Une maman qui prend soin d'elle. Qui aime écrire, lire et faire de la musique.

vendredi 23 novembre 2018

Viviane



Deux mois plus tard…

Prune était retournée chez elle et faisait toujours la tête à son mari. L’ambiance n’était pas au beau fixe. Anabelle travaillait toujours avec Thomas. Même si la jeune femme semblait ne plus avoir de vue sur l’architecte, ils restaient très complices de par leur passion commune, leur profession, d’où Prune se sentait exclue.

Muguette avait vendu son agence. Elle s’investissait dans l’activité de sa maman. Ce qui lui faisait un bien fou. La maison était assez grande pour elles deux. Elles s’entendaient à merveille. La grossesse de la jeune femme se déroulait à merveille. Lors de l’échographie, elle avait eu la joie d’entendre le cœur de sa petite fille battre. En effet, quand la gynécologue lui avait demandé si elle souhaitait connaître le sexe de son bébé, elle n’avait pu résister à la curiosité. L’émotion l’avait submergée quand elle avait su. Une petite Muguette vivait dans son ventre. Elle ne voulait pas penser au papa… Pénélope qui l’avait accompagnée lui avait serré très fort la main, elles s’étaient comprises.

Angelo et Félicie filaient le parfait amour. Félicie avait quitté le service des impôts et accompagnait son homme comme elle aimait l’appeler dans sa boutique de fleurs. Les habitués avaient été ravis de la voir et elle s’était très vite sentie à l’aise dans cet univers floral.
Le jeune homme n’avait jamais dit à sa compagne, qu’il rencontrait régulièrement Jasmin. Ils se voyaient souvent pour prendre un café le matin avant l’ouverture du magasin. Félicie arrivant plus tard, ils ne s’étaient jamais croisés. Justement ce jour-là, attablés en terrasse, malgré le temps frisquet, tous deux vêtus de manteaux douillets, ils sirotaient leur breuvage chaud et grignotaient les viennoiseries mises à leur disposition quand une jeune femme vint s’asseoir près d’eux. Elle jeta un œil sur les deux hommes assis à la table voisine.
— Alors si je m’attendais à te retrouver ici Jasmin de La Rochefleurie, quelle surprise !
L’interpellé leva la tête et la dévisageant, son visage s’éclaira :
— Viviane ? C’est bien toi ?
La jeune femme tendit sa joue en éclatant de rire.
— Dis-moi ça fait un bail et tu n’as pas changé, toujours aussi craquant que dans mes souvenirs.
— Tu n’es pas mal non plus.
— Flatteur va !
Elle regarda Angelo qui souriait aussi.
— Non mais, c’est toi Angelo ?  Si je m’attendais à vous rencontrer aujourd’hui tous les deux.
Les deux hommes contemplèrent leur amie d’enfance. Brune aux cheveux longs, elle était restée telle qu’ils en avaient gardé le souvenir. Les yeux rieurs, une fossette au creux de la joue droite quand elle riait. Et surtout, un charme fou qui ne laissait jamais indifférents ceux qui la côtoyaient, mais dont elle n’avait pas conscience.
— Viens t’asseoir avec nous et raconte.
La jeune femme n’hésita pas et s’installa avec eux.
— Pas grand-chose d’intéressant. Je suis mariée, j’ai deux enfants.
— Tu es revenue vivre ici ? demanda Angelo
— Figure-toi que je viens d’être nommée professeur des écoles et j’ai fait la rentrée cette année.
— C’est formidable ça, répondit Jasmin. Tu t’es installée alors ?
— Figure-toi que j’ai trouvé une superbe maison grâce à une agence immobilière géniale. Je n’ai pas attendu longtemps pour que la gérante me déniche mon coup de cœur.
Jasmin baissa la tête et pensa aussitôt qu’il s’agissait de Muguette. Angelo poursuivit :
— Quelle est la profession de ton mari ?
— Comédien.
Les deux hommes éclatèrent de rire.
— Connu ? Il passe à la télé ?
— Vous êtes comme les fans vous ! Oui, il est connu, et il passe surtout au cinéma.
Elle sortit de son sac une photo. Jasmin et Angelo ne purent retenir un sifflement admiratif. En effet, l’homme qu’ils avaient devant les yeux étaient la vedette du moment.
— Pas trop difficile de vivre avec une célébrité ?
— Il nous assez protégés les enfants et moi. Je pense que personne ne sait que je suis sa femme.
Angelo regarda sa montre discrètement et se leva :
— Désolé de vous laisser, mais j’ai une boutique de fleurs à ouvrir. Viviane, si tu as le temps, un de ces jours passe nous voir ma compagne et moi.
Il glissa une carte sur la table et l’embrassa sur la joue.
— A bientôt j’espère !
Jasmin et la jeune femme restèrent seuls.
— Et toi raconte, que deviens-tu ? Es-tu marié ?
— Non, je vis toujours dans la grande propriété et je suis directeur des Impôts.
— Toi ? Directeur des Impôts ? Mais il me semblait que tu voulais reprendre le vignoble de ton grand-père ?
Viviane tout en grignotant son croissant regardait son ami toute surprise.
— Toi qui aimais le grand air et les vignes, comment en es-tu arrivé aux impôts ?
— Une longue histoire.
— Pas de compagne, pas d’enfants ?
— Non, libre comme l’air.
Ils se regardèrent en silence puis Viviane murmura :
— Je suis désolée de t’avoir laissé comme ça, mais je n’ai pas pu t’en parler.
Elle essuya les miettes qui étaient tombées sur son manteau.
— C’est vrai que j’étais amoureux de toi, mais je crois qu’Angelo aussi.
Il sourit à ce souvenir.  
— Enfin, moi, c’était de toi que j’étais amoureuse.
— Oui je sais et tu m’as brisé le cœur…
En disant cela, il sourit.
— Un joli souvenir de jeunesse.
— Tu étais mon premier amour quand même et j’ai mis du temps à t’oublier.
 Vrai ? Tu étais amoureuse de moi ?
— Ne me dis pas que tu ne le savais pas. Tu as été le premier tu le sais bien.
— Oui, et ce n’était pas une réussite, tu te rappelles ?
Apparemment les souvenirs n’étaient pas les mêmes pour la jeune femme. Elle se leva un peu déçue. Il fit de même et ils se retrouvèrent face à face.
— Nous pourrons nous revoir si tu veux Viviane, je serais heureux de connaître tes enfants. Tu ne m’as pas dit, garçon ou fille ?
— Les deux et des jumeaux. Ils ont vingt ans.
— Waouh, félicitations ! Tu as bien de la chance, moi ce bonheur m’est refusé.
Il secoua la tête comme pour chasser un insecte imaginaire.
— Pourquoi refusé, demanda Viviane ? Attends de trouver la femme de ta vie et tu verras ça arrive plus vite qu’on ne le pense, j’en sais quelque chose.

— Maman ohé nous sommes là !
Viviane se retourna et sourit aux jeunes gens qui arrivaient face à elle. Jasmin fit de même et se figea sur place.
— Je te présente Jasmin mon fils et sa sœur Fleur.


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