Angelo Rossi était furieux.
Le laveur de vitres qui devait venir
n’était pas là. Sa vitrine était plus que sale. Il allait devoir faire le
travail lui-même et il détestait ça.
En râlant il attrapa l’escabeau. Il
fallait à tout prix qu’il ait terminé avant l’ouverture. Furieux parce qu’il
avait payé l’entreprise qui ne faisait pas son boulot, il ouvrit la porte, attrapa
sa tête de loup pour enlever les toiles d’araignées, grimpa les trois marches
de son escabeau et perdit l’équilibre. Il s’étala de tout son long sur le
trottoir aux pieds de deux jeunes femmes qui se retinrent d’éclater de rire.
Félicie voulut aider le jeune homme à se
relever, il refusa son aide en bougonnant, vexé.
Muguette ouvrit alors son sac et sortit
quelques pièces de son porte-monnaie.
̶
Mais qu’est-ce que tu fais ? s’alarma
Félicie
̶
Je vais lui donner quelques pièces pour…
̶
Mais ce n’est pas un SDF. Tu es folle !
̶
Ah je croyais !
̶
Vous ne vous êtes pas fait mal au
moins ? demanda gentiment Félicie.
̶
Non merci, mais j’ai horreur de ces
machins-là, répondit Angelo en désignant l’escabeau.
̶
Vous êtes payé pour faire ça non ?
Angelo éclata de
rire :
̶
Elle est toujours comme ça votre
copine ?
̶
Oui
̶
Oh ça va. Tu viens, laisse ce monsieur
faire ce qu’il a à faire.
Muguette saisit le bras de son amie et
l’entraîna. Celle-ci jeta un œil sur le bel inconnu. Elle avait repéré la
boutique. Elle reviendrait.
Angelo les suivit des yeux et fit un clin
d’œil à la petite brune qui s’était retournée pour le regarder.
Le portable de
Félicie vibra dans son sac. Elle réussit à l’attraper et à décrocher avant la fin de l’appel :
̶
Oui Papa !
Fernand parlait vite et semblait très
perturbé.
̶
Attends Papa, je ne comprends rien à ce
que tu racontes.
̶
On se retrouve ce soir chez ta mère avec
Prune.
̶
Chez Prune avec maman ?
̶ Oui, je ne peux rien t’expliquer au
téléphone. Clémentine veut absolument nous parler. Il paraît que quelque chose
d’important s’est produit.
̶
Qui est Clémentine Papa ? Je ne
comprends rien à ce que tu racontes.
̶
Je raccroche je suis en voiture.
̶
Un problème ? demanda Muguette
̶
Je n’ai rien compris. Je dois retrouver
Maman ce soir chez Prune.
̶
Ta maman ?
̶
Oui. Mais il m’a parlé d’une Clémentine
qui veut me parler.
̶ Clémentine ? Décidément, Prune,
Clémentine…Nous allons pouvoir chanter Salade de fruits jolie
jolie… dit en riant Muguette.
̶
Tu n’es pas drôle. Je vais appeler Prune.
Les deux amies s’étaient arrêtées non loin
de la boutique d’Angelo. Celui-ci avait terminé de laver ses vitres. Il surveillait
maintenant du coin de l’œil la petite brune qui était au téléphone.
̶
Prune ? Je ne te dérange pas, c’est
Félicie. Je viens d’avoir un appel de mon père auquel je n’ai rien compris. Il
veut me retrouver ce soir chez toi avec ma mère. Tu peux me dire de quoi il
s’agit ?
̶
Mais … Mes parents viennent effectivement
ce soir à la maison. Tu sais, je leur ai raconté notre histoire de chaîne.
̶
Et alors ?
̶
Comme je te dis, ils viennent ce soir à la
maison. Mais pourquoi ton père vient aussi ? Je ne le connais pas.
̶ Mais attends, tu ne sais pas tout. Tu
connais quelqu’un qui s’appelle Clémentine ? Et ne rigole pas
s’il-te-plait !
̶
Je n’ai pas envie de rire là Félicie.
Clémentine, c’est ma mère.
Angelo Rossi vit la jeune fille brune
laisser tomber son portable. L’autre grande brune qui l’avait pris pour un
clochard le ramassa et la prit dans ses bras. Au moment où il se décidait à les
rejoindre en se demandant ce qu’il allait pouvoir leur dire, une cliente se
présenta à lui :
̶
C’est ouvert ? Je peux entrer ?
En soupirant et en
jetant un dernier regard vers les jeunes femmes, il invita la dame à le suivre
en lui souhaitant la bienvenue.
Á suivre...
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