enfin ! Marco serra dans ses bras Nicolas, tu me sauves la
vie, va te changer, vite !
- Tu te souviens de Fred ? Les deux hommes se serrèrent la main.
- Nico, je t’explique le déroulement, moi je reste en cuisine, toi tu
fais comme on a dit, le grand jeu ! Regarde la salle, n’est-elle pas
belle ? Les deux amis jetèrent un œil.
- Je n’ai jamais vu la salle aussi bien décorée, dit Nicolas
- Ce n’est pas moi tu sais, file te changer. Marco traitait Nicolas
comme son fils et oubliait souvent qu’il n’avait plus vingt ans, il l’avait vu
grandir pourtant et réussir ses examens les uns après les autres.
- Fred, je t’installe sur la table du fond, essaie de te faire discret
pour ne pas déranger les… Ah, justement les voilà. Marco l’abandonna pour
accueillir ses deux clientes. Fred croisa les yeux de la jolie rouquine.
- On va s’amuser, je la sens bien cette soirée ! pensa-t-il en se
frottant les mains.
- Je vous ai installées ici, cela vous convient-il ?
Marco avançait les chaises et débarrassait de leurs manteaux ces jolies
donzelles. Viviane et Mélusine s’installèrent en souriant.
- Vous avez fait un travail remarquable, reprenait le restaurateur, ma
petite salle n’a jamais été aussi jolie. Cette ambiance cosy, avec bougies,
fleurs et rideaux, j’avoue, je suis surpris !
- Merci, répondit Mélusine, je suis heureuse que cela vous plaise mais
votre pièce s’y prêtait tellement bien. Avez-vous trouvé la personne qui va
s’occuper de nous ?
- Bien sûr, par contre… Marco hésita, un client inattendu s’est invité
et je n’ai pas pu refuser de le servir, voyez-vous un inconvénient à ce qu’il
soit installé, là-bas au fond de la salle ?
Mélusine fronça les sourcils, mais Viviane intervint :
- Pas de problème, ce monsieur ne nous dérangera pas. Elle adressa un
clin d’œil à son amie et Mélusine s’inclina.
- Alors, je vous laisse.
Nicolas changé, consultait le menu.
- Elle sont arrivées, dit Fred.
Marco revenait vers eux.
- Pas de problème, Fred, tu pourras t’installer au fond de la salle.
Il hocha la tête et se sourit dans le miroir de l’entrée en pensant que
la soirée allait être vraiment pleine de surprises. Il entra dans la salle,
passa à côté de la table des jeunes femmes, et les salua poliment.
- Je vous souhaite une excellente soirée. Il s’avançait vers sa table
quand Viviane l’interpella :
- Pourquoi ne pas vous installer plus près de nous ?
Mélusine stupéfaite donna un coup de pied à son amie sous la table.
- Pourquoi pas en effet ? Fred revint sur ses pas et s’installa à
la table voisine. C’est à ce moment que Nicolas fit son entrée avec le plateau
de cocktails, suivi de Marco, qui apercevant Fred, fronça les sourcils,
mécontent, mais Viviane intervint :
- Finalement, ce monsieur ne va pas dîner seul. Accepteriez-vous de
vous joindre à nous ? et elle lui adressa un clin d’œil.
La situation échappait complètement à Mélusine ; son amie, à deux
jours de son mariage, draguait ouvertement un inconnu, et… l’autre, là, qui se
disait médecin, serveur, il est serveur !
Fred s’installa alors à la table des deux jeunes femmes. Marco se
tourna vers Nicolas statufié :
- Vos cocktails… voulez-vous aller en chercher un autre pour ce monsieur ?
Nicolas fit demi- tour, trop heureux d’échapper au regard goguenard de
la femme rencontrée le matin.
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