Tout
le monde le sait, octobre est triste. Il fait froid. Il fait gris. J’entends les
oies repartir vers le soleil. Je dois ressortir mon manteau, le bonnet. À la
fin du mois, Halloween et ses citrouilles feront leur apparition et d’horribles
monstres viendront frapper à ma porte pour avoir des bonbons.
Un
peu d’optimisme que diable ! Surtout
que je n’ai pas encore remis le manteau et que le soleil brille encore !
Et
si… J’imaginais une rencontre entre trois personnes nées en octobre…
Gilbert
avait 37 ans quand il la découvrit chantant dans un dessin de craie. Comme
Bert, il la reconnut à son chapeau. Il la suivit alors qu’elle accompagnait les
enfants dans le parc. Il la vit parler à un chien qui lui répondit. Comment
était-ce possible ?
Elle
ne s’appelait pas Nathalie, mais Julie, et pourtant elle était belle comme son
guide quand elle lui indiquait le chemin pour aller sur la place rouge. Il osa
l’accoster :
— Je
suis perdu, pourriez-vous m’expliquer où sont les marchés de Provence ?
Elle
passa son chemin et grimpa sur les toits en fredonnant « chem cheminée chem
chem cherie »
Et maintenant que vais-je faire ? pensa-t-il.
Il aperçut alors un fleuriste, il osa lui acheter une rose.
Il
courut derrière elle, mais comment faire pour grimper par la gouttière. Il
n’était pas ramoneur. Il croisa un garçon qui avait piqué une orange. Le pauvre
criait que ce n’était pas lui qui l’avait volée au marchand.
Julie
du haut de son toit le consola en lui fredonnant « c’est le morceau de sucre
qui aide la médecine à couler ». Le gamin lui sourit et lui, agile comme un
singe, la rejoignit. Il en avait profité pour piquer la rose à Gilbert et lui
chanter que c’était ça l’important.
Resté
seul en bas, il contempla Louis, qui attablé devant un café lui murmura « il
n’y a pas d’amour heureux », elle avait entendu et lui répondit du ciel « supercalifragilisticexpialidocious ».
— Mais
qu’est-ce que ça veut dire ? demanda Gilbert.
— C’est
un mot qui remplace tous les autres quand vous ne savez pas quoi dire,
cria-t-elle.
— « Rien
n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni
sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit
Ouvrir
ses bras son ombre est celle d'une croix
Et
quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa
vie est un étrange et douloureux divorce
Il
n'y a pas d'amour heureux » l’homme répétait son poème sans s’occuper des
passants. Il pensait à Elsa sa femme.
— Vous
savez que la solitude, ça n’existe pas ? osa lui dire Gilbert.
Louis
ne leva même pas les yeux, alors qu’un oiseau de toutes les couleurs se posait
sur son épaule.
Julie
Andrews 1er octobre 1935
Gilbert
Bécaud 24 octobre 1927 – 18 décembre 2001
Louis
Aragon 3 octobre 1897 – 24 décembre 1982
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